Environnement, Habitat :quelles incidences sur la santé ?

Environnement, Habitat :quelles incidences sur la santé ?

Autant que l’habitat et les conditions de logement, l’environnement, par les qualités de vie inégales qu’il réserve aux populations, les avantages ou les divers désagréments qu’il peut procurer, constitue un facteur supplémentaire qui favorise des espérances de vie plus ou moins longues. Il serait préférable de disposer de données un peu plus récentes, mais on peut déjà prendre acte de quelques enseignements puisés dans des recherches menées dans les années 1990.1 Sur cette période, on constate que l’environnement (rural/urbain/périurbain, ville/campagne, taille de l’agglomération, etc.) est vécu différemment en fonction des positions sociales. Si pour les catégories « moyennes/intermédiaires » (techniciens, artisans et commerçants, cadres moyens) la mortalité revêt un caractère relativement homogène, qu’ils résident en ville ou à la campagne, pour les professions libérales et les cadres supérieurs, on relève des probabilités de vies plus longues à Paris ou dans des agglomérations importantes – comme s’ils évoluaient et s’intégraient avec aisance dans un cadre et un style de vie que leur position, leurs ressources économiques, culturelles, ou même sociales, leur permettent de mener confortablement.

Pleine adéquation – symbiose – avec le milieu… ? Pour les ouvriers et les enseignants, c’est le schéma inverse qui se produit : les grandes cités n’ont pas cet effet bénéfique sur leurs existences puisqu’ils voient leur longévité s’accroître avec le mode de vie rural. Déjà à l’époque, et certainement plus encore maintenant, le statut d’enseignant faisait sans doute davantage l’objet d’une certaine reconnaissance sociale, évoquant tout un système de valeurs – discipline, respect, autorité, légitimité, transmission de savoirs, etc. – à la campagne que dans les grandes agglomérations où d’autres difficultés existent, où les problèmes sociaux se conjuguent… La ville tue les pauvres ! Il faudrait, encore une fois, voir si ces tendances se confirment ou non aujourd’hui, mais celles observées dans les années 1980/90, à propos d’une ville dévoreuse d’hommes de petite condition, éveillent déjà notre attention. Sur ces périodes, on voit, d’une façon générale, la mortalité précoce des ouvriers croître avec l’urbanisation. Néanmoins le trait saillant des relations entre environnement/habitat et mortalité concerne les catégories les plus défavorisées du monde ouvrier, à qui la ville n’est guère clémente : ouvriers spécialisés et manœuvres. « Les ouvriers spécialisés et les manœuvres « survivant » en région parisienne ont respectivement une surmortalité, de 40% pour les uns et de 100% pour les autres, par rapport à leur homologue qui vivent en milieu rural »2. De même, si à la campagne la mortalité des manœuvres est 2,5 fois supérieure à celle des instituteurs ou des cadres supérieurs, elle y est 4 fois supérieure dans les grandes agglomérations et 5 fois en région parisienne.

Tous ces éléments convergent vers un même postulat qui rejoint celui énoncé, il y a bien longtemps, au travers d’une vieille fable. Quand on appartient au peuple, mieux vaut être rat des champs que rat des villes… La mortalité supérieure des catégories défavorisées en milieu urbain nous amène à penser que pour vivre – et survivre ! – en ville, il faut des ressources (dans tous les sens du terme) : argent, statut favorisé, relations, qualité de logement, possibilités de profiter des avantages de la ville (sorties, visites, loisirs, etc…), tout en pouvant s’en éloigner temporairement pour « souffler », récupérer, se régénérer (week-end en campagne, loisirs, vacances…). Les groupes sociaux étant inégalitaires face à ces ressources, permettant de « tenir » en ville, les plus fragilisés d’entre eux voient leurs possibilités de vivre longtemps – et paisiblement – diminuer à mesure qu’ils baignent dans l’environnement urbain (et qu’ils s’ « entassent », faute de mieux, dans les quartiers défavorisées…).

Pour les pauvres, la ville est certainement plus subie que choisie. Contraints de se rapprocher des grandes mégalopoles, et notamment des grands ensembles – « cités » -, pour trouver du travail et des logements peu onéreux, ils subissent les nuisances de la ville, son rythme effréné, sans pouvoir jouir de ses avantages, qui ne profitent qu’à ceux qui disposent de moyens et de temps… Reste à prendre en compte, à présent, les conditions d’habitat et la qualité du logement. Celles-ci, qui du reste sont corrélatives des variables précédemment envisagées (environnement, lieu d’habitation), sont à mettre en lien avec certaines complications au niveau de l’état de santé des populations les plus mal logées. Cependant, avant d’exposer clairement le rapport de causalité entre conditions de logement et santé, mortalité, n’oublions pas qu’une des premières formes de mal-logement – une des premières discriminations par rapport à l’habitat – commence par le fait de ne pas avoir de toit.

 

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