Définition des metas concepts de la theorie du modele de mcgill

La paternité

L’ensemble des articles qui ont permis de construire cette problématique se centralisent principalement autour de deux personnes: la mère et l’enfant. Il est probablement juste de considérer cela ainsi car se sont les deux acteurs principaux touchés directement lors de dépression périnatale. La place du père est indirectement reliée au second plan et semble peu présente dans les écrits. Une absence qui semble surprenante sachant que selon un article publié par Moreau en 2001, « depuis plusieurs années (…) la paternité est devenu un objet de recherche pour le clinicien qui travaille dans le domaine de la périnatalité » (p. 9). Selon un article de recherche, Quelvennec, Griffond, Blanquet, Vasselin et Bonnerue (2003) expliquent que : Durant la grossesse, le père est impliqué de manière imaginaire et uniquement par l’intermédiaire de la mère dans l’approche de son enfant, cela bien qu’il en sente les mouvements.

L’accouchement donne à la femme un terme concret à sa grossesse, alors que pour l’homme tout reste à faire. (p. 33) Les changements dans la société d’aujourd’hui ont favorisé la levée des tabous entourant la grossesse et la paternité. L’homme a pu renforcer et asseoir sa place de futur père, ce qui entraîna l’apparition de nouvelles recherches sur la dynamique familiale. D’après plusieurs études, l’homme « doit accomplir un travail psychique complexe » (Moreau, 2001, p. 10) durant l’ensemble de la grossesse et par la suite. Il va passer par différentes phases de deuils répétitifs comme le deuil de l’enfant rêvé ou le deuil de ne pas pouvoir enfanter. L’homme va subir des transitions psychologiques liées à la paternité entre son rôle d’homme et celui de père. Des transitions comme celle de la diminution de son rôle d’homme au cours de la grossesse. Ces modifications de rôles peuvent induire, par exemple, une diminution des rapports sexuels entre l’homme et la femme enceinte (Moreau, 2001; Lotz & Dollander, 2004; Lamour, 2013).

Pour Lamour (2013), la première rencontre du père face à son enfant peut être variée. « La première rencontre va de l’agréable surprise à la déception, voire à un état de choc, de l’attachement immédiat au rejet massif » (p. 12). L’arrivée de l’enfant réel dans le système de famille est perçue vraisemblablement de la même manière par le père que pour la mère. L’arrivée de l’enfant est donc un facteur influençant l’attachement futur apporté par les parents. Les écrits de Lamour (2013) semblent démontrer que « si le bébé réel est perçu comme trop diffèrent du bébé imaginaire, cela s’accompagnera d’une vraie déception ou au contraire de surprise et de plaisir, selon que l’enfant est moins bien ou mieux que l’enfant attendu » (p. 12). Certains facteurs comme une prématurité ou un handicap peuvent favoriser cette désillusion. La période postnatale est propice pour que le père face le lien avec son enfant dans le processus de parentalisation et l’acceptation du bébé réel. Celle du post-partum serait aussi à risque pour les hommes pouvant également développer des troubles psychologiques en lien avec la transition vers la paternité (Lotz & Dollander, 2004; Lamour, 2013).

Il est important d’inclure le père dans le processus de soins lié à la pathologie du post-partum. Son intégration dans le processus de soins lui permet de faire des liens avec son enfant, il est une ressource et un soutien pour sa femme. Lotz et Dollander (2004), en s’appuyant sur diverses études, donnent à penser que « la période de la grossesse voit se dérouler une transition intrapsychique imaginaire, chez les futurs parents, de l’investissement de la « relation à deux » à la « relation à trois » » (p. 281). La mère et l’enfant sont dans un système de dyade construit grâce au lien de la grossesse. A l’arrivée de l’enfant, la dyade évolue car le père les rejoint, le système devient un système triadique. C’est la transition vers son rôle de père qui va lui permettre de constituer à son tour une dyade avec son enfant. Le système triadique se poursuit car chacun dans le système à son rôle propre à remplir. L’interaction parents-enfant permet le maintien de la triade. Ce système triadique s’appuie sur des travaux de Lamour et Lebovici concernant l’interaction parents-enfant (Lotz & Dollander, 2004; Lamour, 2013).

Unité mère-enfant une solution pour la prise en charge

La prise en charge psychiatrique doit être globale. Dugnat, Arama, & Cao (2001) expliquent que : La réponse aux besoins des femmes souffrant de maladies mentales comprend plusieurs niveaux : la consultation pendant la grossesse, la psychiatrie de liaison en maternité, la mobilisation des ressources de la communauté et l’hospitalisation conjointe mère-bébé qui doit faire appel à la famille comme thérapeute. (p. 5) Entre 1980 et 2010 de nombreuses études à travers le monde ont souligné l’importance d’une hospitalisation conjointe mère-enfant dans des graves cas de dépression post-partum (Vliegen et al., 2013). Les objectifs d’une hospitalisation conjointe « s’articulent autour d’une prise en charge de la mère, de l’enfant et des interactions entre les deux » (Buhot, Maron, Lestienne, & French, 2008, p. 30). La dépression post-partum touche prioritairement la mère. L’enfant est en bonne santé. « Les soins sont avant tout centrés sur une prise en charge rapide et efficace de la maladie mentale de la mère » (Sutter-Dallay, 2008, p. 24). Sutter-Dallay (2008) rappelle que l’un des principes fondamentaux de la prise en charge globale semblerait être : Pour ne pas séparer une mère psychiquement malade de son nourrisson, tout en assurant à ce dernier les conditions d’un bon développement, les institutions ont donc imaginé ces unités du soin psychique périnatal, que sont les unités d’hospitalisation conjointes mère-bébé. (p. 23) L’unité d’hospitalisation conjointe mère-enfant est une réponse favorable dans la prise en charge. L’hospitalisation mère-enfant est d’abord préventive. Le principe de l’hospitalisation est d’accompagner la mère et son enfant dans leurs interactions réciproques. Le processus d’attachement pourra ainsi s’effectuer dans un cadre de bienveillance qu’offre l’équipe soignante. L’attachement est perturbé par la maladie psychiatrique de la mère (Buhot et al., 2008; Dugnat et al., 2001; Isserlis & Bolle-Fouanon, 2001; Jeanson, 2008; Sutter-Dallay, 2008).

L’existence d’unités psychiques spécialisées en hospitalisation conjointe existe depuis environ 30 ans. Malgré cela, peu d’études relatives aux potentiels d’influences positives ou négatives de ces unités sur la prise en charge lors de la dépression post-partum ont été réalisées. Le cadre et l’environnement de l’hospitalisation conjointe se concentrent sur trois niveaux mis en évidence par la recherche empirique ; « le traitement de la mère déprimée, avec une attention particulière à la relation avec son partenaire; l’attention sur la relation mère-enfant et favorisant la création d’un environnement favorable en dehors du cadre de traitement » (Vliegen et al., 2013, p. 153). Le traitement de la mère déprimée consiste « en une approche psychothérapeutique et psychopharmacologique combinée » (Vliegen et al., 2013, p. 153). La construction de l’environnement et du cadre se réfère aux théories de Winnicott permettant d’offrir un espace plus confortable et disponible pour les pères notamment, avec des horaires de visite adaptés à la situation. L’hospitalisation est conjointe, cependant dans un premier temps pour des raisons liées à l’état de fatigue voir d’épuisement autant physique que psychique de la mère son besoin de repos est pris en compte. La mère et son enfant se retrouvent dans un premier temps dans deux chambres séparées. (Vliegen et al., 2013). « Le cadre favorable leur permet de se découvrir dans leur nouveau rôle de mère » (Vliegen et al., 2013, p. 154). Lors de l’hospitalisation conjointe le cadre offre un personnel de soutien et émotionnellement disponible et interdisciplinaire (infirmier/ère, infirmier/ère spécialisée dans les soins à l’enfant, psychologue, assistant social).

Culture et Grossesse « La culture est un ensemble de convictions partagées et de comportements qui caractérisent un groupe » (Larousse, 2014). Les cultures ont une parentalité qui leur est propre (Gélard, 2003). « La filiation et, par voie de conséquence, les conceptions locales de la relation, c’est-à-dire la manière dont les individus les caractérisent, sont au coeur même de la représentation de la parenté » (Gélard, 2003, p. 131). Par exemple, les coutumes dans la tribu berbère des Aït Khebbach sont différentes des coutumes occidentales. « La filiation s’effectue en ligne exclusivement patrilinéaire, conformément au système de parenté arabe » (Gélard, 2003, p. 131). Les rituels de l’accouchement sont différents suivant les cultures et la localisation géographique. La tribu des Aït Khebbach, par exemple, possède des rituels liés au post-partum spécifiques à leurs croyances. Gélard (2003), donne à penser que: Les différents événements et pratiques rituelles qui suivent la naissance d’un enfant éclairent le rôle joué par les femmes. L’observation des premiers soins prodigués à la mère et au nouveau-né permet de qualifier la nature de la relation les unissant. L’agrégation au groupe familial paternel n’a lieu qu’au matin du septième jour. Jusque-là, c’est l’affiliation de l’enfant à sa mère, via l’allaitement, qui s’illustre par l’examen des prescriptions alimentaires et des pratiques « galactogènes ». (p. 131)

La relation mère nourrisson est représentée de manière différente dans la société de la tribu berbère. Une recherche de Gélard (2003) explique que : Tout se passe comme si durant les sept jours qui suivent la naissance, l’enfant et sa mère ne sont pas séparés, dissociés. Ils ne semblent former qu’une seule et même personne. Cette impression est renforcée par le fait que l’enfant ne possède pas encore de nom, celui-ci ne lui sera donné qu’après le rituel sacrificiel du septième jour. Il n’est donc pas possible de le nommer autrement que par des métaphores. Entre elles, pour désigner le nourrisson les femmes diront : « Félicitations à celui qui est né » ou évoqueront le prénom ou le nom de la mère. (p. 131) Le nourrisson devra attendre sept jours de vie avant d’être considéré comme faisant partie de la société (Gélard, 2003). Cet exemple illustre l’importance pour les soignants de comprendre la culture de la famille pour la prise en charge de ceux-ci pendant la période du post-partum. L’exemple permet d’identifier d’autres systèmes de parenté et de pouvoir faire un parallèle avec le système occidental. Il est observable que la relation nourrisson-mère est symbiotique. La mère peut durant ces sept jours créer un lien avec son enfant et vice-versa (Gélard, 2003). La problématique mène à la question de recherche suivante : Quelles sont les interventions infirmières en milieu hospitalier qui peuvent soutenir les femmes souffrant de dépression postpartum et leur entourage ?

Table des matières

1 INTRODUCTION
2 PROBLEMATIQUE
DONNEES EPIDEMIOLOGIQUES
LE POST-PARTUM
CONSTRUCTION DE LA RELATION
THEORIE DE L’ATTACHEMENT
LES TROUBLES PUERPERAUX
LA DEPRESSION POST-PARTUM
LES DEPRESSIONS POSTNATALES PRECOCES
LES DEPRESSIONS POSTNATALES TARDIVES
2.7 LES FACTEURS DE RISQUES
2.8 LA PATERNITE
2.9 UNITE MERE-ENFANT UNE SOLUTION POUR LA PRISE EN CHARGE
CULTURE ET GROSSESSE
3 CADRE DE REFERENCE
ROLE INFIRMIER
LE MODELE DE MCGILL
DEFINITION DES METAS CONCEPTS DE LA THEORIE DU MODELE DE MCGILL
4 METHODE
4.1 BASES DE DONNEES
4.2 STRATEGIE DE RECHERCHE DOCUMENTAIRE ET EQUATIONS DE RECHERCHE
4.3 CRITERES D’INCLUSIONS ET D’EXCLUSIONS
4.4 LISTE DES ARTICLES SELECTIONNES
5 RESULTATS
5.1 RESUMES DES LECTURES CRITIQUES
6 SYNTHESE DES RESULTATS
6.1 CONCEPT DU COPING
6.2 CONCEPT DE LA PERSONNE/FAMILLE
6.3 CONCEPT DE L’APPRENTISSAGE
6.4 CONCEPT DE L’ENVIRONNEMENT OU LE CONTEXTE D’APPRENTISSAGE
6.5 CONCEPT DE LA COLLABORATION INFIRMIERE-PATIENT
7 DISCUSSION
7.1 CARACTERES GENERALISABLES DES RESULTATS
7.2 LIMITES DU TRAVAIL DE BACHELOR
7.3 CONCEPT DU COPING
7.4 CONCEPT DE LA PERSONNE/FAMILLE
7.5 CONCEPT DE L’APPRENTISSAGE
7.6 CONCEPT DE L’ENVIRONNEMENT
7.7 CONCEPT DE LA RELATION DE COLLABORATION
7.8 REPONSE A LA QUESTION DE RECHERCHE
7.9 IMPLICATIONS ET RECOMMANDATIONS POUR LE ROLE INFIRMIER
8 CONCLUSION
LISTE DE REFERENCES
ANNEXES

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