GENERALITES SUR LES MALADIES HYDRIQUES ET LE SECTEUR EHA/WASH

Analyse de l’évolution des indicateurs du secteur EHA/WASH

Données épidémiologiques

Les pathologies hydriques sont fortement associées à un manque d’hygiène, un défaut d’assainissement et l’inaccessibilité de l’eau potable (Bouguerra, 2003). L’eau peut, en effet, avoir des conséquences préjudiciables si sa source n’est pas protégée contre la pollution ; le polluant le plus vraisemblable étant les fèces humaines mal éliminées (UNICEF, 2006b). Les eaux tirées de puits ordinaires non protégées, de rivières, de lacs et de cours d’eau se trouvent principalement exposer à cette pollution. L’utilisation de ces eaux pour diverses activités domestiques (cuisine, vaisselle, bain…), peut conduire à une ingestion directe ou indirecte de polluants, avec comme conséquence, la survenue probable de pathologies hydriques. (Kaboré et al., 2017; UNICEF, 2006b; OMS, 2019b). D’un point de vue épidémiologique, un lit d’hôpital sur deux est occupé par un patient souffrant d’une maladie hydrique et 36 000 personnes meurent chaque jour à travers le monde du fait d’un manque d’eau potable et d’un défaut d’assainissement (Bouguerra, 2003). Parmi les personnes les plus exposées à ces atteintes, figurent les nourrissons et les jeunes enfants des pays en développement. En effet, quatre millions de décès d’enfants par an sont imputables à l’eau insalubre, principalement, de par la diarrhée qu’elle occasionne chez ce groupe d’âge et les pays en développement sont les plus concernés par cette forte charge de mortalité (Ndiaye et al., 2010; Kaboré et al., 2017; OMS, 1993). La diarrhée constitue l’un des principaux déterminants du retard de croissance chez les enfants de ces pays (UNICEF, 2006b). En Afrique, outre les maladies diarrhéiques, d’autres pathologies d’origine hydrique, à l’image des Infections Respiratoires Aiguës (IRA), touchant dans la majorité des cas, les enfants de moins de 5 ans sont aussi problématiques (World Bank, 2012). L’Eau, l’Hygiène et l’Assainissement (EHA ou WASH en anglais) apparaissent ainsi indispensables à la prévention de ces maladies et les défaillances notées dans ce secteur rendent difficiles cette prévention et la prise en charge d’autres types de maladies, 8 notamment la malnutrition (OMS, 2019b). Les causes directes de la malnutrition chez l’enfant, sont particulièrement liées aux événements affectant la santé de celui-ci.(UNICEF, Burundi 2013) Les épisodes de diarrhées ainsi que les IRA peuvent donc être responsables de la survenue de la malnutrition (ACF, 2012; OMS, 2014). Le lien entre l’EHA et la survenue de maladies hydriques est largement établi au regard des données factuelles. Une contamination de l’eau et des mains par les matières fécales humaines favorise la transmission de ces maladies (Kaboré et al., 2017). L’incidence de la diarrhée augmente avec la défécation sauvage et le manque d’hygiène des mains : une hausse de 64% du nombre de cas et un risque de diarrhée trois fois plus élevé ont été respectivement observés chez des enfants dont les selles étaient sauvagement éliminées en comparaison à ceux dont les selles étaient éliminées dans de bonnes conditions d’hygiène, et chez des enfants de mains sales en comparaison avec ceux de mains propres. Par ailleurs, un lien a été établi entre le fait qu’une maman se lave les mains avant de préparer les repas ou après avoir essuyé son enfant et l’incidence de la diarrhée chez ce dernier (OMS, 1993a). La charge de la morbidité liée aux pathologies d’origine hydrique pourrait être atténuée en améliorant l’accès à l’EHA (Kaboré et al., 2017 ; OMS, 1993a). L’effet de l’amélioration des installations d’approvisionnement en eau et d’assainissement sur la morbidité liée à la diarrhée a été prouvé par plusieurs études. Il ressort de ces études qu’une amélioration des installations peut entrainer une baisse de la morbidité de 25% et une baisse de la mortalité infantile globale de 55% (OMS, 2004). Par ailleurs, le lavage des mains et l’emploi systématique de toilettes ou de latrines contribueraient à la réduction de l’incidence de la pneumonie et de la diarrhée chez les enfants (UNICEF, 2006a). Alors que le lien entre l’EHA et la survenue de maladies hydriques n’est plus à démontrer, des estimations révèlent que plus d’un milliard d’individus à travers 9 le monde n’ont pas accès à l’eau potable, et deux autres milliards n’ont pas de réseaux d’eaux usées ni assez d’eau pour une hygiène adéquate (Bouguerra, 2003). Entre 2000 et 2015, le nombre de personnes pratiquant la défécation à l’air libre à travers le monde a considérablement diminué (de 1229 millions à 892 millions), cependant, il y a nécessité d’accélérer ces progrès pour mettre fin à la défécation à l’air libre d’ici 2030 (OMS/UNICEF, 2017). En outre, en 2015, les estimations dans le domaine de l’EHA ont révélé entre autres que parmi les 159 millions de personnes qui collectaient encore directement leur eau de boisson à partir des eaux de surface, 58 % d’entre elles vivaient en Afrique subsaharienne et une couverture en matière d’installations élémentaires destinées au lavage des mains en deçà de 50% pour les mêmes pays d’Afrique subsaharienne (OMS/UNICEF, 2017). La question de l’eau et de l’assainissement doit donc être traitée avec diligence en Afrique (surtout en Afrique subsaharienne) car la région affiche les taux les plus élevés de mortalité infantiles et des niveaux d’hygiène, d’assainissement et d’accès à l’eau potable les plus faibles (UNICEF, 2006a). Au Sénégal, selon l’Enquête Démographique et de Santé (EDS) (2016), plus de 82% des ménages consomment de l’eau provenant d’une source améliorée et dans la majorité des cas, l’eau utilisée provient d’un robinet ; 45% des ménages disposent de toilettes améliorées non partagées contre 32% de ménages utilisant des toilettes non améliorées et dans la majorité des cas, des latrines traditionnelles ; le pourcentage de ménages disposant d’un endroit pour se laver les mains était de 15% (ANSD, 2017). Par ailleurs, on note une dégradation de la qualité des eaux brutes du fait de la pollution chimique et biologique liée aux décharges sauvages de déchets et de pesticides, particulièrement dans le Delta et la vallée du fleuve Sénégal, dans les Niayes et à Dakar. Le Delta du fleuve Sénégal semble particulièrement touché par les maladies hydriques (bilharziose et diarrhées) (AQUASTAT, 2005). 10 II. Secteur de l’eau, l’assainissement et l’hygiène (EAH/WASH) 

Définition L’initiative

EHA/WASH est un effort de sensibilisation visant à donner une orientation claire aux interventions dans le secteur de l’eau, l’hygiène et l’assainissement dans les agendas politiques. Elle fut instaurée lors de la conférence de Bonn (Allemagne) sur l’eau, en 2001 et actualisée lors du Sommet Mondial sur le Développement Durable en 2002 à Johannesburg (Afrique du Sud). Les objectifs de développement fixés lors de ce sommet sont un appel mondial à agir pour éradiquer la pauvreté, protéger la planète et faire en sorte que tous les êtres humains vivent dans la paix et la prospérité. L’objectif 6 de cet appel (ODD 6) vise à « garantir l’accès de tous à des services d’alimentation en eau et d’assainissement gérés de façon durable » et comprend six (6) cibles techniques liées entre autres à l’EHA/WASH (OMS 2017; 2019a; OMS/ONUHABITAT 2018; WHO/UNICEF, 2017). Par ailleurs, il est impossible d’atteindre de nombreux Objectifs de Développement Durable (ODD), notamment l’ODD 3 relatif à la santé sans progresser de manière décisive vers l’ODD 6. En effet, ce dernier est étroitement lié à l’ODD 3 de par ses cibles techniques que sont :  Mettre fin aux maladies d’origine hydrique (cible 3.3) ;  Réduire le nombre de décès et de maladies dus à l’insalubrité de l’eau, aux déficiences des systèmes d’assainissement et au manque d’hygiène (cible 3.9). L’initiative EHA/WASH couvre donc collectivement un ensemble de questions relatives à l’eau, l’hygiène et l’assainissement et s’articule autour de trois volets interdépendants :  Accès durable à l’eau potable  Accès durable à « l’assainissement de base » et ou « amélioré »  Bonnes pratiques d’hygiène et d’assainissement (BPHA) : Les interventions dans ce domaine visent ainsi à réduire la morbidité liée à l’eau, l’hygiène et l’assainissement grâce à la promotion des BPHA telles que le lavage 11 des mains avec du savon, l’utilisation effective de latrines hygiéniques et la préservation de la potabilité de l’eau du point de puisage jusqu’à la consommation entre autres (Diorano, 2008; OMS, 2012; PMNCH, 2013).

Déterminants de l’EHA/WASH

L’eau est un bien essentiel à la vie humaine, cependant sa répartition est très contrastée entre l’accessibilité pour certains et l’inaccessibilité pour d’autres (GOMES CA et al, 2016). Ce contraste peut être expliqué par plusieurs facteurs :  Les facteurs socio-culturels : Le choix des sources d’eaux de consommation est largement influencé par les facteurs socio-culturels. En Afrique, les ménages préfèrent l’eau en provenance des rivières et des marigots au détriment des eaux de forage. Il est par ailleurs noté que certains cultes religieux et traditionnels ne se font qu’avec de l’eau naturelle et de préférence superficielle (GOMES CA et al, 2016).  Les facteurs politiques et financiers : La demande d’accès à l’eau est souvent mal évaluée dans de nombreux pays. Il en découle donc des investissements inadaptés pour rendre l’eau accessible (Briand et Loyal 2017; Grelle et al., 2006).  Les facteurs éducationnels : Le niveau faible de l’éducation dans les pays en développement est à l’origine de l’ignorance par une fraction importante de la population des BPHA (CMAE/BAD/BM/WSP, 2008)  Les facteurs géographique et physique : Une instabilité des paramètres climatiques affecte la disponibilité des ressources en eau et par conséquent l’accès à l’eau (Nkengfack et al, 2017; Grelle et al., 2006; GOMES CA et al 2016; Briand et Loyal ,2017; DJOHY 2018; PS-Eau ,2012). L’hygiène quant à elle est sous l’influence de plusieurs facteurs en dehors de l’accès à l’eau qui, lorsqu’il fait défaut, se traduit par un manque d’hygiène. Ces facteurs sont les suivants :  Manque de connaissances des Bonnes Pratiques d’hygiène : Les programmes d’éducation à l’hygiène font défaut d’où une mauvaise connaissance des pratiques d’hygiène.  Manque de prestataires de services : Dans les régions où l’hygiène fait défaut, existe un choix limité de prestataires de services dans le domaine de l’hygiène, qu’ils soient d’agences gouvernementales locales, d’associations communautaires, d’Organisations Non gouvernementales (ONG) ou d’opérateurs privés (TEARFUND, 2007)  Facteurs socio-culturels : Du fait de ces facteurs, certains bénéficiaires de projets de promotion de l’hygiène à l’image des groupes ethniques peuvent être réticents aux nouvelles installation hygiéniques.(TEARFUND, 2007)  Facteurs politiques et financiers : Le manque de moyens financiers nécessaires à la construction d’installations hygiéniques tels que des latrines peut être à l’origine du défaut d’hygiène observé dans certains ménages. Par ailleurs, des obstacles liés aux manques de main d’œuvre et d’expertise technique du fait de la migration de la population masculine sont aussi à retenir.  Facteurs géographiques : Un tiers de la population urbaine mondiale réside dans des quartiers non planifiés par les autorités publiques. Cette dernière est à l’origine des obstacles notés dans le processus de drainage des eaux pluviales.(OMS, 1993; TEARFUND, 2007; Swiss TPH, 2015; CMAE/BAD/BM/WSP, 2008) En ce qui concerne l’assainissement, le gap est surtout noté dans les pays en développement notamment en Afrique où l’on rencontre de nombreuses difficultés causées par plusieurs facteurs : la forte croissance démographique, l’extrême pauvreté, le faible niveau d’éducation, l’absence d’engagement politique, les facteurs comportementaux (croyances traditionnelles, incivisme…), l’exode rurale, les disparités entre zones urbaines et zones rurales, le manque d’infrastructures sanitaires adéquates entre autres.

Enquête

Démographique et Santé (EDS) L’Enquête Démographique et de Santé (EDS) est une enquête portant sur un échantillon national et destinée à fournir des renseignements sur la population, la planification familiale, la santé des mères et des enfants, l’état de survie des enfants, le VIH/sida et les Infections Sexuellement Transmissibles (IST), la santé reproductive et enfin sur l’état nutritionnel. En effet, l’EDS se propose quatre objectifs essentiels :  Fournir aux pays participant des données et des analyses ayant un impact sur les programmes de santé et de population ;  Développer une base de données internationale sur la santé et la population ;  Développer de nouvelles méthodologies d’enquête ;  Développer, dans les pays participants, les capacités et les ressources nationales nécessaires à la réalisation d’enquêtes démographiques et de santé de haut niveau. Ainsi, l’EDS constitue actuellement l’une des principales sources de données concernant la population et la santé à l’échelle mondiale. Sa réalisation est confiée à l’Institute for Resource Développent (IRD) et son financement est assuré par l’Agence Américaine pour le Développement International (USAID) (Calverton,Maryland, 2011; Ayad et Barrère, 1991). Au Sénégal, sa mise en œuvre est assurée par l’Agence National de la Statistique et de la Démographie. Plusieurs variables se rapportant à l’eau, l’hygiène et l’assainissement sont collectées lors de cette enquête. Ces variables offrent la possibilité de calculer des indicateurs de suivi de l’évolution vers les cibles de l’Objectif 6 de Développement Durable en relation avec l’EHA/WASH. 

Table des matières

INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : GENERALITES SUR LES MALADIES HYDRIQUES ET LE SECTEUR EHA/WASH
I. Maladies hydriques
I.1. Définitions
I.2. Classification
I.3. Données épidémiologiques
II. Secteur de l’eau, l’assainissement et l’hygiène (EAH/WASH)
II.1. Définition
II.2. Déterminants de l’EHA/WASH
III. Enquête Démographique et Santé (EDS)
IV. Programme commun OMS/UNICEF de suivi de l’eau et de l’assainissement (JMP)
DEUXIEME PARTIE : ANALYSE SECONDAIRE DES BASES DE DONNEES DE L’EDS ET DU JMP
I. Modèle théorique et cadre conceptuel de l’étude
II. Objectifs de l’étude
II.1. Objectif général
II.2. Objectifs spécifiques
II.3. Cadre d’étude
III. Démarche méthodologique
III.1. Analyse de l’évolution des indicateurs du secteur EHA/WASH
III.2. Mesure de l’impact de l’EHA/WASH sur la survenue de la diarrhée et de l’IRA
III.2.1. Variables dépendantes
III.2.2. Variables explicatives
IV. Résultats
IV.1. Analyse de l’évolution des indicateurs du secteur EHA/WASH
IV.2. Impact de l’EHA/WASH sur la survenue de la diarrhée et de l’IRA
IV.2.1. Régression logistique simple
IV.2.2. Régression logistique multiple
V. Discussion
CONCLUSION
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES.

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