DESCRIPTION D’UNE LANGUE CANGIN DU
SENEGAL : le laalaa (léhar)
Revue de la littérature
Au cours de ces 30 dernières années, les langues cangin de manière générale ont suscité beaucoup d’intérêt chez les linguistes mais, malgré son statut de 16e langue nationale du Sénégal, le laalaa est sans aucun doute le parent pauvre du groupe. En effet, depuis la parution de l’Abrégé de grammaire lala de Pichl en 1981, nous n’avons recensé que trois mémoires portant exclusivement sur la langue : – FALL, Papa Oumar, Phonologie et morphophonologie du laala, mémoire de maîtrise, UCAD, 2005 – FALL, Papa Oumar, Les pronoms en laala, mémoire de DEA, UCAD, 2006 – DIEYE, El Hadji, La détermination nominale en lala, Mémoire de D.E.A, UCAD, 2005. Cependant, on note quelques travaux portant sur le groupe et qui brossent quelques aspects de la langue : – DIOP-DIAGNE, Madeleine, Aperçu comparatif et synchronique des systèmes phonologiques et nominaux des langues Cangin, Paris III. Mémoire de maîtrise. Institut de Linguistique et de Phonétique. U.F.R. de Linguistique Africaine. Université de la Sorbonne Nouvelle. 1989. 22 – GORDON, Williams, « Enquête sociolinguistique sur les langues cangin de la région de Thiès au Sénégal, 2ème éd. Dakar, Sénégal, Société internationale de linguistique, 1993, IV-72 p. – PODZDNIAKOV, Konstantin & SEGERER, Guillaume, Reconstruction des pronoms personnels du proto-cangin in systèmes de marques personnels en Afrique, Louvain, Peeters, 2004. 1.4 Methodologie Dans l’élaboration de ce travail, nous nous sommes fondamentalement inspiré des methodes du fonctionalisme d’André Martinet et de ses successeurs notamment pour la seconde partie (phonologie et morphophonologie). A l’heure où nous écrivons cette thèse, nos connaissances sur la typologie et les universaux du langage ne sont pas très pointues, néanmoins nous nous sommes beaucoup servi des travaux de Denis Creissels et particulièrement de son ouvrage intitulé Syntaxe générale : une introduction typologique. Nous nous sommes également beaucoup servi des méthodes d’enquête et de description des langues à tradition orale de Luc Bouquiaux et Jacqueline M C Thomas notamment pour l’élaboration de notre corpus. Notre premier contact avec la langue remonte à juin 2005. A ce moment, nous préparions un mémoire de DEA sur le thème de la détermination nominale en laalaa. Pour ce premier contact avec la langue, nous avions simplement travaillé avec des locuteurs à Dakar. Par la suite, nous avons effectué plusieurs missions de terrain au Lehaar. Ces missions nous ont permis d’étendre notre base de données à quelque 1500 entrées, de construire des phrases que nous avons nous-même élaborées pour vérifier ou ullustrer certains phénomènes. Nous avons aussi recueilli des textes oraux et écrits auprès des moniteurs en alphabétisation (Roger Samba Faye, Njool Malick Tine et Grégoire Faye). Voici la liste des principaux informateurs avec des informations sociolinguistiques les concernant. Nom : FAYE Prénom : Issac Age : 17 ans Lieu de Naissance : Bargaro Lieux de résidence : Bargaro Niveau d’étude : DEFM Ethnie du père : Sérère-laalaa Ethnie de la mère : Sérère-noon Langue première : laalaa Autres langues parlées : wolof, français 23 Nom : FAYE Prénom : Roger Samba Age : 58 ans Lieu de Naissance : Mbaraglou Biram (Gogone) Lieux de résidence : Gognone de 1952 à 1972 Thiès en 1972 Monastère de Keur Moussa de 1973 à 1975 Service militaire de 1978 à 1980 Niveau d’étude : 6e (enseignement moyen) Ethnie du père : Sérère-Laalaa Ethnie de la mère : Sérère-Laalaa Langue première : laalaa Autres langues parlées : wolof français ndut Nom : TINE Prénom : Njool Malick Age : 44 ans Lieu de Naissance : Kiwi Lieux de résidence : Kiwi de 1966 à 1979 Thiès de 1979 à 1988 Dakar de 1988 à 1994 kiwi de 1994 jusqu’à présent Niveau d’étude : BAC Ethnie du père : Sérère-Laalaa Ethnie de la mère : Sérère-Laalaa Langue première : laalaa Autres langues parlées : wolof français Un peu l’anglais .
L’organisation du travail
Ce travail de description phonologique et grammaticale se subdivise en trois grandes parties précédées d’une introduction générale. Dans l’introduction nous présentons d’une part les Sérères-Laalaa et et leur langue et d’autre part les methodes d’enquête et de réalisation de ce travail. Dans la première partie, nous aborderons l’analyse des différentes unités phoniques ainsi que les différents phénomènes combinatoires que nous avons rencontrés. Dans la deuxième partie, nous traiterons de la morphologie et de la morphosyntaxe des différentes catégories de mots. Et enfin dans la troisième partie nous traiterons de l’organisation de la langue pour former les différents types de phrases.
La notation
Dans ce travail, nous avons utilisé deux systèmes de transcription différents et à des moments différents. En effet, dans la première partie (phonologie et morphophonologie) nous avons opté pour une transcription phonétique, selon l’alphabet phonétique international (API). Mais face au problème phonétique que pose l’amuissement des implosives [ɓ] et [ʄ] en position finale, nous avons, pour ce cas précis, adopté le choix de Wiliam Gordon (1993) c’est-à-dire les rendre par des voyelles suscrites suivies de coup de glotte. Pour le reste du travail, nous avons opté pour une transcription orthographique conformément au projet de decret fixant l’alphabet de la langue. D’après ce projet de decret, les voyelles +ATR sont transcrites avec un accent sauf la lettre ë qui a été préférée à la lettre á. Cependant, le laalaa étant une langue agglutinante avec harmonie vocalique comme nous le verrons plus tard, nous avons pris la décision de ne noter les accents que sur l’élément (radical ou affixe) qui diffuse le trait +ATR sur tout le mot. Ceci pour ne pas trop surcharger l’écriture.
REMERCIEMENTS |
