Caracteristiques des donneurs de sang et seroprevalence des hepatites b et c

L’hépatite est une affection inflammatoire du foie, à transmission orofécales parentérale et sexuelle par une atteinte du parenchyme hépatique (tissu cellulaire) pouvant être d’origine infectieuse (virale), toxique, métabolique ou immunologique (allergique auto-immune)[ 2]. Elle évolue sous une forme aigue et chronique avec un grand polymorphisme des manifestations cliniques, depuis les variétés asymptomatiques et frustes jusqu’aux formes graves et mortelles avec intoxication générale, ictère, hémorragie et autres signes d’insuffisance hépatique [2,33]. Depuis 1940 deux d’entre elle ont été reconnues comme des entités entières : il s’agit des hépatites A et B [2,4]. Depuis sa découverte en 1989, le virus de l’hépatite C (VHC) a émergé comme étant, en majeure partie, l’agent étiologique des maladies du foie dans la plupart des régions du monde [2,32]. Au niveau mondial, l’OMS estime que 170 millions de personnes environ, soit 3 % de la population sont infectées par l’Hépatite Virale C (VHC) et exposées au risque de cirrhose et de cancer du foie [4]. En Europe on estime à 9 millions le nombre de sujets atteints par le VHC soit 1,03% de la population [4]. En Afrique, 32 millions d’individus sont porteurs de ce virus, soit 5,3% de la population [4]. La séroprévalence du VHC au Mali varie entre 2 et 5,4% chez les femmes enceintes [8]. On estime actuellement que plus de 60% de sujets VHC positifs développent une hépatite chronique, dont 5 à 10% pourraient aboutir à des formes de cancer telles que le carcinome hépatocellulaire ou CHC [5].

Quant à l’hépatite B, l’OMS estime à 2 Milliards le nombre de personnes infectées y compris 400 Millions de porteurs chroniques dont 60 Millions en Afrique [5]. Un Million d’individus meurent chaque année de l’infection virale B [3]. En Afrique cette séroprévalence est variable selon les pays. Ainsi elle est de 0,26% en Afrique du sud [5] et 13,5% en Egypte [5]. Au Mali l’hépatite B a fait l’objet de nombreuses études [4, 6, 8, 7, 15]. En effet chez les donneurs de sang au Centre National de Transfusion Sanguine (CNTS) de Bamako, la prévalence est estimée entre 14,9% et 16.14% [15, 8]. Le sexe ratio est de 6,81 en faveur des hommes et le mode de contamination est essentiellement sexuel et parentéral [7]. Ces deux pathologies peuvent cohabiter chez un même individu : c’est la co-infection. En effet une étude en milieu hospitalier s’est intéressée à cet aspect [12] et a rapporté que dans 13,4% des cas de cirrhose hépatique l’AgHBs était associé à la présence des anticorps anti-VHC. Une étude chez les donneurs de sang au CNTS en 2005 a rapporté 0,65% [20]. Chaque donneur étant soumi à ces tests et avec ces chiffres alarmants, qui peuvent être à l’origine des problèmes d’approvisionnement en sang.

Rappels sur les hépatites virales

Le terme hépatite virale est communément utilisé pour plusieurs maladies cliniquement similaires mais qui sont distinctes sur le plan étiologique et épidémiologique. Ce sont des maladies inflammatoires des tissus parenchymateux qui s’expriment sur le foie. Les virus des hépatites pénètrent dans l’organisme soit par voie digestive (VHA) soit par voie sanguine (VHC et VHB), soit par voie sexuelle (VHB surtout). Ils vont pénétrer dans les cellules hépatiques et s’y multiplient. Les nouveaux virus ainsi produits vont être libérés dans le sang et infectent les cellules voisines. Ils modifient la cellule hépatique en y incorporant leurs propres structures. De ce fait, la cellule hépatique est repérée comme étrangère par les cellules spécialisées de défense de l’organisme qui vont la détruire (lymphocytes) .Six virus ont été identifiés comme responsables de la majorité des hépatites :il s’agit des virus A ,B,C,D,E et G. Les modes de contamination diffèrent selon le type de virus. De même, les conséquences d’une infection sont différentes d’un virus à un autre et pour un même virus dépendant d’un individu à l’autre en fonction du système immunitaire. L’hépatite A est une infection à diffusion mondiale. La transmission du virus intervient essentiellement par ingestion d’eau ou d’aliments contaminés. Sur le plan mondial, l’hépatite B est la cause de la plupart des hépatites aigues et chroniques, de cirrhose et d’hépato-carcinome. Le virus peut être transmis par voie sexuelle parentérale ou verticale.

Longtemps appelé l’hépatite non A, non B, l’hépatite C garde encore des aspects mystérieux. Le virus est avant tout transmis par le sang. La transmission sexuelle ou verticale est rare. Quant à l’hépatite D ou Delta, elle est causée par un virus défectif qui ne peut se multiplier qu’en présence du virus de l’hépatite B. La contamination se fait essentiellement par voie parentérale, mais aussi par voie sexuelle comme pour le virus d’hépatite B. Découverte en 1990, le virus de l’hépatite E (VHE) est le moins connu des virus des hépatites virales. La contamination se fait principalement par ingestion d’eau souillée, par les matières fécales. La maladie se traduit par une hépatite aigue ictérique Le virus de l’hépatite G (VHG) ressemble à celui de l’hépatite C, mais son pouvoir pathogène est bien différent et n’est pas encore entièrement élucidé. La transmission par le sang est possible et d’autres voies de transmissions existent également, comme la voie sexuelle. L’infection à VHG est fréquente et aboutit rarement à une maladie chronique .

Le virus de l’hépatite C : VHC 

Caractéristiques du virus

C’est un virus à ARN de 50-60nm de diamètre, enveloppé, très résistant à la chaleur dont le génome, c’est-à-dire la partie génétique est hautement variable. Il survit au moins deux jours à l’air libre. Sa variabilité a été à l’origine de l’émergence dans le temps à partir de leur ancêtre commun de plusieurs génotypes viraux qui ont une répartition géographique qui leurs sont propres.

Le poids moléculaire de l’ARN est voisin de 4.106 Da. Par ces caractéristiques il est apparenté à la famille des FLAVIVIRIDAE dont les membres les plus connus sont les virus de la fièvre jaune et de la dingue. L’hépatite virale C, représentant jusqu’à 85% de tous les cas d’hépatites post transfusionnelles, ne se propage, apparemment que par voie parentérale à partir des donneurs de sang atteints de formes sub cliniques de l’infection. L’hépatite C est une maladie dont l’évolution est variable mais souvent très lentement progressive. Après contamination par le VHC :
– 10 à 15% des sujets guérissent spontanément.
– 20 à 25% ont une maladie chronique totalement asymptomatique avec des transaminases normales et des lésions au niveau du foie le plus souvent minime.
-30 à 40% guérissent ou ont une maladie chronique bénigne sans conséquence.
-60 à 70% développent une hépatite, une cirrhose se manifestant par une élévation le plus souvent modérée des transaminases.
La majorité de ces patients ont des lésions inflammatoires discrètes sur le foie et une fibrose minime. Environ 20% des hépatites chroniques C développent après 10 à20 ans d’évolution une cirrhose susceptible d’évoluer vers une insuffisance des fonctions hépatiques ou plus rarement un cancer. Le risque du cancer du foie, une fois la cirrhose constituée est de 1 à 5%. Plusieurs facteurs jouent un rôle important dans le développement de la cirrhose :
-L’âge au moment de la contamination.
-La consommation d’alcool supérieure à 50g par jour (l’équivalent de 5 verres quelque soit le type d’alcool) et pendant une période prolongée est un facteur favorisant.
– Le sexe masculin : à ce niveau le constat d’âge et de consommation d’alcool, les hommes ont une vitesse de progression de la fibrose plus rapide que les femmes. Les mécanismes en sont inconnus.
– La co-infection par le virus du SIDA(VIH) ainsi que tous les états de déficit immunitaire sont associés à une progression plus rapide de la fibrose.
– La co-infection par le virus de l’hépatite B .

Répartition géographique 

Depuis la mise au point des moyens de dépistage du VHC, des études prospectives et même rétrospectives, ont permis de caractériser le virus dans l’espace [4,5,34,35]. On sait aujourd’hui que le virus est ubiquitaire, présent sur tous les continents avec cependant une prédominance dans les pays occidentaux et d’autres pays industrialisés comme le Japon (1%) [5,37]. Le VHC se trouve dans le monde entier avec une prévalence moyenne de 3%( soit 170 Million de personnes infectées) [3,39]. Ceci s’expliquerait par les habitudes de la modernité qui favoriseraient la propagation du virus dans leur population : toxicomanie à la seringue, dialyse, homosexualité, greffe d’organe et transfusion [8,40]. La prévalence de l’infection par le VHC est de 60% environ chez les usagers de drogue intraveineuse. Elle serait d’au moins 25% chez les détenus [3]. Il y a environ 4 Millions de porteurs chroniques aux Etats-Unis [5]. En Europe la proportion des sujets atteints varient de 0,5 à 2% [5,4] en fonction des pays avec un gradient nord sud.

En Europe de l’ouest 5 Million de personnes sont touchées tandis que en Europe de l’est, certains pays sont particulièrement touchés jusqu’à 3 à 4% [4,5]. En Afrique noire, la prévalence varie de 2 à 6% selon les pays [4]. La distribution est très hétérogène en particulier en Afrique au sud du Sahara [4,5]. En Afrique occidentale, peu d’études sont publiées de nos jours. Au Mali, une prévalence de 3% a été rapportée chez les donneurs de sang au C.N.T.S. de Bamako en 1991 par Dembélé [16], 5,4% en 2002 par Katembé [21] et 2 à 5,4% en 2003 par Traoré [22] chez les mêmes populations de donneurs. Le VHC serait responsable de 19% des hépatites chroniques au Niger [5]. Une prévalence de 5,4% a été rapportée chez les enfants en âge scolaire au Ghana [4] et 3,3% chez les donneurs de sang à Lomé [3] En Afrique centrale, les études ont rapporté une séroprévalence de l’ordre de 10 à 20% au Gabon oriental et au sud du Cameroun [4, 5]. Au Zaïre la prévalence est de 6%. En Afrique australe, au Zimbabwe, la prévalence est de 7,7%. L’Egypte apparaît comme ayant la plus haute prévalence : les anticorps anti-VHC ont été retrouvés chez 22% des nouvelles recrues de l’armée et chez 16,4% des enfants avec hépatomégalie  .

Les modes de transmission 

Les principaux modes de transmissions du VHC sont connus. Il se transmet essentiellement par voie parentérale. Les deux principaux modes de contamination sont la toxicomanie intraveineuse et les antécédents de transfusion .

Les produits sanguins
La transfusion de produits sanguins (sang total, albumine plasma, Globules rouges, globulines…..) qui a été la première cause de transmission a presque complètement disparu depuis 1991dans les pays développés du fait du dépistage systématique et des mesures d’inactivation virale dans la préparation des produits dérives du sang.Le risque résiduel de transmission du VHC est estimé en France à 199701 pour 204000 dons de sang, ce qui représente moins de 10 nouveaux cas par an. La transfusion de produits sanguins a été un important facteur de contamination jusqu’en 1991. Sont largement concernés les personnes polytransfusées, les hémophiles, mais aussi les hémodialysés et les transplantés d’organe. Depuis 1999 un test de dépistage obligatoire du VHC, associé à un dosage des transaminases, est fait systématiquement à tout donneur ce qui réduit considérablement ce risque.Actuellement le risque de contamination est estimé à 1 pour 500000 transfusions [3].

La toxicomanie :
La toxicomanie intraveineuse est actuellement la principale voie de transmission du VHC dans les pays développés. La toxicomanie est responsable des 2/3 de nouvelles contaminations par le VHC.

Table des matières

INTRODUCTION
OBJECTIFS
I. GENERALITES
II. METHODOLOGIE
III. RESULTATS
IV. COMMENTAIRES ET DISCUSSION
CONCLUSION

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