Accompagner la séparation pour sécuriser l’élève dans son entrée à l’école

Accompagner la séparation pour sécuriser l’élève dans son entrée à l’école

L’entrée à l’école maternelle représente pour l’enfant une étape importante dans son développement. Qu’il ait ou non déjà fait l’expérience de la collectivité, cette rentrée sera synonyme de grands changements. Parmi eux, le plus délicat est probablement celui de la séparation avec les parents. Il s’agira alors pour tous les acteurs de la communauté éducative d’accompagner au mieux ces instants délicats. Il est difficile d’évoquer la séparation sans la théorie de d’attachement, qui la précède et détermine les difficultés que l’enfant pourrait rencontrer au moment de la séparation. Comme nous l’expliquent Anne Baudier et Bernadette Céleste dans leur ouvrage Le développement affectif et social du jeune enfant, « à partir des années 60, la psychanalyse (…) a été ébranlée par l’élaboration d’une nouvelle théorie remettant en question quelques-uns de ses principaux postulats : la théorie de l’attachement du psychanalyste anglais John Bowlby » (1958). Elle est aujourd’hui incontournable pour expliquer le développement affectif de l’enfant. Dans les années 60, Bowlby souligne en effet que le bébé humain est intrinsèquement orienté vers des partenaires adultes (le plus fréquemment, mais pas obligatoirement les parents biologiques) dont il recherche la proximité. Le but poursuivi est la sécurité, la protection et le soin. Pour cela, il use de systèmes de comportements qui diffèrent en fonction des âges, de son état interne (faim, douleur, froid) ou des conditions de l’environnement (nouveau ou familier), et qui vont peu à peu permettre à l’enfant, à travers les relations qu’il construit avec les figures d’attachement, de comprendre le réel, d’anticiper les événements et de s’y adapter. Les travaux d’ Ainsworth mettront en évidence 4 différents types d’attachement, chacun impliquant par conséquent la nature fluide ou complexe de la séparation : sécure, évitant, ambivalent/résistant ou encore désorganisé.1

« Le développement de la personnalité de l’enfant sur le plan affectif et cognitif est en partie déterminé par la capacité à sortir de la relation fusionnelle initiale pour s’individuer et s’autonomiser. La séparation est une opération psychique nécessaire (…) par laquelle l’enfant se différencie de l’autre et devient autonome à condition d’être sécurisé. »3 En entrant à l’école, l’enfant va expérimenter une vie en dehors de son cercle familial. L’école aura ainsi la mission de l’accompagner dans son processus de décentration. L’étape de la séparation avec la famille est donc un élément-clé de la réussite de cette entrée à l’école. Elle est d’ailleurs explicitement mentionnée dans les programmes en vigueur de l’école maternelle : « L’expérience de la séparation entre l’enfant et sa famille requiert l’attention de toute l’équipe éducative, particulièrement lors de la première année de scolarisation. »4 Anne Baudier et Bernadette Céleste dans Le développement affectif et social du jeune enfant, indiquent que si le trouble de l’angoisse de séparation a été décrit pour la première fois en 1956 par Estes, Haylett et Johnson, ce n’est qu’à partir de 1980 qu’elle fut distincte de la phobie scolaire. L’angoisse de séparation est aujourd’hui considérée comme une manifestation psychologique anxieuse normale, attendue et supposée universelle au cours du développement humain. Les réactions, qui peuvent varier d’un enfant à l’autre, marquent à la fois un refus de contact avec l’autre et une anxiété vis-à-vis du départ du parent. En absence du parent, l’enfant peut présenter des pleurs durables, des protestations, des comportements de recherche du parent, ainsi qu’une inhibition dans ses comportements de jeux et d’exploration (Spitz, 1965).

L’autonomie affective et l’école

On peut en effet lire dans Le développement affectif et social du jeune enfant que les travaux d’Ainworth sur l’attachement et la séparation qu’il existe une relation entre qualité de l’attachement / de la séparation, et qualité de l’exploration et du jeu chez l’enfant, ce qui nous concerne tout particulièrement dans le cadre d’une rentrée à l’école. Les enfants ayant connu un attachement dit sécure, plus aptes à une certaine autonomie affective, ont plus de compétences sociales et exploratoires. Ils se montrent plus entreprenants et enthousiastes dans une tâche difficile à résoudre tout en acceptant aisément le soutien qu’on leur offre (Matas, Arend et Sroufe, 1978). Bigras (2002) constate quant à lui une liaison entre l’insécurité de l’attachement et la perception par les éducateurs de difficultés adaptatives, tout particulièrement dans le domaine socio-affectif. Il existerait donc bien une relation entre lien affectif sécurisant et entrée sereine dans les apprentissages. Ce point de vue va dans le sens de la place faite à l’autonomie à l’école maternelle.

 

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