Enseignements et problématiques émergentes

Enseignements et problématiques émergentes

Il faut rappeler en introduction la montée en puissance, déjà signalée à plusieurs reprises, de la gestion par les compétences dans la gestion des ressources humaines. Elle est au cœur des autres processus RH, une systémique s’organise autour d’elle, et elle fait le lien entre les fonctions qui pourraient autrement évoluer de manière séparée, voire divergente.Ce qu’on voit dans les pays est souvent assez éloigné de ce qu’on lit sur les sites ou dans les annonces politiques, car le contexte manque, qui explique pourtant tout le reste. Comme le répètent souvent les universitaires qui étudient la gestion publique : « Il y a souvent un large fossé entre l’élaboration d’une méthode de gestion et son application à un niveau opérationnelAinsi, on a abandonné – sans grandes résistances – le statut de la fonction publique en Belgique, après l’affaire Dutroux et la marche blanche de tout un pays disant à sa fonction publique sa méfiance. On l’a abandonné aussi en Italie, avec l’accord des syndicats, car il y a une vingtaine d’années la presse dénonçait le fait qu’il y avait, dans les administrations, moins de postes de travail que d’employés sur les listes d’émargement. La mémoire en est restée. Ces solutions radicales répondaient donc à une situation très dégradée et socialement devenue inacceptable.

La vision modélisatrice, la notion même de « bonnes pratiques » inclut le risque de penser, trop vite, que les solutions mises en œuvre dans un pays peuvent valoir ailleurs. Le bon sens indique pourtant que le poids du contexte économique et politique est déterminant dans la réussite ou l’échec des réformes, en matière de GRH comme dans les autres domaines.Il ne faut pas oublier que les mots n’ont pas le même sens dans tous les pays, et c’est d’autant plus vrai dans le domaine de la gestion des personnes, domaine qui touche de très près celui des identités professionnelles et celui des valeurs. D’un pays à l’autre, ces notions, profondément enracinées dans la culture, diffèrent.Ainsi, la notion de contrat est ancrée dans la culture des États Unis. Le respect des règles contractuelles fait partie intégrante de la liberté pour un citoyen américain. En France au contraire, le principe de la liberté inaliénable met l’indépendance au cœur du système de valeurs, y compris s’agissant des liens de subordination hiérarchique.La volonté de « gérer à la performance » ne va pas sans risques. Au bout de trois décennies de « new public management », ces risques sont aujourd’hui bien identifiés. Citons l’OCDE : « De nombreux praticiens ont souligné les risques politiques qu’il pourrait y avoir à tout axer sur la performance.[…] Ils ont aussi mentionné d’autres risques, dont le moindre n’est pas celui de voir des dispositifs complexes de gestion des performances favoriser, dans des proportions difficiles à gérer, des manipulations de données ou des coûts de transaction excessifs. »

 Une GRH structurellement différente de celle du secteur privé

L’administration, souvent le premier employeur du pays, reste partout le garant du tissu social et du respect des règles de vie collective. L’impersonnalité dans le rapport à l’usager maintient chacun dans ses droits, et le principe de neutralité appuie le principe d’égalité pour assurer au citoyen que la même règle s’applique à lui et à tout autre.secteur public que des spécificités culturelles : l’aspiration à l’impersonnalité, le rapport au temps, l’aversion pour la confrontation, les rapports de pouvoir et de dissuasion entre donneur d’ordre et receveur de l’ordre. Dans le public, la durée de la carrière est celle de la vie professionnelle de l’agent : le temps du public est le temps long de la bureaucratie, chargée de la stabilité et de la continuité des normes. Dans le privé, c’est le temps court et la réactivité du marché qui priment. »Cette différence structurelle entre le public et le privé est durable. On peut en donner un exemple : si les clients attendent des entreprises une capacité d’adaptation constante, les citoyens attendent de l’État qu’il garantisse la stabilité des règles, et leur « durabilité ». Un univers de normes sans cesse changeantes est contre-productif, et l’on constate que l’attractivité d’un territoire est fortement lié à la stabilité et à la prévisibilité des règles qui s’y appliquent.

 

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