Bien-être et sécurité des travailleurs humanitaires

Bien-être et sécurité des travailleurs humanitaires

LE STRESS

Les travailleurs humanitaires sont exposés à plusieurs facteurs de stress. Bien que celui ci soit une réaction biologique face à une agression et ait en général une fonction bénéfique (ce stress protecteur aide à focaliser l’attention sur la menace, mobilise l’énergie pour évaluer la situation et prendre une décision ainsi que préparer à l’action), il coûte beaucoup d’énergie et peut s’il est trop intense avoir des effets néfastes qui sont regroupés en trois catégories : Stress de base, stress cumulatif et stress traumatique.

Le stress de base

C’est l’implication de l’adaptation à une situation nouvelle, un milieu différent. Il faut faire face à de nouvelles règles sociétales et relationnelles qui peuvent conduire à des contrariétés. C’est aussi l’adaptation à une vie plus « communautaire » et l’éloigement des proches et de la famille. C’est la perte des points de repère familiaux. Face à ce type de stress, il faut savoir reconnaître le problème, identifier la source, partager les difficultés avec l’équipe. Enfin, il faut identifier les éléments à modifier pour améliorer la situation.

Le stress cumulatif

C’est l’exposition prolongée à de nombreuses agressions quotidiennes qui peuvent être liées aux conditions de vie (logement, alimentation…), à un environnement politique instable, aux contraintes de la vie en communauté, au manque de repos, aux problèmes liés aux déplacements, aux frustrations liées au travail, à l’immobilité ou à l’inactivité et à la non-reconnaissance de son travail. Ce type de stress peut d’abord conduire à une perte d’objectivité, à la prise de risques inconsidérés, à une baisse de productivité, à du cynisme, un état dépressif, des troubles psycho-somatiques et enfin au burn-out.On peut également être stressé par le fait qu’il y a des tensions entre ce qu’on estime être juste et ce que l’ONG nous demande de faire. Les dilemnes éthiques auxquels on est confronté créent également une tension qui peut être mal vécue. Par ailleurs, des frustrations peuvent apparaître lorsqu’on enchaîne les missions et qu’on ne voit jamais le résultat de son travail. Face à une telle situation, il faut accepter le fait qu’on ne peut pas s’occuper des autres sans se préoccuper de soi-même. Il faut comprendre que ce stress est inévitable et normal mais qu’on peut le gérer en intercallant des périodes pour la détente, le repos, les repas et les relations. Il faut absolument éviter le surmenage. Si on a attendu trop longtemps et qu’on est déjà au stade du burn out, il vaut mieux se rappatrier et prendre du repos dans un environnement protecteur sans culpabiliser parce qu’on abandonnerait les victimes ou qu’on n’aurait pas été « à la hauteur ». Rester alors qu’on a atteint ce stade, c’est mettre sa santé en danger, risquer de prendre des décisions inconsidérées et représenter potentiellement davantage un fardeau qu’une aide pour ses collègues.

Le stress traumatique

Il découle d’un événement violent et imprévu qui menace brutalement sa propre vie ou celle d’un proche (menaces, bombardements, prise d’otages, assister à un massacre ou une famine sans pouvoir rien faire contre). La menace est passée si près qu’on en conserve une fragilité et une vulnérabilité, ce qui est normal. La conséquence peut être immédiate et entraîner des symptômes :
• Physiques (fatigue, nausées, sueurs froides, tremblements)
• Émotionnels (angoisse, culpabilité, tristesse, irritabilité, accès de colère, sentiment de puissance ou d’invulnérabilité)
• Intellectuels (désorientation, difficultés à se concentrer ou à prendre des décisions)
• Comportementaux (prise de risque inconsidérée, hyperactivité, crises de colère)
Si ces troubles persistent plus d’un mois après le traumatisme, il est possibles qu’on ait affaire à un Post Traumatic Stress Disorder (PTSD). Il s’agit en quelque sorte d’une blessure qui ne se cicatrise pas normalement. Dès lors, le traumatisme est revécu de manière persistante (cauchemars, flashbacks, réactions émotionnelles). On tend également à éviter tout ce qui rappelle le traumatisme tout en étant soumis à un état de nervosité anormal.
Dans un tel cas, il faut absolument demander de l’aide ou en offrir si on observe une telle situation. La meilleure solution est le rappatriement et un debriefing.

Comment réagir et se protéger face au stress ?

Il convient d’agir à trois niveaux contre ces différents stress :

1. Avant : s’informer, prendre conscience du danger, apprendre à réagir
2. Pendant : savoir gérer le stress des autres et avoir des personnes qui puissent s’occuper de nous
3. Après : debriefing, soutien familial, repos.
La responsabilité de cette prévention incombe d’une part aux travailleurs humanitaires et d’autre part aux ONG qui les emploient.
Au niveau personnel, Il faut
• Connaître ses limites, être à l’écoute de soi
• Se reposer et dormir suffisament
• Manger régulièrement
• Ne pas abuser de médicaments, d’alcool ou de tabac
• Se détendre et pratiquer de l’exercice physique
• Ecrire ce qu’on a vécu/ce qu’on vit peut être une aide
• Réaliser qu’on ne peut pas pleurer avec chaque victime, même si cela est cynique. Ne pas prendre du recul, c’est l’assurance de péter les plombs tôt ou tard. Trouver le juste milieu n’est pas évident…
Dans tous les cas, il faut oser parler de ses problèmes, sachant qu’ils sont normaux mais sérieux, identifier d’où vient le problème et avoir la patience de le laisser passer lorsque cela est possible. A l’égard des autres, il faut savoir observer, proposer son aide, quitte à ce qu’elle soit refusée. Il faut être à l’écoute mais ne pas forcer de porte close ni porter de jugement. Essayez plutôt de vraiment écouter et le cas échéant d’orienter vers un spécialiste. Consacrer deux heures de son temps à l’écoute peut éviter plusieurs mois de problèmes à celui qui a besoin de parler ! Il faut bien être conscient qu’il s’agit d’une blessure et d’une maladie. Il n’y a donc pas de jugement à porter ni de honte à avoir. C’est le stress qui est normal et non les événements vécus.

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