Anatomie de la cheville et mécanisme de l’entorse

L’entorse de cheville est une blessure courante tant dans la population sportive que chez les personnes physiquement moins actives. Selon une revue systématique de la littérature des blessures dans les sports, la cheville est en effet la zone de blessure la plus souvent touchée dans approximativement un tiers des sports (24/70) et l’entorse de cette articulation est la blessure la plus courante dans 77% des 43 sports analysés (Fong, Hong, Chan, Yung & Chan, 2007).

Alors qu’elle est souvent considérée comme une blessure anodine, les conséquences, les complications et les risques de chronicisation sont nombreux et rendent cette problématique plus complexe qu’elle ne peut le sembler, pouvant mener au développement d’une instabilité chronique de cheville, perturbant ainsi la capacité de contrôle de l’articulation (Hertel, 2002).

Pour rétablir le bon fonctionnement de l’articulation, la physiothérapie est une prise en charge couramment utilisée. Cette pratique traite les troubles du contrôle postural grâce à diverses thérapies telles que des exercices de renforcement, l’application de thérapie manuelle ou des exercices d’équilibre (Clark, Röijezon & Treleaven, 2015).

Bien que les effets de la thérapie manuelle sur la mobilité aient bien étés démontrés, il existe des preuves contradictoires quant à de possibles effets sur le contrôle postural (Piper et al., 2015).

A ce jour, la physiothérapie est en pleine évolution. A travers celle-ci, la pratique basée sur les preuves semble devenir indispensable et laisse moins de place à l’empirisme jusque-là établi. Les auteurs de cette revue, tous deux étudiants en physiothérapie, ont été formés à travers cette philosophie de pratique probante et ont pu développer leur intérêt concernant l’évaluation de l’efficacité des traitements qu’ils appliquent.

Afin d’améliorer la prise en charge des entorses de cheville et en évaluer la pertinence, l’objectif de cette revue quantitative de la littérature est d’évaluer les effets que peut avoir la thérapie manuelle dans l’amélioration du contrôle postural lors d’instabilité chronique de cheville.

Anatomie de la cheville et mécanisme de l’entorse 

La cheville est un complexe articulaire composé de 3 articulations principales: la talo crurale, la soustalienne et la tibio-fibulaire distale. D’autres articulations comme la tibio-fibulaire proximale et les articulations du tarse participent également à l’anatomie fonctionnelle de la cheville. Sa stabilité dépend de 3 facteurs principaux: la congruence des surfaces articulaires, les ligaments ainsi que les structures musculo-tendineuses. L’entorse est une blessure qui peut survenir soit en inversion (dans la majorité des cas) et plus rarement en éversion (Hertel, 2002). Au niveau médial, c’est le ligament deltoïdien qui assure la stabilité, alors qu’en latéral c’est un ensemble de 3 ligaments: le talo-fibulaire antérieur, talo-fibulaire postérieur et le calcanéo-fibulaire (Kapandji, 2007).

L’entorse de cheville en inversion survient lorsque le pied, à la suite d’un saut ou d’une mauvaise réception par exemple, se retrouve dans une position de supination et de rotation médiale, généralement couplée avec une rotation latérale au niveau du genou, mettant ainsi les structures ligamenteuses latérales en tension, avec un risque de déchirure (Hertel, 2002).

Epidémiologie 

L’entorse de cheville est une blessure courante avec une incidence de 2.15 pour 1000 habitants aux États-Unis dans la population générale. Elle touche autant les hommes (50,3%) que les femmes (49,7%). L’incidence est à son point le plus élevé chez les personnes entre 15 et 19 ans. L’ethnie d’une personne peut également influencer l’incidence de cette blessure avec des chiffres plus élevés chez les personnes noires par exemple (Waterman, Owens, Davey, Zacchilli & Belmont, 2010).

Selon Fong, Hong, Chan, Yung et Chan (2007), parmi 43 sports analysés, l’entorse de cheville est la blessure la plus courante dans 77% des études, tous types de blessures confondues.

Selon la Suva (2015), les distorsions des membres inférieurs, dont les entorses de cheville, font partie des 10 types d’accidents les plus onéreux en termes de frais de traitement en Suisse, soit environ 34000 CHF par blessure.

Conséquences biomécaniques et fonctionnelles 

Aigu 

En aigu, les entorses vont provoquer de la douleur et de l’oedème. Un retour à la fonction normale est possible en quelques jours à quelques mois selon la sévérité de la blessure (Hertel, 2002).

Chronique

Dans son étude, Hertel (2002), catégorise les changements pouvant survenir et augmenter le risque de chronicisation en problèmes fonctionnels et mécaniques. Parmi ces facteurs prédisposants, la catégorie mécanique regroupe les problèmes liés à la laxité ligamentaire, les changements arthrocinématiques (modification de la position de la fibula, antériorisation du talus, diminution de la mobilité articulaire), ainsi que des changements dégénératifs et synoviaux.

Dans la catégorie fonctionnelle sont regroupées les modifications qui ont lieu dans le système nerveux à la suite des entorses. Ainsi, Hertel (2002) indique par exemple qu’il y a des modifications au niveau des sensations, de la proprioception, au niveau du temps de recrutement des muscles fibulaires, ainsi que des atteintes au niveau du contrôle postural.

Table des matières

1. INTRODUCTION
2. CADRE THEORIQUE
2.1 Anatomie de la cheville et mécanisme de l’entorse
2.2 Epidémiologie
2.3 Conséquences biomécaniques et fonctionnelles
2.3.1 Aigu
2.3.2 Chronique
2.4 Conséquences sur le contrôle postural
2.4.1 Contrôle moteur
2.4.2 Contrôle postural
2.4.3 Equilibre
2.4.4 Proprioception
2.4.5 Déficits proprioceptifs
2.5 Traitements
2.5.1 La thérapie manuelle
2.6 Mesure
2.6.1 Le Star Excursion balance test (SEBT)
2.6.2 L’Accusway Force plus Plate
3. PROBLEMATIQUE
3.1 Question de recherche
3.2 Objectif
4. METHODE
4.1 Critères de sélection
4.2 Bases de données
4.3 Stratégie de recherche
4.4 Qualité des articles
4.5 Fiche de lecture
5. RESULTATS
5.1 Description des études
5.1.1 Type d’études
5.1.2 Qualité des études
5.1.3 Population
5.1.4 Intervention
5.1.5 Comparaison
5.2 Outcomes
5.2.1 Outils de mesure
5.3 Contrôle postural dynamique
5.4 Contrôle postural statique
6. DISCUSSION
6.1 Limitations principales des articles
6.2 Limitations et points forts de la revue
6.3 Interprétation des résultats
6.3.1 Contrôle postural dynamique
6.3.2 Contrôle postural statique
6.3.3 Contrôle postural statique et dynamique
6.4 Comparaison avec la littérature
6.5 Pistes pour les recherches futures
6.6 Implications pour la clinique
7. CONCLUSION

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