Autotransplantations et orthodontie apports réciproques

Autotransplantations et orthodontie apports réciproques

Principes généraux sur les autotransplantations 

L’autotransplantation dentaire est un outil thérapeutique qui permet de remplacer une dent par une autre dans des conditions physiologiques optimales tant sur le plan esthétique que fonctionnel : dans une situation optimale, le transplant se comporte comme une dent vivante. En effet, le greffon dentaire est prélevé de son alvéole d’origine et est greffé sur un site receveur dans lequel les différents tissus vont cicatriser pour maintenir la dent sur l’arcade. Bien que les apports de l’implantologie et des autotransplantations sont discutables chez l’adulte, chez l’enfant ou l’adolescent, les autotransplantations présentent un avantage capital puisqu’elles permettent une évolution normale du processus de croissance. En effet, les propriétés ostéogéniques du greffon permettent la poursuite de la croissance alvéolaire et ainsi de palier au risque de défaut osseux vertical et transversal dû à l’absence de contrainte occlusale. De plus, on note dans les cas réussis une absence d’ankylose du greffon transplanté, ce qui autorise l’intervention chez un patient dont la croissance n’est pas encore achevée. (14) Enfin, les autotransplantations présentent un avantage économique tant pour le chirurgiendentiste pour qui le plateau technique et la gestion des complications sont à moindre coup que pour le patient puisque l’intervention est prise en charge par la sécurité sociale. (19) 

Historique des autotransplantations au fil des siècles  

L’intérêt scientifique pour les autotransplantations varie dans l’histoire : des périodes d’enthousiasme alternent avec des phases de pessimisme. Selon Renier, les premiers écrits concernant les autotransplantations datent du troisième millénaire avant JC : un compenduim médical trouvé en Chine mentionne le repositionnement et la contention de dents délabrées ou avulsées à l’aide de baguettes de bambou reliées entre elles par des fils d’or. La réimplantation et la contention de dents avulsées est retrouvée en Egypte, puis chez les Etrusques, les Grecs et les Romains Les progrès scientifiques de la Renaissance concernent également les autotransplantations : en 1554, Ambroise Paré rapporte un cas d’autotransplantation réalisé sur une princesse, ainsi que le succès de la technique sur le plan fonctionnel. En 1633, Guyon, l’opérateur du roi Louis XIII, décrit des transplantations de dents prélevées sur des cadavres ou des vivants pour traiter des édentements. Au XVIIIe siècle, Pierre Fauchard multiplie les descriptions de cas de transplantations de dents d’homme à homme et recommande même dans son traité « le Chirurgien-dentiste » la transplantation d’une bouche à une autre chez les sujets jeunes. En 1771, ce sont des dents saines de provenance animale qui sont greffées sur des patients humains par John Hunter, qui décrit aussi des cas de transplantation de dents prélevées sur des morts. Il faudra attendre le début du XIXe siècle pour que Pfaff recommande de renoncer aux homo et hétéro transplantations après avoir constaté la transmission de maladies transmissibles, bien que le commerce de dents reste florissant tout au long du siècle.  Le concept moderne de l’autotransplantation apparaît en 1861 lorsque Vasey évoque « la transplantation dentaire avant que la dent ait terminé sa formation pour éviter une résorption et la transmission d’une infection ». A partir de là, la technique connaît un véritable essor avec 300 articles sur le sujet répertoriés entre 1876 et 1885. Petit à petit, une vraie base de données scientifique basée sur l’expérimentation, la recherche clinique, histologique, et la compréhension des processus de cicatrisation a pu être constituée, permettant d’établir les indications, de standardiser le protocole, et de sécuriser les pronostics.

Terminologie et sémantique 

 Greffe: transfert d’un fragment de tissu ou d’organe d’un point à un autre d’un même individu ou d’un individu à un autre Greffe autogénique: aussi appelée autogreffe, greffe transférée d’un site donneur à un site receveur sur un même individu. Les autogreffes n’ont pas d’antigénicité car elles proviennent du même hôte. C’est la technique de référence car elle est souvent considéré́e comme ayant les meilleurs résultats postopératoires. Greffe allogénique: aussi appelée allogreffe, greffe pour laquelle le greffon est prélevé́sur un individu d’une même espèce. La difficulté́ principale rencontrée pour les allogreffes est leur antigénicité et leur potentiel de transmission de maladies. Ainsi, les transplantations dentaires d’homme à homme sont aujourd’hui obsolètes. Greffe xénogénique: aussi appelée xénogreffe, il s’agit d’une greffe prélevée chez une espèce et implantée sur une espèce différente. Si l’histoire rapporte des cas de transplantations dentaires d’animal à homme, cette technique n’est aujourd’hui plus utilisée. Implantation dentaire: insertion intraosseuse de matériaux hétérogènes, soit pour l’essentiel actuellement les implants en titane. Leur grande diffusion et l’amélioration des prothèses qu’ils supportent mettent aujourd’hui leurs indications en compétition avec celles des autotransplantations. (68) Transplantation: transfert d’un organe entier d’un site donneur vers un site receveur, impliquant le rétablissement de la continuité vasculaire afférente et efférente de cet organe avec l’appareil circulatoire du receveur. Les transplantations dentaires sont définies sous le terme de « greffe dentaire » : « opération qui consiste à placer dans une cavité alvéolaire naturelle ou préparée artificiellement une dent récemment extraite, une dent conservée ou un germe dentaire ». Lorsque le même sujet est à la fois donneur et receveur, on parle d’autotransplantation. Les transplantations dentaires regroupent également les techniques de repositionnement chirurgical de dents incluses, ectopiques ou ankylosée qui entrent dans la définition puisqu’il s’agit d’extraire une dent et de la repositionner dans un endroit convenu.  

Table des matières

I. Introduction
II. Principes généraux sur les autotransplantations
A/ Définitions
1. Généralités
2. Historique des autotransplantations au fil des siècles
3. Terminologie et sémantique
B/ Techniques
1. Quelle dent peut-on transplanter ?
2. Protocole opératoire
3. Critères de réussite des autotransplantations
III. Apports de l’orthodontie aux autotransplantations
A/ Place de l’orthodontiste pour poser l’indication
1. Rôle de l’orthodontiste dans la prévention et le dépistage (surveillance ODF)
2. Le traitement orthodontique : une source de transplants
3. Les indications précises
B/ L’orthodontiste au service des autotransplantations
1. Préparation du site receveur
2. Contention
3. Déplacement orthodontique des transplants
C/ Apport de l’orthodontie en terme de pronostic
1. Pré application de forces orthodontiques
2. Orthodontie post chirurgicale
3. Déplacement orthodontique et résorption
IV. Apports des autotransplantations à l’orthodontie
A/ Remplacement d’une dent absente ou condamnée à l’avulsion
1. Etiologies
2. Alternatives thérapeutiques
3. Avantages de l’autotransplantation
B/ Repositionnement chirurgical d’une dent incluse
1. Définitions et prévalences
2. Alternatives thérapeutiques
C/ Repositionnement forcé d’une dent présentant une ectopie sévère ou ankylosée
1. Définitions, étiologies et prévalences
2. Alternatives thérapeutiques
V. Pronostic
A/ Facteurs de risques et de prévisibilité
B/ Taux de réussite et taux de survie
1. Dents transplantées immatures
2. Dents transplantées matures
3. Enquête de satisfaction auprès des patients
C/ Améliorer le pronostic : techniques d’avenir
1. Apport de l’imagerie tridimensionnelle
2. Utilisation d’un guide chirurgical
3. La piézochirurgie pour optimiser la technique chirurgicale
4. Progrès microbiologiques
5. Ouverture sur l’avenir : cryoconservation de dents ?
VI. Conclusion

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