ÉVOLUTION DE LA CUVETTE DANS L’ESPACE ET DANS LE TEMPS

ÉVOLUTION DE LA CUVETTE DANS L’ESPACE ET DANS LE TEMPS

L’évolution de la cuvette de Vinaninony se présente sous trois formes : les terrasses alluviales, l’assèchement de la cuvette ainsi que l’érosion des versants

. Les terrasses alluviales : témoin de l’ancien lit du cours d’eau

Les terrasses alluviales sont des niveaux topographiques plus ou moins anciens, témoins de l’hydrodynamisme passé. De ce fait, elles ne sont plus inondables (R. COQUE, 1977 ; M. CAMPY et J.J. MACAIRE, 1989). Ainsi, ces dépôts constituent un témoin de l’ancienne activité du cours d’eau. Lors des travaux de terrain trois terrasses ont été localisées (figure 18) dont deux ont presque la même altitude ce qui fait qu’au total deux types de terrasses ont été identifiés. 

La première terrasse alluviale (Tr 1-1)

La première terrasse alluviale se trouve à une altitude de 1930 m sous les coordonnées X : 453 795,266, Y : 726 173,247. Elle est très visible sur le terrain et facile à distinguer par les séquences sédimentaires qui le constituent. Cette terrasse est formée de plusieurs séquences sédimentaires : limon, sable, galet, et bloc de pierre (Photo 5). Tous ces dépôts ont été mis en place par le cours d’eau. En effet, après un temps de transport ils finissent par se déposer, présentant ainsi une hétérogénéité granulométrique et minéralogique au niveau des faciès. L’ensemble des dépôts en surface est majoritairement plus fin, ces dépôts sont le plus récents. Puis ils s’enchainent dans une matrice de sablo-limoneux. Au-dessus de la base se trouvent des galets émoussés cimentés par des sables de couleur rouille. Par rapport au niveau de talweg actuel, elle se trouve à 2 m au-dessus. 71 Source : cliché de l’auteur, octobre 2017 Photo 5. Terrasse alluviale (Tr 1-1) Le profil se décrit comme suit : 0-60 cm : Horizon brun clair 60-80 cm : sable 80-100 cm : Alluvion 100-120 cm : Sable 120-140 cm : Cendre volcanique mélangée par des galets émoussés 140-200 cm : Galets cimentés par des sables de couleur rouillée 200-210 cm : Bloc de pierre arrondie À la base, le dépôt est qualifié de type torrentiel puisque seuls les débits torrentiels d’un cours d’eau peuvent transporter des blocs de pierre d’environ 15 à 20 cm de diamètre. En d’autres termes, lors du dépôt, la compétence de transport de la rivière est décroissante, c’està-dire qu’au début elle est de type torrentiel, par suite, la capacité de transport s’est affaiblie, ce 72 qui justifie la foliation de cette séquence sédimentaire d’éléments plus fins en haut et grossiers à la base. 

La deuxième terrasse alluviale (Tr 1-2)

La deuxième terrasse se trouve plus au sud, sous les coordonnées X : 453 570,642, Y : 725 948,622, à une altitude de 1935 m. Cette terrasse ne se différencie pas de la terrasse (Tr 1- 1), elles ont presque la même altitude et séquence sédimentaire. Source : cliché de l’auteur, octobre 2017 Photo 6. Terrasse alluviale (Tr 1-2) Les éléments du profil observés sont les suivants : 0-120 cm : Horizon sablo limoneux (tany mondra) 120-140 cm : Cendre volcanique 140-170 cm : Galets émoussés de taille variable de 2 à 15 cm 170-310 cm : Galets émoussés avec une matrice sableuse 310-320 cm : Blocs de basalte parfaitement émoussé 73 Sur la photo 6, on peut encore revoir la compétence d’apport de sédiment du cours d’eau. L’horizon limoneux sableux est un horizon qui n’est plus fertile, ainsi les paysans les appellent : « tany mondra ». Celle-ci s’alterne avec une mince couche de cendre volcanique. De ce fait, les matériaux qui ont constitué les deux terrasses sont des produits volcaniques. En effet, avant de s’encaisser, la rivière d’Ambohijatovo (affluent de la rivière de Vinaninony) a déposé des sédiments d’origine volcaniques sauf les matrices sableuses qui sont des matériaux de socle. D’ailleurs, la description des deux terrasses montre qu’auparavant la cuvette de Vinaninony a connu une alternance de saison sèche et humide. Et les deux terrasses ne se trouvent pas dans la zone alluviale, mais elle se trouve entre la limite de la zone alluviale et le basalte. Ainsi les deux terrasses alluviales sont le témoin de l’origine de l’abaissement de la cuvette conduisant ainsi à la modification du profil d’équilibre, c’est-à-dire que la cuvette a creusé son lit pour atteindre le niveau d’abaissement de la cuvette conduisant à l’apparition des terrasses. Ainsi, la modification du niveau de base locale engendre le colmatage à l’amont de la rivière.

Terrasse alluviale (Tr-2)

Le deuxième type de terrasse se trouve à l’ouest de la zone alluviale sous les coordonnées X : 452 300,109, Y : 731 080,225 à une altitude de 1881 m. Cette terrasse est très différente des deux autres. La distinction entre des deux se tient au sédiment qui la constitue. Source : cliché de l’auteur, octobre 2017 Photo 7. Terrasse alluviale (Tr-2) 74 La terrasse est formée par des dépôts généralement plus fins, il y a une succession de sable, de limon et de cendre. Ils sont accompagnés de galets émoussés et de quartz fumenteux, laiteux, provenant du migmatite bordure de Vavavato et l’activité volcanique (Ankorondrano et Avaratsena). D’ailleurs, cette terrasse est dominée par de sable et d’alluvions. Par rapport au niveau de talweg actuel, elle est percée à 6,50 m d’altitude relative. Cependant, malgré la dominance des matériaux du socle dans cette terrasse, il existe aussi des matériaux basaltiques, moins nombreux que les matériaux du socle. Ces deux types de terrasses sont en effet différents puisque l’escarpement de faille nordsud a bloqué la charge de fond. Seules les charges en suspension ont pu être transportées, par exemple, les alluvions et les cendres volcaniques. C’est le phénomène qui explique la formation limoneuse et cendreuse sur la terrasse (tr- 02). Cependant, la présence des grains de quartz est due à la dégradation de la migmatite granitoïde de bordure de Vavavato. Par conséquent, les cailloux présentent une forme triangulaire. Ainsi, ils n’ont pas subi un long transport. Sur cette terrasse, il existe aussi des laves vitreuses démantelées non cristallisées.

L’assèchement de la cuvette de Vinaninony

L’assèchement de la cuvette de Vinaninony est lié aux facteurs naturels et artificiels. Avant d’analyser les différents facteurs qui ont contribué à son assèchement, il faut considérer avant tout l’ancienne extension du lac qui a occupé la cuvette. Pour ce faire, des simulations ont été faites sur le logiciel SIG en se basant sur les données de terrain. Le but est de ramener le cours d’eau à son niveau ancien en ne tenant pas compte les nouveaux lits tracés par l’homme. En effet, lors des travaux de terrain plusieurs anciens méandres ont été trouvés, ainsi que l’endiguement et creusement de nouveau lit (Figure 24). Par la suite du traitement, l’ancienne extension du lac est retracée. En d’autres termes, le niveau d’eau est ramené au niveau de la terrasse alluviale Tr-2 (1881 m d’altitude) puisqu’il s’agit de l’ancien lit du cours d’eau avant son encaissement. 

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