Approche juridique de l’ubérisation

Approche juridique de l’ubérisation

146. Si définir l’ubérisation ne s’avère pas être une tâche aisée, il en est de même quand il s’agit de comprendre l’environnement juridique dans lequel évo- luent les différents acteurs de l’ubérisation. Ce chapitre aura pour but de mettre en relief les raisons de cette difficulté, tout en s’interrogeant sur le cadre juri- dique applicable aux coursiers indépendants (Section 1) et aux plateformes (Section 2). 147. Les coursiers à vélo employés par des sociétés de transport tradition- nelles ne sont pas soumis aux règles de droit commun. Qu’en est-il pour les coursiers à vélo indépendants ? Les règles régissant habituellement le TRM lui sont-elles applicables ? (1) A quelles règles de droit social et fiscal est-il soumis, sachant qu’il n’est pas lié à la plateforme par un contrat de travail ? (2).

Quel cadre juridique pour les coursiers indépen- dants ?

Ces start-ups n’ont qu’un objectif : mettre en relation un client avec un coursier indépendant. Les conditions pour devenir coursier sont similaires d’une plateforme à une autre. La demande doit être effectuée directement sur le site en ligne. Ensuite, les CGU de Stuart78 – à titre d’exemple – prévoit une liste de documents à four- nir : Une copie de la pièce d’identité en cours, un extrait de l’inscription au RCS, une carte d’identification justifiant de l’inscription au répertoire des métiers, un récépissé du dépôt de déclaration auprès du CFE, un RIB et enfin tous les do- cuments rendus obligatoires par la réglementation en vigueur pour les coursiers motorisés. 149. Pour le métier de coursier à vélo, il n’existe pas de condition d’accès. Les personnes souhaitant intégrer ce milieu doivent simplement s’être inscrites au- près du RCS. Pour effectuer cette demande d’inscription, ces personnes vont créer une entreprise individuelle et adopter le statut de micro-entrepreneur. Ce statut permet au micro-entrepreneur de cumuler une activité artisanale ou com- merciale en complément d’un autre statut tel que celui d’étudiant, salarié, re- traité etc.. Dès lors est-il possible de considérer les coursiers comme des profession- nels du transport, condition sine qua non à l’application des règles du Code de Commerce ou du Contrat-Type Général ? . Force est de constater que les CGU Stuart édictent des règles différentes de celles applicables au TRM. A titre d’exemple, en termes de limitation de responsabilité du coursier, il est indiqué « La responsabilité du coursier peut être engagée en cas de dommage matériels / immatériels (…) à la Marchandise en cours de Livraison de Marchandise, sauf faute de l’Expéditeur ou du Desti- nataire, cas de force majeure, vice propre de la marchandise, insuffisance d’emballage qui constituent une liste non limitative des cas d’exonération ». Alors que dans la réglementation TRM, seuls trois cas sont exonératoires pour le transporteur, il semblerait que le coursier indépendant puisse s’exonérer de sa responsabilité plus facilement.

L’étude des CGU Stuart révèle une autre différence. En effet, le plafond de réparation prévu est de 5 000 euros soit une somme plus importante que celle prévue par le Contrat-Type Général où pour les envois inférieurs à 3 tonnes, l’indemnité ne peut pas dépasser 1 000 € par colis perdu, avarié ou incomplet80. Le Contrat-Type est supplétif de volonté, ce qui signifie que les parties peuvent y déroger. Néanmoins, il est très rare de se retrouver dans une situation où le transporteur envisage un montant de réparation supérieur à ceux prévus par le contrat-Type.Enfin d’autres questions restent en suspens : Le coursier est-il tenu à une obligation de moyen ou de résultat ? Quid du délai pour agir ? Quid du délai de forclusion ?

Les personnes physiques qui souhaitent devenir coursier indépendant ne sont pas salariés. Elles vont donc créer une entreprise individuelle et adopter le statut de micro-entrepreneur. Les entrepreneurs qui ont choisi le régime micro- fiscal deviennent automatiquement, depuis le 1er Janvier 2016, des micro-entre- preneurs. Cette réforme a été promulguée dans le but de fusionner le statut d’auto-entrepreneur et de micro-entrepreneur pour déboucher sur un statut unique d’ici 2020.Au niveau de la réglementation fiscale, des différences notables existent entre un coursier bénéficiant du régime micro-fiscal et une société de transport traditionnelle constituée sous forme d’EURL ou de SASU.➢ Tout d’abord au niveau des obligations comptables, les EURL ou SASU doivent se conformer à des règles beaucoup plus strictes en la matière. En effet, les comptes annuels devront être clôturés à la fin de chaque exercice fiscal entraînant l’élaboration d’un bilan et d’un compte de ré- sultat. Cela suppose d’avoir tenu une comptabilité régulière tout au long de l’année. Cette obligation n’existe pas pour les micro-entrepreneurs qui doivent uniquement tenir un livre-journal des recettes.

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