Crises de la dette prévention et résolution

Crises de la dette : prévention et résolution

Crises de la dette : théorie et pratique

Principes généraux

Lorsque l’on compare les dettes souveraines et les dettes des entreprises, un certain nombre de différences importantes doivent être soulignées. Une société qui fait faillite conserve une valeur liquidative qui peut être vendue par les créanciers. Il n’en va pas de même pour un pays, les créanciers ne pouvant pas rapatrier le PIB global. Il est nécessaire que le pays fasse preuve d’unecertainevolontédepayer.Cefaisant,commelescréanciersnedisposentd’aucunegarantie,lavaleurdeleurcréanceestproportionnelleaupréjudice qu’ils peuvent porter aux pays défaillants. Les défauts de paiement doivent être douloureuxet compliquéss il’on veut dissuade les débiteurs de ne pas honorer leurs engagements ;cequiestuninconvénient ex post mais peut être un avantage exante pour le pays,dans la mesure où cela peut permettre d’augmenter l’offre decrédit.C’estl’unedesraisonspourlesquelles de nombreux débiteurs importants sont encore réticents à participer à un MRDS(mécanismederestructurationdeladettesouveraine):ilscraignent que ce mécanisme n’effraie leurs créanciers et ne précipite la crise. Aucun de ces arguments n’est totalement convaincant. Tout d’abord, bien qu’il soit vrai que le paiement dépende toujours de la « volonté de payer »des pays en dettés, il apparaît également que cette volonté,quivarie en fonction des sanctions promises, est proportionnelle au PIB ou aux exportations, à raison cependant d’un facteur inférieur à un. Ce qui a mène au second argument. Des renégociations de dette en cas de défaillance grave peuvent être interprétées de deux façons. Prenons l’exemple d’un pays qui a le choix entre le paiement intégral de sa dette ou le défaut de paiement. Il préférera le paiement intégral à la défaillance tant que la dette est inférieure à un seuil déterminé. Toutefois, au-delà de ce seuil, la stratégie optimale ne consiste pas à accepter la défaillance du pays débiteur mais à faire en sorte qu’ilverseunmontantinférieuràlavaleurnominaledeladette.Cettestratégie est de toute évidence préférable à une défaillance pure et simple, tant ex post (le pays débiteur n’y trouve peut-être pas d’intérêt mais les créanciers, eux, obtiennent un remboursement) qu’ex ante (puisque le prêt initialestplusélevé).C’estlaraisonpourlaquelle,commetouttribunaldes
faillites, un mécanisme qui favorise la rationalité collective de la prise de décision en cas de défaut de paiement est a priori une bonne chose.

Les crises financières des années quatre-vingt-dix étaient-elles différentes ?

Au cours de la période précédant 1982,lors que le Mexique a suspendu le paiement de sa dette externe, les spreads de taux d’intérêt étaient faibles, excédantrarement200-250 points de base, la plupart des banquiers estimant à l’époque que les pays ne pouvaient faire défaut sur leur dette. Les spreads sur la dette du Mexique et sur celle du Brésil ont augmenté au cours des mois précédant le moratoire de la dette, mais les bailleurs, majoritairement des consortiums bancaires sans souvenir des crises des années trente,n’ontpas vraiment anticipé la crise de la dette des années quatre-vingt.Larésolution decettecriseafinalementprisplusieursannéesaucoursdesquellesleséconomiesd’Amériquelatineontstagné–àtelpointquelerevenuparhabitant a retrouvé le niveau atteint à la fin des années soixante ;cettepériodeasouvent été qualifiée de « décennie perdue ».
Le temps mis pourrés oudrecette crise s’explique notamment par la complexité de la recherche d’un accordimpliquant non seulement les pays débiteurs et les banques, mais également les gouvernements des pays riches (et leursélecteurs).Avantquel’AccordBradyn’entre enfinenapplication,une étapeaétéfranchielors que le FMI a décidé d’accorder des crédits à des pays en arriérés de paiement,réduisant ainsi de fait le pouvoir de négociation des banques,les quelles menaçaient le pays endetté d’une interdiction de bénéficier des prêts du FMI.Les banquescommerciales,quis’attendaienttoutesà un renflouement de la part des pays riches, ont alors compris qu’il était temps de parvenir à un règlement. La nature des crises de la dette a changé dans les années quatre-vingt-dix. Les acteurs sont différents. Des entreprises privées sont venues s’ajouter aux débiteurs souverains sur les marchés financiers.Les prêteurs,eux aussi, ne sont plus les mêmes:il s’agit davantage de détenteursd’obligationsque de syndicats de prêts bancaires. L’expérience des années quatre-vingt, durant lesquelles d’importants déficits publics entraînaient un endettement élevé et des crises majeures, n’est plus le seul scénario déclencheur de crises. Des crises de confiance, par le biais des taux de change ou des taux d’intérêt, créent d’autres scénarios. La complexité des crises s’est accrue : lescrisesasiatique,mexicaineetrusseprésententunéventaildecasqu’ilest difficile de regrouper sous un seul modèle.Certaines crises étaient prévues, d’autres non, et bien souvent pour de bonnes raisons à chaque fois. Prenons comme exemples de crises prévues celles de l’Argentine et de l’ÉquateuretcommeexemplesdecrisesimprévuescellesdelaCoréeet du Mexique.

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