Combustion en milieu poreux

Combustion en milieu poreux 

L’étude de la combustion en milieu poreux est un sujet d’intérêt depuis plus de 30 ans et les nombreux aspects qu’elle présente sont autant d’avantages qui ont été soulignés dès les premières études menées. Plusieurs revues synthétisent et actualisent les avancées de ce champ de recherche (Abdul Mujeebu et al., 2010; Howell et al., 1996; Mujeebu, Abdullah, Bakar, Mohamad, & Abdullah, 2009; Trimis & Durst, 1996; Viskanta, 2011; Wood & Harris, 2008). Fondamentalement cette technique consiste à brûler un mélange réactif au sein d’un milieu poreux solide et conducteur de chaleur, plutôt que librement comme dans un brûleur conventionnel. Les différentes caractéristiques qui décrivent une flamme libre peuvent ainsi être réinterprétées dans le cadre d’une flamme se propageant dans un milieu poreux. Les sections qui suivent s’attachent à montrer l’influence du milieu poreux sur ces caractéristiques.

Champs d’application de la combustion en milieu poreux 

Les applications de la CMP sont majoritairement à usage industriel bien que cette technologie commence à se faire une place dans des appareils ménagers du quotidien (gazinière, four, barbecue). Parmi les utilisations industrielles les plus rencontrées, se trouvent (Mujeebu et al., 2009; Viskanta, 2011) :

• les échangeurs de chaleur : ce sont les chaudières industrielles pour le chauffage de fluides ou bien pour porter à ébullition de l’eau dans le processus de génération de vapeur.

• l’éclairage : en plus de fournir de la chaleur, les brûleurs poreux peuvent émettre un rayonnement important mais à faible éblouissement. Les brûleurs poreux constituent ainsi un dispositif intégré de chauffage – éclairage à faibles émissions de polluants.

• moteurs et propulsion : des prototypes de moteurs à combustion interne intégrant un brûleur poreux ont été testés. La matrice poreuse permet un stockage de l’énergie thermique produite dans le cycle de combustion. Cette chaleur permet alors de favoriser l’évaporation des gouttelettes du jet de carburant et d’augmenter l’enthalpie de la combustion du cycle suivant. Des études de faisabilité en vue d’une intégration de ces brûleurs dans des turbines à gaz sont également en cours (Ihme, 2016).

• synthèse de l’acide chlorhydrique : le dichlore gazeux peut réagir avec de l’hydrogène par chauffage dans un brûleur pour donner de l’acide chlorhydrique. Un excès d’hydrogène est toujours présent pour s’assurer de la transformation complète du chlore. Un mélange résiduel chlore – hydrogène n’ayant pas réagi serait en effet explosif. La combustion en milieu poreux permet de réduire la quantité d’hydrogène en excès.

• production d’hydrogène : l’hydrogène produit dans le monde provient de sources fossiles. Sur les 60Mtonnes produites chaque année, 49% sont issues de la conversion du méthane (AFHYPAC, 2016). L’oxydation partielle du méthane avec chauffage dans un brûleur poreux apporte des taux de conversion jusqu’à 60%.

Dépendamment de l’application et du but recherché, la matrice solide peut avoir un effet de catalyseur sur la combustion. Sinon elle est qualifiée d’inerte. Aussi, quatre types de combustion peuvent être rencontrés dans le cadre de la CMP (Viskanta, 2011) : (i) une combustion libre avec une flamme formée au-dessus du milieu poreux; (ii) une combustion de surface où la flamme est ancrée à la surface de la matrice; (iii) une combustion « intégrée » avec une flamme enfouie au sein de la matrice poreuse; (iv) une combustion instable.

Quelques grandeurs et notions d’échelles 

Un milieu poreux se compose d’obstacles solides imperméables et d’interstices vides. Ces vides sont désignés par le nom de pores. La nature, la géométrie et le matériau des milieux utilisés sont très variés suivant l’application qui en est faite. Ils peuvent être constitués d’un assemblage d’éléments discrets (perles solides, agrégat de particules) ou consolidés (mousses de type éponge, structures réticulées, nid d’abeille ou encore en lamelles). L’arrangement peut être aléatoire ou structuré. Une grande variété de matériaux est également utilisée; pour la combustion ce sont des céramiques techniques (zircone partiellement stabilisée (PSZ), oxyde d’aluminium (Al2O3), carbure de silicium (SiSiC)) ou des alliages métalliques à hautes performances thermiques (alliage fer-chrome FeCrAlY) (Wood & Harris, 2008).

Profils de température dans un brûleur poreux 

Dans un brûleur poreux, deux profils de température doivent être considérés simultanément : le profil de la phase gazeuse ainsi que celui de la matrice solide. Un découpage de ces profils peut se faire de manière similaire à la flamme laminaire libre selon le critère suivant (Barra & Ellzey, 2004; Wood & Harris, 2008) : le début de la zone de réaction correspond à la position à laquelle la température du fluide est égale à celle de la matrice solide, c’est-à-dire où les profils de température se croisent. Le pic d’énergie chimique libérée est contenu dans cette zone. En amont de cette région se trouve la zone de préchauffage dont le début est indiqué par la position à laquelle la température du mélange réactif est 1% plus élevée que sa température initiale d’entrée.

Table des matières

INTRODUCTION
CHAPITRE 1 REVUE DE LITTÉRATURE
1.1 Principes de base de la combustion, définitions
1.1.1 Combustion des hydrocarbures
1.1.2 La flamme laminaire pré-mélangée
1.1.3 Température de flamme adiabatique
1.1.4 Vitesse de flamme laminaire
1.1.5 Limites de flammabilité et de stabilité
1.2 Combustion en milieu poreux
1.2.1 Champs d’application de la combustion en milieu poreux
1.2.2 Quelques grandeurs et notions d’échelles
1.2.3 Profils de température dans un brûleur poreux
1.2.4 Recirculation d’énergie dans les brûleurs poreux
1.2.5 Traitement du transfert radiatif en milieu poreux
1.2.6 Combustion à excès d’enthalpie
1.2.7 Stabilité de la combustion dans un milieu poreux
1.3 Modélisation de l’écoulement et de la combustion en milieu poreux
1.3.1 Approche macroscopique
1.3.2 Approche microscopique
1.4 Potentiel de l’impression additive 3D
1.5 Synthèse et définition des objectifs
CHAPITRE 2 ÉTUDE PRÉLIMINAIRE : MODÈLE NUMÉRIQUE ET CHOIX
D’UN MAILLAGE SUR UNE GÉOMÉTRIE SIMPLIFIÉE
2.1 Motivations
2.2 Modèle numérique
2.2.1 Équations fondamentales de la mécanique des fluides – Équations de Navier-Stokes
2.2.2 Équation de transport
2.2.2.1 Discrétisation temporelle (terme transitoire)
2.2.2.2 Terme source
2.2.2.3 Terme de diffusion
2.2.2.4 Discrétisation spatiale (terme de convection)
2.2.2.5 Algorithme de résolution
2.3 Géométrie, conditions initiales, conditions aux limites
2.4 Choix du pas de temps
2.5 Choix du maillage
2.5.1 Écoulement 2D
2.5.2 Écoulement 3D
2.6 Synthèse du chapitre
CHAPITRE 3 ÉCOULEMENT FROID LAMINAIRE EN MILIEU POREUX
3.1 Caractérisation du milieu poreux, domaine de calcul
3.2 Modifications apportées au modèle numérique
3.3 Analyse macroscopique de l’écoulement
3.3.1 Régimes d’écoulement
3.3.2 Gradient de pression macroscopique
3.3.2.1 Corrélations dimensionnelles du gradient de pression
3.3.2.2 Perméabilité du milieu poreux
3.3.2.3 Corrélations non dimensionnelles du gradient de pression
3.4 Analyse microscopique de l’écoulement
3.4.1 Observation de l’écoulement en régime de Forchheimer (6<Rep<65)
3.4.1.1 Champs scalaires de pression et de vitesse
3.4.1.2 Champs vectoriels de vitesse
3.4.1.3 Lignes de courant
3.4.2 Observation de l’écoulement en régime laminaire non linéaire (Rep>65)
3.4.2.1 Champs scalaires de pression et de vitesse
3.4.2.2 Champs vectoriels de vitesse
3.4.2.3 Lignes de courant
3.5 Étude de la dispersion dans le milieu poreux
3.6 Synthèse du chapitre
CHAPITRE 4 ÉTUDE DE L’ÉCOULEMENT EN MILIEU POREUX EN PRÉSENCE D’UN GRADIENT DE TEMPÉRATURE
4.1 Complément au modèle numérique
4.1.1 Équation de conservation de l’énergie
4.1.2 Conditions aux limites et conditions initiales
4.2 Analyse macroscopique du transfert de chaleur par convection
4.3 Analyse microscopique de l’écoulement en présence d’un gradient de température
4.4 Synthèse du chapitre
CHAPITRE 5 COMBUSTION EN MILIEU POREUX
5.1 Modèle numérique complet
5.1.1 Conservation de l’énergie dans la phase solide
5.1.2 Conservation de l’énergie dans la phase gazeuse
5.1.3 Transport des espèces chimiques
5.1.4 Modélisation de la réaction de combustion
5.1.5 Récapitulatif des hypothèses simplificatrices
5.1.6 Conditions aux limites et conditions initiales
5.1.7 Exécution des calculs
5.2 Résultats macroscopiques
5.2.1 Combustion à excès d’enthalpie
5.2.2 Bilan des flux de chaleur
5.2.3 Vitesse de flamme et stabilité de la combustion
5.2.4 Gradient de pression
5.2.5 Efficacité de la CMP
5.3 Observations microscopiques de l’écoulement dans le cas de la CMP
5.3.1 Distribution de la température
5.3.2 Champs de vitesse
5.4 Influence du matériau et de l’arrangement de la matrice solide
5.5 Synthèse du chapitre
CONCLUSION

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