Contexte de l’exclusion et de l’inégalité sociale au Sénégal

Les chiffres

Avec un ratio de pauvreté de 47% pour une population 15,4 millions d’habitants, le Sénégal se place en 162e position sur 188 pays dans le classement de l’indice de développement humain (IDH). La 4e économie de la sous-région (Afrique de l’ouest) a un PIB par habitant de 2 600 $ qui enregistre ces trois dernières années un taux moyen de croissance de 6,6% . Selon l’agence nationale des statistiques et démographies (ANSD), le taux de chômage, dû essentiellement au sous-emploi (grand décalage entre la demande et l’offre), serait estimé à 15,7 % avec, plus précisément, 18,6 % de chômage en milieu urbain et 13,1 % en milieu rural. Comme dans beaucoup de sociétés africaines, le chômage touche plus les femmes (22,1%) que les hommes (9,6 %) : cette inégalité de sexe est la conséquence des contraintes liées à la maternité, à l’éducation des enfants et à la disparité de scolarisation entre les filles et les garçons. La population active est repartie entre l’agriculture (17,2 %), l’industrie (23,7 %) et les services (59%) ; par ailleurs le secteur informel, qui est composé des marginaux, des personnes déscolarisées, des femmes, des migrants et des chômeurs laissés pour compte, génère 97% des créations d’emplois. Le Service National de l’Information Sanitaire du ministère de la Santé et de la Prévention (SNIS MSPM) affirme qu’au niveau sanitaire, les causes principales de mortalité sont les maladies infectieuses telles que le paludisme, les parasitoses et les infections respiratoires . Les taux de mortalité infantile (6,1%) et maternelle sont relativement élevés, conséquences de la malnutrition et du mauvais état général des hôpitaux, particulièrement dans les milieux précaires et ruraux. Le Sénégal a un taux d’alphabétisation de 84,6 %. Cependant, d’après l’UNICEF, 65 % des enfants de 3 à 5 ans ne vont pas à l’école préscolaire: 88 % sont issus des milieux ruraux et 47 % des enfants sont hors système scolaire c’est-à-dire qu’ils sont scolarisés dans des systèmes éducatifs alternatifs. Concernant la situation de l’eau et l’assainissement, d’après la 8e revue annuelle sectorielle conjointe du programme d’eau potable et de l’assainissement millénaire PEPAM, le Sénégal dispose d’une couverture d’eau potable de 98 % en milieu urbain et de 84 % en milieu urbain; un grand pas comparé aux autres pays de la sous-région. Cependant le pays présente des problèmes d’assainissement avec un taux de couverture de seulement 48 %.

Le chômage au Sénégal

À l’instar des pays en voie de développement, le chômage constitue une problématique majeure au Sénégal. Malgré les efforts consentis par le gouvernement, illustrés notamment par la création de programmes d’intégration et de développement agricole, la convention nationale État-employeurs privés pour la promotion de l’emploi des jeunes (CNEE) et d’autres réformes visant à insérer les jeunes dans le tissu socio-économique du pays, la baisse du taux de chômage ces quatre dernières années n’est pas significative ; le taux de chômage demeure en effet relativement élevé (15,7 %). Le marché du travail sénégalais est caractérisé par un faible niveau d’offres d’emploi, un chômage assez élevé en milieu urbain (18,6%), particulièrement chez les jeunes qui constituent la majorité de la population (60 %). En zone rurale, la situation est encore plus préoccupante: en effet, avec une économie essentiellement basée sur l’agriculture, les jeunes ruraux s’en désengagent progressivement et sont plus attirés par d’autres cieux plus modernes, notamment les villes ou l’Occident; on y estimerait à 13,1% le taux de chômage . Une autre catégorie sociale marginalisée sur le marché de l’emploi est la gente féminine. En plus d’être sous-payés, les femmes sont fortement touchées par le chômage avec un taux de 22,1 % contre 9,6 % pour les hommes. Une autre catégorie sociodémographique encore plus atteinte par le chômage est la jeunesse. Environ 50 % de la population active est dans la tranche d’âge de 15 à 34 ans, une situation qui n’est pas sans conséquence pour la lutte contre la pauvreté. D’après le conseil présidentiel sur l’emploi des jeunes de banlieue, le fort taux de chômage chez les jeunes serait dû à plusieurs causes : entre autres un déficit de main d’œuvre qualifiée, une inadéquation de la formation à l’emploi, une faible attractivité du secteur privé moderne à la faveur du secteur informel, un faible investissement des pouvoirs publics dans le développement des emplois alternatifs modernes et le boom démographique de ces dernières années. De plus, le secteur informel est le plus grand pourvoyeur d’emploi du Sénégal avec 48,8 % de la population active selon ANSD. D’après l’OIT( organisation internationale du travail), la propension de la population à aller vers le secteur informel serait due à la facilité d’accès aux activités, au caractère familial des entreprises informelles, à la sous-scolarisation ou la non-scolarisation. Conscient de ce problème, le gouvernement prend des mesures idoines, comme par exemple la création de programmes et structures spécifiques pour la promotion et la stimulation de l’emploi et de l’entrepreneuriat. C’est le cas de l’Agence National pou la Promotion de l’emploi des jeunes (ANPEJ) dont la mission est d’assister les jeunes à la recherche d’emploi, de prodiguer des formations ou des conseils professionnels, de sensibiliser les jeunes demandeurs d’emploi à leurs droits et devoirs, de conseiller les jeunes dans leurs démarches, de conseiller et assister les jeunes sur l’entrepreneuriat et de recenser les idées d’emploi et de création d’entreprise. Cet organisme, à l’instar d’autres organismes créés dans le même but, apporte des résultats probants mais malheureusement non proportionnels à la demande et à l’attente des bénéficiaires. La rébellion, les mouvements militaires, une révolution violente, l’immigration illégale, la pauvreté, etc.: telles sont les conséquences singulières du chômage en Afrique. Avec une politique économique extravertie dépendante des cours du marché, le gouvernement a aussi sa part de responsabilité dans cette crise d’emploi. Pour Haïdara Dramane, économiste à l’OIT, les politiques de lutte contre le chômage des gouvernements subsahariens, notamment le Sénégal, sont des politiques où l’offre et la demande sont en inadéquation. Toujours selon lui, la formation fournie aux apprenants ne les prédispose pas à l’autonomie, ni à l’entrepreneuriat. Ce paradigme adopté par les États des pays africains présente des limites et tend même à s’essouffler dans un monde où l’État n’est plus le seul responsable de la lutte contre le chômage.

la santé

Le profil sanitaire du Sénégal n’est pas brillant, cependant il est tout de même de meilleure composition que celui de la plupart des pays africains; en effet, le pays consacre 4,7% de ses dépenses à la santé ce qui est un taux supérieur à celui de son voisin mauritanien (3,8%). L’espérance moyenne de vie au Sénégal est de 65 ans pour les hommes et 69 ans pour les femmes. Concernant la mortalité, le Sénégal enregistre un taux de mortalité infantile de 4,2% avec une probabilité de 0,63 pour un enfant de la campagne de décéder avant son premier anniversaire contre 0,43 pour les nouveau-nés en milieu urbain. Ces taux de mortalité infantile relativement élevés sont dus aux comportements dangereux des procréateurs qui ne prennent pas le soin de suivre un planning familial qu’ils jugent contraire à leurs traditions, au statut de la femme dans la société notamment dans le milieu rural et à la précocité de grossesse des femmes. De plus selon l’ANSD, 53 % des femmes de 15 à 49 ans ont au moins une contrainte d’accès aux soins de santé, par exemple des problèmes financiers (45 %), la distance domicile-hôpital (22 %), l’isolement (14%) et la non-permission du conjoint (7 %). D’autres causes de mortalité, assez répandues au Sénégal et plus généralement en Afrique tropicale, sont les maladies endémiques. D’après le bulletin annuel 2017 du paludisme au Sénégal, 349 000 cas de paludisme ont été recensés en 2017 avec 284 décès ; quant au SIDA, une autre endémie dont le continent africain est fortement touché, a atteint 61000 personnes en 2005 dont 5 200 décès. D’autres maladies endémiques font presque autant de ravages auprès de la population comme la tuberculose, la syphilis, la fièvre jaune, la bilharziose, la maladie du sommeil, le choléra. De plus, il existe de nombreuses inégalités en termes de ressources humaines et d’infrastructures. En ce qui concerne la répartition des personnels de santé, 39 % sont à Dakar, 10% à Thiès, 7% à Kaolack et la région la moins desservie est celle de Kédougou (1 %) ; 70% des médecins, 80 % des pharmaciens et la majorité des spécialistes se trouvent à Dakar. Cette disparité est due à la concentration démographique de la capitale et à son attractivité financière dans les dépenses de santé.

L’éducation

Les économistes et experts s’accordent à dire que l’éducation est un moyen efficace pour combattre la pauvreté : c’est dans cette optique qu’elle constitue pour l’État sénégalais une priorité qui y a consacré 7,7 % de son PIB en 2016. Cependant des inégalités persistent et sont tributaires des traditions, des genres, du milieu et du statut social. En effet, selon Human Right Watch (HRW), en 2013 47 % des enfants de 7 à 16 ans n’étaient pas à l’école. Entre 2008 et 2012 seulement 32 % des filles et 35 % des garçons étaient inscrits en secondaire. Par ailleurs, une majorité des enfants issus des milieux précaires n’a pas accès à l’enseignement supérieur; sans compter sur la disparité existant entre le milieu urbain et le milieu rural. Selon les statistiques gouvernementales, les enfants urbains en âge d’être scolarisés sont plus enclins à fréquenter l’école que les enfants de la campagne : ceci serait dû au manque d’infrastructures, de personnels en zone rurale et l’encrage traditionnel des parents. En effet, les facteurs de déscolarisation ou de non-scolarisation sont nombreux et divers, tels que :
– La pauvreté des ménages : d’après le rapport final sur les enfants et jeunes hors du système éducatif au Sénégal, les enfants issus de familles pauvres ont moins de chances d’être scolarisés que les enfants issus d’un milieu modeste et ce, malgré la gratuité du système  .

-Le sexe des enfants: la scolarisation, longtemps en faveur des garçons, s’inverse au profit des filles. Néanmoins au fil des cycles scolaires, l’ancienne tendance revient. Cela s’explique par le fait qu’à partir de l’âge de la puberté, les filles deviennent admissibles aux obligations matrimoniales, c’est le cas particulièrement en milieu rural.

– La croyance religieuse et les traditions sont des facteurs en voie de disparition, mais qui persistent dans certaines régions ou familles traditionnalistes ; ainsi certains parents considèrent l’école comme un moyen de se déconnecter des traditions, comme un outil de perversion.

Table des matières

Introduction
Chapitre 1 :Contexte de l’exclusion et de l’inégalité sociale au Sénégal
1.1 Les chiffres
1.2 Le chômage au Sénégal
1.3 la santé
1.4 L’éducation
1.5 Eau et assainissement
Chapitre 2 :Problématique
Chapitre 3 :Revue de la littérature
3.1 Historique et définition de l’innovation sociale
3.1.1 Les acteurs de l’innovation sociale
3.1.2 Économie sociale
3.1.3 La microfinance, composante de l’économie sociale et solidaire
3.1.4 Le développement durable : une innovation sociale
Chapitre 4 :Cadre théorique et pratique
4.1 État des lieux de la microfinance
4.2.1 Les modes d’action de la microfinance
4.2 Microfinance et développement durable
4.2.1 De la dimension sociale du développement durable à la microfinance
4.2.2 La microfinance et sa mission sociale
4.2.3 De la dimension environnementale du développement durable à la microfinance
4.2.4 Développement durable et économie sociale
Chapitre 5 :Cadre opératoire
5.1 Démarche méthodologique
5.2 Méthode de collecte de données
Chapitre 6 :Cadre empirique
6.1 Vue d’ensemble de la microfinance au Sénégal
6.1.1 L’outil micro financier dans la région de Dakar
6.2 PROVAREL (programme de valorisation des ressources locale)
Chapitre 7 :Recommandations
CONCLUSION

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