Prescription, réévaluation et suivi du traitement des infections urinaires diagnostiquées aux urgences de l’Hôpital Nord et prise en charge en ambulatoire

Traitements prescrits par diagnostic 

Cystite : Trente-huit (53,5 %) patientes ont été traitées par Fosfomycine-Trométamol pendant un jour dont une patiente ne présentait pas d’indication (cystite à risque de complication). Quatorze (19,7 %) patientes ont été traitées par fluoroquinolones (Ciprofloxacine ou Ofloxacine) pendant 6 jours en moyenne, parmi ces patientes, 10 (71,4%) patientes auraient dû être traitées autrement (2 patientes avaient des contre-indications aux fluoroquinolones et 8 patientes ne présentaient pas d’indication).
Onze (15,5%) patientes ont été traitées par Nitrofurantoïne pendant 6,3 jours en moyenne dont 9 (81,8%) patientes ne présentaient pas d’indication.
Quatre (5,6%) patientes ont été traitées par Pivménicillam pendant 5,5 jours en moyenne dont 2 patientes qui ne présentaient pas d’indication (cystites simples).
Pyélonéphrite aiguë : Cent vingt-deux (85,9%) patients ont été traités par fluoroquinolones pendant 8 jours en moyenne dont 4 (3,3%) auraient dû être traités autrement (les patients présentaient des contre-indications aux fluoroquinolones). Quatorze (9,9%) patients ont été traités par Ceftriaxone pendant 10,6 jours en moyenne dont 5 patients auraient dû être traité par fluoroquinolones per os  (pyélonéphrites simples). Infection urinaire masculine .
Trente et un (91%) patients ont été traités par fluoroquinolones pendant 15,3 jours en moyenne dont 2 (5,8%) patients présentaient des contre-indications aux fluoroquinolones. Trois (9%) patients ont été traités par Ceftriaxone pendant 9,6 jours en moyenne.

Facteurs de risque de complication

Pour les cystites, 11 (15,5%) patientes présentaient une infection urinaire à risque de complication dont 5 (2,8%) patientes étaient âgées de plus de 75 ans, 2 (2,8%) patientes présentaient une anomalie des voies urinaires, 2 (2,8%) patientes étaient enceintes et une (1,4%) patiente était immunodéprimée.
Pour les pyélonéphrites aiguës, 19 (13,4%) patients présentaient une infection urinaire à risque de complication dont 11 (7,7%) patients étaient de sexe masculin, 5 (3,5%) patients étaient âgés de plus de 75 ans, 3 (2,1%) patients étaient porteurs d’une anomalie des voies urinaires, une (0,7%) patient présentait une insuffisance rénale chronique, une (0,7%) patiente était enceinte et aucun patient n’était immunodéprimé.
Pour les infections urinaires masculines, 34 (100%) patients présentaient une infection urinaire à risque de complication car ils étaient tous de sexe masculin, 11 (32,4%) patients étaient âgés de plus de 75 ans, 2 (5,9%) patients étaient immunodéprimés et un (2,9%) patient était insuffisant rénal chronique.
Les infections urinaires masculines étaient plus à risque de complication que les cystites et les pyélonéphrites de manière significative (15,5%, 19,4% VS 100% (p = 0,001)).

Qualité de prescription des antibiotiques

Notre étude retrouve un taux de prescriptions conformes au protocole de 71,4% toutes pathologies confondues.
Dans l’étude de Goulet et al. En 2009 , 54% des prescriptions d’antibiotiques étaient adéquates. Dans l’étude de Arnaud et al. concernant des patients hospitalisés, 40,1 % des prescriptions étaient adéquates. En consultation de ville, dans l’étude de Nguyen et al. , retrouvait un taux de prescription de Nitrofurantoïne respectant l’AMM et les recommandations de la SPILF 2015 de 40,1%. Or la Nitrofurantoïne a de graves effets secondaires sur le plan pulmonaire et hépatique, c’est pourquoi son utilisation est réservée à de rares indications bien précises (en première intention pour les cystites à risque de complication dont le traitement ne peut être différé, en troisième intention pour les cystites simples en probabiliste et en troisième intention pour les cystites à risque de complication après résultats de l’ECBU (7)). En effet, l’indication de la Nitrofurantoïne a reculé entre 2008 et 2015 avec l’ajout du Pivmecillinam en seconde intention dans les cystites simples.
Le taux de prescriptions adéquates élevé de notre étude est expliqué par la présence et l’application d’un protocole clair et facilement accessible par voie informatique avec les ordonnances de sortie.

Epidémiologie des ECBU

Dans notre étude 92,7% des souches d‘E Coli étaient sensible aux fluoroquinolones et 50% à l’amoxicilline. Dans l’étude menée par le réseau ONERBA ville 2013 (24), la sensibilité de l’E coli urinaire pour la ciprofloxacine est de 84,1% en région PACA et 89,5% en France. Dans l’étude menée par le réseau REUSSIR en 2013 (24), la sensibilité d’E coli à la ciprofloxacine dans les services d’accueil des urgences en France est de 88,7%. Ces résultats sont donc comparables à ceux de notre étude.
Dans notre étude, nous avions une (0,9%) seule souche d’E coli BLSE. Dans l’étude de Martin D. de 2016 , le taux de BLSE dans les urines en région PACA est de 5,2% et de 3,3% en France. La région PACA est la région de France où la prévalence de BLSE est la plus élevée.
Notre faible taux de BLSE est peut-être dû au fait que nous incluons seulement les patients traités en ambulatoire.
Il est important de prendre en compte les antibiotiques reçus par le patient dans les mois précédents. Dans l’étude de Calbo et al. en 2006 , il y a une augmentation significative du taux d’E. coli BLSE chez les patients ayant été traité par Céphalosporine de deuxième génération. Dans l’étude de Rossignol et al. , effectuée en ville en 2017. Le suivi de 528 femmes françaises consultant pour une suspicion d’infection urinaire a rapporté une prévalence d’E. coli BLSE de 1,6%. Les auteurs ont alors pu estimer à 32 pour 100 000 femmes de plus de 18 ans (95 % IC 24–41), le taux d’incidence des infections urinaires à E. coli BLSE en France.
Dans l’article de Lemort et al. effectué aux urgences de Perpignan, on retrouve une baisse de la sensibilité des souches communautaires d’E. coli isolées dans les urines aux fluoroquinolones et à l’amoxicilline. En effet entre 2002 et 2004, la sensibilité de l’E. Coli au Ciprofloxacine passe de 96% à 89% et la sensibilité de l’E. Coli à l’amoxicilline passe de 58% à 54%.
Les fluoroquinolones sont toujours indiquées en première intention dans les pyélonéphrites et les infections urinaires masculines pendant une durée de 7 à 14 jours.
L’augmentation de la résistance peut engendrer une modification des antibiothérapies en première intention. Or les fluoroquinolones ont permis une durée courte et une voie d’administration per os (contrairement à la ceftriaxone IM ou IV). Ces données doivent nous imposer à poursuivre la vigilance quant à la prescription des fluoroquinolones.

Table des matières

I. Introduction
II. Matériel et méthode
1 – Population étudiée
2 – Méthode
3 – Analyse statistique
III. Résultats
1 – Caractéristiques de la population
A – Données démographiques
B – Facteurs de risque de complication
C- Traitement par antibiotiques dans les 3 derniers mois
D – Contre-indications aux fluoroquinolones
2 – Traitements prescrits par diagnostic
A – Cystites
B – Pyélonéphrites aiguës
C – Infections urinaires masculines
3 – Conformité des prescriptions selon le protocole
A – Cystite
a – Prescriptions par les internes
b – Prescription par les seniors
B – Pyélonéphrite aiguë
a – Prescriptions par les internes
b – Prescription par les seniors
C – Infection urinaire masculine
a – Prescriptions par les internes
b – Prescription par les seniors
D – Prescriptions conformes au protocole par pathologies
E – Prescriptions conformes au protocole par prescripteurs
4 – Résultats des ECBU par diagnostic
A – Cystite
B – Pyélonéphrites aiguë
C – Infections urinaires masculine
5 – Questionnaires à 72h
6 – Questionnaires à 1 mois
IV. Discussion
1 – démographie de la population
2 – Contre-indications aux fluoroquinolones
3 – Rémission
4 – Qualité de prescription des antibiotiques
5 – Réévaluation de l’antibiothérapie
6 – Epidémiologie des ECBU
7 – Résultats de ECBU
8 – Forces de l’étude
9 – Limites de l’étude
10 – Perspectives
V. Conclusion
Bibliographie
Annexes
Abréviations

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