Nouvelles perspectives pour les complexes de
lanthanides dérivés du squelette PCTA
La place du PCTA[12] parmi les ligands polyaminocarboxyliques
La recherche de composés visant à pallier la cinétique de formation lente des complexes macrocycliques basés sur le DOTA ou le TETA a conduit à la synthèse d’autres structures au degré de préorganisation plus élevé, parmi lesquelles le PCTA[12] (Pyridine containing Cyclen Triacetic Acid), un dérivé du cyclène ou un motif aminodiéthylène est remplacé par un motif 2,6-méthylènepyridine (Figure 1.9). Costa et al. ont montré que l’incorporation d’une pyridine au sein de tétraamines cycliques abaissait les constantes de stabilité des complexes formés avec des ions divalents, tout en augmentant leur cinétique de complexation.38 Figure 1.9. Structure du pyclène (à gauche) et du PCTA[12] (à droite) Chapitre 1 25 Stetter et al. ont été les premiers à proposer la synthèse et à déterminer les paramètres thermodynamiques de complexes du PCTA[12] avec un certain nombre de métaux divalents.30 Delgado et al. ont repris et élargi ces recherches à quelques métaux de transition trivalents, puis Tircsó et al. se sont finalement intéressés aux complexes de lanthanides du PCTA[12] une dizaine d’années plus tard.
Considérations thermodynamiques et cinétiques
Afin de permettre une meilleure approche des potentialités du PCTA[12], d’autres ligands polyaminocarboxyliques linéaires ou cycliques sont présentés ciaprès pour une étude comparative. En plus du DTPA, du NOTA et du DOTA déjà évoqués, deux autres chélatants heptadentes sont considérés (Figure 1.10). Le chélatant Py a initialement été développé en tant que sonde bimodale IRM/imagerie optique, et est l’homologue acyclique du PCTA.Le second est le DO3A, un dérivé heptadente du DOTA proposant seulement trois groupements acide acétique.
Stabilité thermodynamique
La stabilité thermodynamique d’un complexe reflète la force de l’interaction entre un ligand et un métal donné. Cette grandeur est caractérisée par une constante (log KML), et est dépendante de plusieurs paramètres tels que la basicité totale ou la Chapitre 1 26 denticité du ligand. De manière générale, les ligands macrocycliques ayant le plus d’atomes donneurs basiques forment les complexes les plus stables thermodynamiquement. 45 De plus, la stabilité des complexes de lanthanides est relative à la basicité totale du ligand ( log Ki), il est donc à prévoir que les chélates dérivés du PCTA[12] soient moins stables que ceux du DO3A, du DTPA, ou du DOTA (Tableau 1.5).
En prenant le gadolinium comme exemple, les constantes de stabilité thermodynamique (log KGdL) du PCTA[12], du DO3A et du DOTA sont respectivement de 20,4, 21,1, et 24,7, pour des valeurs de constantes de basicité totale de 25,95, 28,74 et 32,75. Les complexes de métaux de transition et le complexe de gadolinium du PCTA[12] sont respectivement jusqu’à quatre ordres de grandeur et près de deux ordres de grandeur plus élevés que leurs homologues acycliques issus du ligand Py (log KGdPy = 18,6), mettant en évidence l’influence de l’effet macrocyclique Chapitre 1 27 sur la stabilité des complexes. Trois autres considérations peuvent également être observées : o parmi tous les ligands heptadentes, donc à nombre de fonctions coordinantes égal, le PCTA[12] forme des complexes cent fois plus stables que son homologue linéaire, et presque aussi stables que ceux du DO3A, o bien que plus rigide, la cavité du PCTA[12] semble être parfaitement adaptée à la coordination des lanthanides et forme des complexes dont les constantes de stabilité sont jusqu’à six ordres de grandeur plus élevées que celles du NOTA (log KGdNOTA = 14,3), o la plus haute stabilité (opposée à ce qu’aurait prédit la série d’Irving-William) de [Zn(PCTA)] – comparée à celle de [Cu(PCTA)] – montre que le PCTA[12] pourrait être utilisé à des fins de complexation sélective du cation Zn2+, o dans le cas du PCTA[12], Tircsó et al. rapportent des valeurs de constantes de stabilité des complexes d’ions lanthanides similaires à celle du complexe de zinc (log KZnPCTA = 20.48) contrairement à ce qu’avait rapporté Delgado et al. (log KZnPCTA = 18.22).39,40 Des réactions de transmétallation entre ces complexes ne sont donc pas à exclure.
1.3.1.2 Inertie cinétique
La détermination de la constante de stabilité thermodynamique est un critère incontournable pour la caractérisation d’un complexe métallique. Plusieurs publications ont cependant mis en évidence l’importance de l’évaluation de la stabilité cinétique de ces complexes si une application in vivo est envisagée. D’autres facteurs tels que le pH, la résistance à la transmétallation ou à la transchélation sont en effet à prendre en compte lorsque la stabilité des complexes d’ions lanthanides en milieux biologiques est évoquée. La présence d’ions endogènes compétiteurs comme le zinc, le cuivre ou le fer, ou la grande affinité des lanthanides pour les ions phosphates, citrates ou carbonates peuvent déplacer l’équilibre de complexation et conduire au relargage in vivo du métal. La manière la plus simple d’appréhender l’inertie cinétique d’un complexe est de le placer en milieu acide (i.e. dans un état thermodynamiquement Chapitre 1 28 instable), et de mesurer, suivant les techniques employées, l’évolution de sa concentration ou celle de l’ion dissocié en fonction du temps. Une constante de vitesse de dissociation peut alors être déterminée, caractérisant la capacité du complexe à se dissocier. Plus la valeur de cette constante sera grande, plus le complexe se dissociera facilement (Tableau 1.6).
Introduction générale
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