L’anthropologie du développement
Nous avons comme instrument d’analyse la théorie marxiste. Cette théorie est mise en exergue dans l’ouvrage de MARX (K). La guerre civile en France, 1871-édition nouvelle accompagnée des travaux préparatoires de Marx et sociale. Ce livre parle de la domination, c’est-à-dire qu’il y a des classes dominantes : les bourgeois, et les groupes dominés : les ouvriers. D’où deux classes : la classe ouvrière et la classe bourgeoise. La classe bourgeoise donc est la classe dominante et exploite la classe ouvrière qui est la classe dominée.
Plus scientifiques aussi, nous pouvons parler de la science sociale bourgeoise et la science sociale marxiste. Si la première a une vision synchronique concernant l’harmonie sociale et l’équilibre, la seconde quant à elle a une vision diachronique et conflictualiste. En référence à notre sujet, nous avons d’un côté les organismes, c’est-à-dire les projets ou associations pour le développement ; et de l’autre les bénéficiaires.
Au niveau national, les institutions privées et les travailleurs cherchent à vaincre la résistance imposée par la société traditionnelle alors qu’en définitive, cela sert à reproduire les inégalités ainsi que les systèmes d’exploitation et de domination. Nous avons aussi à évoquer l’analyse structuro-fonctionnaliste qui est à son opposé, c’est-à-dire issu de la science bourgeoise. Celle-ci concerne le fait que le développement c’est de passer de la tradition vers la modernité. En réalité ce que l’on voit par une analyse marxiste, ce n’est qu’un passage d’une « période coloniale » vers une période « néocoloniale »ou encore de l’esclavagisme vers le « néo esclavagisme ».
Au niveau national, comme le cas de notre sujet, cela va également poser la question suivante : où en est l’Etat ? Face à la mondialisation, la liberté de concurrence, l’Etat s’éclipse derrière le marché et favorise les initiatives individuelles.
La sociologie rurale
La sociologie rurale est inséparable des concepts relatifs au monde urbain. En effet, la dialectique rural/urbain est souvent évoquée dans les théories. Le monde urbain ne peut pas subsister sans le monde rural. Et dans un pays comme Madagascar, le monde rural est le moteur à la base de l’économie. Cependant, dans le contexte de mondialisation / globalisation, il est souvent évoqué que l’urbain se ruralise et que le rural s’urbanise. Il existe alors un certain renversement de situation.
L’urbain se ruralise, puisque ceux qui ont été exclus du monde rural (ou qui se sont auto exclus) se déplacent vers les centres urbains, augmentant ainsi le nombre des nécessiteux des villes. Le rural s’urbanise par les différentes facettes de la modernité qui sont diffusées à travers les contacts de culture, les médias, … Pourtant, cela ne veut pas dire que ce monde rural se développe, puisqu’il est vidé de sa force, c’est-à-dire la main d’œuvre qui s’est déplacée vers la ville.
Il en résulte une aggravation de la pauvreté aussi bien en milieu rural qu’en milieu urbain, puisqu’il y a un équilibre rompu, produisant un déficit en termes de production agricole. Les éclaircissements apportés par la sociologie rurale nous sont alors nécessaires, surtout pour analyser la fuite de la valeur ajoutée rurale vers la ville. Par ailleurs, nous assistons de nos jours à la prolifération des projets dits « mous », surtout dans le monde rural, qui n’ont pas encore fait leur preuve jusqu’à nos jours. Consécutivement à notre hypothèse touchant les formes d’exploitation et de développement de l’assistanat, l’existence de ces projets incitent à explorer les forces et faiblesses du monde rural, celles des dits projets, mais également de la politique globale de développement, au niveau de l’Etat.
Théorie des approches de vulgarisation et de l’innovation
ROGERS définit une approche comme étant « un ensemble cohérent de démarches faites dans un but déterminé soit une combinaison organisée cohérente de stratégies, de méthodes pour l’exécution de la vulgarisation agricole ». Les mêmes auteurs distinguent quatre approches de vulgarisation agricole : l’approche centrée sur une culture de rente qui a pour but d’introduire un ensemble cohérent de démarches visant le renforcement des capacités des producteurs dans le cadre de la production et de la commercialisation d’une culture de rente ; l’approche centrée sur l’innovation technique fait usage des paysans auto- sélectionnés appelés « paysans de démonstration » ou « paysans de contact » par qui la diffusion doit se faire ; l’approche centrée sur une catégorie de cibles identifie les catégories homogènes de paysans dans le cadre de la recherche-développement ; l’approche par organisation paysanne vise les groupes de paysans ayant des ressources et objectifs semblables.
Pour ROGERS toujours, « une innovation est une idée, une pratique ou un objet perçu comme nouveau par un individu ou toute unité d’adoption ». FREEMAN, définit l’innovation comme étant une introduction d’un nouveau processus ou une nouvelle démarche ou encore un nouveau système à l’intérieur de l’économie . TREILLON, pour sa part, identifie deux formes d’innovations : le projet qui renvoie à une action spécifiée dans le temps et l’espace visant à aider les populations ou groupes sociaux à passer d’un état technique donné à un autre plus favorable ; c’est l’innovation technique ; la conception et la diffusion des produits ; c’est l’innovation matérielle ou des produits.
Augmentation des revenus du producteur
La riziculture constitue la part la plus importante de revenus d’exploitation des ménages ruraux dans la plus grande partie des régions de Madagascar. Le paddy contribue le plus à la formation de revenus agricoles, viennent ensuite le manioc et les produits de rente. Les parts des tubercules, des céréales et des légumes sont moindres. L’augmentation des rendements rizicoles par l’adoption du SRI peut influencer positivement sur les revenus des ménages ruraux.
A part les avantages procurés par l’augmentation du rendement, l’itinéraire technique SRI, est associé à la culture de contre saison qui permet d’améliorer la gestion de la fertilité du sol et la diversification des revenus des producteurs. Après le riz, on assèche la rizière et on plante de légumes (pommes de terre, haricots, petits pois ;…) pour aérer le sol et assainir le sol. La pratique de la contre saison permet de réduire jusqu’à 50 % la main d’œuvre relative à la préparation du sol dans la riziculture après.
MAFF (principe de moindre action et de parcimonie)
Par rapport au principe du SRI, quelques adaptations ont été apportées tant au niveau de message pour convaincre le paysan qu’au niveau de l’itinéraire technique à la méthode MAFF.
Au niveau de message, la méthode MAFF s’appuie sur trois principes : Le déterminant immédiat, c’est l’économie des semences dégagées par l’adoption de la pratique. Le principe de moindre action et de parcimonie tient à privilégier l’investissement minimum pour que le paysan s’intéresse à la stratégie à court terme. L’augmentation de la récolte n’intervient que dans 6 mois tandis que l’économie de semence intervient dès que le paysan adopte le MAFF.
Au niveau de l’itinéraire technique, les adaptations apportées par le MAFF permettent de rendre souple l’itinéraire technique SRI tant au niveau de la durée de la pépinière que l’âge de jeunes plants à repiquer. La densité de plants est variable (8-16 plants / m2) par rapport à la méthode de repiquage traditionnel. Le MAFF préconise le repiquage de plants de 14 à 20 jours au lieu de vieux plants. Le repiquage doit intervenir dans une heure après l’arrachage.
La diffusion de la technique s’appuie sur des moyens de communication simple et peu coûteux (émission radio, foires, visites d’échanges).
La formation technique préconise l’utilisation des outils pédagogiques simples. La formation pratique est accompagnée par des techniciens permanents pour résoudre le problème de suivi et d’encadrement des pratiquants.
Table des matières
INTRODUCTION GENERALE
Contexte
Choix du thème et du terrain
Problématique
Hypothèses
Objectifs
Objectif général
Objectifs spécifiques
Méthodologie
Approche
Techniques
Documentation
Techniques vivantes
Technique d’échantillonnage
Problèmes rencontrés et limites de l’étude
Plan de rédaction
PREMIERE PARTIE : RIZICULTURE ET ETAT DES LIEUX
CHAPITRE 1 : Cadrage théorique
1.1.- L’anthropologie du développement
1.2.- La sociologie rurale
1.3.- Théorie des approches de vulgarisation et de l’innovation
1.4.- Système de Riziculture Améliorée (SRA)
1.4.1.- MAFF (principe de moindre action et de parcimonie)
1.4.2.- Augmentation de la productivité rizicole grâce l’adoption du SRI
1.4.3.- Augmentation des revenus du producteur
CHAPITRE 2 : Dimensions rizicoles et etat des lieux à Ankadinandriana
2.1.- Evolution du monde rural à Madagascar
2.1.1.- Le monde rural malgache
2.1.2.- La formation sociale traditionnelle de la société paysanne
2.1.3.- La division du travail
2.1.4.- Le mode de production traditionnel et moderne
2.2.- Etat des lieux d’Ankadinandriana
DEUXIEME PARTIE : ANALYSE DES MOTIVATIONS ET PRATIQUES PAYSANNES
CHAPITRE 3 : Paysans et développement
3.1.- Le niveau général de développement
3.2.- Approche genre
3.3.- Accès à la scolarité et aux infrastructures sanitaires
3.4.- L’exploitation des ressources
3.5.- Les problèmes fonciers
CHAPITRE 4 : Techniques traditionnelles et modernes dans la riziculture
4.1.- Surcroît du travail dans l’adoption de l’itinéraire technique SRI
4.2.- Disponibilité de la main d’œuvre
4.3.- Contraintes économiques
4.3.1.- Insuffisance saisonnière de liquidités
4.3.2.- Coût d’opportunité lié à l’affectation de la main d’œuvre
4.3.3.- Coût d’opportunité des activités extra- agricoles
4.3.- Contraintes socio- organisationnelles liées à la diffusion de la technique
4.3.1.- Importance du suivi et accompagnement des pratiquants SRI
4.3.2.- Absence de coordination entre les acteurs
4.4.- Effets pervers de l’aide alimentaire
4.4.1.- État défaillant des réseaux d’irrigation
4.4.2.- Accès aux intrants et équipements agricoles
CHAPITRE 5 : Dynamiques socioculturelles d’adoption et de non adoption
5.1.- Appartenance aux organisations
5.1.1.- motivations d’adhésion
5.1.2.- Les services des organisations
5.1.3.- Les démotivations à l’adhésion
5.1.4.- La vie dans les groupements
5.1.5.- la mentalité
5.2.- Contraintes socio- culturelles
5.2.1.- Changement au niveau des habitudes de travail
5.2.2.- Risques accompagnant l’adoption d’une innovation culturale
5.2.3.- Résistance au changement
5.2.4.- Maintien des statuts sociaux au sein de la communauté
5.2.5.- Logiques des acteurs locaux et stratégies paysannes
5.3.- Aléas climatiques et insécurité foncière
TROISIEME PARTIE : VIABILISATION DE L’ADOPTION DES NOUVELLES TECHNIQUES CULTURALES ET SUGGESTIONS DU TRAVAILLEURS SOCIAL
CHAPITRE 6 : Problèmes structurels et fonctionnels dans l’adoption des nouvelles techniques culturales
6.1.- Constat global de la réalité
6.1.1.- Les infrastructures
6.1.2.- Causes de la non adoption des techniques améliorées
6.1.3.- Absence de système d’enregistrement des données SRI
6.2.- Cause du retard de la diffusion du SRI à Madagascar
6.2.1.- L’origine de la découverte
6.2.2.- Dépendance du Ministère vis-à-vis des bailleurs de fonds et assistantes techniques
étrangères
6.2.2.1.- Justification du maintien du système de production domestique
6.2.2.2.- Satisfaire la demande domestique
6.3.- Existence d’un marché potentiel pour l’exportation
CHAPITRE 7 : Mesures d’accompagnement dans les prises de risqueset suggestions
7.1.- Stratégies de contournement des risques
7.2.- Arbitrage entre le court et le long terme
7.2.1.- Développement de la microfinance
7.2.2.- Amélioration de la sécurisation foncière
7.2.2.1.- Mettre à jour la législation foncière
7.2.2.2.- Augmenter les ressources humaines et introduire de nouveaux outils de travail
performants
7.2.2.3.- Améliorer l’accès des producteurs au financement rural
7.2.2.4.- Augmenter le taux de pénétration de la microfinance
CONCLUSION GENERALE
BIBLIOGRAPHIE
OUVRAGES GENERAUX
OUVRAGES SPECIFIQUES
DOCUMENTS OFFICIELS
WEBOGRAPHIE