Fracture numérique

Fracture numérique: rien n’est encore gagné

La fracture numérique entre le Nord et le Sud perdure, malgré le développement de grandes autoroutes numériques de l’information dans certains pays du sud. Pour les médias, la transmission des informations, l’échange de musiques ou de reportages, l’activité publicitaire en ressentent durement les conséquences.

Les médias qui travaillent en Afrique, c’est le cas notamment de la Fondation Hirondelle, sont confrontés au problème de l’accès à des liaisons internet à haut débit. Seules les télévisons d’Etat échappent parfois à ce problème. Les radios ont besoin du haut débit pour l’utilisation de leurs outils professionnels, qu’il s’agisse de transmission immédiate de sons, de mise à disposition des auditeurs des programmes radio en direct sur internet, de communication au sein d’un réseau de radios ou encore d’échange de services, comme de l’archivage en ligne. Toutes les radios du monde passent aujourd’hui par des outils de transmission numérique. Alors qu’en Occident, on est habitué a l’immédiateté de l’information et de la communication, celle-ci n’est pas garantie en Afrique. Elle dépend de la qua- lité de l’accès au réseau Internet au moyen des diverses technologies disponibles.

Dans la plupart des pays sub-sahariens jusqu’à l’Afrique du Sud, les réseaux de communication restent moins développés qu’en Occident et beaucoup de liaisons à l’Internet proposées sur le marché n’offrent que du faible débit. Cela prend beaucoup de temps pour échanger des sons ou des données. Or, dans un média de l’instantané comme la radio, perdre du temps, c’est perdre de l’efficacité.  Certes, il reste possible de louer directement une liaison par satellite pour son usage exclusif, mais les coûts restent très élevés, trop élevés pour pratiquement tous les médias africains. C’est particulièrement cher lorsque cette liaison par satellite ne les limite pas dans un rôle de récepteur de données, de sons, d’émissions radio, mais qu’elle leur offre égale- ment la possibilité d’envoyer, d’échanger, d’accéder elles-mêmes à l’Internet. La situation actuelle paralyse le développement de l’activité des médias au Sud. L’existence de réseaux de communication à haut débit, financièrement accessibles, est la condition des échanges d’in- formation entre pays du Sud et avec ceux du Nord. Des solutions se dessinent.

Le haut débit fait référence à une capacité d’accès à Internet. Sa définition n’est pas règlementée et varie considérablement selon les pays. Pour l’OCDE, l’Organisation de coopération et de développement économique, c’est un dé- bit supérieur à 256 kilobits par seconde. On parle généralement de haut débit au niveau du lien final entre l’abonné et le réseau. Les contenus échangés sur le réseau peu- vent être des données écrites, de la voix, du son, des images, de la télévision, du film, des conte- nus multimédia et autres. Plus le contenu est riche, plus il est lourd à transporter, et plus il faudra de capacité de débit pour pouvoir passer cette information. Un E-mail ne représente presque rien en termes de débit ; un document écrit non plus. Du son est déjà plus lourd à transporter. Des images beaucoup plus, et des images animées encore plus. Et lorsqu’on veut offrir de l’interactivité dans les données transmises par internet, les capacités de débit nécessaires deviennent encore plus importantes. C’est le cas par exemple en radio pour le streaming, le transfert de données en continu qui permet aux auditeurs d’écouter les programmes radio sur internet.

La tendance des offres technologiques pour les médias s’oriente vers l’échange et le partage de services à distance. Cela est possible pour autant que le média soit relié à un réseau haut débit qui fonctionne. Entretien avec Frédéric Pitard, fondateur et directeur associé de labradio, expert conseil dans les technologies médias, par Dominique Jaccard. Dominique Jaccard : Les accès au haut débit ne sont pas aussi développés au Sud qu’au Nord. Où se situe le problème, technologique- ment ?Frédéric Pitard : Plusieurs technologies existent pour transporter des contenus : satellite, câble, téléphonie. Techniquement, il est possible de recevoir et d’envoyer de partout n’im- porte quelles données, sons ou images. C’est possible même en plein désert, avec une valise de transmission par satellite. Le problème est le coût, qui limite aujourd’hui l’usage de ces transmissions à des contextes bien précis. Le développement d’un accès généralisé et économique au haut débit implique une coordination à plusieurs niveaux : celui de l’Etat ou d’un groupe privé qui investit pour assurer au pays ou à une région une connexion au réseau Internet; celui des opérateurs qui doivent dis- poser de bandes passantes suffisantes et d’une offre commerciale adaptée au marché local ; et celui du lien final entre l’opérateur et l’adresse de l’usager qui doit également disposer d’une connexion lui permettant d’utiliser l’infrastructure haut débit mise en place. Beaucoup de pays africains ont engagé des projets de développement des réseaux haut débits, notamment dans les capitales, les grandes villes ou entre celles-ci, pour disposer de connexions..

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