Optimisation du séchage des boues de vidange domestiques
Les acteurs impliqués dans l’assainissement des excrétas et des eaux usées
Les acteurs publics et privés interviennent dans le secteur de l’assainissement urbain. A Dakar, l’Etat, les Organisations Non Gouvernementales (ONGs), le secteur privé et les populations jouent un rôle essentiel pour l’amélioration de la gestion des boues de vidange : o les ministères dont le rôle est d’élaborer les politiques et la réglementation en matière d’assainissement (cadre institutionnel, objectifs et stratégies, instruments et mécanismes financiers) ; o les agences gouvernementales, cas de l`Office National de l`Assainissement du Sénégal (ONAS), chargées de mettre en œuvre la politique du gouvernement par la fourniture de service, la gestion des systèmes collectifs et la mobilisation des financements ; o les municipalités dont la mission est d’assurer l’hygiène et la salubrité publiques dans l’espace communal (élaboration de la réglementation locale, organisation et gestion de l’assainissement) dans le cadre des politiques de décentralisation ; o les entreprises privées qui sont actives dans la construction des ouvrages (maçons), la collecte et le transport des boues, la gestion des stations de dépotage des boues, ainsi que les études d’ingénieries ; o les ONGs et associations qui en général sont actives dans le marketing social et la promotion des technologies alternatives à faible coût ; Autres 2% Latrine simple 29% Latrine améliorée 15% Fosse septique 13% Reseau d`égout 22% Sans assainissement 19% Chart Title Alsane SECK ~ 11 ~ Thèse de Doctorat Unique ED-SEV, 2016 Chapitre 1 : Généralités sur l`assainissement et la gestion des boues de vidange o les ménages qui sont les principaux demandeurs du service d’assainissement, par leurs comportements et capacités à payer, ils influent sur le choix du type de service à développer ; o les maraîchers et agriculteurs qui réutilisent, dans la plupart des villes, les eaux usées pour l’arrosage de leurs cultures (Cissé, 1997) ; o les agences d’aide au développement et les organisations internationales telles que la Banque Mondiale, la Banque Africaine de Développement, l’UNICEF qui financent les investissements (études, construction des ouvrages).
Les modes de financement des investissements et des charges récurrentes
L’essentiel du financement dans le secteur de l’assainissement est assuré par les ménages pour les investissements (construction d’installations autonomes) et les charges récurrentes (vidange des fosses). Les rares systèmes d’assainissement collectifs ont été financés par les fonds publics (aides ou crédits) avec l’appui des partenaires extérieurs. Les investissements dans le traitement et l’élimination des boues de vidange restent hors de portée des petites communes; ils nécessitent des financements publics plus importants en complément aux initiatives des ménages.
Les principaux problèmes émergents
Le manque de vision globale, et à long terme de l’assainissement et la méconnaissance de la demande de la part des autorités municipales, constituent des freins à la mobilisation des ressources locales et extérieures nécessaires pour élargir le service à tous les ménages. Sur le plan organisationnel et institutionnel, les deux aspects cruciaux restent le dialogue entre les parties prenantes aux niveaux national et local pour définir un cadre institutionnel clair, l’influence limitée des acteurs locaux (entreprises privées, ONGs et associations) dans les stratégies et processus de prise de décision. Le financement des ouvrages de traitement des boues de vidange (investissement et exploitation) reste un problème irrésolu pour l’ensemble des communes de la sous-région. En effet, les communes, nouvellement créées pour la plupart, n’ont pas des moyens suffisants pour faire face à leur nouvelle mission de promotion de l’hygiène et de la salubrité publique. Sans un engagement fort et décisif des gouvernements et de la communauté internationale, les seuls efforts des ménages et des communes seront insuffisants pour accroître le taux d’accès à un assainissement adéquat dans les échéances fixées pour les OMD. La promotion de l’assainissement est surtout concentrée sur la proposition de diverses technologies répondant aux capacités de payer des ménages. Le passage d’une technologie à l’autre se fait sans une réelle amélioration du niveau de service, ni une connaissance précise des contraintes de fonctionnement et d’exploitation de chaque type.
Forces et faiblesses des modes de gestion actuelle des boues de vidange
La filière de gestion des boues de vidange ne bénéficie pas d’un cadre réglementaire spécifique (normes et qualité des rejets, normes de réutilisation). Les quelques textes existants ne sont pas appliqués par manque de volonté ou de moyens. Il n’existe pas de mécanismes institutionnels et de cadre de concertation pouvant permettre à tous les acteurs d’assurer une meilleure qualité du service et une efficacité dans la gestion des boues de vidange. Il n’existe pas non plus de données suffisantes pouvant permettre la mise en place d’un partenariat efficace et équilibré entre les parties prenantes. Les principales forces et faiblesses de la gestion actuelle des boues de vidange dans les villes d’Afrique de l’Ouest sont synthétisées dans les tableaux 1.1 et 1.2 ci-après. Elles ont été identifiées sur la base d`investigations faites par Ingallinella et al. (2002) et Strauss et al. (2003). La principale force de la gestion des boues de vidange est essentiellement liée au développement spontané de petits opérateurs privés, plus ou moins dynamiques, offrant des services de vidange adaptés aux besoins et moyens des populations. Les insuffisances majeures résident dans : o le manque de priorité accordée aux boues de vidange par les autorités municipales et les partenaires au développement, plutôt préoccupées par la « latrinisation » des ménages ; o l’absence de module de formation sur la gestion des boues de vidange dans les curricula des agents sanitaires, des planificateurs urbains et des agents des services techniques municipaux: ces derniers sont exclusivement centrés sur la conception et le dimensionnement des ouvrages d’assainissement autonome (latrines, fosses septiques) et collectif (réseaux d’égouts) ; o le manque ou l’insuffisance d`un cadre institutionnel et juridique adapté (cahier de charges des acteurs, textes réglementaires, mécanismes de régulation et de concertation)
Gestion des boues de vidange
Pollutions issues des boues de vidange
Le polluant étant défini comme un altéragène biologique, physique ou chimique, qui au-delà d’un certain seuil, et parfois dans certaines conditions (potentialisation), développe des impacts négatifs sur tout ou partie d’un écosystème ou de l’environnement en général (AFNOR, 1994). Des centaines de polluants sont donc déversés chaque jour dans l’environnement avec la mauvaise gestion des BV. Les boues de vidange, comme toutes les autres formes d’eaux usées domestiques, véhiculent diverses formes de pollutions : la pollution primaire ou physique, la pollution secondaire ou organique, la pollution tertiaire ou minérale et la pollution quaternaire ou biologique. Pollution primaire Cette forme de pollution est essentiellement physique. Elle est représentée par un excès de matières en suspension, de matières décantables et de matières flottantes qui donnent aux eaux usées une coloration toujours trouble. C’est donc l’une des formes de pollution les plus apparentes. Ces particules proviennent des cuisines, des WC, des lessives et des salles de bain. Pollution secondaire Cette forme de pollution organique et inorganique regroupe l’ensemble des matières organiques contenues dans l’eau. Ces matières peuvent être solides ou dissoutes. Elles pourraient provenir des composés organiques de synthèse utilisés à des fins techniques (pesticides, détergents, etc.) et des composés organiques issus des êtres vivants et qui sont contenus dans les matières fécales, les urines et divers déchets organiques de cuisine. Pollution tertiaire C’est une pollution minérale représentée par les composés minéraux de l’azote et du phosphore. Il s’agit essentiellement de l’azote organique et de l’ammonium d’une part, du phosphore organique et des orthophosphates d’autre part. Cette pollution tertiaire pourrait provenir des matières fécales, des urines, des déchets de cuisine et des produits détergents, surtout pour le phosphore. Alsane SECK ~ 16 ~ Thèse de Doctorat Unique ED-SEV, 2016 Chapitre 1 : Généralités sur l`assainissement et la gestion des boues de vidange Pollution quaternaire C’est une pollution biologique regroupant les virus, bactéries et zoo-parasites (Diop, 2010). Elle est bien connue sous le nom de péril fécal et responsable de nombreuses maladies à caractère endémique ou épidémique, particulièrement dans les pays en développement.
Risques liés à la mauvaise gestion des BV
Selon plusieurs auteurs, les risques causées par la mauvaise gestion des BV sont d`ordre sanitaires, écologiques et esthétiques.
Risques sanitaires Les germes pathogènes contenus dans les matières fécales sont capables de survivre pendant un temps plus ou moins long dans le milieu sous différentes formes. Les boues de vidanges sont riches en agents pathogènes tels que virus, bactéries, helminthes, kystes et protozoaires. Ces organismes peuvent entrainer des maladies telles que poliomyélite, choléra, dysenterie, gastro-entérites, entre autres. L’infection peut se faire par l’intermédiaire de vecteurs. Ainsi, certaines espèces de mouches et de moustiques peuvent s`y trouver en milieux propices pour la ponte, leur reproduction et même pour se nourrir et contribuer à propager l’infection. Ce risque sanitaire peut aussi être engendré par certains composés chimiques comme les nitrates qui peuvent être présents en grande quantité dans les eaux usées domestiques et les boues de vidange. Selon Collin et al. (1989), les nitrites dérivés des nitrates par réduction microbiologique intestinale engendrent chez le nourrisson une maladie du sang (la méthémoglobinémie) qui peut être mortelle.
Risques écologiques
Les effets néfastes des eaux usées sont particulièrement manifestes dans le cas de rejets dans les eaux de surfaces. En effet, l’apport de matières organiques entraîne un développement d’une flore bactérienne spécifique qui s’en nourrit et qui consomme rapidement toute l’oxygène. Il s’ensuit une asphyxie du milieu. De même, l’azote organique et ammoniacal, présent en quantités importantes dans les eaux usées domestiques, sont toxiques pour les poissons, même à faibles doses (Radoux, 1995). Comparées aux plantes agricoles, certaines substances s`accumulent plus facilement dans l`organisme des poissons et les plantes aquatiques (Diop, 2010).
LISTE DES FIGURES |
LISTE DES SIGLES ET ABRÉVIATIONS
ANSD : Agence Nationale de la Statistique et de la Démographie
APHA : American Public Health Association (USA)
DBO5 : Demande Biochimique en Oxygène en cinq jours
BV : Boues de vidange
CREPA : Centre Régional pour l’Eau Potable et l’Assainissement à faible coût
Cf : Coliformes fécaux
DCO : Demande Chimique en Oxygène
Eawag : Swiss Federal Institute of Aquatic Science and Technology (Suisse)
ED/SEV : Ecole Doctorale Science de la Santé, de la Vie et de l`Environnement
IB : Indice de Boue
ISE : Institut des Sciences de l`Environnement
MES : Matières En Suspension
MS : Matières Sèches
MVS : Matières volatiles sèches
NO3 : Nitrate
NTK : Azote total kejdal
OMS : Organisation Mondiale de la Santé
ONAS : Office National d’Assainissement du Sénégal
PT : Phosphore total
RSF : Résistance Spécifique à la Filtration
Sandec : Water and Sanitation in Developing Countries (Suisse)
STBV : Station de Traitement des Boues de Vidange
UCAD : Université Cheikh Anta Diop de Dakar
WHO : World Health Organisation