Etudes anatomiques comparatives et proposition de clé d’identification

Description générale du genre

Dalbergia Madagascar possède environ 43 espèces de Dalbergia selon Du Puy et al. (2002). Ensuite, Bosser et Rabevohitra (2005) ont trouvé 48 espèces et seule Dalbergia bracteolata est non endémique, une espèce commune avec l’Afrique. Dalbergia bracteolata de Madagascar a un port lianescent tandis que celle de l’Afrique est un grand arbre. Quarante-trois sur quarante-huit espèces reconnues soit 90 % sont à port d’arbre (MBG, 2016), et vingt-trois sur quarante-trois espèces à port d’arbre possèdent des individus atteignant en DME (20 cm) (Anon, 2014). Selon Schatz (2001) et Du Puy et al. (2002), Dalbergia est un arbre, arbuste ou même liane monoïque. Il présente des feuilles composées, disposées alternes, à nervations pennées et imparipennées, présentant de petites stipules. Les folioles sont nombreuses, entières et caduques. Les fleurs sont hermaphrodites peuvent être petites ou grandes, scorpioides ou corymbiformes.

Les fleurs sont irrégulières, composées de sépales soudés en forme de coupe de 4 à 5 lobes ; 5 pétales libres de couleur blanche ou crème ; 9 à 10 étamines libres, anthère basifixe à déhiscence poricide apicale. Et à ovaire stipité avec 1 à 7 ovules, stigmate capité avec un style droit ou légèrement courbé. L’inflorescence est terminale ou parfois axillaire en panicules ou racèmes. Les fruits sont constitués par des grandes gousses coriaces aplaties et parfois ailés, elliptiques ou oblongues. Ce sont des fruits secs indéhiscents, formés de 1 à quelques graines. Les gousses présentent souvent des nervures visibles au-dessus des graines. Les graines sont plus ou moins aplaties et réniformes. Les racines présentent généralement des nodules contenant une bactérie (une espèce de Rhizobium) qui transforme l’azote atmosphérique en composés azotés, enrichissant le sol. Ces nodosités sont le résultat d’une symbiose entre des bactéries fixatrices d’azote, les rhizobiums, et les différentes espèces de légumineuses.

Les bois de Dalbergia surtout le duramen sont largement utilisés comme bois d’oeuvre pour la construction de maison, la fabrication de portes, de meubles (armoire, table, chaise, etc.) des instruments de musique, marqueterie, des canne et des objets de luxe (MADAGASIKARA SOA, 2008). Ils sont aussi utilisés dans la menuiserie, l’ébénisterie et la sculpture (statuettes et outils artisanaux). La population locale de la région de Menabe les utilise comme bois d’énergie, bois de chauffe et charbon, ces utilisations menacent la régénération naturelle et la reconstitution de la forêt. Durant la période sèche, Propithecus verreauxi apprécie les feuilles de Dalbergia greveana (Ganzhorn et Sorg, 1996). Les espèces du genre Dalbergia sont également utilisées à des fins médicinales : l’écorce est utilisée pour traiter la gonorrhée, l’extrait des feuilles pour les affections oculaires et le bois pour traiter la gale et l’acné (Shah et al., 2015). Parmi les 47 espèces de Dalbergia endémiques de Madagascar, cinq espèces de bois de rose et deux espèces de palissandres sont les plus commercialisées et les plus exportées (CITES, 2008 ; Global Witness and Environmental Investigation Agency, 2010).

Confection des coupes du tronc (Planche 3)

Un bloc de 1 cm3 composé à la fois par l’aubier et le duramen a été prélevé et préparé à la scierie à partir des microcarottes (Photos 10, 11). Les cubes de 1cm3 (Photo 12) ainsi obtenus sont plongés directement dans de l’alcool 30 ° afin de les ramollir avant la microtomie. Des coupes transversales, longitudinales radiales et longitudinales tangentielles d’épaisseur de 18 à 25 μm ont été confectionnées à l’aide d’un microtome à glissière de type GSL (Photo 13). Les coupes ont été préparées selon la méthode adoptée par Ravaomanalina et al., (2014). Les coupes fines du bois ont été blanchies dans de l’eau de Javel à 10 % pendant 10 mn, ensuite rincées dans de l’eau distillée pendant 10 mn, passées dans l’acide acétique pendant 5 mn pour mieux fixer les colorants. Puis replongé dans l’eau distillée pour enlever l’excès d’acide acétique avant d’être mis dans l’alcool 50°. Elles ont été doublement colorées avec la Safranine O et Astra blue pendant 5 à 10 mn puis passées dans de l’alcool 50° afin de mieux fixer le colorant et d’enlever les restes d’acide acétique. Les coupes ont été déshydratées dans une série d’alcool 75 %, 96 % et 100 %. Cette double coloration a permis de colorer les cellules lignifiées en rose et celles cellulosiques en verte. Les différentes étapes de coloration ont été effectuées sous hôte à flux laminaire (Photo 14). Le montage entre lame et lamelle a été effectué avec l’Euparal. Les coupes ont été ensuite séchées dans une étuve à 56° pendant 72 heures.

Caractères propres à chaque espèce

Seuls les caractères stables c’est-à-dire se trouvant déjà dans les gènes de l’espèce sont comparés tels que : présence de cernes, arrangement des vaisseaux, type de cellules des rayons et le nombre des étages des rayons par mm axial. Par contre les autres caractères susceptibles de changement due aux conditions écologiques ou utilisés par la plante comme moyens d’adaptation aux conditions écologiques ne font pas l’objet de comparaison tels que : la taille, la densité, groupements des vaisseaux. Les quatre espèces se différencient généralement par le nombre d’étages de rayons par mm axial. Les cernes de croissance sont visibles chez Dalbergia cf. emirnensis et Dalbergia greveana, leurs bois sont poreux et leurs ponctuations intervasculaires sont opposées. Par contre les cernes de croissance de Dalbergia davidii et Dalbergia lemurica sont indistincts voire absents. Les caractères distinctifs des quatre espèces sont résumés dans le tableau 4.

Conclusion et Perspectives

Au terme de ce travail, les objectifs de décrire les caractéristiques anatomiques et de proposer une clé d’identification des espèces de Dalbergia de la forêt de Kirindy, ont été atteints. Quelques différences ont été observées sur les caractères anatomiques des quatre espèces étudiées permettant de dire que la première hypothèse préalablement fixé est vérifiée. Macroscopiquement, l’aubier et le duramen se diffère déjà par leur couleur. Le duramen est plus foncé que l’aubier et la confection des coupes minces à partir du duramen a été beaucoup plus difficile qu’avec l’aubier. Microscopiquement, le bois de duramen se diffère de celui de l’aubier par la présence des vaisseaux remplis d’extraits de substance. Dans notre cas, ces extraits ont été observés lors du ramollissement quand les blocs étaient imprégnés d’alcool à 30 %. La présence des thylles en abondance dans les vaisseaux du bois de coeur a été enregistrée lors de cette étude. De ce fait, ces différences entre le duramen et l’aubier nous permettent de dire que la deuxième hypothèse est vérifiée. L’anatomie du bois de coeur ou duramen a permis d’identifier des caractères communs et/ou propres à chaque espèce. Les ponctuations intervasculaires et radiovasculaires disposées alternes et polygonales, la perforation simple, la structure étagée, les cellules de parenchyme axial en file avec un à deux cellules par file, et les parenchymes axiaux en chainettes, sont considérés comme des caractères communs aux espèces du genre Dalbergia.

La présence des rayons homocellulaires constitués uniquement par des cellules couchées, la longueur courte des éléments des vaisseaux et des fibres constituent les caractères communs des quatre espèces de Dalbergia de la forêt de Kirindy. Dalbergia cf. emirnensis et Dalbergia greveana ont des bois poreux tandis que Dalbergia davidii et Dalbergia lemurica sont à pores diffus. La porosité, la hauteur, la largeur la prédominance des rayons et le nombre d’étages des rayons par mm axial sont considérés comme les caractères propres pour chaque espèce. Au terme de cette étude, quelques perspectives de recherche méritent d’être citées : Les résultats obtenus sur l’anatomie du bois permettent la réalisation d’une clé de d’identification. Cette clé contribuera à la mise en oeuvre du plan d’action (CoP17 doc. 55.2 Annexe 1) relatif à l’inscription de Dalbergia « Populations de Madagascar » dans l’Annexe II de la CITES, mis à jour lors de la 17ème Conférence des Parties. Cette étude a été basée sur les espèces de palissandre de Kirindy de la Région Menabe, l’extension de l’étude sur toute l’aire de répartition des quatre espèces étudiées devrait être poursuivie afin de pouvoir déterminer les éventuelles variations des caractères anatomiques intersites, de compléter et de valider les informations obtenues. Le véritable atout de cette étude est d’avoir fait les études anatomiques du bois de coeur ou duramen, la partie la plus recherchée et utilisée de la plante. Les études du bois de coeur devraient s’étendre sur les restes des espèces de Dalbergia. Toutefois, ceci n’est toujours pas possible car la taille des arbres sur le terrain constitue un facteur limitant à la collecte du bois de coeur. Les classes de diamètre du tronc avec duramen ne sont plus toujours disponibles sur le terrain. Des études approfondies sur les espèces ayant de duramen disponible dans la nature devraient être priorisées afin d’avoir un outil fiable et réaliste.

Table des matières

ACRONYMES
GLOSSAIRE
LISTE DES ANNEXES
LISTE DES CARTES
LISTE DE FIGURE
LISTE DES PLANCHES
LISTE DES PHOTOS
LISTE DES TABLEAUX
INTRODUCTION
I.1. GENERALITES
I.1.1. Position systématique du genre Dalbergia
I.1.2. Description générale du genre Dalbergia
I.1.3. Utilisations
I.1.4. Menaces et pressions
I.1.5. Etudes anatomiques antérieures du genre Dalbergia
I.1.6. Caractéristiques anatomiques macroscopiques des bois de Dalbergia de Madagascar
I.2. MILIEU D’ETUDE
I.2.1. Localisation géographique
I.2.2. Milieu abiotique
I.2.2.1.Climat
I.2.2.2.Température
I.2.2.3. Précipitation
I.2.3. Milieu biotique
I.2.3.1. Flore et végétation
I.2.3.2. Faune
I.2.3.3. Homme et ses activités
Partie II. MATERIELS ET METHODES
II.1. Matériels d’étude
II.1.1. Choix des espèces
II.1.2. Collecte des échantillons
II.1.3. Identification et description des espèces cibles
II.2. Méthodes d’étude
II.2.1. Etude anatomique
II.2.1.1.Confection des coupes du tronc
II.2.1.2. Observation et description
II.2.1.3. Macération
II.2.2. Observations et mesures
II.2.3. Analyses des données
Partie III. RESULTATS ET INTERPRETATIONS
III.1. Descriptions anatomiques des espèces cibles
III.1.1. Dalbergia davidii Bosser & R. Rabev
III.1.2. Dalbergia cf. emirnensisBenth
III.1.3. Dalbergia greveanaBaill
III.1.4. Dalbergia lemurica Bosser & R. Rabev
III.2. Etudes anatomiques comparatives et proposition de clé d’identification
III.2.1. Etudes anatomiques comparatives
III.2.1.1.Caractères communs
III.2.1.2.Caractères propres à chaque espèce
III.2.2. Proposition de clé d’identification
Partie IV. DISCUSSIONS
IV.1. Dalbergia cf. emirnensisBenth
IV.2. Dalbergia greveanaBaill
IV.3. Dalbergia lemurica Bosser & R. Rabev
CONCLUSION ET PERSPECTIVES
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
WEBOGRAPHIE

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