Questionnaire concernant les conceptions de la rénovation urbaine

La création du questionnaire

La formulation d’hypothèses de recherche exige une vérification de ces dernières à l’aune de l’empirie, puis de la confirmation ou de l’infirmation de la pertinence du propos initial et enfin la validation de la démarche. Pour ce faire, le choix s’est porté sur la création d’un questionnaire qualitatif intitulé : questionnaire concernant les conceptions de la rénovation urbaine par les habitants dont la structure et la composition suivent les hypothèses de recherche. Il se compose de quatre parties intitulées comme suit : Présentez-vous, Présentez votre quartier, La rénovation de votre quartier, Participez-vous à la rénovation de votre quartier ? Il alterne trente quatre questions de deux natures : quatorze fermées simples et vingt ouvertes. (Annexe 8 ) Le dépouillement et l’analyse des résultats ventilent ces questions selon nos hypothèses, ce qui implique que l’ordre de présentation des réponses ne suive pas intégralement celui de la phase de l’administration. Pour ce faire, nous proposons un plan de dépouillement sous la forme d’un tableau synoptique, qui associe nos trois méthodologies. (Annexe 9 ) La première hypothèse (H 1) s’attache à définir des indicateurs pertinents de l’espace mémoire : les indicateurs d’un espace-mémoire dans un paysage urbain seraient à la fois visibles et invisibles, matériels et immatériels. Ils seraient combinés pour donner du sens à un espace à divers niveaux. Au sein du questionnaire trois questions la relaient : « Vous plaisez vous dans votre quartier aujourd’hui ? » (Q 32) « Si vous vous plaisez dans votre quartier alors qu’est-ce qui vous plait ? » (Q 33) « Si vous ne vous plaisez pas dans votre quartier alors qu’est-ce qui vous déplait ? » (Q 34) Nous pensons que les habitants vont indiquer les éléments matériels et immatériels du patrimoine qui leur plaisent et les incitent à apprécie leur quartier. L’hypothèse (H 1 bis) ambitionne de vérifier si : l’interprétation des indicateurs de l’espace mémoire et de ses formes associées revêt une signification particulière quand on change de niveau, par exemple en passant du niveau local au niveau régional. Au sein du questionnaire deux questions relaient cette hypothèse : « Quels mots vous paraissent le mieux exprimer votre quartier et pourquoi ? » (Q 8) « Pouvez-vous indiquer ce qui vous fait penser à ces mots ? » (Q 9) Nous attendons, que les habitants insistent sur les aspects villageois des centres anciens, comme le proximité, la convivialité.

Le second ensemble de questions, se rapporte à la contribution du concept d’espace mémoire aux processus de recomposition territoriale. En quoi et comment l’espace-mémoire participe-t-il à la recomposition territoriale de la ville ? Quel sens une participation de cet espace-mémoire donnerait-il à l’espace urbain ? Qui délivrerait ce sens ? Au nom de quelles valeurs ? Pour quelles finalités ? Trois hypothèses découlent de ces interrogations. La première hypothèse (H 2) pose que la recomposition territoriale supposerait que le patrimoine formant l’espace-mémoire participe bien à la définition d’un nouvel espace urbain. Au sein du questionnaire deux questions attestent cette certification : « D’après vous votre quartier bénéficie-t-il de cette rénovation ? » (Q 27) « Si d’après vous votre quartier bénéficie de cette rénovation alors de quelle manière?» (Q 28) Nous supposons que les habitants selon leur âge, vont indiquer l’apport de la rénovation urbaine à partir du patrimoine, pour expliquer qu’il améliore le fonctionnement du quartier. La seconde hypothèse (H 2 bis) concerne l’insertion du concept de durabilité dans le cycle du renouvellement urbain du centre ancien : l’intégration de l’espace-mémoire dans la recomposition territoriale des centres permettrait une gestion durable des villes anciennes, en préservant et rendant visibles les lieux repères de l’histoire de la ville, garants de l’identité des territoires et des populations qui y vivent, en leur offrant de rester dans un espace rénové. Cette approche s’appuie sur l’identification d’acteurs bénéficiaires des processus actuels de rénovation, dans un contexte de mise en concurrence des territoires : « Pensez-vous que certaines personnes profitent de la rénovation de votre quartier ? » (Q 17) « Si vous pensez que certaines personnes profitent de la rénovation de votre quartier pouvez-vous indiquer pourquoi ? » ( Q 18) Nous pensons que les habitants traditionnels vont indiquer que les nouveaux habitants et les spéculateurs immobiliers profitent de la rénovation du quartier.

La troisième hypothèse ( H 2 ter) suppose que la relation entre le centre ancien et le concept de centralité se verrait renforcée et participerait ainsi au renouvellement de cette dernière : l’espace-mémoire deviendrait un élément signifiant du renouvellement de la centralité de l’espace urbain. Au sein du questionnaire, trois questions devraient permettre de valider cette supposition : « Votre quartier rénové est-il mieux inséré dans la ville aujourd’hui ? » ( Q 29) « Si votre quartier rénové est mieux inséré dans la ville aujourd’hui alors pourquoi ? » ( Q 30) « Si votre quartier rénové n’est pas mieux inséré dans la ville aujourd’hui alors pourquoi ? » ( Q 31) Nous escomptons que les habitants traditionnels ne percevront pas la modification des relations entre le centre ancien rénové et la ville, alors que les nouveaux habitants, insisteront sur le changement des relations entre le quartier rénové et la ville. Le troisième série de questions initiales concerne la dialectique forme/fonction au sein du cycle de renouvellement urbain du centre ancien et en premier lieu ses modalités et ses temporalités. Il se décrit comme suit : quelles fonctions revêtent les éléments de l’espacemémoire ? Quelles relations de concordance ou de discordance entre forme et fonction et quelles relations entre nouveauté des fonctions exigeant des structures modernes et ancienneté des formes ? Quatre hypothèses répondent à cette question. La première (H 3) postule que : de nouvelles fonctions permettraient une sauvegarde sélective d’un certain nombre d’éléments du patrimoine, rénovés par le secteur privé et le secteur public. Au sein du questionnaire une question se réfère à cette première hypothèse : 224 « Quels changements dans votre quartier avez-vous remarqués après les opérations de rénovation ? » ( Q 26) Nous entendons que les habitants traditionnels mettent en avant la venue de nouveaux habitants ainsi que l’expulsion des habitants anciens, de plus, l’installation de nouvelles activités, notamment dans le secteur de la culture caractériserait le quartier. La seconde hypothèse (H 3 bis) pose que les critères qualitatifs et de localisation des formes seraient déterminants : il existerait éventuellement une relation forme/fonction suivant les critères architecturaux, de localisation, d’occupations anciennes. Elle se verra vérifiée ultérieurement à partir du corpus photographique et cartographique. Nous voulons vérifier si les modifications de la forme patrimoniale suivent les trois étapes du circuit sémiotique : la chose, le déchet, le sémiophore. La troisième hypothèse ( H 3 ter) concerne la diffusion du processus de patrimonialisation : la diffusion de la patrimonialisation correspondrait à la propagation de l’affectation de nouvelles fonctions à des formes anciennes. Au sein du questionnaire, cinq questions relaient ce propos : « D’après vous, votre quartier a-t-il été rénové récemment ? » (Q 12) « Si d’après vous votre quartier a été rénové récemment alors quand ? » (Q 13) « Trouvez-vous que le rythme des travaux de rénovation de votre quartier soit satisfaisant ? » (Q 14) « Si vous trouvez que le rythme des travaux de rénovation de votre quartier est satisfaisant, pouvez-vous indiquer pourquoi ? » (Q 15) « Si vous trouvez que le rythme des travaux n’est pas satisfaisant pouvez-vous indiquer pourquoi ? » (Q 16) Nous pensons que les habitants vont insister sur les désagréments incontournables de la rénovation du centre ancien, par exemple, les chantiers fréquents, la gêne occasionnée par les travaux, le bruit, la saleté, les encombrements.

D’autre part nous cherchons à déterminer si les années 1990 et ce de manière transversale au niveau européen constituent une rupture au sein des processus de rénovation des centres anciens des villes méditerranéennes. Ainsi nous pourrions mettre en évidence des convergences de temporalités au sein des métropoles. La quatrième hypothèse ( H 3 quater) interroge les éventuelles relations entre les cycles du renouvellement urbain du centre ancien et l’arrière-plan culturel : il conviendrait de chercher à mettre en évidence les cycles du renouvellement urbain en lien avec l’histoire et l’imaginaire du territoire à l’intérieur desquels l’espace-mémoire s’inscrit. Au sein du questionnaire deux questions concernent cette approche : « D’après vous votre quartier s’est-il dégradé à une certaine époque ? » ( Q 10) « Si d’après vous votre quartier s’est dégradé à une certaine époque alors pourquoi et quand ? » (Q 11)

L’échantillonnage du questionnaire

L’élaboration de la structure et de la composition du questionnaire pour répondre aux questionnements initiaux posés par le sujet nous conduit à présent à déterminer de façon générale, dans un second temps, pour chaque expérimentation, l’échantillon adéquat. Le propos ambitionne de restituer l’ensemble du processus de renouvellement urbain du centre ancien ce qui implique de considérer l’échantillon selon les phases de ce processus. Il s’agit donc d’abord de s’intéresser aux personnes que nous pouvons qualifier d’anciens résidents. Il peut s’avérer que les résidents âgés dominent ce groupe mais cela ne constitue pas une condition exclusive. Des personnes jeunes ou d’âge mûr peuvent appartenir à cet ensemble. Dans un second temps, la détermination d’un second groupe, dont l’installation dans le 227 quartier s’étend de deux au moins à dix ans au plus, que nous pouvons considérer comme une volonté de résider de manière durable dans le quartier. Dans un troisième temps, l’identification d’un troisième groupe de résidents qui n’habitent le quartier que depuis une période inférieure à deux ans, dont la volatilité sans réelle visée d’installation autre que provisoire, restitue les mouvements récents et saccadés de population. Par ailleurs, la distribution des enquêtés selon l’âge et le sexe a respecté des critères précis : un équilibre paritaire entre sexes, une répartition conforme aux tranches d’âge reconnues dans le quartier entre habitants anciens et habitants récents. Une attention particulière a été portée aux professions dont la présence visible, parmi les nouveaux résidents, apparaît redondante (cadres, artisans, étudiants). D’autre part, l’échantillon a intégré des populations qui travaillent dans le quartier mais sans toutefois l’habiter.

L’administration du questionnaire

 Dans les trois sites d’expérimentation retenus : Marseille : le quartier du Panier, Thessalonique : le quartier de Ano Poli, Séville : le quartier du Casco Norte, l’administration s’est déroulée entre avril 2006 et novembre 2007. La traduction du questionnaire dans la langue officielle du pays constitue un préalable indispensable. Pour Thessalonique, une résidente de Thessalonique, francophone a élaboré à partir de la forme française une version grecque. Pour Séville une française en poste d’enseignant-chercheur dans une université sévillane traduit la forme française en espagnol. Le nombre de questionnaires administrés demeure constant : cinquante dans chaque site, soit cent cinquante pour l’ensemble. Les vagues de collecte, ont dû respecter la saisonnalité des rythmes de résidence (période de vacances ou de fêtes, année universitaire). Les modalités de collecte des réponses ont différé selon le site. A Marseille, la collecte s’est opérée en quatre vagues, la première en avril 2006, la seconde en juillet 2006, la troisième en août 2006, la quatrième en octobre 2006. A Thessalonique, la collecte s’est opérée, en deux vagues. La première vague a nécessité une approche préalable sous forme de contacts téléphoniques et de prises de rendez-vous, afin de préciser les attendus du travail et surtout de permettre aux interlocuteurs grecs de nous identifier, de les rassurer, afin qu’ils acceptent de répondre à un enquêteur étranger, assisté de la traductrice du questionnaire. Cette phase débute en juin 2006 et s’achève en août 2006, la traductrice l’a conduite seule, en fonction de son réseau de relations qui découle de sa 228 profession (commerçante) et de ses affinités. La première vague de recueil de questionnaire débute le 28 juillet 2006 et s’achève le 11 août 2006. Elle s’est composée de deux approches. La première s’est déroulée sous forme de rencontres au domicile des personnes volontaires, en fin de journée, en ma présence et bien entendu en grec sous la conduite de la traductrice. La seconde s’est déroulée en deux temps : une brève entrevue au domicile ou sur le lieu de travail de l’enquêté(e) où la traductrice explique le contenu et le sens de l’enquête.

Le questionnaire se voit confié à l’enquêté(e), qui dispose d’un délai de quelques jours pour le remplir avant collecte. La seconde vague s’est déroulée de septembre à octobre 2006 : elle était destinée en priorité aux étudiants, nombreux à Thessalonique et plus spécifiquement à Ano Poli et a été réalisée par une étudiante en agronomie, seule. A Séville l’administration du questionnaire a débuté le 29 octobre et s’est achèvée le 9 novembre 2007, par nos propres soins, dans des lieux publics, sans rendez-vous préalable. Nous avons choisis des jours variés et des horaires différents. Les résultats sont traduits et revus par l’enseignante-chercheuse sévillane. 

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