Distribution des ignames cultivées collectées

Distribution des ignames cultivées collectées

Pour accompagner le développement actuel de la culture des ignames à Madagascar, l’estimation de la prévalence et la caractérisation partielle des viroses présentes sur les ignames cultivées de parcelles paysannes de certaines régions productrices du pays ont été réalisées. Des tests PCR ont permis de détecter le Dioscorea bacilliform virus (badnavirus) sur les trois espèces d’ignames les plus fréquemment rencontrées, Dioscorea alata, D. bulbifera et D. esculenta. Le séquençage partiel de ces virus a permis de révéler la présence d’au moins dix souches distinctes réparties dans six des treize groupes génétiques de DBV. Plus problématique pour ses effets sur le rendement, une souche originale de Yam mild mosaic virus (potyvirus) a également été mise en évidence par RT-PCR sur une plante D. alata. Compte tenu de la présence constatée de virus, des mesures de sélection sanitaire, incluant destruction des plants infectés, sélection et indexation des plants-mères, mise en place de pépinières de multiplications sécurisées et schéma de quarantaine, sont proposées avant toute diffusion de matériel végétal vers des zones de culture indemnes ou introduction de variétés exotiques d’intérêt.

A Madagascar, l’igname est une ressource alimentaire marginale mais néanmoins importante pour les populations rurales. Elle contribue comme plante d’appoint à assurer leur alimentation pendant la période de soudure. Comme la plupart des plantes à tubercules, elle est moins sensible aux aléas climatiques et consomme moins d’eau que le riz pour lequel les malgaches sont très fortement dépendants. Historiquement importante à Madagascar, elle a cependant perdu progressivement de son importance face au développement d’autres plantes à racines plus faciles de culture mais malheureusement moins riches nutritionnellement, telles que le manioc et la patate douce. Cette dernière décennie, différents acteurs locaux (CTHA, Faculté des sciences d’Antananarivo, Fofifa) et internationaux (Cirad, Intercoopération suisse, Royal Botanic Gardens de Kew) ont diversement agi pour relancer la culture de l’igname à Madagascar, d’autant que cela pouvait limiter le prélèvement en milieu naturel, à fin alimentaire, des espèces d’ignames sauvages endémiques et en danger d’extinction. Une étude récente (Rajaonah et al, 2010) a révélé que plusieurs espèces d’ignames sont cultivées à Madagascar. On retrouve majoritairement l’espèce Dioscorea alata, présente au moins sous forme de 12 morphotypes classés dans 3 groupes génétiques, et l’espèce D. esculenta ne présentant qu’un seul morphotype. L’espèce D. bulbifera, représentée par 2 morphotypes (bulbille sphériques ou anguleuses) est plus marginalement consommée. Contrairement aux espèces endémiques qui font exclusivement l’objet de cueillettes, ces trois espèces cultivées ont toutes une origine sud-est asiatique et mélanésienne et ont été très probablement apportées par les peuples indonésiens lors des premières colonisations de la Grande île.

Peu d’informations existent sur l’état sanitaire des ignames cultivées à Madagascar. Parce qu’elles sont essentiellement propagées végétativement par plantation de fragments de tubercules ou de bulbilles, les ignames cultivées ont tendance à accumuler des viroses, entraînant progressivement une diminution de la production et de la qualité des tubercules récoltés (Thouvenel et Dumont, 1990). Souvent associées à d’autres bio-agresseurs (anthracnose, cochenilles, nématodes), elles peuvent entraîner la disparition totale de certains cultivars ou espèces sensibles. Les virus connus susceptibles d’infecter les espèces d’ignames tropicales sont principalement transmis par les insectes piqueurs tels que les pucerons et les cochenilles. Ils sont principalement au nombre de cinq (Brunt et al, 1989) : 1- Cucumber mosaic cucumovirus (CMV), 2- Dioscorea baciliform badnavirus (DBV), 3- Dioscorea latent potexvirus (DLV), 4- Yam mosaic potyvirus (YMV), 5- Yam mild mosaic potyvirus (YMMV). Ces virus sont L’élimination des virus d’une plante est, cependant, délicate voire impossible sans manipulations précises comme, par exemple, la culture in vitro de méristèmes, et nécessite, dans la plupart des cas, la destruction des plants infectés. C’est pourquoi, il est important de se préoccuper, plus particulièrement, de la non-expansion des viroses à l’échelle locale et nationale, voire internationale.

Zone de prospection et collecte du matériel végétal

La collecte d’échantillons d’igname (feuilles) a été réalisée en avril 2010 sur la côte orientale (Brickaville, Mahanoro) de Madagascar dans une des principales zones de culture d’ignames. Différents villages où la culture de l’igname est pratiquée, ont été prospectés. La stratégie de collecte a consisté, dans un lieu donné, à prélever prioritairement une feuille sur les plantes présentant des symptômes viraux typiques ou douteux (mosaïque, déformation de feuille, tâche foliaire, chlorose,…), sur au moins une plante de chaque espèce présente, et, sur au moins une plante de chaque variété présente. Des échantillons provenant de la collection de plantes vivantes du Département de Biologie et Ecologie Végétales (Faculté des Sciences, Antananarivo), elles-mêmes collectées en 2009 dans diverses régions productrices, ont également été prélevés. Les feuilles ont été conditionnées à plat dans des sachets plastiques type Minigrip, fermés hermétiquement et vidés du maximum de leur air. Dès que possible, les feuilles ont été conservées au frigo, à 4°C, sinon à température ambiante, pour une dizaine de jour maximum. De retour au laboratoire, les échantillons ont été immédiatement congelés tels quels à -20°C.dans des jardins de case. Il s’agissait essentiellement de D. alata et D. esculenta, plus rarement D. bulbifera, moins consommée. Le nombre de plants est relativement faible et n’est jamais supérieur à une vingtaine environ. Les plantes grimpent plus ou moins spontanément sur des tuteurs naturels (arbre, case,…). Une seule parcelle d’ignames, en sous bois, éloignée des habitations a été visitée à Antobitilo. Des ignames de moindre importance (D. bulbifera, D. sansibarensis), pouvant servir occasionnellement d’appoint alimentaire ou médicinal, ont souvent été observées sur le bord des routes à l’état spontané, leur caractère bulbifère favorisant leur dissémination naturelle. Trois espèces d’ignames cultivées ont été collectées : D. alata (24), D. bulbifera (5) et D. esculenta (10) et deux espèces spontanées : D. minutiflora (1) et D. sansibarensis (1)(tableau 1). Chez D. alata, quatre variétés ou morphotypes, Ovibe, Ovy lalaina et plus rarement Ovy vazaha et Ovy voay, ont été trouvées. Les deux morphotypes de D. bulbifera (bulbilles sphériques ou anguleuses), ont été trouvés, et uniquement un seul pour D. esculenta.

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