Catastrophes naturelles versus catastrophes humaines

Catastrophes naturelles versus catastrophes humaines

de Prévention des Catastrophes des Nations Unies), une catastrophe est définie « comme une rupture grave du fonctionnement d’une communauté ou d’une société impliquant d’importants impacts et pertes humaines, matérielles, économiques ou environnementales que la communauté ou la société affectée ne peut surmonter avec ses seules ressources » (UNISDR, 2009). L’Institut National de la Défense Civile Péruvienne, « Instituto Nacional de Defensa Civil » (INDECI) en donne une définition relativement proche (INDECI, 2010). Les catastrophes peuvent être classées en fonction de leur origine (naturelle ou anthropique) ou de leur fréquence (majeure ou récurrente). Les éléments naturels sont à l’origine de phénomènes géologiques, atmosphériques, marins… qui échappent au contrôle de l’homme : avalanches, feux de forêt, inondations, mouvements de terrain, cyclones, tempêtes, séismes, éruptions volcaniques, inondations, sécheresse, montée des eaux, raz de marées, invasions d’insectes nuisibles. Ces phénomènes deviennent des risques naturels quand ils viennent menacer avec plus ou moins d’intensité les activités humaines. Ils sont reconnus comme catastrophes lorsque des vies, des biens, des moyens d’existence ou l’environnement sont détruits. L’explosion survenue le 30 juin 1908 dans la Toungouska en Sibérie a détruit intégralement la forêt dans un rayon de plus de 20 km, abattant 60 millions d’arbres, fait des dégâts sur plus de 100 km et déclenché de nombreux incendies pendant plusieurs semaines. Malgré l’ampleur des dégâts, cette explosion n’est pas répertoriée comme catastrophe naturelle parce qu’elle a touché une région quasiment inhabitée. Une crise due à une catastrophe naturelle est donc la rencontre entre un phénomène d’origine naturel et des enjeux humains, économiques ou environnementaux. Le CRED (Centre for Research on the Epidemiology of Disasters), classe les catastrophes naturelles en cinq sous-groupe selon leur origine.

En 2011, 302 désastres naturels ont touché la planète. Outre les tremblements de terre et tsunamis au Japon, qui représentent la plus grande part des pertes économiques essuyées (210 milliards de dollars), mais aussi ceux survenus en Turquie et en Nouvelle-Zélande, d’importantes inondations en Thaïlande et en Australie ont entraîné de lourds tributs tant humains que financiers, deux donnes sont à retenir : (i) 29 782 personnes ont péri dans une catastrophe naturelle en 2011, 260 millions d’êtres humains ont été affectés (ii) 286 milliards d’euros (366 milliards de dollars) de dégâts ont été causés par des catastrophes naturelles et techniques en 2011, un niveau record en 30 ans, qui dépasse d’ailleurs largement le précédent (243 milliards de dollars en 2005, année de l’ouragan Katrina). Les médias parlent essentiellement des catastrophes majeures impliquant de nombreuses victimes (tsunami dans l’océan indien en 2004, tremblement de terre d’Haïti en 2010, tsunami au Japon en 2011, typhon aux Philippines en 2013…). C’est l’arbre qui cache la forêt. Depuis l’année 2000, chaque année plus de 400 catastrophes naturelles sont enregistrées à travers le monde. Dans de nombreuses régions du monde, les catastrophes se produisent de manière récurrente : sécheresses répétées au Sahel, cyclones dans les Caraïbes, inondations en Asie du Sud-Est, tremblements de terre le long de la ceinture de feu du Pacifique. Le sentiment général est que le nombre de catastrophes naturelles de petite ou moyenne envergure est en augmentation à travers le monde et va continuer à augmenter en raison des changements climatiques. Pour Ferris et al. (2013), le terme « catastrophe récurrente » est utilisé pour désigner la venue répétée d’un danger naturel unique dans une même région géographique. En 2008, Haïti a été frappé par quatre ouragans au cours de l’année. Le Pakistan a connu des inondations en 2010, 2011 et 2012. Dans certaines régions, les périodes de sécheresse se produisent régulièrement, avec des pauses plus ou moins longues entre elles. Dans ce cas, si elles reviennent à des intervalles

suffisamment courts, nous pouvons parler de catastrophe récurrente. Bien que les inondations soient souvent considérées comme des catastrophes soudaines, elles peuvent s’étaler dans le temps. Par exemple, Thomas (2011) rapporte qu’en Colombie en 2010, les précipitations ont provoqué des inondations continuelles dans tout le pays. Ceci peut être vu comme une seule catastrophe continue. Il y a aussi de nombreux cas où plusieurs crises surviennent la même année (ou parfois dans la même semaine). Par exemple, dans une analyse des crises humanitaires faite par le Bureau des Nations Unies pour la coordination des affaires humanitaires (IRIN, 2012), on relève que sept pays d’Asie ont connu deux risques naturels différents au cours de l’année : l’Afghanistan (sécheresse et inondation) ; le Bangladesh et le Vietnam (inondations et tempêtes) ; l’Inde, la Malaisie, le Pakistan et le Sri Lanka (inondation et tremblement de terre). En conséquence, de nombreuses organisations nationales travaillent sur la base de risques multiples. Mais l’interaction entre les risques naturels est encore plus complexe. Certains risques naturels ont tendance à se produire groupés : les cyclones et ouragans provoquent souvent des inondations et des glissements de terrain, les tremblements de terre peuvent causer des tsunamis. De plus, il existe généralement des imbrications entre les risques naturels et l’action humaine qui transforme un risque naturel en catastrophe. Il y a aussi ce qui pourrait être considéré comme un enchainement en cascade de catastrophes. Par exemple, en 2011, un grand tremblement de terre dans l’Est du Japon a provoqué un tsunami, qui a lui endommagé la centrale nucléaire de Fukushima, qui à son tour constitue une menace pour la vie humaine. En bout de compte, 200 000 personnes ont été évacuées de la zone (Grammaticas, 2011). Un tremblement de terre peut conduire à l’effondrement d’un barrage, provoquant d’importantes inondations ou bien une vague de chaleur peut causer des incendies de forêt comme cela s’est produit en Russie en 2010.

 

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