Caractéristiques cliniques des cas d’infection materno-fœtale (IMF) à Chikungunya prouvée

INTRODUCTION :

L’Ile de la Réunion a été touchée entre mars 2005 et fin décembre 2006 par une épidémie de Chikungunya qui a surpris par son émergence inattendue, son intensité et la survenue de formes graves voire mortelles. Une telle virulence a étonné la communauté scientifique.
C’est la première fois que l’on s’intéresse aux conséquences d’une contamination par le Chikungunya au cours de la grossesse et notamment aux risques de transmission materno-fœtale. Cette transmission par le virus Chikungunya au cours de la grossesse n’a jamais fait l’objet, à notre connaissance, de publication contrairement à d’autres arboviroses.
Le virus Chikungunya, transmis par des moustiques du genre Aedes, sévit uniquement en zone tropicale bien que son vecteur soit également retrouvé ailleurs. Il est à l’origine d’épidémies en Afrique et en Asie depuis sa description dans la province du Tanganyika en Tanzanie en 1952. L’infection par ce virus se manifeste par une fièvre élevée, des arthralgies intenses et une éruption cutanée.
Cette maladie peu fréquente est peu rapportée dans la littérature.
Après une présentation rapide, géographique, climatique et démographique de l’Ile de la Réunion, nous rappellerons les grandes étapes de l’épidémie et ferons le point sur les connaissances actuelles du Chikungunya. Puis nous passerons à l’étude de la transmission materno-fœtale du Chikungunya, étude concernant l’issue des grossesses survenue au Groupe Hospitalier Sud Réunion entre le 1 juin 2005 et le 31 août 2006. Les objectifs et la méthode utilisée seront définis avant de donner les résultats en particulier les conséquences de la contamination par le Chikungunya au cours de la grossesse ainsi que le risque de la transmission materno-fœtale. Enfin nous discuterons ces résultats dans la dernière partie de cette recherche.

PRESENTATION DE LA REUNION :

Géographie :
La Réunion est une île volcanique du sud-ouest de l’Océan Indien, située entre l’équateur et le tropique du Capricorne par 55°29’ de longitude et 21°5’ de latitude sud, à 700 km de Madagascar à l’ouest, 200 km de l’île Maurice à l’est et à 9200 km de la métropole. Elle constitue avec Maurice et Rodrigues, l’archipel des Mascareignes.
D’une superficie de 2572 km2, elle a une forme ovale avec un diamètre maximal d’axe nord-ouest / sud-est de 72 km et un petit axe perpendiculaire de 51 km. Le périmètre de l’île avoisine les 207 km avec 40 km de plage dont seulement 25 protégés par une barrière corallienne à l’ouest. Cette partie de l’île abritée des alizés par le relief montagneux, est appelée « côte sous le vent ». On y retrouve à une exception près les seules plages de sable blanc, provenant de la dégradation des coraux et des coquillages. Les autres plages sont de couleur noire, fruit de l’érosion de la roche volcanique dite basaltique. Le versant est et nord-est de l’île est très arrosé par les pluies. L’érosion mécanique, constante, en a aplati les rives : c’est la « côte au vent », au littoral découpé. Au sud-est, le Piton de la Fournaise, seul volcan en activité, s’étale en pente douce jusqu’à la mer.

L’infection par le Chikungunya chez la femme enceinte après 22 SA semble donc bénigne et sans conséquence pour la grossesse.

Chez les 52 femmes ayant accouché en période virémique, c’est-à-dire ayant présenté de la fièvre la veille ou le jour de l’accouchement, au maximum 7 jours avant l’accouchement avec virémie maternelle prouvée par RT-PCR CHIKV, 19 nouveau-nés ont développé une infection néonatale à Chikungunya différée.
Le taux de transmission verticale du Chikungunya est de 36 % lorsque la femme accouche en période virémique.
Dans le groupe des 52 femmes ayant accouché en période virémique, il y a eu un taux de césarienne de 50 %. Le motif de la césarienne est le plus souvent la souffrance fœtale aiguë avec anomalie du rythme cardiaque fœtal (dans 80 % des cas) et liquide méconial. Parmi les nouveau-nés développant une infection néonatale à Chikungunya, 10 sont nés par césarienne (soit 53 %). Parmi les nouveau-nés sains, nés de mère en période virémique, 15 sont nés par césarienne (soit 44 %). Le taux de césarienne chez les nouveau-nés infectés (53 %) par rapport aux nouveau-nés non infectés (44 %) n’est pas significativement différent (Odds Ratio à 0,8).
L’absence d’effet protecteur de la césarienne sur la transmission du CHIKV chez ces femmes est un argument contre une contamination du nouveau-né lors du passage dans la filière génitale au cours de l’accouchement.
Les nouveau-nés malades sont tous nés d’une mère en période de virémie au moment de l’accouchement. Pour tous, il y a eu un délai entre le début des symptômes et la naissance (de 2 à 5 jours). Ces deux constatations nous amènent donc à émettre l’hypothèse que la contamination du nouveau né se ferait en per-partum.
Le nombre de bébés présentant une SFA est plus important chez les femmes qui accouchent en période virémique que dans la population générale des accouchées, la conséquence est une augmentation du nombre de césarienne chez ces femmes. Chez ces bébés ayant présenté une SFA, la recherche de génome viral au niveau du placenta a toujours été positive, lorsqu’elle a été réalisée. Il y a donc infection du placenta par le CHIKV. Tout ceci, nous amène donc à confirmer et à affiner l’hypothèse d’une contamination en pre-partum immédiat par voie sanguine transplacentaire. Mais nous ne pouvons pas exclure une deuxième hypothèse : celle que la transmission du Chikungunya se fasse lors des échanges sanguins qui existent au moment de l’accouchement entre la mère et l’enfant.

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Transmission du CHIKV (1 MB) (Rapport PDF)
chikungunya expérience de lipidémie

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