Evolution du contenu de la Recommandation PUH

La concertation des différentes parties prenantes est donc déjà présente dans le Mémorandum de Vienne. Cependant on peut noter que ce principe semble avoir pris une importance encore plus accrue, dans la Recommandation concernant les PUH, au vu du nombre de fois où il apparait dans ce texte. Notons également que dans ce dernier, la concertation est vue à une échelle plus large. En effet, il est envisagé la participation active et utile, des organisations non-gouvernementales nationales et internationales (type ICOMOS) dans la diffusion des bonnes pratiques, et la coopération des Etats entre eux, qui doivent diffuser les enseignements qu’ils ont tirés de leurs expériences. On peut aussi noter que l’implication des réseaux universitaires académiques et de recherche et aussi envisagé (tout ceci n’était pas mentionné dans le texte du Mémorandum de Vienne). Ici encore, on voit qu’un principe, celui du développement durable, était déjà abordé dans le Mémorandum de Vienne. D’ailleurs dans certaines phrases même si le mot ‘’durable’’ n’est pas cité, on voit que les concepts qu’il implique y sont abordés (le long terme et la viabilité dans interventions) : « La recherche des effets à long terme et de la viabilité des interventions planifiées est une partie intégrante du processus de planification, qui vise à protéger le tissu historique, le parc et le cadre immobiliers. » Cependant, la Recommandation finale a voulu mettre l’accent et renforcer ce principe en le considérant comme primordial. Ceci est illustré par le nombre de fois où le terme de durable apparait dans le texte final.

« Elle propose d’appliquer une approche fondée sur le paysage pour identifier, conserver et gérer les territoires historiques dans leur cadre urbain plus large, prenant en considération l’interdépendance de leurs formes physiques, leur organisation et leurs liaisons spatiales, leurs caractéristiques et leur environnement naturel, ainsi que les valeurs sociales, culturelles et économiques qu’ils incarnent. » (Ibid, « Article 5 », p59) On voit donc que dans les deux cas, la prise en compte du patrimoine est pensée à une échelle plus large qu’à une vision uniquement centrée sur les monuments, ce qui est cohérent car c’est justement cette préoccupation qui avait fait naître le Mémorandum de Vienne. Il faut d’ailleurs bien comprendre que c’est sur cette définition que s’est jouée la très grande majorité des débats et des réunions d’experts qui ont contribué au processus d’élaboration de la Recommandation sur le PUH; chacun n’ayant pas forcement au départ la même vision ou définition de ce qu’est un PUH, de ce qu’il comprend. La deuxième partie de notre analyse comparative « Le présent Mémorandum renvoie aux villes historiques déjà inscrites ou dont l’inscription est proposée sur la Liste du patrimoine mondial de l’UNESCO, ainsi qu’aux plus grandes villes qui ont des monuments et des biens du patrimoine mondial implantés sur leur territoire. » (UNESCO, Mémorandum de Vienne, « Article 6 », p2)

« Considérant en outre que l’urbanisation se développe à une échelle sans précédent dans l’histoire de l’humanité, et que, partout dans le monde, cette évolution engendre des changements socioéconomiques et une croissance qui devraient être mis à profit aux niveaux local, national, régional et international, » (UNESCO, Recommandation PUH « Préambule », p 58) « Notant cependant que du fait de l’évolution démographique, de la libéralisation des échanges mondiaux et de la décentralisation, ainsi que du tourisme de masse, de l’exploitation commerciale du patrimoine, et des changements climatiques, les conditions ont changé et que les villes subissent les pressions du développement et sont confrontées à des problèmes inconnus lors de l’adoption de la dernière Recommandation en date de l’UNESCO sur les ensembles historiques en 1976 ( Recommandation concernant la sauvegarde des ensembles historiques ou traditionnels et leur rôle dans la vie contemporaine) » (UNESCO, Recommandation PUH , « Préambule », p 58)