ECOLOGIE DES MESANGES DANS LE NORD-EST ALGERIEN

ECOLOGIE DES MESANGES DANS LE NORD-EST ALGERIEN

PRESENTATION DU MODELE BIOLOGIQUE

La Mésange bleue constitue un modèle de choix dans l’étude des populations de passereaux dans divers contextes écologiques (Blondel et al., 1993).

Limite génétique

Selon les décisions récentes de la Commission de l’Avifaune Française (CAF) (2009) ; une analyse phylogénétique des Mésanges (Paridae) fondée sur des séquences d’ADN mitochondrial suggère l’existence de six clades principaux parmi les espèces aujourd’hui Incluses dans le genre Parus (Gill et al., 2005) : Les Mésanges « bleues » (Cyanistes), Les Mésanges « charbonnières » (Parus sensu stricto), Les Mésanges « huppées » nord-américaines (Baeolophus), Ecologie des Mésanges dans le Nord-Est algérien 16 Les Mésanges « huppées » eurasiennes (Lophophanes), Les Mésanges « noires » (Periparus), Les Mésanges brunes à capuchon noir (Poecile). Les données suggèrent que les Mésanges « bleues » (P. caeruleus et P. cyanus) occupent une position basale dans l’arbre des Parus. Gill et al. (2005) proposent de reconnaître neuf genres de Mésanges parmi lesquels se trouvent les six clades cité précédemment, en argumentant que le traitement générique actuel des Mésanges n’est pas satisfaisant, car Parus, l’un des genres les plus grands chez les oiseaux, n’est pas monophylétique. Ils proposent donc d’assigner les Mésanges à six genres différents en tenant compte de l’histoire évolutive des espèces. Cette proposition a été retenue par la CAF à la suite des Britanniques et des Néerlandais. La plupart des Mésanges placées sur la Liste des Oiseaux de France font donc l’objet d’une modification générique comme indiqué dans le tableau 3. Tableau 3. Changements de noms scientifiques chez les Mésanges.

Etymologie

Son nom binominal taxinomique Cyanistes caeruleus vient du grec kuanos (« éclat bleu, métallique »), et caeruleus (« bleu foncé »). Quant à son nom vernaculaire mésange, il est issu du francique meisinga (« mésange »), probablement dérivé de l’ancien haut allemand meisa ou maisa, adjectif qui signifie « menu ». Le nom anglais de la mésange bleue, blue tit (« petite bleue ») fait également référence à cette petite taille et à la couleur bleue de son plumage.  L’espèce à laquelle le naturaliste suédois Carl Von Linné a donné son nom de Parus caeruleus, est décrite dans la dixième édition de son Systema Naturae en 1758. Le naturaliste Conrad Gessner décrit déjà scientifiquement cette espèce en 1555 dans son ouvrage de zoologie Historia animalium en 1953. Aristote, dans son ouvrage Histoire des animaux, classe cette mésange dans les Aegithalos (en latin aegithus) qui se traduit probablement par « petit oiseau », peut-être même par « mésange ».

Evolution de la position systématique

Des analyses génétiques en 2002 montrent l’existence de deux espèces de mésange bleue auparavant confondues : Parus caeruleus en Europe, et Parus teneriffae en Afrique du Nord, sur les îles Canaries et Pantelleria. Suite à des études de systématique plus poussées en 2005, l’American Ornithologists’ Union sous l’impulsion de l’ornithologue Frank Gill et la British Ornithologists’ Union proposent de placer la mésange bleue non plus dans un sous-genre mais un genre à part, Cyanistes. La Commission de l’Avifaune Française décide en 2009 de changer le nom scientifique de la mésange bleue Parus caeruleus en Cyanistes caeruleus. Ce changement de nom est adopté dans la classification de référence du Congrès ornithologique international.

Systématique

Cette espèce a été décrite par le naturaliste suédois Carl Von Linné en 1758. (Tab. 4) Tableau 4 : Classification du Cyanistes caerulerus Classification Règne Animalia Embranchement Chordata Classe Aves Ordre Passeriformes Famille Paridae Genre Cyanistes Espéce Cyanistes caerulerus Sous-espèce Cyanistes caerulerus ultramarinus  La sous-espèce ultramarinus, observée du Maroc jusqu’en Tunisie, est caractérisée morphologiquement par une calotte noire, un manteau bleu-gris foncé, et un bec plus court que celui de la sous espèce européenne P.c.caeruleus (Photo 1). Photo 1: Sous-espèces de mésange bleue (Cyanistes caeruleus). A. C.c ultramarinus (Afrique du Nord) © S.Benyacoub / B. C.c.caeruleus (Europe) © Y.Thonnerieux /C. C.c.teneriffae (îles Canaries) © F.Leviez / D. C.c.ogliastrae (Corse, Sardaigne, sud ibérique)

Description morphologique

D’une longueur totale d’environ 13 cm, d’un poids de 9 à 12 g et d’une envergure comprise entre 12 et 14 cm, la Mésange bleue se distingue par une petite tête arrondie et un cou peu développé. La présence d’un trait sourcilier noir passant par l’œil et une petite calotte bleue sur fond blanc sont des aspects typiques de cette espèce. Les plumes du ventre et de la poitrine sont jaunes et barrés d’une bande étroite médiane gris sombre. Les ailes sont bleutées avec du bleu vif sur les grandes couvertures et au poignet. Elle présente un dimorphisme sexuel au niveau de la taille avec le mâle légèrement plus grand que la femelle (Blondel et al., 2002). Ce dimorphisme existe également au niveau de la couleur du plumage de différentes régions du corps (au niveau de la tête, le dessus de la queue, le dos (Hunt et al., 1998). A B C D

Répartition géographique

Sa large distribution dans le paléarctique occidental, depuis la Scandinavie aux îles canaries au sud et de l’atlantique à l’Oural à l’est (Perrins, 1979) (Fig. 6), a drainé des données provenant de diverses régions de l’aire de répartition, et a permis des investigations sur la phylogénie des différentes sous espèces (Kvist et al., 2004) ainsi que l’analyse de l’évolution des traits d’histoire de vie en fonction de la latitude et des divers facteurs écologiques associés (Fargallo, 2004). Figure 6 : Aire de répartition de la mésange bleue Cyanistes caeruleus dans le monde (Source : International Union for Conservation of Nature 2017) 

Habitats naturels et nids

La mésange bleue est une espèce cavicole secondaire, nichant dans les cavités naturelles des arbres, ou les cavités creusées par d’autres espèces telles que les pics (Photo 2) (In Boulahbal, 2012). Photo 2 : Cavité naturelle de la mésange bleue dans un arbre ©A.LANGDON 

Dimorphisme sexuel

Il existe un dimorphisme sexuel chez la mésange bleue au niveau de la taille, avec le mâle légèrement plus grand que la femelle (Blondel et al,, 2002). Ce dimorphisme existe également au niveau de la couleur du plumage, le mâle a des teintes plus vives que la femelle (Dejongue, 1990). Les deux sexes sont très similaires sauf que le mâle a un collier plus large bleue-noir et des couvertures alaires plus sombres que la femelle (Photo 3) (Kightley et Madge, 1997).  Photo 3 : Dimorphisme sexuel chez la Mésange bleue : Le mâle (à gauche) présente une calotte (1) et des couvertures alaires supérieures (2) bleu marin / noir brillant tandis que la femelle se voit bleu plus clair et plus terne. Le collier (3) est plus épais chez le male. 2.8.2. Reproduction Elle se reproduit entre la fin du mois de Mars et la mi-juillet. La période de la reproduction varie selon la latitude et l’altitude (Lack, 1954 ; Chabi, 1998). Après la construction du nid, la femelle pond jusqu’à 15 œufs en Europe continentale, de 4 à 13 œufs en Corse (Blondel et al., 1998 ; Lambrechts et al., 1997) et de 4 à 12 œufs en Afrique du Nord (Moali et al., 1992 ; Chabi, 1998). Elle pond 1 œuf par jour tôt le matin et commence généralement à couver lorsque la ponte est complète (In Bouslama, 2003). La date de ponte se montre étroitement liée à la latitude dans l’aire de répartition, présentant un gradient sud-nord, les populations vivant dans les latitudes nordiques se reproduisant plus tard que celles vivant dans les régions sud de cette aire. La taille de ponte tend à diminuer vers les parties périphériques de l’aire de répartition et semble maximale vers les parties centrales, traduisant une étroite adaptation des populations aux conditions écologiques locales (Fargallo, 2004). Le succès reproductif reste tributaire de la quantité de ressources disponibles dans le milieu ainsi que des niveaux de prédation ou de parasitisme (In Boulahbal, 2012). Ecologie des Mésanges dans le Nord-Est algérien 22 Après l’envol, les jeunes sont assistés par leurs parent durant une période d’environ trois semaines (Perrins, 1979 ; Dias, 1994). 

Longévité

C’est un oiseau qui a une durée de vie variable car la plupart des jeunes meurent dans la première année de leur naissance et par manque d’habilité à se nourrir seuls et également par un manque de rapidité d’échapper aux prédateurs. Pour ceux qui ont eu le privilège de dépasser le cap, l’espérance de vie augmente considérablement car, d’après Blondel et al. (1992 a) la survie annuelle moyenne varie de 40 à 60%. La longévité maximale de 11 ans et 5 mois a été observée en Angleterre (Perrins, 1979) (In Bouslama, 2003). 

Rythme d’activité et comportement

La Mésange bleue est un petit oiseau très actif et très agile. Elle est sans cesse en mouvement à la recherche de sa nourriture. Elle a une façon bien à elle d’évoluer dans les houppiers en adoptant des positions acrobatiques autorisées par ses doigts griffus. Elle se laisse pendre à l’extrémité des rameaux, la tête en bas, et explore du bec suivant la saison bourgeons et fructifications. Lorsqu’elle en a terminé avec une brindille, elle s’installe sur la suivante qui subit un mouvement de balancier caractéristique. En saison de reproduction, la Mésange bleue forme des couples territoriaux. Malgré sa petite taille, elle est batailleuse et sait se montrer agressive envers les intrus de même taille qui lui font concurrence, en particulier pour les sites de nidification. Néanmoins, la densité spécifique est souvent l’une des plus élevées parmi les passereaux forestiers. Le mâle en parade se laisse tomber, ailes étendues, depuis les houppiers en vue de la femelle, et se présente devant elle ailes écartées et vibrantes, calotte bleue bien en vue. Il pratique aussi l’offrande de nourriture à la femelle qui quémande dans l’attitude du poussin, en faisant trembler ses ailes. Pour l’attirer vers la cavité qui pourrait abriter le nid, le mâle effectue de lents glissés vers elle pour l’inviter à la visiter. La Mésange bleue cherche sa nourriture en hauteur dans les arbres, en moyenne plus haut que les autres membres de la famille et descendant plus rarement au sol. La nuit, la Mésange bleue se tient dans le lierre ou les feuillus denses, mais aussi dans des endroits abrités comme des creux ou des trous quand il fait mauvais temps. Après l’émancipation Ecologie des Mésanges dans le Nord-Est algérien 23 des jeunes et pour toute la période inter-nuptiale, les Mésanges bleues forment avec d’autres espèces de mésanges, grimpereaux et roitelets, des groupes ui vagabondent en quête de nourriture, tout d’abord en forêt, puis au fur et à mesure que le froid gagne, e rapprochent des milieux urbanisés où elles savent pouvoir trouver un complément alimentaire. Elles fréquentent assidûment les postes d’alimentation, appréciant graisse et graines grasses. C’est une migratrice partielle en Europe. Les oiseaux de nos régions sont généralement sédentaires mais les populations vivant en Europe du Nord et du Nord-Est sont affectées par des mouvements d’assez grande ampleur en direction du sud-ouest du continent. 2.8.5. Régime alimentaire Le régime alimentaire pendant la période de reproduction est principalement insectivore. Les proies préférentielles sont les chenilles défoliatrices des jeunes feuilles des arbres, mais les jeunes peuvent être nourris par d’autres Arthropodes tels que les araignées, les sauterelles, et les phasmes (Blondel et al., 1991 ; Banbura et al., 1994 et 1999 ; Sakraoui, 2000). En hiver, elle se nourrit de fruits, de baies et de graines (Perrins et Cuisin, 1987) mais ceci dépend de l’habitat et de la période de l’année (Betts, 1955) (In Bouslama, 2003)

Prédation

La prédation chez la mésange bleue a été étudiée dans les forêts du nord-est algérien durant cinq années. Les observations ont été réalisées pendant la saison de reproduction, dans des nichoirs placés dans la subéraie de la forêt domaniale de Brabtia (parc national d’El Kala). Les résultats ont révélé que les mésanges nord africaines subissent la perte de plus de 36% des nids chaque année et semblent être soumises à une pression de prédation au nid plus intense que les populations vivant dans les forêts tempérées européennes. Cinq type de prédateurs sont impliqués dans ce processus : la genette commune, le pic épeiche, le lézard ocellé, les fourmis, ainsi que des Rongeurs. La genette est le principal prédateur des nids de mésanges dans les nichoirs. Les pressions de prédation aux stades œuf et poussin sont statistiquement similaires. La prédation est plus intense en fin de saison de reproduction. De plus, le taux de prédation a augmenté au cours des années d’étude et a induit un ajustement Ecologie des Mésanges dans le Nord-Est algérien 24 phénotypique par la réduction de la taille de ponte moyenne. Enfin, les nids artificiels ne subissent pas de pression de prédation significativement différente de celle relevée sur les nids naturels. Ils ont été attaqués et détruits essentiellement par le lézard ocellé et les Rongeurs.

Table des matières

1. DESCRIPTION GENERALE DE LA ZONE D’ETUDE
1.1. Aperçu climatologique
1.1.1. Climat
1.1.2. Le Bioclimat
1.1.2.1. La température 1
1.1.2.2. Les vents
1.1.2.3. L’humidité de l’air
1.1.2.4. La pluviosité
1.2. Aperçu géologique
1.3. Hydrographie
1.4. Biodiversité écosystémique
2. PRESENTATION DU MODELE BIOLOGIQUE
2.1. Limite génétique
2.2. Etymologie
2.3. Evolution de la position systématique
2.4. Systématique
2.5. Description morphologique
2.6. Répartition géographique
2.7. Habitats naturels et nids
2.8. Données bioécologiques
2.8.1. Dimorphisme sexuel
2.8.2. Reproduction
2.8.3. Longévité
2.8.4. Rythme d’activité et comportement
2.8.5. Régime alimentaire
2.8.6. Prédation
3. METHODOLOGIE GENERALE
3.1. Description du site d’étude
3.2. Description de la végétation
3.3. Description de la méthodologie
3.3.1. Choix et placement des nichoirs
3.3.2. Suivi de la construction des nids
3.3.3. Suivi de la phénologie de reproduction
3.3.3.1. Le taux d’occupation
3.3.3.2. La date de ponte
3.3.3.3. La taille ou grandeur de ponte
3.3.3.4. Le succès à l’éclosion
3.3.3.5. Le succès à l’envol
3.3.3.6. Le succès reproductif
3.3.4 Etude morphométrique des pulli
3.3.4.1. Mesure du Tarse
3.3.4.2. Mesure de l’aile
3.3.4.3. Mesure du culmen
3.3.4.4. Mesure du poids
3.3.5. Etude des ectoparasites des nids
3.3.5.1. Récupération des nids
3.3.5.2. Déparasitage et conservation
3.3.5.4. Identification taxonomiques des parasites
3.3.5.4.1. Les puces
3.3.5.4.2. Les tiques
3.3.5.4.3. Les mites
3.3.5.5. Calcul des indices parasitaires
3.3.5.5.1. Estimation de la prévalence
3.3.5.5.2. Intensité moyenne parasitaire
3.3.5.5.3. Abondance parasitaire
3.3.6. Analyses statistiques des données
RESULTATS
1. PARAMETRES DE REPRODUCTION DE LA MESANGE BLEUE
1.1. Durée de construction des nids
1.2. Mesure du volume des nids
1.3. Taux d’occupation des nichoirs
1.4. Période et date de ponte
1.5. Grandeur de ponte
1.6. Succès de la reproduction
1.7. Succès à l’envol
1.8. Succès à l’éclosion
1.9. Temps d’élevage des jeunes
2. DESCRIPTION DES PARAMETRES MORPHOMETRIQUES DES PULLI
2.1. Masse moyenne des pulli
2.2. Mesure de l’aile
2.3. Mesure du tarse
2.4. Mesure du culmen
3. ECOLOGIE ECTOPARASITAIRES COMPAREE ENTRE NICHOIRS STANDARDS ET NICHOIRS EXPERIMENTAUX
3.1. Caractérisation taxonomique
3.1.1. Ixodidés
3.1.2. Dermanyssus gallinae
3.1.3. Ceratophyllus
3.2. Analyse des indices parasitaires
DISCUSSION

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