ANALYSE DU SYSTEME DE COMMERCIALISATION DU POULET DU PAYS

ANALYSE DU SYSTEME DE COMMERCIALISATION DU POULET DU PAYS

Elevage et aviculture moderne au Sénégal

 Ce chapitre présente la place de l’élevage, en général et de l’aviculture semi-industrielle, en particulier, dans l’économie nationale du Sénégal. 

  Contribution de l’élevage à l’économie nationale

 La population pastorale du Sénégal est estimée à 3 millions d’individus soit le 1/3 de la population nationale. Avec 350 000 familles actives dans le secteur, l’élevage joue un rôle important dans le développement économique et social du pays (Sénégal, 1999). En effet, l’élevage représente environ 4% du PIB (Produit Intérieur Brut) national et en moyenne 28 % de la valeur ajoutée (VA) du secteur primaire (Sénégal, 2009). Cette contribution est pour la plupart assurée par les bovins, les ovins, le lait brut et la volaille traditionnelle (Sénégal, 2009). Cependant, malgré la croissance remarquable au niveau de la filière avicole suite à la fermeture des frontières, la contribution globale de l’élevage à l’économie nationale est restée relativement stable de 2005 à 2008 (Tableau I) alors que la croissance démographique se renforce à un taux annuel moyen de 2,7%. Tableau I : contribution de l’élevage au PIB national et à la VA du secteur primaire Année Part dans le PIB National contribution à la valeur ajoutée du secteur primaire 2008 3,9% 26,53% 2007 4% 31% 2006 4% 28,57% 2005 3,9% 25% Source : ANSD (2009) L’évaluation de la contribution de l’élevage, en plus de la production alimentaire directe (viande, lait, œufs, miel, etc.), inclut les cuirs et peaux, les fibres, le fumier (engrais ou combustible), la traction animale 3 ainsi que l’accumulation des capitaux. Au Sénégal, les animaux sont étroitement associés au tissu social et au bien-être des sociétés rurales et servent de réserves stratégiques. En effet, le cheptel assure une fonction d’épargne et intervient dans la gestion de la sécurité alimentaire des familles rurales en permettant l’achat de céréales en période de soudure (Sénégal, 1997). Ces multiples fonctions sociales déterminent, en grande partie, la logique de gestion des troupeaux. La mise sur le marché d’animaux dépend plus souvent des besoins des éleveurs (trésorerie domestique, santé, alimentation, devoirs religieux, etc.), que d’une stratégie commerciale planifiée. Ces déstockages déterminés par les besoins domestiques des éleveurs sont, avec la réforme des vaches laitières, des facteurs importants de la production de viande au Sénégal (Soned, 1988; Ly, 1999).

  Marché de la volaille industrielle locale au Sénégal 

Le marché de la volaille industrielle locale a connu beaucoup d’évènements dont la majeure partie a été en défaveur de son développement. Ainsi, l’aviculture moderne au Sénégal, a longtemps subi la concurrence des cuisses de poulets congelées importées et vendues à des prix de dumping sur le marché local. En 2000 l’application de la TEC (Tarif Extérieur Commun) a eu comme effet de renforcer la concurrence de la volaille industrielle locale par les produits importés. Mais, depuis 2005, l’embargo sanitaire a permis la relance de l’aviculture moderne au Sénégal dont les effectifs ne cessent de croître. Toutefois la valorisation de la volaille industrielle locale sur le marché reste encore un réel problème. 

 Impacts des importations de cuisses de poulets congelées sur l’aviculture moderne

La filière avicole sénégalaise était devenue une filière intégrée, de l’élevage de reproducteurs à l’abattage, avec une autosuffisance en oeufs de consommation, une croissance de 21% pour la sous-filière «poulet de chair » et de 40% pour la sous-filière « œuf de table », entre 1999 et 2001. Avec l’entrée en vigueur du TEC en 2000, les droits de douane sur les importations de cuisses de poulet sont passés d’environ 60% à 20%. Cela a eu comme conséquence de renforcer les importations de cuisses de poulet, au détriment du développement de la filière locale (Horman, 2004). Cependant cette importation massive a eu un impact important en termes d’organisation de la filière et a abouti à l’émergence entre 2000 à 2005 de la Fédération nationale des acteurs de la filière avicole (FAFA) et de l’Union nationale des acteurs de la filière avicole (UNAFA). L’importation des cuisses de poulet congelées a également eu pour effets l’augmentation du niveau de segmentation des marchés et la modification progressive des habitudes alimentaires. La production de poulets de chair pourrait ainsi bénéficier d’une professionnalisation des producteurs et d’une meilleure organisation de la commercialisation (Duteurtre et al., 2005). 

 Conséquences de l’embargo sanitaire sur le développement de l’aviculture moderne 

Depuis le 24 novembre 2005, le Sénégal interdit toute importation de cuisses de poulet congelées, d’œufs frais destinés à la consommation et de matériels avicoles usagés. Cette mesure, prise en raison du principe de précaution contre toute apparition de la grippe aviaire, a permis la relance de l’aviculture moderne locale dont les effectifs ne cessent de croître depuis 2005 (Tableau III). Les conséquences de la suspension des importations de viandes de volailles a pu profiter, en partie, aux importations de viandes bovines et d’abats qui se sont accrus sensiblement en 2006. La volaille est restée néanmoins la viande la moins chère sur le marché devant les autres 5 types de viande et le poisson. Nombreux sont les particuliers et propriétaires terriens désireux d’investir. De même, de réelles opportunités existent au plan de la transformation et de la valorisation de la viande et de la fabrication d’aliments. Toutefois, les acteurs de la filière affichent une certaine prudence et hésitent à trop investir. En effet, beaucoup considèrent que la mesure actuelle de suspension des importations de viandes de volailles ne saurait durer sous sa forme actuelle, soit au seul motif de l’épizootie de grippe aviaire, et pourrait être reconsidérée à terme. Cela en raison de la politique de libre échange telle que définie dans les accords de partenariat économique (APE). 

 Valorisation insuffisante de la volaille industrielle locale sur le marché

 Le poulet de chair est essentiellement vendu entier. Le manque d’infrastructures d’abattage et de découpe explique en partie cette situation. Il n’existe, jusqu’à présent, au Sénégal, exception faite de quelques initiatives privées modestes, aucune infrastructure d’abattage de volailles, ce qui constitue un réel frein au développement de la filière locale. L’abattage demeure un réel problème. Pourtant un marché potentiel existe. De nombreux éleveurs parmi les structures industrielles en place dans le pays, sont à la recherche d’une meilleure valorisation de leur production afin de sécuriser l’écoulement des produits sur les marchés. Ces éleveurs s’interrogent sur l’opportunité de développer, en aval, une activité complémentaire d’abattage, de découpe et de conditionnement. Quelques unités industrielles d’abattage pourraient voir le jour à court ou moyen terme. Le Programme de développement des marchés agricoles (PDMAS), projet financé par la Banque mondiale et la Coopération canadienne, envisageait déjà, dans son volet élevage, la création, à titre démonstratif, d’un abattoir de volailles dans le courant de l’année 2008, ce qui n’a pas eu lieu (UBIFRANCE, 2008).

Table des matières

 INTRODUCTION GENERALE
PREMIERE PARTIE
AVICULTURE AU SENEGAL : IMPORTANCE ET CONTRAINTES
Chapitre 1 : Elevage et aviculture moderne au Sénégal
1.1 – Contribution de l’élevage à l’économie nationale
1.2 – Marché de la volaille industrielle locale au Sénégal
1.2.2 – Impacts des importations de cuisses de poulets congelées sur l’aviculture moderne
1.2.3 – Conséquences de l’embargo sanitaire sur le développement de l’aviculture moderne
1.2.1 – Valorisation insuffisante de la volaille industrielle locale sur le marché
Chapitre 2 : Aviculture traditionnelle au Sénégal et éléments d’analyse des systèmes de commercialisation
2.1- Aviculture traditionnelle: Importance et contraintes
2.1.1 – Importance de l’aviculture traditionnelle
2.1.1.1 – Importance socioculturelle
2.1.1.2 – Importance nutritionnelle
2.1.1.3 – Importance socio-économique
2.1.2 – Contraintes de l’aviculture traditionnelle
2.1.2.1 – Contraintes génétiques
2.1.2.2 – Contraintes alimentaires
2.1.2.3 – Contraintes sanitaires
2.1.2.4- Contraintes économiques et de commercialisation
2.2 – Eléments d’analyse des systèmes de commercialisation
2.2.1 – Les marchés des biens et service
2.2.2 – Marchés organisés
2.2.3 – Marchés autogérés
2.2.4 – Marchés de gré à gré
DEUXIEME PARTIE
ANALYSE DU SYSTEME DE COMMERCIALISATION DU POULET DU PAYS DANS LE DEPARTEMENT DE DAKAR
Chapitre 1 : Méthode de recherche
1.1– Echantillonnage et zone d’étude
1.1.1- Echantillonnage
1.2- Différents types d’enquête
1.2.1- Enquête exploratoire
1.2.2- Enquête transversale ou ponctuelle
1.2.2.1- Organisation du questionnaire
1.2.2.2- Recueil, traitement et analyse des données
Chapitre 2 : Résultats, discussions et recommandations
2.1 – Présentation des résultats
2.1.1.2 – Age et statut matrimonial
2.1.1.3 – Niveau d’instruction
2.1.1.4 – Raisons de l’entrée et ancienneté dans l’activité
2.1.1.5 – Importance accordée à l’activité et gestion de la commercialisation
2.1.1.6 – Assistance dans l’activité
2.1.1.7– Organisation sur le marché
2.1.2 – Pratiques d’achat et d’approvisionnement en poulet du pays
2.1.2.1 – Lieux et fréquence d’achat du poulet du pays
2.1.2.3 – Effectif de poulet du pays généralement acheté et prix unitaire
2.1.2.4 – Modalités d’achat et de règlement du transport .
2.1.3 – Pratiques de vente du poulet du pays
2.1.3.1 – Différentes catégories de clients
2.1.3.2 – Critères recherchés par les clients et mode de paiement
2.1.3.3 – Gestion technico-économique de la vente
2.1.3.4 – Dépenses directes et dépenses hors activités
2.1.3.5 – Autres animaux commercialisés
2.1.3.6 – Analyse de la rentabilité
2.2 – Discussions
2.2.1 – Caractéristiques socioéconomiques de l’échantillon et caractérisation des commerçants du poulet du pays
2.2.3 – Commercialisation du poulet du pays
2.2.4 – Rentabilité liée au commerce du poulet du pays
2.3 – Recommandations
2.3.1 – A l’ endroit de l’Etat
2.3.2 – Aux producteurs
2.3.3 – Aux commerçants
2.3.4 – Aux chercheurs
CONCLUSION GENERALE
BIBLIOGRAPHIE

 

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