Dégradation des écosystèmes côtiers

CARACTERISATION DES PÊCHERIES DANS LA RESERVE NATURELLE DE POPENGUINE ET IMPLICATION POUR LA GESTION DE L’AIRE MARINE PROTEGEE

Dans un contexte de dégradation des écosystèmes côtiers due à une pression anthropique toujours plus intense et multiforme, les Aires Marines Protégées (AMP) sont apparues depuis le début des années 2000 comme un instrument de gestion intégrée de plus en plus préconisé au niveau international (sommet mondial pour le développement durable de Johannesburg en 2002). Ainsi, en Afrique de l’ouest, une partie significative des populations de la faune sauvage est incluse dans des zones bénéficiant d’un statut de protection particulier. Ces espaces protégés présentent la particularité d’être habité par des communautés humaines qui en sont les usagers traditionnels. Au Sénégal, la pêche artisanale est confrontée localement à un déficit d’encadrement institutionnel et technique des producteurs et des transformateurs de la ressource. Après l’indépendance du Sénégal en 1960, la gestion traditionnelle de la pêche artisanale et des ressources halieutiques a été délaissée au profit d’une gestion centralisée par l’Etat. Mais la pêche n’est pas une activité économique décentralisée et reste, en effet, sous la tutelle du Ministère de l’Economie maritime, représenté au niveau local par le service des pêches. Cependant le Sénégal a pris conscience de la nécessité d’appliquer une gestion durable des pêches et des ressources en ratifiant l’OMD 7 sur la gestion des ressources naturelles et le développement durable d’ici l’horizon 2015. Par ailleurs, l’insuffisance de l’implication des collectivités locales dans la prise en charge et l’encadrement des pêcheurs constituent une entrave particulièrement grave au développement harmonieux et durable de l’activité halieutique. Les collectivités territoriales se sont longtemps senties peu concernées par les problèmes des pêcheurs comme d’ailleurs de la gestion de l’environnement côtier, puisque cette dernière relève du domaine national, donc de l’Etat. Enfin, les collectivités se sont jusqu’à présent assez peu souciées du problème de l’organisation de la commercialisation locale et régionale des produits halieutiques. L’expérience montre aujourd’hui que le statut de protection dont bénéficient les AMP s’est avéré essentiel pour le maintien de leurs valeurs sociales, économiques et culturelles. En retour, les communautés locales, par leur connaissance des milieux et des ressources, et par leur présence sur le territoire, contribuent directement et de manière durable à la gestion des AMP et à leur surveillance. L’existence de ces milieux, où diversité culturelle et naturelle se renforcent mutuellement, fournit à son tour des opportunités en matière d’écotourisme, d’artisanat, d’éducation et de recherche scientifique. Les AMP ne constituent donc pas des territoires isolés où l’on tente, coûte que coûte, de protéger un patrimoine culturel et naturel. Elles doivent s’inscrire dans une approche intégrée de l’aménagement du territoire comme des espaces qui, par leur vocation, s’articulent en synergie avec les autres espaces de la zone côtière, fournissant un grand nombre de services aux sociétés dans leur ensemble. Depuis la création des cinq AMP (Delta du Saloum, Joal, Saint-Louis, Kayar, Abéné) par décret présidentiel du n° 2004-1408 du 4 novembre 2004, l’Etat du Sénégal s’était fixé comme objectif principal, la conservation des espèces menacées ou en voie de disparition. Ces espaces protégés sont également destinés à l’aménagement des pêcheries et la protection des zones de reproduction des ressources halieutiques. L’AMP de Popenguine bénéficie de caractéristiques naturelles particulières qui lui confèrent un statut et un modèle de gouvernance unique en leur genre. Elle se trouve dans un espace naturel communautaire où les populations locales tirent l’essentiel de leur besoin en protéines et en ressources végétales des écosystèmes. Le choix de la Réserve Naturelle de Popenguine se justifie par son statut hautement communautaire, son caractère à la fois marine et continental et l’intégration encore insuffisante des pêcheries dans la gestion du site. A Popenguine, la pêche est devenue un maillon important dans l’économie de la Commune. Elle représente un important moyen de subsistance alimentaire pour les populations de la Commune, ainsi qu’une source d’emploi pour les populations locales. Le principal objectif de ce thème d’étude et de recherche est de contribuer à la caractérisation des pêcheries dans la réserve naturelle de Popenguine et à l’identification de leurs implications dans la gestion de l’AMP. Le présent document comprend quatre parties :

Les AMP

Les Aires Marines Protégées (AMP) sont des échantillons représentatifs des écosystèmes marins et côtiers. Elles abritent des richesses naturelles mondiales et jouissent, à ce titre, d’une haute valeur symbolique. Le congrès mondial de la conservation tenu à Montréal en octobre 1996 reprend la définition que l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN) donne d’une AMP : « Tout espace intertidal ou infratidal ainsi que ses eaux sous-jacentes, sa flore, sa faune et ses ressources historiques et culturelles que la loi ou d’autres moyens efficaces ont mis en réserve pour protéger en tout ou en partie le milieu ainsi délimité » (UICN, 1996). Il s’agit là d’une définition extensive du concept d’Aire Marine Protégée qui s’imbrique aujourd’hui dans celle d’Aire Protégée (UICN, 2008). Le concept d’AMP s’est développé à partir des années 1970 à la faveur d’une prise de conscience par la communauté internationale des destructions engendrées par les activités humaines et de leurs conséquences, parfois irréversibles sur l’environnement marin.

C’est ainsi que depuis la conférence de Rio de 1992, force est de reconnaitre que les AMP ne sont plus un simple enjeu écologique. Elles sont maintenant considérées comme des sphères territoriales cohérentes, susceptibles de participer à des degrés divers au développement des populations vivant à l’intérieur de la zone protégée, à proximité et au-delà. L’amélioration des conditions de vie des résidants et le maintien de leurs activés est indissociable de la garantie de ressources marines et côtières pérennes. Les AMP constituent un instrument privilégié de la gestion intégrée des zones côtières. Sous condition d’une configuration appropriée, elles sont susceptibles de pouvoir répondre à plusieurs objectifs de gestion : conservation des écosystèmes côtiers, gestion des pêcheries et des autres usages étroitement liés aux ressources et à la biodiversité marine.

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