Etude biogéographique des petits mammifères non-volants des Hautes Terres Malgaches

Différents concepts relatifs à la délimitation de la région des hautes terres

L’appellation « hautes terres malgaches » a été longtemps synonyme de l’expression « hauts plateaux malgaches ». Dans certains ouvrages, l’ensemble des hautes terres malgaches est groupé en hautes terres centrales. Plusieurs naturalistes spécialistes ont conçu la délimitation de la région des hautes terres malgaches.
D’après certains auteurs qui se sont intéressés à la géologie de Madagascar, l’île présente une dissymétrie par rapport à son grand axe. Cette dissymétrie s’automanifeste après la séparation de l’Indo Madagascar. En effet, d’après la géomorphologie de l’île, une division tripartite apparaît à cette dissymétrie, à savoir : le pays de l’Est, les hautes terres du Centre et le pays de l’Ouest. D’après ces spécialistes, les hautes terres dessinent une dorsale allongée du Sud-sud-ouest au Nord-nord-est à plus de 800 m d’altitude, dont la ligne de faîte dépasse 2000 m : au nord, Tsaratanana qui culmine à 2876 m, Marojejy à 2100 m et Anjanaharibe-Sud à 2065 m ; au centre, Ankaratra : 2636 m ; au sud-est, Andringitra : 2666 m. A ces massifs principaux, il convient d’ajouter un certain nombre d’autres sommets moins importants, mais qui contribuent à donner à la partie centrale de l’île l’aspect tourmenté qu’il a en réalité. Il s’agit du nord au sud : de la Montagne d’Ambre (1473 m), de Manongarivo (1876 m),

Description des Hautes Terres Malgaches

Formes du relief : Madagascar doit son édification aux plissements les plus anciens. La tectonique à direction dominante subméridienne a fixé le dessin général de l’île, qui s’allonge sur 1580 Km du sud sud ouest au nord nord est : les accidents majeurs des hautes terres suivent, en effet, cette orientation. L’ensemble des hautes terres semble donc très complexe avec la forme de son relief très variée : hautes plaines d’alluvions, collines monotones empâtées de latérite, massifs compacts, grands dômes isolés, crêtes aiguës et dentelées, reliefs en pain de sucre ou en cornes, buttes aux sommets tabulaires (Robequin, 1958).
Le point culminant de l’île, Tsaratanana (2880 m au Pic Maromokotro), plus proche du canal de Mozambique, donne le sommet d’un édifice volcanique isolé dans le Nord, comme l’est celui de l’Ankaratra dans le Centre (2643 m au Pic Tsiafajavona).
Au contraire, décalé vers la côte orientale, Andringitra (2658 m au pic Boby) y longe sur le rebord des hautes terres, à 80 Km de la mer. Ce dernier massif possède la surface la plus grande de l’île à une altitude supérieure à 2000 m (Chaperon et al., 1993). En général, en traversant l’île d’ouest en est et en contournant ces grandes masses volcaniques, la montée est beaucoup plus longue que la descente c’est-à-dire l’altitude augmente rapidement par rapport au niveau de la mer vers l’ouest : ce n’est qu’après avoir couvert les 2/3 ou les 3/4 de la distance qu’elle commence à dévaler vers le rivage de l’Océan Indien. A l’ouest de la région montagneuse, s’étale le vaste ensemble des hautes terres centrales qui descend en une plaine de basse altitude vers la côte Ouest.

Conservation des forêts des hautes terres suivant les intérêts biogéographiques

La sélection des aires protégées tendra à favoriser les régions où l’endémisme et la particularité sont élevés. Les résultats des analyses de la distribution géographique des petits mammifères montrent une richesse spécifique élevée aux moyennes altitudes.
Cette richesse est confirmée par les modèles d’endémisme, car le centre spécialisé à cet effet pour la forêt des hautes terres est implanté aux moyennes altitudes, c’est-à-dire dans les forêts de montagnes. Il est vrai qu’une distribution homogène du nord au sud de l’île est observée sur la faune micromammalienne des forêts de hautes terres. Toutefois, une particularité apparaît au sein de quelques sites, à savoir : les hautes terres du Nord et celles dans la partie occidentale qui abritent des espèces endémiques. Pour conserver une gamme de surface plus vaste et pour atteindre les objectifs sur les activités de conservation, plusieurs mesures devraient être prises sur la valeur de la protection de la nature, le degré de menace et l’application des résultats obtenus. Etant donné l’importance des pressions qui s’exercent sur les forêts d’altitudes inférieures, cet habitat nécessiterait une haute considération au point de vue conservation. De plus, il est moins représenté dans les AP, par conséquent, la faible attention à propos de la superficie restante y entraînerait un risque sérieux de sa dégradation pour ne laisser que des îlots d’habitat.

Conservation des petits mammifères

Les mesures de protection les plus appropriées sont celles qui préservent les habitats naturels, même de petites dimensions. Cependant, la pauvreté des habitants et l’accroissement de la population humaine, l’augmentation de ses besoins alimentaires constituent un danger potentiel pour la survie des mammifères comme Tenrec ecaudatus. La chasse accrue pourrait entraîner un déclin de la densité de population de ces animaux. C’est dans ces conditions qu’il faudrait entamer d’abord une étude de filière de ces animaux, afin de connaître le taux de renouvellement de leur population et ensuite de développer des plans de sauvetage d’individus menacés par l’exploitation humaine. L’élevage et la reproduction de ces espèces ne posent pas généralement de problèmes. Il nous paraîtrait intéressant d’envisager et de promouvoir ces solutions.
En ce qui concerne les rongeurs, il est, par contre, très délicat de prendre des mesures de protection totale des espèces, car les riverains estiment toujours qu’elles provoquent des dégâts non négligeables. Mais, ce n’est pas le cas pour les rongeurs endémiques, parce qu’ils ne colonisent ni les villages, ni les champs de culture. En plus, ils jouent un rôle écologique important dans le fonctionnement des écosystèmes, car ils entrent dans le réseau des chaînes alimentaires en jouant le rôle de prédation, de dispersion des graines et de proies pour les autres animaux.

Table des matières

INTRODUCTION
CHAPITRE I. CONTEXTE GENERAL DE L’ETUDE
I.1. BIOGEOGRAPHIE
I.2. HAUTES TERRES MALGACHES
I.2.1. Différents concepts relatifs à la délimitation de la région des hautes terres
I.2.2. Critères et délimitation de la région des hautes terres du point de vue des objectifs d’étude
I.2.3. Description des Hautes Terres Malgaches
I.2.4. Faune et flore
I.2.5. Historique du changement du paysage forestier des Hautes Terres
I.2.6. Connaissances antérieures sur les études biogéographiques menées à Madagascar
I.2.7. Aires Protegées des Hautes Terres
I.3. FACTEURS ENVIRONNEMENTAUX
I.3.1. Principaux facteurs
I.3.2. Autres facteurs
I.3.3. Différents problèmes durant les inventaires
I.4. MODELE DE DISTRIBUTION GEOGRAPHIQUE : ZONE D’ENDEMISME
CHAPITRE II. ANALYSES BIOGEOGRAPHIQUES DES PETITS MAMMIFERES DES HAUTES TERRES
II.1. DESCRIPTION DES SITES D’ETUDES
II.1.1. Régions des hautes terres du Nord
II.1.2. Régions des hautes terres du Centre
II.1.3. Couloir forestier Andringitra-Ranomafana et forêt de Vatoharanana (Figure II.3)
II.2. METHODOLOGIE
II.2.1. Classification et description des espèces étudiées
II.2.2. Méthodes de collecte des données
II.2.3. Analyses des données
CHAPITRE III. RESULTATS ET INTERPRETATIONS
III.1. RICHESSE SPECIFIQUE
III.1.1. Variation altitudinale
III.1.2. Variation latitudinale
III.1.3. Variation longitudinale
III.1.4. Variation de la richesse spécifique de petits mammifères en fonction de la combinaison de
l’altitude-latitude et de l’altitude-longitude
III.1.5. Variation selon la surface des forêts considérées : relation aire- espèces
III.1.6. Variation de la richesse spécifique selon les climats
III.2. ABONDANCE RELATIVE
III.2.1. Afrosoricides et soricomorphes
III.2.2. Rongeurs
III.2.3. Relation entre abondance relative et richesse spécifique
III.3. INDICE DE DIVERSITE
III.3.1. Complexe Nord
III.3.2. Complexe Sud-est et Sud
III.4. DISTRIBUTION ALTITUDINALE DES PETITS MAMMIFERES
III.4.1. Afrosoricides et soricomorphes
III.4.2. Rongeurs
III.5. SIMILITUDES DE LA FAUNE MICROMAMMALIENNE
III.5.1. Afrosoricides
III.5.2. Rongeurs
III.6. MODELES D’ENDEMISME
III.6.1. Afrosoricides
III.6.2. Rongeurs
III.6.3. Comparaison avec la subdivision phytogéographique Humbert
III.7. DISTRIBUTION DES ESPECES INTRODUITES A MADAGASCAR
CHAPITRE IV. DISCUSSION
IV. 1. RICHESSE SPECIFIQUE
IV.1.1 Variation altitudinale
IV.1.2. Variation latitudinale et longitudinale
IV.1.3. Variation suivant les climats
IV.1.4. Variation suivant la surface
IV.2. ABONDANCE RELATIVE
IV.2.1. Variation altitudinale
IV.2.2. Relation entre abondance et richesse spécifique
IV.2.3. Mesure de la diversité
IV.3. DISTRIBUTION ALTITUDINALE DES PETITS MAMMIFERES
IV.4. DISTRIBUTION LATITUDINALE DES PETITS MAMMIFERES DES HAUTES TERRES
IV.5. AIRE DE REPARTITION DES PETITS MAMMIFERES
IV.5.1. Afrosoricides
IV.5.2. Rongeurs
IV.6. MODELES D’ENDEMISME
IV.6.1. Relation biogéographique avec d’autres Vertébrés
IV.6.2. Relation biogéographique des petits mammifères avec les classifications phytogéographiques
IV.7. VARIATION BIOGEOGRAPHIQUE
IV.7.1. Modèle de distribution spatiale
IV.7.2. Endémisme
IV.7.3. Modèle de vicariance
IV.8. ESPECES INTRODUITES
IV.8.1. Variation de l’abondance suivant l’état de la forêt
IV.8.2. Compétition des espèces introduites avec les espèces autochtones
CONSERVATION
CONCLUSION GENERALE
BIBLIOGRAPHIE

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