Émissions gazeuses au cours de l’élevage des oiseaux

Gestion de la litière

La nature et les quantités de litière produites seront différentes suivant l’espèce élevée. Une litière homogène sera obtenue à partir d’un support assez fin qui se mélangera facilement du fait de l’activité des animaux. La paille broyée, les copeaux ou encore un mélange paille-copeaux sont préférables à la paille entière. En cas d’utilisation de copeaux, il sera nécessaire de veiller à la sciure, laquelle présente en trop grande quantité, a tendance à conserver l’humidité absorbée et à favoriser la formation de croûtes en surface.
La litière demande un entretien soigneux de la part de l’éleveur :
ventilation et chauffage suffisant pour maintenir la litière sèche, en particulier en fin de lot, utilisation de produits limitant la production d’ammoniac (superphosphate par exemple), enlèvement des croûtes autour du matériel d’élevage et notamment des abreuvoirs,
rajout régulier, si nécessaire, de litière, surtout dans le cas de l’élevage de dindes (Meleagris gallopavo), car une bonne litière doit être souple et sèche.
Pour limiter la production d’ammoniac, l’ITAVI (2001a) recommande d’éviter de remuer les litières à partir de 25 jours d’élevage, afin de limiter l’activité de la microflore aérobie ; d’épandre, environ deux fois par semaine, une fine couche de nouvelle litière. Il n’y a alors plus ou très peu de NH3 produit, faute de déjections en contact avec l’air. Le confort thermique des animaux peut de plus s’en trouver amélioré.
Les quantités de litière nécessaires peuvent varier suivant la saison, la nature du sol du bâtiment et la capacité de l’éleveur à bien maîtriser la ventilation de son bâtiment (ITAVI, 1997a).
Les recommandations concernant la litière en fonction de l’espèce sont présentées dans le tableau 1.

Traitements chimiques de la litière

Le contrôle chimique de la production d’ammoniac s’effectue par une inhibition de la croissance des micro -organismes qui décomposent l’acide urique ou par neutralisation de l’ammoniac relâché. Maintenir la litière à un pH faible de 6 (dans le cas des produits acidifiants comme l’alun, le sulfate d’aluminium, le mélange acide sulfurique/argile) inhibe la croissance des bactéries uricolytiques et augmente cette capacité de maintenir l’ammoniac à une faible concentration dans le bâtiment.
Le superphosphate et l’acide phosphorique ont été étudiés comme inhibiteurs de la croissance microbienne. Ces produits présentent l’avantage d’être peu chers et facilement disponibles. Le superphosphate est le produit le plus utilisé dans les élevages. Il a une action asséchante sur la litière. L’utilisation bihebdomadaire aux doses de 100 à 200 mg/m2 s’avère intéressante. Ce produit ne demeure actif que pendant 5 jours environ. L’acide phosphorique a la capacité de réduire la production d’ammoniac d’un facteur de quatre par son action acidifiante.
La chaux, agent alcalin, a un effet bactéricide et bloque par son pH de 9 à 11 la fermentation (ITAVI, 1997b).
Le bisulfate de sodium (nom déposé PLT) est largement utilisé dans la péninsule du Delmarva (Etats-Unis d’Amérique) comme amendement de la litière de volaille pour supprimer les émissions d’ammoniac à l’intérieur du poulailler. Ce produit chimique est habituellement utilisé à un taux de 25 kg/100 m2 pour chaque bande de volailles (Guo et al., 2009a). Pope et Cherry (2000 dans Guo et al., 2009a) ont démontré que l’amendement de PLT réduisait le pH et le nombre de bactéries totales de la litière, mais n’agit pas ni sur le taux humidité de la litière ni sur le taux d’azote.
2. Inoculation des litières avec des flores microbiennes
Guinebert et Pénaud (2005) ont évalué l’intérêt de l’apport régulier directement sur la litière d’une flore spécifique (BACTIVORND, inoculum constitué de souches de Bacillus subtilis sélectionnées en fonction de leur aptitude à se multiplier et à dégrader la litière selon des critères métaboliques définis) dans cinq poulaillers de dindes. Celle-ci serait à même d’orienter le développement microbien et de modifier les processus de dégradation de la matière organique, sous son influence pour aboutir à une maturation bénéfique. La compétition bactérienne entretenue par ces apports entraînait la réduction drastique des entérobactéries et des coliformes dans la litière.
Ce travail permet aux auteurs de conclure sur les perspectives intéressantes apportées par le contrôle microbiologique de la litière pour répondre aux exigences de protection de l’environnement et du bien être animal.
De la même façon, l’objectif d’Allain et Aubert (2009) était de mesurer les effets de l’ensemencement d’une litière de poulets de chair en début de bande par un complexe de micro-organismes en termes de pertes gazeuses, de compostage et d’assainissement. Les résultats obtenus montrent une réduction de plus de 80 % des pertes d’azote sous forme ammoniacale en bâtiment, un bon assainissement, et un bon compostage (augmentation de 40 % de l’azote organique). Le produit final obtenu lors du compostage sans retournement d’andain correspond à la norme NF U44-051 des amendements organiques, il est donc commercialisable.
L’inoculation de la litière au cours de l’élevage des animaux permet une réduction des pertes ammoniacales, ainsi qu’une diminution de la proportion d’azote lessivable présente dans les fumiers maturés. Les nuisances liées à l’épandage (odeurs notamment) sont limitées avec cette pratique. Enfin, l’inoculation permet de réduire les risques de contamination pour les animaux liés à la forte concentration en entérobactéries des litières non traitées, ainsi que par les microorganismes potentiellement pathogènes présents dans ces milieux.

Modifications des litières : causes

Ambiance

Un lot de 20 000 poulets produit environ 40 tonnes de fientes soit 30 tonnes d’eau et rejette 36 tonnes d’eau par le phénomène de la respiration. Ces importantes quantités d’eau sont à évacuer du bâtiment, d’où l’importance de la maîtrise de l’ambiance à l’intérieur de celui-ci. En effet, une mauvaise gestion de l’ambiance aboutira à une humidification importante de la litière avec des conséquences au niveau du confort des animaux et de la production d’ammoniac.

Ventilation

La ventilation a pour objectif d’assurer le renouvellement de l’air, et donc l’évacuation de l’humidité ambiante, permettant ainsi à la litière de rester sèche (moins de 20 % d’humidité). Cependant, les mouvements d’air sont susceptibles d’avoir une influence sur le confort des animaux en agissant sur les échanges thermiques entre le sol, l’air et l’animal et peuvent être à l’origine de diarrhées chez les jeunes.
Tout ce qui va perturber l’élimination de l’eau contribuera à l’humidification de la litière et à sa détérioration, avec toutes les conséquences négatives aussi bien sur l’ambiance que sur les animaux (ITAVI, 1997a).
La ventilation permet également de contrôler le taux d’ammoniac dans le bâtiment, qui doit idéalement rester inférieur à 15 à 20 ppm même si, pour cela, lorsque les températures extérieures sont froides, il faut chauffer le bâtiment (Jacquet, 2007).

Température

Une ambiance froide est préjudiciable à la qualité des litières. Tant que les températures des parois, comme de la toiture du bâtiment, ainsi que celle de la litière, sont plus faibles que la température des animaux, ces derniers perdent de la chaleur par rayonnement. Par ailleurs, les sources de chauffage et les parois latérales froides provoquent des circuits de convection difficilement supportés par les jeunes animaux. Les conséquences d’une température ambiante insuffisante sont les suivantes :
apparition de fientes semi-liquides et brillantes, croûtage des litières le long des murs latéraux,
répartition inégale des animaux, avec risque de dégradation locale de la litière, salissure du plumage des animaux (à cause des diarrhées).
L’augmentation de la température ambiante permet d’obtenir des litières plus sèches, car le pouvoir d’absorption de l’air est alors plus élevé (ITAVI, 1997a).
La température influence également l’activité des micro-organismes. Lorsque la température de la couche supérieure de la litière atteint 20 – 22 °C, l’activité microbienne aérobie s’accroît. À partir de 35 °C, un effet stérilisant apparaît et la production d’ammoniac décroît. Une élévation de la température augmente non seulement l’activité bactérienne et la production d’ammoniac, mais aussi les transferts de gaz provenant de l’air en contact avec la litière. Une faible augmentation de la température de 1 à 2 °C aura pour effet d’augmenter le niveau d’ammoniac dans les poulaillers (ITAVI, 1997b).

Hygrométrie

Il est préférable de maintenir l’hygrométrie relative de l’air ambiant entre 55 et 70 %, car :
si elle est inférieure à 55 %, il peut y avoir des problèmes liés à la présence de poussière,
si elle est supérieure à 70 %, il y a risque de forte humidification de la litière (ITAVI, 1997a).
Une litière trop humide par saturation de l’air en vapeur d’eau provoque un ralentissement des fermentations. Le taux d’humidité d’une litière à forte production d’ammoniac oscille entre 20 et
40 % d’hygrométrie relative (ITAVI, 1997b).
De nombreux systèmes ont été développés récemment afin de réduire l’impact des émissions atmosphériques sur l’environnement et de faciliter la gestion des déjections avicoles (fumier de volailles de chair et pondeuses). En ce qui concerne les bâtiments de volailles de chair, de simples mesures permettraient de réduire les émissions d’ammoniac, telles que l’épaisseur de la litière et l’amélioration des systèmes d’abreuvement (da Borso et Chiumenti, 1999).
Pour les bâtiments de pondeuses, plusieurs études sur le séchage ont démontré leur efficacité. Cependant, ces systèmes ne permettaient pas d’obtenir un taux de matière sèche du produit supérieur à 50 % et s’accompagnaient par ailleurs de nuisances olfactives et d’émissions d’ammoniac au cours du stockage et de l’épandage.

Sol

L’évolution d’une litière sur deux types de sols montre que le sol en terre battue présente un taux de matière sèche de 5 à 8 points supérieur à celui d’un sol bétonné. Les risques liés à un sol imperméable sont les suivants :
humidification accrue des litières par un phénomène de condensation au niveau du sol, 32
augmentation de la production d’ammoniac,
fragilisation de la santé des animaux (ITAVI, 1997a).

Espèce animale et âge

Le comportement animal favorise parfois la production d’ammoniac. Un animal ayant une forte activité comme la pintade aère fortement la litière et favorise l’activité enzymatique aérobie. L’effet âge de l’animal intervient indirectement par rapport à la quantité de déjections présente dans la litière et aux paramètres physiques (température, hygrométrie) qui vont se modifier en cours d’élevage (ITAVI, 2001a).

Litière

Nature

En élevage de dinde, l’utilisation d’une litière à base de paille hachée conduit à un tassement de celle-ci sous le poids des animaux, avec pour conséquences une moindre absorption et une détérioration plus rapide (ITAVI, 1997a).
La production d’ammoniac provenant d’une nouvelle bande sur de la litière nouvelle sera lente dans un premier temps, mais après approximativement 20 jours, le pH augmente, facilitant le développement d’une des principales bactéries uricolytiques (Bacillus pasteurii) et donc la production de ce gaz (ITAVI, 2001a).

Épaisseur

Des épaisseurs faibles de litière (moins de 10 cm) seront assez vite saturées en humidité (ITAVI, 1997a).

Humidité

Si la litière est trop sèche (moins de 15 % d’humidité – base humide), elle pourra générer un excès de poussières en suspension, induire des mauvaises conditions d’élevage pour les oiseaux, et des problèmes de santé pour les travailleurs à la ferme. En effet, la poussière est le support de moisissures, bactéries et endotoxines potentiellement nocives pour les humains. Elle peut également causer des problèmes de santé, notamment chez les personnes asthmatiques.
À l’inverse, si la litière est trop humide, soit au-delà de 40 % d’humidité, se développent des conditions d’anaérobiose favorables à la production d’odeurs désagréables (Maurer et al., 2009 ; McGahan et al., 2008). C’est pourquoi les éleveurs doivent maintenir la litière à un taux d’humidité moyen, environ 25 à 30 % (Maurer et al., 2009) en remplaçant les portions de litière humide ou en ajoutant en surface du substrat sec pendant l’élevage de la bande.

pH

Les fermentations ne peuvent se produire avec un maximum d’intensité qu’à un pH faiblement basique variant entre 7,8 et 8,8 et en présence d’une quantité suffisamment importante de déjections dans ou sur la litière (ITAVI, 1997b).

Densité des animaux

Des chargements excessifs des bâtiments rendent plus difficiles l’entretien et la bonne conservation de la litière. Les risques se situent à partir de 21 poulets/m2 (ITAVI, 1997a). Une densité accrue favorise la production d’ammoniac en privilégiant l’activité des micro-organismes uricolithiques. Température et hygrométrie de la litière sont en effet plus élevées comme la quantité de déjections produites (ITAVI, 1997b, 2001).

Type de démarrage

Le démarrage en ambiance a été testé sur des dindes. Cette technique a permis d’améliorer les performances et de faire les constats suivants :
meilleure répartition des animaux, meilleur état général des litières, meilleur emplumement,
poids moyen supérieur,
indice de consommation plus faible (ITAVI, 1997a).

Aménagement et équipement du bâtiment d’élevage

Un bon réglage des abreuvoirs permet d’éviter le gaspillage d’eau. Dans tous les cas où c’est possible, il est préférable d’utiliser des pipettes avec récupérateurs d’eau. D’autre part, il est essentiel que les abreuvoirs soient toujours réglés à une bonne hauteur, en adéquation avec la taille des oiseaux. Ces dispositifs permettent de garder plus sèche la surface de la litière et limitent la formation de croûtes (ITAVI, 1997a ; Jacquet, 2007).
Le bâtiment doit être aménagé pour éviter les entrées d’eau par le sol ou par les soubassements :
drainage du sol du poulailler si nécessaire, soubassements étanches,
isolation adéquate des murs et des sols pour prévenir la condensation, évacuation des eaux pluviales (gouttière ou caniveau).
L’éclairage naturel conduit à l’obtention de litières plus sèches que l’éclairage artificiel associé à une moindre activité des animaux (ITAVI, 1997a ; Jacquet, 2007).
De façon générale, les dispositifs permettant un séchage rapide des fientes limitent les dégagements d’ammoniac. Ceci est particulièrement vrai dans le cas des poules pondeuses élevées en cages (ITAVI, 2001a).

 Problèmes pathologiques

Diverses maladies infectieuses et non infectieuses peuvent augmenter la sévérité des brûlures, des pododermatites et des ampoules de bréchet ; toute maladie ou malformation squelettique qui réduit la mobilité de l’oiseau peut affecter son bien-être par l’augmentation du temps et de la surface de contact avec la litière (Jacquet, 2007). La dégradation des litières peut être mise en relation avec des troubles digestifs (diarrhées) dont les responsables peuvent être des agents infectieux d’origines diverses :
le sol,
les germes portés par la litière elle-même, les germes portés par les poussins,
la contamination de l’eau de boisson, le bâtiment mal désinfecté, l’aliment, l’homme,
d’autres vecteurs (insectes, rongeurs, …).
Lors d’une infection microbienne ou virale, la paroi intestinale peut être atteinte avec pour conséquence des dérèglements digestifs qui se traduisent principalement par des entérites. Cette pathologie s’exprime généralement par une sécrétion accrue d’eau et d’électrolytes et par une nécrose de la muqueuse intestinale entraînant une excrétion dans la litière de fractions alimentaires non digérées. Ces diarrhées profuses contribuent à l’humidification excessive des litières et provoquent l’augmentation des dégagements d’ammoniac (ITAVI, 1997a, b).

Alimentation

Certaines matières premières de l’aliment tant en quantité qu’en qualité peuvent induire des modifications physiologiques des animaux avec pour conséquence un risque d’augmentation de l’humidité des litières. Ces facteurs nutritionnels agissent de la manière suivante (ITAVI, 1997a) :
en augmentant la consommation en eau des animaux d’où des fientes plus liquides, en augmentant les rejets azotés,
en augmentant la teneur en eau des excréta,
en réduisant la digestibilité des graisses alimentaires (apparition de litières grasses).

Quantité et qualité des protéines

Les excès de protéines dans l’aliment provoquent une augmentation anormale de l’uricémie, laquelle va entraîner des précipitations d’acide urique au niveau des reins ; l’excrétion rénale des animaux est alors fortement sollicitée. En réponse, les volailles augmentent leur consommation en eau, responsable d’une humidification accrue des litières.
L’incorporation de protéines de faible digestibilité ou l’excès d’acides aminés conduit à une excrétion importante d’azote (ITAVI, 1997a). Les brûlures des animaux (pattes, points d’appuis) tendent à augmenter lorsque le taux d’azote dans la litière excède 5,5 %. Par ailleurs, plus l’activité microbienne aérobie est intense dans la litière, plus il y a d’ammoniac produit, que l’on retrouve dans l’air respiré par les animaux.
La présence d’ions ammonium dans la litière contribue à générer un pH élevé corrosif qui prédispose à des problèmes de manutention, stockage et entreposage (Kelleher et al., 2002).
Par ailleurs, Travel et al. (2005) ont montré qu’une réduction des apports alimentaires en azote chez le dindon en période de finition permettait de limiter les rejets azotés, sans pénaliser les performances des animaux.

Minéraux en excès

Des sels métalliques en très faibles quantités sont souvent incorporés à l’alimentation des volailles pour augmenter l’efficacité alimentaire, la production d’œufs, et pour prévenir les maladies. L’eau de boisson et le gaspillage de la nourriture par les oiseaux contribue également à la présence d’éléments traces dans la litière car ces sels métalliques ont un faible coefficient d’utilisation digestive. Les études montrent que lorsque du cuivre est incorporé dans l’aliment, sa concentration dans la litière est 5 à 6 fois plus élevée qu’en l’absence de supplémentation ; le rapport étant de 7 avec l’arsenic (Subramanian et Gupta, 2006).
Le cuivre et le fer sont ajoutés à l’aliment des volailles pour prévenir l’anémie, le sélénium est incorporé, quant à lui, comme antioxydant, le zinc et le manganèse pour assurer la qualité de la coquille d’œuf et la croissance des plumes (North et Bell, 1998 dans Gupta et Gardner, 2005).
Les excès de certains minéraux comme le potassium, le sodium et le chlore entraînent une surconsommation d’eau avec les mêmes conséquences que précédemment (ITAVI, 1997a).
Garet et al. (2003) ont montré qu’en réduisant les apports en cuivre et zinc des poulets de chair de 25 à 5 mg/kg et de 90 à 45 mg/kg, respectivement, cela ne modifiait pas les performances zootechniques et réduisait significativement le taux de cuivre et de zinc dans les fientes. De plus, l’utilisation de cuivre-méthionine n’avait pas d’effet sur le cuivre des excréments par rapport au CuSO4.5H2O, alors que le zinc-méthionine permet de diminuer la teneur en Zn des fientes par rapport à celle obtenue avec le ZnSO4.H2O.
Composés arsenicaux (Roxarsone)
La roxarsone, composé organo-arsenical (acide 3-nitro-4-hydroxyphénylarsonique) est largement employée dans la production de volailles à la fois pour contrôler les coccidies, que pour améliorer le gain moyen quotidien, l’indice de consommation, la qualité du plumage, augmenter la production d’œufs et la pigmentation de la peau et du plasma (Anderson, 1983, dans Brown et al., 2005). Incorporée à la dose de 20 à 40 mg/kg, elle est excrétée dans les fèces sans modification dans le fumier et introduite dans l’environnement quand la litière est épandue sur les terres agricoles comme engrais. En 2000, plus de 8,2 milliards poulets de chair ont été élevés aux Etats-Unis d’Amérique (USDA, 2001 dans Bednar et al., 2003). En utilisant une formule alimentaire classique, chaque oiseau excrèterait environ 150 mg de roxarsone pendant les 7 semaines de croissance (Anderson et Chamblee, 2001 dans Brown et al., 2005). Ce chiffre correspond donc à plus de 350 000 kg d’arsenic introduit dans l’environnement chaque année par l’épandage des fumiers d’origine avicole.

Phosphore et phytases

Dans les plantes, le phosphore est principalement présent au sein de molécules organiques telles que les phospholipides, phosphoprotéines et phosphoglucides. L’acide phytique (ou acide myo-inositol hexa-phosphorique) est le plus répandu des phosphoglucides. Il renferme six fonctions PO4 impliquées dans différentes liaisons avec les cations. Dans les graines, il est présent sous forme de phytine, complexe peu soluble de sels de Ca2+ et de Mg2+, et surtout de phytates mixtes de K+, Mg2+ et Ca2+. Les phytases sont les médiateurs de la déphosphorylation des phosphoesters (en particulier l’acide phytique des végétaux). Le phosphore en excès est un élément néfaste pour l’environnement et coûteux pour l’alimentation des volailles. Chez les poulets de chair, la teneur en phosphore des fientes dépend directement de celle de l’aliment. Le même type de relation est observé chez la dinde. Une réduction des apports de phosphore minéral dans l’aliment semble particulièrement réalisable en période de finition. D’autre part, la supplémentation avec des phytases microbiennes dans l’aliment diminue les rejets de phosphore chez les poulets de chair de 0,12 % pour une teneur moyenne de 1,04 % de phosphore dans les fientes sèches (Lescoat et al., 2005). Les phytases incorporées aux aliments des volailles sont notamment les phytases fongiques d’Aspergillus ficcum, A. niger et Peniophora lycii, ou bactériennes, d’Escherichia coli, par exemple. La phytase issue d’A. ficuum est celle qui montre la plus forte activité de dégradation du phosphore phytique in vitro (Dao et Hoang, 2008). Les phytases sont souvent incorporées à hauteur de 500 à 1000 unités phytase/kg d’aliment (Sauveur, 1993).

Présence de fibres

En fonction de la nature des matières premières et des quantités de fibres présentes dans l’aliment, la composition des déjections sera modifiée.
Par exemple, chez les dindonneaux, Carré et al. (1994) ont étudié le pouvoir collant des fientes en fonction du type d’aliment. Plus l’aliment contenait de parois végétales ou d’ « eau retenue par les parois », plus les fientes étaient sèches et paraissaient cohérentes, et plus leur pouvoir collant était faible. En effet, les parois végétales ne sont pas digérées par les oiseaux et conservent donc leurs propriétés physiques dans les excrétas. Vis-à-vis de l’eau, elles agissent comme un buvard et réduisent l’eau libre dans les excrétas. Ces derniers présenteront donc un aspect moins liquéfié, et un pouvoir collant plus faible.
Les parois végétales les plus hydratées se rencontrent chez les dicotylédones (probablement du fait de la présence de substances pectiques dans ces parois). On retiendra, par ordre décroissant de taux d’hydratation des parois : la luzerne, les tourteaux de tournesol, colza et soja, le corn gluten feed, le remoulage de blé et enfin le pois. Par rapport à ces dernières matières premières, les céréales usuelles comme le maïs et le blé se situent à des niveaux beaucoup plus faibles.
Enfin, le traitement technologique influence le niveau d’hydratation des parois. La granulation des aliments, notamment à forte température, réduit le pouvoir de rétention d’eau des parois végétales.
Les parois végétales n’étant pas digérées, conservent leurs propriétés dans les excrétas et y diminuent la proportion d’eau libre. Pour un même niveau d’eau absorbée, on obtiendra (ITAVI, 1997a) : soit des fientes collantes, soit des fientes normales ou plus liquides.

Matières grasses

Les matières grasses d’origine animale, riches en acides gras saturés, sont en général mal utilisées par le poussin à cause d’une production de bile réduite. Leur incorporation en quantité importante est à l’origine de litières grasses ou croûtées (ITAVI, 1997a ; Jacquet, 2007).

PSNA

Les polysaccharides non- amylacés (PSNA) contenus dans certaines matières premières (orge et seigle) ont la propriété de créer un gel en présence d’eau, ce qui augmente la viscosité de l’aliment dans le tube digestif, et a pour effet d’augmenter la consommation d’eau de l’animal. Les fientes sont alors collantes et humides, d’où une détérioration de la litière et une baisse de la qualité des produits (carcasses sales) (ITAVI, 1997a).

Dégradation des litières : conséquences

En présence d’une litière dégradée, les animaux peuvent présenter une diminution de leurs performances zootechniques voire développer une pathologie.
La baisse du poids vif, les ampoules du bréchet, l’augmentation des frais vétérinaires et du taux de saisie sont autant d’éléments qui viennent grever le revenu de l’éleveur (ITAVI, 1997a). Une réduction de l’appétit et un retard de croissance chez les jeunes animaux sont par exemple observés dès l’exposition à une concentration de 50 ppm d’ammoniac (ITAVI, 1997b).
De plus, une litière de mauvaise qualité, mal préparée, constitue un foyer idéal pour divers agents pathogènes de toutes natures (virus, bactéries, champignons et autres parasites). Parmi les protozooaires importants, une litière dégradée favorise le développement de coccidies qui peuvent être à l’origine a minima d’une diminution du poids vif chez l’adulte et d’une baisse de croissance chez le jeune.

Atteintes respiratoires

Une litière hachée trop finement (moins de 5 cm) et (ou) broyée à l’intérieur même du bâtiment d’élevage génère des poussières volatiles favorisant l’apparition de maladies respiratoires et vectrices de nombreux micro-organismes à tropismes variés.
Une forte teneur en ammoniac peut avoir une influence directe sur la santé des animaux. Il s’agit même de la conséquence la plus importante liée à une litière de mauvaise qualité. Or la production de ce gaz est promue par une humidité excessive de la litière, et ce d’autant plus qu’elle est constituée de paille. L’ammoniac agit directement sur l’appareil respiratoire ou comme facteur prédisposant à une maladie respiratoire clinique. Il provoque en particulier une irritation des voies respiratoires supérieures et augmente la production de mucus. Il altère le fonctionnement de l’escalator mucociliaire de la trachée et diminue en conséquence la résistance aux infections respiratoires. Pour ces raisons, il est recommandé de ne pas dépasser 15 ppm d’ammoniac dans le bâtiment (ITAVI, 1997a, b).

Atteintes locomotrices

Une litière détériorée a des conséquences directes sur l’appareil locomoteur des animaux (boiteries) avec des impacts sur la croissance des animaux et la qualité des carcasses (augmentation du taux de saisie, diminution du rendement de découpe, lésions du bréchet) (ITAVI, 1997a, b). Les conséquences de la dégradation des litières sont résumées dans la figure 1.
Figure 1 : conséquences de la dégradation des litières. ITAVI, 1997a.

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