Généralités

Ces dernières années, la situation de pauvreté à Madagascar s’est amplifiée du fait des crises sociopolitiques que traverse le pays. Selon le rapport de l’INSTAT, 76,5% des Malgaches sont classés comme pauvres en 2010. Les travailleurs sont l’une des victimes directes de la crise avec la dégradation du marché de travail marquée par une augmentation du chômage et du sous-emploi et, surtout, une explosion du secteur informel de subsistance, un effondrement du pouvoir d’achat et un creusement sensible des inégalités. En plus, le choix du type d’emploi est très limité et souvent l’emploi recherché ne coïncide pas avec l’emploi accessible. Or, il est unanimement reconnu que l’emploi joue un rôle crucial dans la lutte contre la pauvreté et l’intégration sociale. Le travail est considéré comme le fondement de la dignité humaine étal source d’autonomie. Ainsi, le fait pour un individu d’exercer un travail lui donne plus de considération vis-à-vis d’autrui.

Généralités sur le travail

Définitions

Il n’y a pas de définition universelle et unique du terme « travail » mais la définition varie suivant les recherches qui ont été menées par les auteurs. Le mot « travail » révèle plusieurs significations mais en tout cas, parler du monde de travail dans une société donnée n’écarte pas l’idée d’atelier, de bureau, ou encore du grand magasin. Ainsi, le travail est toujours exercé dans un endroit bien déterminé : c’est le poste de travail.

La plupart des philosophes et des économistes définissent le travail comme : «l’effort pénible de l’homme » . C’est une sorte d’obligation et de nécessité qu’on ne peut pas s’en passer et on y fait un sacrifice. C’est une soumission à des ordres donnés et un moyen de recevoir un certain salaire. Le travail tend toujours vers un but déterminé : produire une richesse capable de satisfaire son propre besoin ou celui d’autrui, ou gagner plus d’intérêts pour réaliser d’autres objectifs. C’est l’activité que l’homme déploie quand il y est forcé par la contrainte ou poussé par l’intérêt.

Le travail est aussi perçu comme : « l’ensemble des actions que l’homme exerce de différentes manières sur la matière, réagissent ensuite sur l’homme en le modifiant » .Cette interaction entre l’homme et son milieu grâce à la technique et à la technologie représenterait une explication de la dynamique sociale.

Caractéristiques du travail

Le travail est une utilité
Pour Georges Friedmann, le travail a un caractère utile. L’activité de travail se distingue essentiellement par ses buts, son utilité et par la valeur des produits qu’elle crée. L’emploi des forces physiques et morales est représenté par le travail et ceci dans le but de produire des richesses ou des services. Pour Bergson (in Traité de sociologie du travail), le travail humain consisterait même à créer de l’utilité. Pour Karl Marx, le travail a une double utilité : la propriété de satisfaire un besoin, qu’il a de commun avec toutes les marchandises, et celle de créer de la valeur, qui le distingue de toutes les marchandises et l’exclut.

Le travail est une nécessité
Le travail demeure une nécessité parce qu’il procure à l’homme l’argent indispensable à la satisfaction de tous ses besoins.

Le travail est une lutte contre la nature
D’autres économistes affirment que le travail consiste avant tout à fabriquer ainsi qu’à organiser une lutte contre la nature dans un cadre donné comme la société. Ce rapport homme-nature n’est pas récent, mais c’est principalement Karl Marx qui a théorisé ce rapport en le mettant en lien avec la notion de travail. La nature est ainsi transformée par l’homme, grâce à la technique, au moyen de travail et cette nature modifiée réagit ensuite sur l’homme en le modifiant lui aussi. En plus il n’est pas sans intérêt de préciser que le développement de l’espèce humaine, exigeant des procédés d’exploitation de plus en plus nombreux et perfectionnés des ressources de la nature, fait du travail un impératif économique et social auquel l’individu ne peut échapper. L’homme est dans cette optique une puissance naturelle vis-à-vis de la nature, en utilisant et en mettant en profit les forces de son corps.

Le travail est une source de joie
Le travail nous apporte de la joie. Il nous confère le sentiment de notre puissance et nous fait prendre conscience du sentiment de notre utilité : « Le travail, qui permet à l’homme de triompher peu à peu de la résistance que lui opposent le monde extérieur et le monde intérieur, est par là même une source de joie, d’autant plus puissante que l’homme se passionne et s’intéresse davantage à ce qu’il fait » . Le travail considéré comme une occupation concordant avec les aptitudes réelles, devient l’antidote par excellence de la tristesse, du chagrin, de l’ennui et du vice. Et Voltaire a même affirmé  que : « Le travail éloigne de nous trois grands maux : l’ennui, le vice et le besoin » .Il faut reconnaître que le travail demeurent la plus salutaire réaction contre les peines de l’existence. C’est une tâche qui nous accapare, nous délivre et nous grandit. Par lui, nous nous affirmons et donnons un sens à notre vie. Et nous sentons que nous forgeons un avenir meilleur et que notre personnalité s’épanouit.

Le travail est une forme d’aliénation et d’exploitation 

Selon Georges Friedmann et Pierre Neville, si l’activité de travail peut amener à des effets positifs sur la personnalité et peut participer à la réalisation de soi, le travail doit aussi être abordé sur son versant négatif qui peut comporter des formes d’exploitation et d’aliénation humaines. Le déploiement d’énergie physique ou intellectuelle que réclame le travail, les luttes parfois âpres qu’il exige pour vaincre la matière engendrent souvent une fatigue déprimante. Ainsi un travail qui ne correspond pas à l’individu peut entraîner des effets nocifs. Tout travail ressenti comme quelque chose d’étranger par celui qui l’accomplit serait alors un travail « aliéné ».

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