Sous Marie-Antoinette : le jardin anglais et le Hameau

La hiérarchie au sein des jardins.

Un département aussi important que celui des jardins de Versailles se devait d’être très bien organisé. Pour cela, les rôles entre les différents acteurs devaient être parfaitement établis pour que le fonctionnement soit le plus optimal possible. La communication entre les différents personnels était constante car il fallait exactement savoir ce qui se passait dans les jardins pour que rien ne soit laissé au hasard et que les jardins soient le mieux tenus possible.
L’organisation des jardins.
L’organisation des jardins répondait à une hiérarchie pré-établie où tout le monde avait une fonction bien précise et devait répondre de ses observations à ses supérieurs et faire part des ordres reçus à ceux dont ils avaient à charge la surveillance. Il faut savoir que les jardiniers n’étaient pas seuls à travailler dans les jardins. Il y avait également tout un personnel chargé de la surveillance et de l’inspection du travail et ces rôles étaient très important. Ils avaient des relations constantes avec les jardiniers basées sur la discussion et l’observation.
Les gardes bosquets
En bas de la hiérarchie on retrouve les gardes des bosquets des jardins du château. Ils étaient chargés de la surveillance des jardins et devaient s’attacher à ce que personne ne dégrade les bosquets. Ici, leur relation avec les jardiniers n’étaient pas très soutenue. Ils discutaient plus avec les inspecteurs. Les gardes faisaient partie du corps des Suisses chargé de la surveillance et de la sécurité du château, des jardins et de la cour. La surface à couvrir et à surveiller était très importante dans les jardins, c’est pourquoi il y avait plusieurs personnes destinées à cette tâche.
En ce qui concerne les jardins du château de Versailles strictement, ils étaient deux et parfois trois à se répartir la surveillance. Dès 17401, ils étaient deux : le sieur Bonheur jusqu’en 17452 et le sieur Daufresne. Puis de 1746 à 1753 ils étaient trois : on retrouve le sieur Daufresne3, garde des fontaines et bosquets qui a officié jusqu’au premier quartier de 17534, le nommé Robin dit Fribourg suisse, garde des bosquets du jardin du château de Versailles jusqu’en 17575 et le nommé Melchior Goublet lui aussi suisse qui travaille jusqu’en 1770.6
Robin dit Fribourg est remplacé en 17587 par Melchior Boquillon qui est au moins présent jusqu’en 17758 et le sieur Daufresne en 1753 lors de son départ est quant à lui remplacé par le nommé Gramain en poste jusqu’en 1775.9 Melchior Goublet est lui remplacé par Drouin dit Bréval à partir de 177010 jusqu’à la fin des documents retrouvés c’est-à-dire 1775.11 En 1781, on trouve un bon concernant la commission de garde des bosquets des jardins de Versailles, en faveur de Henry Berne, avec gages et autres avantages attribués à ce poste12
Ils avaient donc à se répartir convenablement la surveillance de l’ensemble de ces jardins. Il fallait qu’ils se mettent d’accord pour ne pas laisser une partie des jardins à l’abandon. Leur rôle consistait à faire des rondes dans les jardins afin de s’assurer que personne ne dégrade rien, qu’il s’agisse du public, de la cour ou même des autres personnels du château. Leur rôle était donc important car ils étaient le premier maillon de la chaîne pour le bon fonctionnement et le respect des jardins.
Les inspecteurs
Les inspecteurs étaient à l’échelon supérieur. Leur rôle était réellement primordial. Comme l’indique leur titre, ils étaient chargés de l’inspection des jardins. Ils devaient s’attacher à faire en sorte que les jardiniers respectent bien leur devis d’une part et d’autre part ils devaient surveiller tout le personnel qui travaillait aux côtés du jardinier et répondre aussi aux demandes personnelles des jardiniers. Ils étaient réellement un maillon indispensable parce qu’ils assuraient la liaison avec la hiérarchie supérieure. Ils étaient chargés de soumettre les demandes des jardiniers aux supérieurs. Ils discutaient également avec les gardes des bosquets pour connaître les problèmes de sécurité dans les jardins.
Pour Versailles, on retrouve de 172213 à 174014 le sieur Rolland en tant qu’inspecteur des jardins et bosquets de Versailles. On retrouve également un inspecteur du petit parc de Versailles, le sieur Maugas qui y officie de 172215 à 174516 puis après il devient en plus inspecteur du jardin de Versailles jusqu’en 1760.17 En 1758, le sieur Le Dreux de la Charte se voit accorder l’inspection des jardins de Versailles et Trianon sous l’obligation d’en faire les fonctions gratuitement jusqu’au décès du titulaire18 c’est-à-dire le sieur Maugas. Date à laquelle il prendra sa place ainsi que le salaire. On voit qu’il fallait faire des sacrifices pour travailler à Versailles car il fallait accepter de travailler gratuitement et espérer prendre ensuite le poste de la personne en place. D’autant plus qu’il ne fallait pas attendre qu’elle prenne sa retraite mais qu’elle décède. Il attend deux ans car le sieur Maugas décède en 1760.19 Et de 1764 à au moins 1775, c’est le sieur Brébion qui est à son tour inspecteur20, il se voit accorder la place pour Versailles et Trianon et prend la place du sieur Le Dreux de la Charte nommé au contrôle de Meudon.21
On trouve également des inspecteurs qui travaillent pour les dehors de Versailles, c’est-à-dire ce qui fait partie du domaine de Versailles outre le château et les jardins de Versailles.
Le premier concernant notre période est le sieur Angiboust jusqu’en 172522 date à laquelle il est remplacé par le sieur Lobreau pour deux années.23 Le sieur Loriot est également un des autres inspecteurs des dehors de 1723 à 172524 où il passe aux Bâtiments du roi puis revient en 1730 jusqu’en 173625. A cette date on retrouve à la place le sieur Saussard l’aîné qui y travaillera jusqu’en 176226. Il travailla donc à ce poste durant une très longue durée. Il sera en place avec un autre inspecteur de 1748 à 175327, le sieur Miqueraud. A une certaine période on trouvera même trois inspecteurs présents en même temps aux dehors de Versailles. Outre le sieur Saussard, on trouve de 1756 à 177528 le sieur Galley et de 1765 à 177529 le sieur Cochoir de Bonnemare.
A la fin de notre période on retrouve de nouveaux inspecteurs, les sieur Le Roy, Loiseleur, Huvé ou encore Devienne qui prennent leur poste en 177630 et qui seront présents jusqu’en 1790
Il y a également un inspecteur du jardin potager du roi à Versailles, le sieur Serin de 1722 à 173731.
Ces inspecteurs étaient donc chargés de rendre compte de leurs observations ou de diverses demandes à des personnes placées au-dessus. Et notamment les inspecteurs généraux qui étaient juste au-dessus d’eux dans l’échelle des jardins. On peut citer le sieur Heurtier. On peut également  fruitiers et potagers de Versailles (II – I). Il y a également des contrôleurs comme Pluyette qui travaillait au département des dehors de Versailles et qui a été remplacé par Trouard en 176932.

Le haut de la hiérarchie : les directeurs et ordonnateurs généraux

Les personnes haut placées n’étaient pas tout le temps présentes dans les jardins car elles avaient
beaucoup d’autres affaires à gérer. Elles étaient donc averties par lettre et répondaient souvent de la même manière. On retrouve à ce niveau tout en haut de l’administration des jardins le directeur et ordonnateur général des bâtiments du roi. Cette charge a été créée pour la première fois en 1708 en faveur du duc d’Antin, au lieu de celle de Surintendant, qui était vacante par la mort de J.H Mansart, dernier titulaire, laquelle cependant à été recréée en 1716 et supprimé en 1726.33 C’est lui qui arrive en fin de chaîne et qui prend les décisions les plus importantes ou qui tranche lorsqu’il y a conflit ou que ceux placés en dessous de lui ne réussissent pas à faire un choix. C’est également lui qui gère les finances et qui peut savoir s’il y a assez de fonds disponibles pour les travaux ou réparations en projet. Il a droit également, en vertu du droit attribué par l’article 42 du titre 2 de l’édit de septembre 1776 de nommer à tous les emplois du service, autres que ceux réservés pour être conférés par commission du grand sceau.34
Sur la période qui nous intéresse, on retrouve plusieurs directeurs généraux des bâtiments : On trouve ensuite le Marquis de Marigny « commandeur des ordres du Roy, lieutenant général de l’Orléanais, directeur et ordonnateur général des bâtiments, jardins, arts, académies et manufactures de France. »39 qui est au départ adjoint du comte d’Angiviller puis il prend le poste.
On peut également parler du poste d’intendant des bâtiments avec notamment le sieur Mique qui occupera ce poste et qui en plus se verra attribuer la charger d’ordonner et de diriger toutes les constructions, tous les travaux du jardin de la reine à Trianon.40
Ces différents directeurs et ordonnateurs généraux étaient essentiels dans le fonctionnement des jardins car c’était leurs décisions qui orientaient la politique menée dans les jardins de Versailles. Ils étaient à la fois directeur général des finances donc ils savaient quels étaient les fonds que l’on pouvait attribuer aux différents travaux, aux achats de plantes. On verra que dans la dernière partie du siècle, les nécessités de rationalisation feront que les dépenses seront moins importantes et par conséquent les jardins ne se développeront plus autant.
Toute cette organisation nous montre que beaucoup de personnes travaillaient au bon fonctionnement des jardins de Versailles. Ces derniers représentaient une véritable institution avec une échelle des responsabilités bien définies où chacun savait ce qu’il avait à faire. Ce n’était qu’à cette condition que les jardins pouvaient être correctement entretenus.
Pour que tout se déroule le mieux possible dans les jardins, il fallait que tout le monde soit au courant de ce qui s’y passait. Ainsi, il ne pouvait pas y avoir de prises de décisions contraires ou d’ordre suivi d’un contre ordre. Pour cela, de nombreux courriers étaient échangés entre les différentes personnes concernées. Les lettres permettaient de rendre officiel tout ce que l’on voyait et tout ce qui se disait afin de ne prendre aucun risque.
Ce moyen de communication n’était par contre pas très rapide car il fallait qu’elles passent de main en main et que tout le monde donne son accord puis que le courrier fasse le trajet en sens inverse afin de rendre compte de la décision prise aux exécutants, cela pouvait prendre plusieurs mois voire plusieurs années.
Si l’on prend l’exemple que nous développerons dans la partie concernant les jardiniers et traitant du mauvais entretien du jardinier Lemoine (II – F – 2), tout le problème s’explique et se règle à travers des lettres. C’est le Marquis de Marigny lui-même qui constate des négligences dans les jardins de Versailles ainsi que l’Orangerie. Dès le mois de mars 1766, il constate des premiers dégâts et demande au sieur Lemoine son marché de l’entretien. Il passe par l’intermédiaire de Lécuyer qui devra faire redescendre ses ordres au jardinier.41 Puis il adresse une lettre toujours à Lécuyer où il dresse un constat de ce qui, selon lui, ne va pas et termine son courrier en écrivant « Ayez agréable de donner vos ordres précis à l’inspecteur des jardins de vous informer plus régulièrement à l’avenir que par le passé de ce qui se passera dans les jardins du château afin que le roi soit fidèlement servi. Je verrai avec plaisir les comptes que vous m’en rendrez. »42 Le même jour, il envoie un autre courrier où il donne ses ordres concernant le sieur Lemoine qui ne devra plus prendre aucune initiative dans les jardins et notamment dans l’abattage des arbres jusqu’à ce que le Marquis soit mis plus au courant.43
Le contrôleur général adressait ses ordres par lettres, ce qui pouvait prendre du temps, il y a ici un mois qui s’écoule entre l’envoi des différentes lettres. Cela peut s’expliquer notamment par le fait qu’il n’était pas tout le temps à Versailles, il suivait le roi dans ses différents déplacements et avait lui aussi beaucoup d’affaires à traiter dans différents endroits du fait de l’importance de son poste. Ainsi, c’est lors d’une de ses visites qu’il constate le mauvais entretien des jardins.
Les courriers qui étaient échangés concernaient des sujets divers et variés et qui ne relevaient pas tous de la même importance. La plupart du temps, au départ, il s’agissait de courriers des inspecteurs ou des inspecteurs généraux.
C’est par exemple le sieur Heurtier qui avertit sa hiérarchie du décès du Sieur Brown, alors inspecteur général des potagers du roi. Ils étaient au même plan car tous les deux inspecteurs généraux, ce qui explique que Heurtier prenne la peine d’écrire ce courrier.44
Cela peut également être un sujet tout à fait différent comme le sieur Huvé, inspecteur des jardins qui « envoie l’état estimatif du montant des travaux à faire pour achever les serres du potager. »45 C’est également lui qui est chargé d’en évaluer le montant, ici il s’élève à 19 694 livres.
Les inspecteurs doivent également envoyer un courrier faisant état des regarnis, arbres, arbrisseaux, charmilles, fleurs nécessaires pour le jardin de Versailles.46 Dans ce cas, lorsqu’il s’agissait de tout ce qui concernait l’approvisionnement de plants de toutes sortes ces lettres étaient adressées aux pépinières et notamment au contrôleur général des lieux. C’est ce dernier qui regarde ce qu’il peut ou non fournir et qui répond aussi par une missive.
Dans un tout autre genre, on retrouve une lettre de l’inspecteur général Heurtier concernant des réparations à faire dans le logement du jardinier Lemoine à l’Orangerie. Il explique les travaux à faire et donne les ordres en conséquence.47
Pareil lorsqu’un jardinier souhaitait que son fils devienne son adjoint, il devait passer par son inspecteur qui devait lui-même faire la demande en haut lieu. Ce fut le cas pour la majorité des jardiniers que nous rencontrerons dans ce travail comme le veut la tradition de survivance dans cette profession (II – C).
Il ne s’agira pas ici de faire la liste exhaustive de tous les courriers et toutes les demandes qui ont été faites concernant les affaires quotidiennes des jardins de Versailles. On se rend compte que les lettres échangées étaient quotidiennes et cela nous montre l’importance du travail exécuté par les différentes personnes des jardins. Il n’y a que très peu de lettres émanant directement des jardiniers, ils étaient déjà très occupés à entretenir leur jardin et à gérer les personnes travaillant à leurs côtés.
C’est ici que l’on se rend compte que le rôle des inspecteurs était important car ils pouvaient aussi faire état de faits que les jardiniers auraient voulu taire comme un mauvais entretien. Ils oeuvraient réellement pour la bonne tenue de ces jardins. Ils faisaient également le tri de toutes les demandes qui leur étaient faites pour ne garder que les plus importantes et les plus urgentes. Leur travail en amont permettait que les décisions soient prises plus rapidement même si le délai d’exécution restait relativement long. Ici, on fait état de la communication à travers les lettres écrites par les inspecteurs, les contrôleurs, les directeurs. Mais il y a une part très large de communication directe par la parole notamment avec les jardiniers. Car si c’était des inspecteurs qu’émanaient les demandes, ils discutaient au préalable avec les jardiniers pour avoir leur avis car le but était que tout soit mis en œuvre pour qu’ils puissent faire au mieux leur travail. Ils se promenaient ensemble dans les jardins afin d’en faire l’état des lieux et de voir quelles demandes étaient les plus urgentes, les plus essentielles.
Cette communication va aussi de paire avec une volonté de rationalisation. Que tout soit noté permettait d’avoir un état des lieux constant de la situation et notamment en ce qui concerne les travaux et les achats quelconques. Le fait que les décisions soient prises par un nombre restreint de personnes permettait donc d’éviter les excès les plus divers.

Les différents jardins royaux de Versailles

Le domaine du château de Versailles était très vaste. Il regroupait différents bâtiments qui chacun avait un jardin. C’était les jardins royaux qui étaient entretenus quotidiennement par les jardiniers. Ces jardins peuvent être divisés en quatre grandes parties. Premièrement le jardin du château, c’est-à-dire celui qui entourait la demeure du roi et qui s’étendait jusqu’au Canal, l’Orangerie en faisait également partie. Deuxièmement, les jardins de Trianon, le Grand et le Petit Palais, troisièmement ce que l’on appelle dans les archives les Dehors de Versailles : cela rassemblait  tous les bâtiments et terrains appartenant au roi en dehors du château lui-même et s’étendant jusqu’à Marly et ville d’Avray. Ces dehors étaient divisés en plusieurs parties, chacune sous la surveillance d’un inspecteur, relevant d’un contrôleur, lui-même sous les ordres du directeur général des bâtiments.48 Et enfin le potager du roi.
Le jardin de Versailles.
Le jardin du château de Versailles est le connu des jardins royaux. Celui où toute la cour se retrouvait, celui où il fallait absolument se montrer.
Le jardin de Versailles demeure le plus achevé et le mieux conservé des jardins dits à la française. Il obéit à un même principe qui est celui d’être subordonné au château : son dessin est ainsi conçu pour être vu des fenêtres du premier étage, c’est-à-dire de l’appartement du maître ; ses bassins sont disposés pour refléter l’image des bâtiments ; ses allées et ronds-points calculés pour en multiplier les points de vue sous des angles différents.49
Le  jardin  est  orienté  selon  un  axe  directeur  qui  traverse  le  château,  instaurant  une transparence du rez-de-chaussée permettant depuis la cour d’apercevoir la perspective. Si le caractère géométrique du plan de l’ensemble le rend lisible et satisfaisant pour l’esprit, la multiplication des surprises crée la variété, exprimant l’irrationnel, entraînant le ravissement : bosquets, statues et groupes sculptés que l’on ne découvre qu’en les approchant. »50
Les abords du château sont ici très intéressants à étudier et perpétuent l’enchantement du palais. Ainsi, les fonds lointains, les horizons des collines boisées sont presque seuls purement naturels : la pièce d’eau des Suisses et celle du Grand Canal peuvent sembler encore des lacs harmonieux. Les gazons se découpent, les arbres se taillent, les eaux se concentrent, les statues se multiplient. Autour de la maison royale, la nature est entièrement asservie ; tout y a été construit et marié de façon à ne plus laisser paraître que l’œuvre de l’homme.51
Pour sentir la perfection de l’art des jardins à Versailles, Pierre de Nolhac nous conseille de nous tenir sur la terrasse qui domine l’Orangerie. Il écrit : « on y saisit l’heureuse pensée qui doit aménager les abords du château. Au Nord, les grands arbres plantés le long du parterre arrêtent le passage des vents froids, le Midi demandait une disposition toute différente, non seulement parce que l’ombre prolongée des arbres eut été triste sur les fleurs, mais encore pour varier l’effet d’ensemble. La symétrie qui partout règne à Versailles et qui semble essentielle aux parcs à la française a été rompue ici de façon hardie et admirable (…) Au-delà de l’Orangerie et des grilles qui ferment les jardins, s’étant la vaste nappe de la pièce d’eau des Suisses, dont la longueur fut à dessein exagérée pour les besoins de la perspective. Tout au long s’élèvent les coteaux touffus de Satory, rappelant l’époque ancienne où le pays de Versailles n’était que forêt. »52
Enfin il convient de rappeler qu’à l’origine, le château de Versailles n’était qu’une demeure de chasse dans laquelle Louis XIII venait parfois chasser avec son fils, le futur roi soleil et que les jardins décrits si poétiquement par Pierre de Nolhac n’étaient jusqu’à la fin du 17ème siècle que des marais qui s’étendaient à perte de vue.
Les différents œuvres qui ornent le jardin ont tour à tour une dimension mythologique ou une thématique politique. Louis XIV avait voulu y matérialiser la grandeur de son règne tout comme celle de son personnage. C’est notamment le cas avec deux des fabrications les plus significatives : le char d’Apollon et la grotte de Thétis. Ce merveilleux groupe de Tubi est le point final, l’apothéose de l’axe directeur est-ouest. On y voit Apollon rayonnant de jeunesse et de beauté assis sur son char, tenant fermement en main les rênes des chevaux et qui s’élance pour sa course glorieuse et bienfaisante autour du monde auquel il dispense la lumière de son pouvoir. C’est l’image évidente du gouvernement personnel assumé par Louis XIV.53 La grotte de Thétis, quant à elle est le terme de la route commencée au bassin d’Apollon. Edouard Pommier dit que « c’est un autre palais à l’intérieur de Versailles avec sa façade en arc de Triomphe, son attique décoré du char du Soleil, ses grilles vertes portant des disques représentant les quatre continents et les deux régions polaires illuminées par des soleils d’or.

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