Biologie du manchot pygmée

Cours biologie du manchot pygmée, tutoriel & guide de travaux pratiques en pdf.

Conservation de l’espèce

Statut de l’espèce et mortalité

Le manchot pygmée est une espèce protégée en Australie et en Nouvelle-Zélande. Malgré une baisse régulière des effectifs au cours des trente à quarante dernières années (Norman et al., 1992 ; Stevenson et Woehler, 2007), elle n’est toujours pas inscrite dans la liste rouge des espèces menacées de l’IUCN (IUCN, 2009). La population totale n’a pas été estimée officiellement, mais P. Dann a évalué les effectifs à environ 500.000 couples reproducteurs (P. Dann, 2009). Les manchots juvéniles, n’ayant pas encore tenté de se reproduire, ne figurent pas dans ces estimations ; Dann et Cullen (1990) ont calculé qu’ils constituent 57 % de la population totale de Phillip Island en Australie. En ce qui concerne le manchot à ailerons blancs, la population totale a été estimée à 10.500 oiseaux en 2004, dont environ 1650 paires reproductrices sur l’île de Motunau et 2100 sur la péninsule de Banks, dispersées sur 68 colonies dont la plus grande est celle de Flea Bay (Challies et Burleigh, 2004). La sous-espèce a été considérée comme menacée par l’IUCN en 1998, la population ayant décliné de manière alarmante sur la péninsule de Banks durant la dernière décennie (déclin de 60 à 70 % entre 1980 et 1993 ; Taylor, 2000, publication réalisée à partir de données recueillies par C.N. Challies en 1998). Reilly et Cullen (1979) ont calculé que sur Phillip Island, en Australie, la mortalité annuelle des adultes reproducteurs était de 14 %, avec des pics lors de la période suivant la mue et lors de la saison hivernale. Dann et Cullen (1990) ont enregistré un taux de mortalité de 25 % pour la même colonie, grimpant jusqu’à 50 % chez les jeunes manchots durant leur première année. En moyenne pour une colonie, on compte un taux de survie d’un poussin par couple et par an. L’espérance de vie d’un manchot pygmée est estimée à 6 ans et demi, l’un des doyens de la colonie de Phillip Island ayant atteint l’âge de 17 ans.

Prédateurs, parasitisme et impact de l’activité humaine

L’Australie et la Nouvelle Zélande, deux pays très différents de par leur environnement et leur faune, ont connu des problèmes écologiques semblables dus à l’arrivée de prédateurs importés volontairement ou non par l’homme (Stevenson et Woehler, 2007 ; Heber et al., 2008). La Nouvelle-Zélande par exemple, le dernier pays à avoir été colonisé par l’homme (King, 2003), était par le passé un paradis pour les oiseaux : seules trois espèces de mammifères sont endémiques aux deux îles, et ce sont trois espèces de chauves-souris (Mystacina robusta –éteinte dans les années 1960, Mystacina tuberculata et Chalinolobus tuberculatus). Autrement dit, les nombreuses espèces d’oiseaux qui s’y sont développées durant des millénaires n’ont pas eu à s’adapter à la prédation terrestre. L’arrivée des Māoris au 13ème siècle, apportant dans leurs embarcations le rat noir (Rattus rattus) et le chien (Canis familiaris) polynésiens, fut un premier coup porté à la biodiversité des deux îles. Par la suite, la colonisation du pays par les européens au 18ème siècle et l’arrivée concomitante des chats (Felis catus) et surtout des mustélidés a été une véritable catastrophe pour les espèces d’oiseaux présentes sur l’île qui n’avaient jamais connu auparavant une telle pression prédatrice (King, 2003). La conservation des espèces d’oiseaux endémiques de ce pays reste encore aujourd’hui un problème majeur pour le pays. Certaines îles au large de la Nouvelle-Zélande, qui n’ont jamais connu de mammifères terrestres, sont devenues des sanctuaires aviaires jalousement gardés par le gouvernement ; il en est ainsi pour l’île de Motunau, qui regroupe la plus grande colonie de manchots à ailerons blancs et dont l’accès est fermé au public et strictement réglementé. Sur les deux îles principales de la Nouvelle-Zélande, des réserves ornithologiques ont été aménagées en clôturant hermétiquement une zone délimitée avant de détruire tous les mammifères présents à l’intérieur ; néanmoins ce procédé est très coûteux et reste ponctuel. Les prédateurs terrestres les plus meurtriers à l’égard des manchots pygmées sont principalement les renards (Vulpes vulpes ; espèce non endémique) et les chiens en Australie ; les chiens, les mustélidés et les rats en Nouvelle-Zélande (Stevenson et Woehler, 2007 ; Norman et al., 1992 ; Heber et al., 2008). Les grands labbes (Stercorarius skua) et les pétrels géants (Macronectes sp.) chassent également ces manchots. En mer, ce sont surtout les otaries à fourrure (Arctocephalus forsteri), les lions de mer (Phocarctos hookeri, Neophoca cinerea), les requins et parfois les orques (Orcinus orca) qui représentent un danger. Le parasitisme constitue également un problème sanitaire important en milieu naturel chez les manchots pygmées, et peut s’avérer une cause majeure de mortalité certaines saisons, surtout chez les jeunes (Harrigan, 1992) : ascaridioses avec ulcères gastriques (Contracaecum spiculigerum), fascioloses hépatiques à Mawsonotrema eudyptulae, coccidioses intestinales ou rénales, cestodoses (Tetrabothrius sp.) et trématodoses intestinales sont quelques unes des parasitoses retrouvées chez cette espèce. Certaines mycoses comme les aspergilloses peuvent également représenter un danger pour ces oiseaux. Enfin, les activités humaines ont un impact certain sur les populations de manchots pygmées à cause de la pollution maritime notamment (nappes de pétrole larguées en mer lors des dégazages sauvages, organochlorés, métaux lourds, bouts de plastique causant étranglements ou indigestions) et de l’utilisation de filets de pêche à proximité des colonies, dans lesquels les manchots s’accrochent et se noient (Harrigan, 1992). Ils sont aussi sensibles à la destruction de leur habitat, au trafic routier aux abords des colonies et potentiellement au tourisme, notamment autour des attractions touristiques consacrées aux manchots qui installent des postes d’observations dans la colonie, comme à la « Penguin Parade » de Phillip Island, en Australie (Stevenson et Woehler, 2007 ; Norman et al., 1992).

Cours gratuitTélécharger le cours complet

Télécharger aussi :

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *