Sommaire: Les vocations pour les missions ad gentes (FRANCE, 1650-1750)

Liste des abréviations
Introduction
Chapitre 1 : Les sources et leur utilisation
Introduction
1. Les sources manuscrites
1.a. La Compagnie de Jésus
1.b. L’ordre des Frères prêcheurs
1.c. Les Missions étrangères de Paris (MEP)
1.d. Les archives de la Congrégation de la Propaganda Fide
2. Les imprimés
3. Les difficultés et les lacunes de ces sources
PREMIERE PARTIE : GENESE DU DESIR DES « INDES »
Chapitre 2 : La naissance de la vocation pour les missions
0. Introduction
1. Anne-François de Beauvau (1617-1669) : le parcours atypique d’un gentilhomm e lorrain
1.a. Présentation des sources
1.b. Éléments biographiques
1.c. Un environnement favorable à l’éclosion d’une vocation missionnaire
2. Ignace Cotolendi (1630-1662)
2.a. Présentation des sources
2.b. Une atmosphère familiale porteuse
2.c. L’influence grandissante de la Com pagnie de Jésus
2.d. Le curé modèle
2.e. Le départ pour l’Asie
Chapitre 3 : Une population sensibilisée à la problématique missionnaire
0. Introduction
1. L’attrait pour la mission : des influences précoces
1.a. Les influences familiales
1.b. Les influences locales
2. Le rôle des collèges
2.a. La thématique des Indes dans l’enseignement
2.b. Le théâtre au service de la cause missionnaire
3. Le livre, au cœur de la propagande missionnaire : l’exemple de l’Orient
3.a. Propagande et propagande…
3.b. Trouver des ouvriers et des fonds : l’engagement des MEP pour la cause asiatique
3. c. La promotion des missions lointaines : une spécialité de la Compagnie de Jésus
4. La dévotion à saint François Xavier
4. a. Une abondante littérature hagiographique
4. b. Saint François-Xavier, missionnaire et thérapeute
4. c. L’institution des neuvaines à saint Franço is Xavier : un succès populaire durable
Chapitre 4 : Susciter des vocations à l’intérieur des ordres et dans le clergé
0. Introduction
1. Le témoignage des missionnaires et des procureurs
2.  L’émulation entre les ecclésiastiques
3. Les appels des Généraux en faveur des missions
4.  L’exemple d’un ordre ancien, tourné vers la mission : les Frères prêcheurs
4.a. Un contexte de réforme
4.b. La mission, pilier de l’historiographie dominicaine
5. La Compagnie de Jésus et la mission
5.a. Mission, cœur de l’intuition ignatienne
5.b. La mission lointaine, comme « état d’esprit »
DEUXIEME PARTIE : L’INDIVIDU FACE A « L’APPEL »
Chapitre 5. Le discernement d’une vocation pour les missions.
0. Introduction
1. L’âge et le niveau d’études des candidats aux Indes
2. Comment discerner sa vocation : l’exemple de Jean-Baptiste Boucher
3. Les signes décrits par les candidats aux Indes
3.a. Le rêve et les visions
3.b. Le « désir » des Indes
3.c. La maladie
3.d. Le vœu pour la mission
3.e. Être « idoine »
4. Le temps de la retraite
4.a. L’influence des Exercices spirituels chez les candidats jésuites
4.b. La retraite dans les autres congrégations
4.c. La direction spirituelle
5. Vocation et salut
Chapitre 6 : Une vision idéalisée du missionnaire et de sa mission
0. Introduction
1. Mission, conversion et expiation : convertir l’autre
1.a. Le missionnaire idéal
1.b. Le problème du salut des païens
1.c. L’urgence de la mission : « l’appel des infidèles »
1.d. La mission lointaine, instrument pour convertir l’Europe
1.e. Comment convertir ?
2. La mission lointaine, occasion et condition d’une conversion personnelle
2.a. La « double conversion »
2.b. Mission, lieu d’expiation de ses péchés
2.c. La mission, occasion d’imiter le Christ crucifié
3. Quitter l’Europe et son luxe : retrouver l’austérité de la vie religieuse
3.a. Le refus de l’oisiveté
3.b. Les « mauvais » motifs
4. La question du lieu
4.a. Partir… le choix indifférent
4.b. Où aller ? l’argument intellectuel
4.c. Où aller ? L’argument climatique
4.d. Où aller ? Trouver le lieu le plus pénible
TROISIEME PARTIE : L’ELECTION DES MISSIONNAIRES
Chapitre 7 : La hiérarchie ecclésiastique et l’élection des missionnaires
0. Introduction
1. Le choix des missionnaires dans la Compagnie de Jésus
1.a. Écrire une indipeta
1.b. Le rôle du Général dans le choix des missionnaires
1.c. Le rôle des supérieurs locaux
1.d. Les tensions dans la Compagnie de Jésus au sujet des missions externes
1.e. La participation des provinces françaises à l’effort des missions ad gentes
1.f. La Congrégation provinciale de 1672
2. Le choix des missionnaires dans l’ordre des Frères prêcheurs
2.a. L’organisation missionnaire avant 1721
2.b. L’union des missions antillaises et de la province de Toulouse (1721)
2.c. Une réorganisation au service de la réforme intérieure de l’ordre
2.d. Les difficultés de recrutement.
3. Le choix des missionnaires au séminaire des MEP
3.a. Les membres du séminaire
3.b. Âges et origines géographiques des séminaristes des MEP
3.c. Formation des séminaristes
3.d. La pénurie de personnel
Chapitre 8. De l’imaginaire aux réalités du terrain.
0. Introduction
1. Les réactions des proches
1.a. Les oppositions parentales
1.b. Les conséquences financières du départ sur les familles
1.c. Implication familiale dans le discernement d’une vocation
1.d. Le moment des adieux.
2. L’idéal missionnaire confronté à la réalité du terrain
2.a. Les premières difficultés : le voyage
2.c. Les problèmes domestiques, les soucis quotidiens
3. Mieux choisir et mieux former les futurs missionnaires
3.a. Les qualités d’un missionnaire
3.b. Comment bien choisir un missionnaire ?
3.c. Comment préparer les missionnaires ?
Conclusion
Annexes
Sources
Table des matières

Extrait du mémoire les vocations pour les missions ad gentes (FRANCE, 1650-1750)

Chapitre 1 : Les sources et leur utilisation
0. Introduction
Les sources pour une étude des « vocations missionnaires » ne sont pas immédiates. Rares sont les religieux qui livrent les raisons profondes de leur engagement… Aussi, a-t-il été nécessaire de varier autant qu’il était possible les points de vue et les angles d’attaque. Nous utiliserons d’abord des sources manuscrites : des écrits personnels, intimes, de la correspondance, des textes issus de méditations. Cela nous aidera à comprendre quelle image se font les candidats de la mission indienne, les raisons qui les poussent à s’en aller, les motivations qu’ils donnent pour pouvoir partir. Chaque ordre religieux étudié possède des types de sources spécifiques, plus ou moins riches en renseignements. La Compagnie de Jésus est certainement la mieux pourvue. Les registres plus administratifs, malgré l’aridité de leur apparence, permettent pourtant de mieux saisir les enjeux des expéditions missionnaires et les conditions du recrutement des futurs envoyés aux « Indes ». Néanmoins, les Missions étrangères de Paris et les archives des Dominicains ont livré des informations intéressantes.
Après les avoir présentés, nous tenterons de montrer les apports de tels documents, ainsi que leurs limites et leurs difficultés d’interprétation.
1. Les sources manuscrites
1.a. La Compagnie de Jésus
Notre réflexion sur les vocations missionnaires a débuté en Italie, dans les Archives romaines de la Compagnie de Jésus (ARSI), situées dans le Borgo Santo Spirito, près du Vatican. Les Jésuites y ont regroupé les documents concernant le gouvernement général de leur ordre, depuis sa fondation. Ce dépôt est divisé en trois grandes sections. Nous nous sommes d’abord intéressée à des lettres conservées dans le Fondo Gesuitico. Ce fonds est constitué des collections du Procureur général de la Compagnie, qui résidait au Collegio Romano. Il fut confisqué en 1870 et déposé à l’Archivio di Stato de Rome avant d’être rendu à la Compagnie qui décida finalement de le placer dans la maison généralice. Ces différents déplacements expliquent la disparition de certaines liasses d’archives 35.
Depuis quelques années maintenant, les historiens s’intéressent particulièrement à la collection des litterae indipetae 36. 14 067 lettres de ce type, rédigées par 6 167 jésuites entre la fin du XVIe siècle jusqu’à la suppression de la Compagnie ont été comptabilisées. Ces courriers étaient envoyés au Préposé général par des Jésuites résidant dans les quatre coins de l’Europe et qui demandaient la permission de partir pour les « Indes » 37. Nous avons choisi pour notre part de travailler sur les indipetae rédigées par des Jésuites de l’Assistance de France 38. Notre corpus est composé de 371 lettres, écrites par 268 individus différents. La plus ancienne de ces lettres est datée de 1607 ; la plus récente de 1761. Ces données cachent en fait de fortes disparités. De 1607 à 1615, nous avons pu retrouver 76 indipetae, adressées au général Claudio Aquaviva (1581-1615) puis à Mutio Vitelleschi (1615-1645) 39. La liasse s’interrompt brutalement. Quelques lettres pour les Indes se sont trouvées dispersées dans des fonds provinciaux et concernent notamment les années 1633-1655. La série des indipetae reprend de manière plus continue, surtout à partir de 1657. Jusqu’en 1668, elle semble relativement bien conservée, puisque 233 lettres rédigées pendant cette douzaine d’années nous sont parvenues ; elles correspondent aux généralats de Goswin Nickel (1652-1664) et de Giovanni Paolo Oliva (1664-1681). Après 1669, les indipetae sont de nouveau plus rares : de 1669 à 1700, on compte 46 lettres de demande d’Indes. Le XVIIIe siècle est très peu représenté, avec seulement huit lettres.

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