Effet de l’activité physique d’un point de vue clinique

Effet de l’activité physique d’un point de vue clinique

L’accumulation progressive de tissu adipeux au sein de l’organisme peut se faire à différents endroits comme décrit précédemment avec l’apparition d’une obésité gynoïde ou androïde et des risques associés. Cet excès de graisse, notamment au niveau abdominal, est associé à l’apparition de pathologies métaboliques et l’exercice physique a été désigné pour diminuer ce tissu adipeux viscéral (Zhang et al., 2017). Plusieurs méta-analyses ont montré que l’entrainement en endurance diminuait significativement la masse grasse viscérale avec ou sans perte de poids associée (Maillard et al., 2018; Ross et al., 2020; Vissers et al., 2013). De manière intéressante, l’exercice aérobie a été rapporté pour être plus efficace dans la diminution de la masse grasse sous-cutanée abdominale (Yarizadeh et al., 2020). De plus, il existe une relation dose-réponse entre la quantité d’exercice aérobie réalisée et la diminution de graisse viscérale chez les sujets obèses (Ismail et al., 2012; Ohkawara et al., 2007). L’exercice physique, allant de la marche rapide à l’exercice aérobie, permet une diminution significative du poids corporel à partir de quelques semaines de pratique (Bouchard et al., 2009; Fisher et al., 2015) à plusieurs mois (Donnelly et al., 2009; Heydari et al., 2012; Irving et al., 2008; Sijie et al., 2012; Zhang et al., 2017). En plus de cette perte de poids, l’exercice permet également de réduire la masse grasse viscérale et abdominale de manière importante (Heydari et al., 2012; Hong et al., 2014; Irving et al., 2008; Lee et al., 2012; Zhang et al., 2017). De plus, dans certaines études, la sensibilité à l’insuline est améliorée par l’exercice physique soit sous forme d’entrainement combinant les exercices aérobie et de résistance (Bell et al., 2007; Lee et al., 2012) soit par la marche et les exercices à intensité modérée ou à haute intensité (Fisher et al., 2015; Hong et al., 2014). Chez les personnes âgées, les exercices de résistance et de flexibilité permettent une amélioration de la fonction et de la fragilité physiques (Villareal et al., 2011) (Tableau 14).

L’effet de l’exercice physique sur l’obésité a aussi été étudié sur des modèles expérimentaux. Afin d’induire le phénotype obèse chez les rongeurs, la plupart des études utilisent un régime riche en sucre et en graisse (HFS) (Lutz, 2018) avant l’introduction des protocoles d’activité physique. L’activité physique peut être mise en place par l’introduction de roues dans les cages ou par des sessions de nage ou tapis de courses. La durée du protocole peut aller de 4 à 20 semaines (Tableau 15). La consommation d’un régime HFS dans un modèle murin ou de rat résulte en une prise de poids importante, mais induit aussi des désordres métaboliques importants comme l’inflammation amenant à un état d’insulino-résistance pouvant provoquer une infiltration lipidique majeure au niveau des muscles, du tissu adipeux et du foie. L’exercice physique permet de diminuer significativement cette prise de poids induite par la consommation du régime HFS ainsi qu’une réduction de l’adiposité, en particulier viscérale et sous-cutanée. De plus, l’exercice physique va également permettre d’améliorer certaines fonctions métaboliques. Il permet d’améliorer l’homéostasie du glucose et des lipides avec notamment une augmentation de la glycogénolyse musculaire et hépatique, la lipolyse des triglycérides et l’oxydation des lipides dans le tissu adipeux (Hargreaves and Richter, 1988; Horowitz and Klein, 2000). Il contribue également à l’amélioration de la sensibilité à l’insuline et du transport du glucose à la fois dans le muscle squelettique et dans le tissu adipeux (Stanford et al., 2015).

Il a été rapporté dans des modèles expérimentaux que l’exercice physique était impliqué dans le changement d’activité du tissu adipeux blanc avec la présence d’adipocytes beiges au sein de celui-ci. Ce phénomène est appelé beigisation et est caractérisé par une augmentation d’expression des gènes impliqués dans l’activité et la biogenèse mitochondriales (UCP1, PGC1-β, PPAR-α etc.) (Rocha-Rodrigues et al., 2016; Stanford et al., 2015). De plus, l’obésité est accompagnée d’une augmentation des taux plasmatiques de leptine et d’une diminution de l’adiponectine induisant la mise en place d’une réponse pro-inflammatoire. Quand l’exercice physique est ajouté, une baisse de la réponse inflammatoire est observée avec une diminution de la leptine et une augmentation de l’adiponectine (Fang and Tang, 2017; Gollisch et al., 2009; Loustau et al., 2020). Les autres adipokines pro-inflammatoires sécrétées par le tissu adipeux sont également diminuées par l’exercice physique, dont le Tumor Necrosis Factor α (TNF-α), les interleukines 6, 8 et 10 (Gehrke et al., 2019; Gollisch et al., 2009; Kawanishi et al., 2012; Loustau et al., 2020). L’expression du Monocyte Chemoattractant Protein 1 (MCP1), impliqué dans l’infiltration macrophagique, est également réduite (Fang and Tang, 2017; Gehrke et al., 2019; Kawanishi et al., 2012; Loustau et al., 2020).

 

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