Etude de quelques plantes ligneuses alimentaires autochtones du sud de madagascar

Madagascar est un pays essentiellement rural, où plus des trois quarts des habitants vivent essentiellement de l’Agriculture. Plus de 77% des ménages ruraux vivent en dessous du seuil de pauvreté. L’insécurité alimentaire est la forme la plus extrême des aspects multidimensionnels de la pauvreté qui touchent la population malgache. Le niveau de revenu et de consommation sont respectivement inférieur à 1 dollar US et à 2133 calories par jour pour 80% de la population rurale (PAM, 2005). L’insécurité alimentaire fait partie de leur quotidien et ce, à cause du niveau de leur revenu nettement inférieur à la moyenne nationale.

Madagascar possède un potentiel non négligeable en ressources naturelles végétales et animales dont des espèces fruitières sauvages qui étaient toujours des sources importantes de nourritures pour les populations vivant aux alentours des forêts. En matière d’espèces fruitières, Madagascar dispose d’une gamme assez élargie pouvant être répartie en trois catégories dont: les espèces exotiques ou introduites, les espèces naturalisées ou subspontanées et les espèces autochtones.

Les informations concernant les plantes alimentaires ligneuses et autochtones de Madagascar sont très rares et ne sont pas mentionnées dans les ouvrages botaniques. Les bois d’œuvre sont considérés comme produits principaux des forêts, et les plantes médicinales, les fruits, les graines, les résines, …, comme des produits accessoires bien que ces derniers présentent également beaucoup d’intérêt sur le plan socio-économique. Les ressources phytogénétiques alimentaires contribuent beaucoup à l’équilibre alimentaire et à l’amélioration du pouvoir d’achat des populations rurales. Leur exploitation se fait avec des pratiques purement traditionnelles et les fruits ne font l’objet d’aucune filière de valorisation. Par ailleurs, les espèces forestières fruitières, grâce à leur teneur en sucre, permettent d’améliorer la qualité énergétique de la ration alimentaire paysanne et de corriger une certaine carence en oligoéléments, particulièrement très prononcée chez les enfants (RAMAMONJISOA et al., 2003). En outre, le plan de régénération, de domestication ou de sauvegarde de ces espèces sauvages font défaut, ce qui prospère leur risque de raréfaction à moyen terme et peut-être de disparition à long terme.

La forêt constitue une source de nombreux produits nécessaires à la vie des populations rurales. Elle apporte également, par l’intermédiaire du commerce des produits forestiers, un revenu monétaire dont l’importance varie en fonction des acteurs du négoce et du produit. Les espèces ligneuses alimentaires sauvages sont incluses dans cette catégorie (PRIMACK et RATSIRARSON, 2005). Depuis plusieurs années, une forte dégradation des ressources forestières a été constatée. Elle est due à la surexploitation pour la production de bois d’œuvre et d’énergie, au maintien de pratiques agricoles extensives (défrichement et feux de brousse) et à la pression démographique. En effet, les études concernant les forêts sont pour la plupart des temps orientées vers les produits ligneux et vers la protection de l’écosystème.

Les publications sur les fruits sauvages sont très rares. Or ces produits forestiers constituent une ressource très importante en alimentation. Leur exploitation raisonnable pourrait réduire la malnutrition et l’insécurité alimentaire, des cas très fréquents à Madagascar surtout dans les zones autour des forêts. La proposition et la mise en œuvre des alternatives pratiques aux différentes causes de surexploitation des forêts constituent la solution idéale mais nécessitent la considération du contexte socio-économique et environnemental du milieu. Des efforts ont été menés que ce soit de la part de l’Etat ou des organismes privés pour pallier le problème de dégradation et de valorisation insuffisante des ressources forestières. Malheureusement, il est rare que les espèces fruitières sauvages fassent l’objet des mesures de protection .

Espèces ligneuses alimentaires à Madagascar 

Par définition, les espèces ligneuses alimentaires sont des arbres offrant des produits non ligneux et utilisables dans la nutrition humaine. A Madagascar, plusieurs fruits spontanés sont consommés. Ils constituent des sources non négligeables en apport de vitamines dans les milieux ruraux. Ces espèces ont une grande diversité inter- et intra-spécifique (MAEP, 2009). Leur diversité passe des petites baies produites par le « Tapia » (Uapaca bojeri) aux grosses fèves des Baobabs (Adansonia spp.), en passant par divers intermédiaires comme les espèces de Terminalia, Strychnos, Physalis, Opuntia. Les fruits sauvages malgaches restent scientifiquement mal connus et ne sont pas du tout représentés dans les collections ex situ. De rares publications font état de quelques espèces sauvages à fruits comestibles. Les populations rurales les exploitent de façon traditionnelle (cueillette hors du repas ou pendant les périodes de soudures). La connaissance de ces espèces varie en fonction des propres critères des paysans en milieu rural. Le type, le goût et le parfum des fruits déterminent leur appréciation par l’Homme. Selon RAZAFINDRALAISA (1993), il y a quatre types de fruits sauvages: les drupes, les baies, les capsules et les fruits composés. Par exemple, Sorindea madagascariensis (Anacardiaceae) a une grosse infrutescence (60 cm de long) et de très nombreuses drupes à pulpes blanches, acidulées et parfumées (CAPURON, 1957); les diverses espèces du genre Landolphia (Apocynaceae), dont, selon le même auteur, les fruits sont tous comestibles; sont peu agréables à manger à cause des nombreuses graines et du péricarpe ligneux riche en latex, ces fruits sont plutôt appréciés pour leur excellent parfum.

Des inventaires des espèces ligneuses alimentaires ont été réalisés dans la partie orientale de l’Ile. Trois catégories d’espèces fruitières peuvent être discernées dans ce domaine: les espèces exotiques ou introduites, les espèces naturalisées ou sub spontanées et les espèces autochtones. Ces dernières se repartissent dans 42 familles, 82 genres et 150 espèces (RAMAMONJISOA et RAKOTOMANANA, 1996).

Ces espèces ligneuse alimentaires, bien qu’elles soient importantes dans la vie des populations rurales, ne font aucun objet d’exploitation ni d’amélioration de la production. Leur fruits sont autoconsommés et ils constituent des sources spontanées de revenu (MAEP, 2009). Les espèces ligneuses alimentaires sont considérées comme mineures à Madagascar alors que dans d’autres régions de l’Afrique, elles prennent une place importante dans les menus quotidiens des ménages (WIKENS et LOWE, 2008).

Domestication 

La domestication peut être définie comme étant le processus de production partant d’une sélection et orienté vers les besoins de l’Homme. Le but est de maitriser l’utilité et la production afin de pouvoir conserver et reproduire les espèces domestiquées au fil des générations, et pour aboutir à la création de variétés de plus en plus homogènes et fixées. La domestication d’une plante dépend des facteurs liés à son utilisation, au rendement, à la sécurité alimentaire ou à d’autres facteurs. La domestication d’une plante forestière commence par la recherche des conditions favorables à la germination des graines et au développement des plantules, suivies de la plantation d’arbre dans les terrains agricoles. En effet, c’est une des stratégies de conservation ex situ, qui doit être accompagnée de l’encouragement de pratiques pour l’établissement de jardins de case et de règlements d’exploitation de la forêt, ainsi que du lancement d’incitations pour la plantation d’arbres.

Dormance des graines 

Les semences sont à l’état de dormance depuis sa séparation de la plante mère jusqu’au moment de leur germination. La dormance caractérise l’état des graines ayant une vie ralentie entre la période de récolte et le moment de semis. Ce phénomène sert à protéger les graines pendant cet intervalle de temps. Elle peut être liée à la présence d’inhibiteur, à l’imperméabilité des enveloppes des graines à l’eau ou à l’oxygène, et à la résistance mécanique du tégument. Selon CROCKER et BARTON (1953), les principales causes de la dormance des graines sont: l’imperméabilité à l’eau et à l’oxygène des téguments de la graine; la dormance de l’embryon. Chez quelques espèces la cause est double: dureté du tégument et dormance intrinsèque. Cette idée a été confirmée par WILLAN (1992) : il y a trois types de dormances : la dormance exogène ou dormance tégumentaire, la  dormance embryonnaire ou dormance endogène et la dormance combinée où interviennent en même temps la dormance exogène et la dormance endogène.

Prétraitement des semences 

Pour lever la dormance, des réactions chimiques doivent se produire. Humidité, température, et/ou luminosité déterminées agissent sur la durée de dormance des graines (SACANDE et SOME, 1992). Le but est de faciliter les échanges d’eau et de gaz afin de décomposer l’albumen et de réactiver l’embryon. Lorsque cette dormance est forte, la régénération artificielle nécessite du prétraitement qui doit assurer un taux de germination élevé en un temps très court. Le prétraitement peut augmenter le pourcentage de germination en comparaison avec les semences témoins, ou accélère la vitesse germination. Le choix du prétraitement à appliquer dépend non seulement du type de dormance qui s’exerce sur les graines, mais aussi de la provenance, de l’année de production, de la durée et des conditions de stockage des graines.

Si les graines ont un tégument dur, la scarification mécanique semble le plus pratique pour lever la dormance (EVERSON et ISLEY, 1993). Le but à atteindre est l’amincissement ou l’usure des téguments pour permettre l’absorption d’eau et les échanges gazeux et déterminer ainsi la germination.

Table des matières

INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : PROBLEMATIQUE ET METHODOLOGIE DE RECHERCHE
I-1- PROBLEMATIQUE DE L’ETUDE
I-2- OBJECTIFS DE L’ETUDE
I-3- HYPOTHESES
I-4- ETAT DES CONNAISSANCES
I-4-1- Espèces ligneuses alimentaires à Madagascar
I-4-2- Domestication
I-4-3- Dormance des graines
I-4-4- Prétraitement des semences
DEUXIEME PARTIE : MATERIELS ET METHODES
II- 1- MATERIELS
II-1-1- LOCALISATION DE LA ZONE D’ETUDE
II-1-2- CHOIX DES ESPECES ETUDIEES
II-2- DEMARCHE METHODOLOGIQUE
II-2-1- ETUDE DE LA PHYSIOLOGIE DES GRAINES
II-2-1-1- Analyse de la morphologie
II-2-1-2- Analyse anatomique par la méthode de cutting test
II-2-1-3- Détermination de la teneur en eau
II-2-2- TEST DE GERMINATION
II-2-2-1- Processus
II-2-2-2-Choix des prétraitements
II-2-2-3- Appréciation du taux de germination
II-2-2-4- Suivi des plantules repiquées
II-2-3- RECENSEMENT DES ESPECES LIGNEUSES ALIMENTAIRES
II-2-3-1- Choix du site d’inventaire
II-2-3-2- Etude écologique des plantes ligneuses alimentaires
a) Phénologie
b) Dispersion des graines
c) Taux de régénération (TR)
d) Abondance numérique à l’ha
e) Etude de la phytosociologie
f) Collecte et identification d’échantillons botaniques
II-2-4- ANALYSE ETHNOBOTANIQUE
II-2-4-1- Méthodes d’enquête
II-2-4-2- Indice d’utilisation des espèces
II-2-4-3- Approche pour la domestication des espèces étudiées
TROISIEME PARTIE : RESULTATS ET INTERPRETATIONS
Chapitre 1 : RESULTATS DES ESSAIS DE GERMINATION
1-1- Caractéristiques des échantillons de graines
1-2- Prétraitements et taux de germination de chaque espèce
1-2-1-Résultats au laboratoire
a) Adansonia za
b) Combretum coccineum
c) Grewia pulverulanta
d) Phyllanthus decipiens
e) Tamarindus indica
f) Terminalia monoceros
1-2-2- Germinations en serre et en pépinière
1-3- Suivi des plantules
Chapitre 2 : ESPECES LIGNEUSES ALIMENTAIRES RECENSEES
2-1- Espèces ligneuses alimentaires dans la forêt d’Ifotaka
2-2- Phytosociologie des ELA
2-3- Phénologie
2-4- Dispersion des graines
2-5- Taux de régénération
2-6- Abondance numérique
Chapitre 3 : INFORMATIONS LOCALES SUR LES ESPECES LIGNEUSES ALIMENTAIRES
3-1- Espèces utilisées par les populations
3-2- Place des fruits sauvages dans l’alimentation
3-3- Classement et préférence sur les espèces alimentaires ligneuses
3-4- Indice d’utilisation des espèces
3-5- Commercialisation des fruits
3-6- Domestication des espèces
3-7- Menaces pesant sur les ELA
3-8- Gestion locale des espèces ligneuses alimentaires
QUATRIEME PARTIE : DISCUSSIONS ET RECOMMANDATIONS
IV-1- DISCUSSIONS
IV-1-1- Discussions méthodologiques
IV-1-2- Discussion des résultats
IV-2- RECOMMANDATIONS
IV-2-1- Conservation in situ des espèces
IV-2-2- Conservation ex situ des espèces
IV-2-3- Mesures d’accompagnement
CONCLUSION

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