ETUDE DE L’EFFET BIOCIDE DE CRATAEVA RELIGIOSA FORST. (CAPPARIDACEAE) SUR DERMESTES MACULATUS

ETUDE DE L’EFFET BIOCIDE DE CRATAEVA RELIGIOSA FORST. (CAPPARIDACEAE) SUR DERMESTES MACULATUS

GENERALITES SUR LA FAMILLE DES DERMESTIDAE

Ce sont des Insectes nécrophages, leurs larves se nourrissent aussi bien de vertébrés que d’invertébrés, de corne, de poils, de laine ; seules quelques espèces se nourrissent de matières d’origine végétale c’est le cas de Trogoderma granarium qui est un véritable ravageur des céréales et leurs dérivés, des graines oléagineuses (en particulier, l’arachide et les tourteaux), des composés légumineux et leurs dérivés ainsi que des aliments de bétail (Délobel et al, 1993). I.1.1. Synonymie et Systématique Dermestes maculatus et Dermestes frischii sont des insectes Coléoptères, de la famille des Dermestidae, de la Sous famille des Dermestinae et du Genre Dermestes.  Dermestes maculatus Dermestes maculatus a été décrit pour la première fois par Degeer en 1774. Il fut désigné sous plusieurs appellations dont : • Dermestes vulpinus Fabricus, 1781, • Dermestes marginalus Thunberg, 1781, • Dermestes senex Germar, 1842, • Dermestes lateralis Sturm, 1826, • Dermestes elongatus Hope, 1834, • Dermestes lupinus Erichson, 1843, • Dermestes semistriatus Bohema, 1851, • Dermestes rattulus Mulsant et Rey, 1868, • Dermestes sudanicus Gredler, 1877. L’espèce est désignée sous les noms communs suivants :  Allemagne : Speackaffer.  Angleterre ; Afrique du sud : Hide (leather) beetle.  France : Dermestes.  Portugal : Ponilha, polilha.  Sénégal : Gunuur pour l’adulte (en Wolof), ar-ar pour la larve ; Kuccuc (en Sérére).  Canada : Skin beetle (Mound, 1989).  U.S.A : Hide dermestid, Tallow dermestid (Guimares, 1956). La position systématique de Dermestes maculatus est la suivante: Ordre : Coléoptères Famille : Dermestidae Sous- famille : Dermestinae Genre : Dermestes Sous -genre : Dermestinus Espèce : maculatus.  Dermestes frischii : Dermestes frischii décrit en 1792 fut désigné sous les noms suivants : • Dermestes frischii Kugelann, 1792, • Dermestes vulpinus Herbest, 1792, La position systématique est la même que celle de Dermestes maculatus seule le nom d’espèce change. 

Morphologie et Biologie de Dermestes spp 

Dermestes maculatus

Le corps de l’adulte est brun rougeâtre à noir (fig. 1a), à pubescence blanche sur les parties latérales du pronotum et l’écusson, rousse en arrière du pronotum, à l’avant de l’écusson, noire ailleurs. Chaque élytre porte une pointe terminale à son bord interne. Les élytres sont denticulés à leur extrémité. La face ventrale de l’abdomen (fig. 1b) est à pubescence blanche avec deux taches noires, glabres, en position latérale sur chaque segment ; le dernier est noir, avec le bord postérieur roux bordées de deux tâches blanches arquées sublatérales (Haines et al, 1989). Le mâle possède sur l’avant dernier sternite abdominal une zone arrondie glabre de couleur rousse, et portant en son centre un plumet de longs poils roux. (Opoye, 1991 ; Delobel & Tran, 1993). Figure 1a : D. maculatus vue dorsale Figure 1b: D. maculatus Vue ventrale de l’adulte de l’abdomen d’un mâle www.dermestidae.com/Dermestesmaculatus.html La larve porte de nombreuses soies ou poils (Figure 1c). Le corps est brun noir, avec une bande médio-dorsale claire allant en s’amincissant vers l’arrière, pour se transformer en taches isolées. Les urogomphes situés à l’extrémité dorsale sont dirigés vers le haut, leur pointe tournée vers l’avant. Le nombre de stades larvaires dépend de la nourriture dont dispose l’insecte, de la température et de l’hygrométrie. Le développement optimal est obtenu pour une température de 27 à 30° C et une humidité relative de 75%. Le nombre de mues est en moyenne de 7. La longueur de la larve à maturité (prénymphe ou dernier stade larvaire) est de 14 à 16 mm. La fécondité dépend de la nature du produit infesté mais également de la température ; la fécondité moyenne dans les conditions optimales est de 432 œufs par femelle sur viande séchée et solution sucrée et 362 œufs sur viande séchée seule. L’absence d’eau et de nourriture réduit considérablement la longévité et la fécondité ; l’addition de sel au produit infesté prolonge le développement larvaire, réduit la fécondité. (Opoye, 1991, Delobel & Tran, 1993). Figure 1c : D. maculatus, vue dorsale de la larve www.dermestidae.com/Dermestesmaculatus.html Les œufs de D. maculatus sont allongés, cylindriques et arrondis à leurs extrémités. Ils sont blancs et brillants au moment de la ponte, de sorte que l’enveloppe externe semble être enduite de verni. La taille moyenne d’un œuf est de 1,2 mm de long sur 0,4 mm de diamètre. Progressivement l’œuf ternit et la transparence des enveloppes laisse voir l’embryon. La durée d’incubation varie avec les conditions climatiques ; à 27° C et 75 % d’humidité relative, elle est de 3 jours en général ; dès le deuxième jour, les tâches oculaires ainsi que les rangées de poils bruns orangé apparaissent par contraste sur le tégument beige de l’embryon, visible par transparence sous le chorion de l’œuf.

Dermestes frischii

Le corps de l’adulte est brun noir à noir, (fig. 2a) à cuticule densément ponctuée. Les pattes et les antennes sont brunes. La tête est à pubescence dorée avec une touffe de poils argentés au bord interne de l’œil. Les côtés et l’avant du pronotum sont revêtus d’une pubescence blanche, le milieu du bord postérieur est orné de poils dorés et roux. Les élytres sont non denticulés à leur extrémité interne. La face ventrale de l’abdomen est à pubescence blanche avec deux tâches latérales noires sur chaque segment (fig. 2b) ; l’apex du dernier segment est noir (FAO, 1989). Comme chez D. maculatus, le mâle porte une touffe de poils bruns au milieu du quatrième sternite abdominal (Délobel et al, 1993). Figure 2a : D. frischii, vue dorsale Figure 2b : D. frischii Vue ventrale de de l’adulte 1’abdomen d’une femelle www.dermestidae.com/Dermestesfrischii.html La larve est brune noirâtre, sa face dorsale porte de nombreux soies ou poils avec une bande claire longitudinale de même largeur, du pygidium à la tête (Figure 2c) ; les urogomphes sont dirigés vers le haut avec leur pointe tournée vers l’avant. Le développement est optimal entre 30 et 33° C pour une humidité relative de 75% à 90%. On compte jusqu’à 9 stades larvaires, et au dernier stade la larve mesure entre 14 et 16 mm. La durée moyenne de l’œuf à adulte est de 26 jours à 35° C. En présence du sel la fécondité est diminuée ainsi que la longévité, la femelle a besoin d’eau de boisson pour exprimer sa fécondité maximale, elle est beaucoup plus tolérante au sel que D. maculatus. Pour un milieu de 90% d’humidité relative en l’absence d’eau la fécondité moyenne est de 430 œufs à 25 et 35° C et 250 œufs à 30° C (Délobel et al, 1993). Figure 2c : D. frischii, vue dorsale et de la larve www.dermestidae.com/Dermestesfrischii.html 

Dégâts causés par Dermestes spp sur le poisson séché

L’infestation par les insectes au cours du séchage et du stockage du poisson sous les Tropiques provoque des pertes importantes dont l’estimation atteint quelquefois 50% de perte en poids secs (F.A.O. et al, 1981). Les mouches à viande sont les premiers insectes qui s’attaquent au poisson humide sur les claies ; elles pondent dessus et leurs larves connues sous le nom d’asticots se nourrissent de la chair du poisson et peuvent aussi s’y enfoncer profondément, provoquant ainsi un ramollissement et une putréfaction du poisson humide (F.A.O. et al, 1989). Les mouches à viande et les Dermestes sont reconnus comme les principaux déprédateurs du poisson sous les Tropiques. Les mouches interviennent quand le poisson est humide avec en général des teneurs en eau de 50% ou plus, et en plus elles pondent plusieurs œufs regroupés en grappe sur la chair, dans la bouche et les ouïes des poissons. Et quand les œufs éclosent quelques jours après, une multitude de larves se déplacent librement sur la surface ou à l’intérieur de la chair du poisson en creusant des galeries profondes (Meynell et al, 1978a). Quand la teneur en eau commence à baisser, les Dermestes prennent le relais, en rejetant beaucoup d’excréments mélangés aux miettes de poissons au moment du séchage et du stockage ; ce sont les larves qui constituent le stade le plus vorace elles peuvent réduire complètement le poisson séché en poudre, n’y laissant que des arêtes mélangées aux miettes de poisson, déjections et exuvies. Elles subissent de nombreuses mues larvaires (7 en moyennes, selon la nourriture et les conditions climatiques) avant la nymphose avant de donner les adultes. Les larves et adultes cachés sous les claies de séchage et dans les déchets de poissons laissés sur les sites et dans les entrepôts où plusieurs générations peuvent se succéder, constituent une source permanente de réinfestation des nouveaux produits.

Les méthodes de lutte

Plusieurs méthodes sont utilisées pour protéger les poissons séchés.  Lutte par salage et séchage Cette méthode consiste à jouer sur la teneur en sel et la teneur en eau des poissons transformés artisanalement. Selon (Scoggins et al, 1951), des teneurs en eau inférieures ou égales à 7,5% ou, supérieures ou égales à 46% sont très défavorables au développement de Dermestes maculatus nourri sur des sardinelles séchées et entrainent de fortes mortalités (50% ou plus). Une teneur en eau de l’ordre de 15% avec une teneur en sel de 13 à 20% en poids frais, peut conserver pendant plus de 2 mois le poisson fermenté-séché, avec des pertes négligeables en poids (moins de 1 %), (Gueye-Ndiaye et al, 2007).  La lutte chimique Le moyen de lutte le plus utilisé dans les pays en voie de développement est la lutte chimique, avec des insecticides de contact mélangés ou non à du sel, appliqués directement au poisson et parfois aussi à l’emballage (Pillai, 1957; Mallamaire, 1957, cités par Walker, 1987 ; Unnikrishnan Nair et al, 1994). Le traitement par fumigation est aussi employé mais plus rarement (Friendship et al, 1990). Au Sénégal des études expérimentales ont été faites entre 1995 et 1996 sur l’utilisation d’insecticides appropriés tels que l’actellic 50 EC (méthylpirimiphos) qui est un organophosphoré et des pyrethrinoides de synthèse tels que la deltaméthrine dont l’emploi sur les graines est autorisé par la F.A.O./O.M.S. avec des LMR bien définis. Ces insecticides ont été utilisés sur des poissons déjà secs avant le stockage (Golob et al, 1995) ou sur du poisson humide avant son étalement sur les claies de séchage (Gueye-Ndiaye et al, 1996). Ce traitement montre que le trempage est plus efficace que la pulvérisation, il assure un bon contrôle des populations larvaires donc un pourcentage de perte en poids moindre.  Lutte à base d’extraits de Plantes En plus de la lutte chimique et de salage contre les Dermestes on peut également citer l’utilisation des extraits de plante notamment Dennettia tripetala Baker (Anonaceae). Les extraits de cette plante ont été utilisés pour lutter contre Dermestes maculatus, qui causent beaucoup de perte au Nigéria sur les poissons séchés. Cette étude faite au Nigéria montre que les extraits de cette plante sont efficace sur les larves (40,1 à 60 % de répulsion) (Egwunyenga et al, 1998) ; d’ autres plantes utilisées pour lutter contre les dermestes sont Citrus paradisi, Citrus sinensis (Rutaceae) ; les extraits de ces plantes tuent 50% des adultes de Dermestes maculatus (Hodges & Farrel, 2003). Citons aussi le Neem (Azadirachta indica A. Juss. ; Meliaceae) ; Boscia senegalensis (Pers.), etc. 

Table des matières

INTRODUCTION
I SYNTHESE BIBLIOGRAPHIQUE
1.1. GENERALITES SUR LA FAMILLE DES DERMESTIDAE
I.1.1 Synonymie et Systématique
I.1.2 Morphologie et Biologie de Dermestes spp
I.1.2.1 Dermestes maculatus
I.1.2.2 Dermestes frischii
I.1.3. Dégâts causés par Dermestes spp sur le poisson séché
I.2 PRESENTATION DE CRATEVA RELIGIOSA
II MATERIELS ET METHODES
II.1 MATERIELS
II.1.1 Matériel Végétal
II.1.2 Matériel de Laboratoire
II.2 METHODES
II.2.1 Elevage de masse des insectes
II.2.2 Récoltes des feuilles
II.2.3 Tests biologiques
II.2.3.1 Tests de contacts
II.2.3.2 Tests de fumigation
III RESULTATS ET DISCUSSION
III.1 RESULTATS
III.1.1Tests de fumigation
III.1.1.1 Effet Ovicide
III.1.1.2 Effets Larvicides
III.1.1.3 Effets Adulticides
III.1.2Tests de contacts
III.1.2.1 Effet Ovicide
III.1.2.2 Effet Larvicide
III.1.2.3 Effet adulticide
III.1.3Comparaisons des mortalités en fonction des tests et des doses
III.2 DISCUSSION
CONCLUSION ET PERSPECTIVES

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