HISTOIRE DE L’ORGANISATION DE L’ASSISTANCE PSYCHIATRIQUE AU SENEGAL

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Prévalence

Le taux de prévalence de la maladie mentale est de 2 % au centre hospitalier régional Amadou Sakhir Mbaye de Louga. Diakhaté [22] avait trouvé une incidence sur la population casamancaise de 1,01 malade pour mille habitants. Des travaux réalisés en France [54] et au Canada [58] ont également mis en évidence cette faible fréquentation hospitalière résultat pourrait s’expliquer par le manque de sensibilisation des populations par rapport aux maladies mentales, la discrimination et la stigmatisation des malades mentaux qui constituent un obstacle à l’accès aux soins, le recours aux thérapies traditionnelles et enfin, le service de psychiatrie du CHRASM de Louga ne fonctionne que depuis deux ans et beaucoup ignorent encore son existence.

Caractéristiques sociodémographiques

Le genre

Les femmes sont plus représentées dans notre population d’étude avec un taux de 54% contre 46% chez les hommes. Karambé et al. [34] avaient rapporté une légère prédominance féminine au Mali. Une étude menée par Sarr [66] au CHNU de Fann avait également trouvé une prédominance féminine. Cette tendance est conforme à celle retrouvée dans l’étude d’Allonier [3] qui s’est déroulée à Paris et qui montrait que les femmes avaient plus recours aux soins que les hommes. Au Canada, la prévalence générale de la maladie mentale selon le genre était à peu près la même [56]. Plusieurs facteurs peuvent être pris en compte dans l’explication des résultats. D’abord, les femmes sont légèrement plus nombreuses que les hommes selon l’ANSD avec un taux de 50,2% ; ensuite les femmes expriment plus leur mal et n’hésitent pas à demander assistance contrairement aux hommes qui ont tendance à intérioriser. Aussi, la région de Louga étant une région où beaucoup d’hommes ont émigré, les épouses vivent parfois dans la solitude et font souvent face à une pression familiale et sociale pouvant être difficilement vécue sur le plan psychologique.

L’âge

La majorité des patients consultés (40,45%) a un âge compris entre 15-29 ans. Cette forte représentativité des jeunes avait été soulignée dans les travaux antérieurs réalisés à Fann [20, 50, 45] et à Thiaroye [69]. Des travaux plus récents confirment cette tendance [53, 43, 71, 42].
La surreprésentation des jeunes pourrait s’expliquer par une croissance démographique qui est devenue assez rapide au Sénégal. L’incidence de fécondité est estimée à 4,7 enfants par femme en 2011 avec un taux brut de 36 naissances pour mille habitants [61]. La structure par âge montre à ce titre une population incontestablement jeune. A cela s’ajoute une certaine vulnérabilité liée à cette période de la vie où le sujet jeune, mal compris, en quête d’autonomie est souvent en conflit avec ses parents. En outre, Ils sont confrontés aux problèmes de scolarisation, de chômage, de sexualité, mais aussi et surtout de drogue.

Le statut matrimonial

Les célibataires sont légèrement prédominants dans la population d’étude avec 45,73%, suivis des mariés avec 44,47%. Les divorcés et les veufs ont les proportions les plus faibles avec respectivement 5,28% et 4, 52%. Lindsay [38] avait également trouvé une prédominance de célibataires à hauteur de 59,7%. Il ressort également des études réalisées dans d’autres pays d’Afrique que la pathologie mentale touche beaucoup plus les célibataires. Des taux de 57,4% avaient été avancés par Tognon [71] au Bénin. De même, Mbassa [41] au Cameroun avait trouvé une fréquence de 65,15%. Pariente et al. [51] avaient aussi signalé cette prédominance des célibataires. Ces résultats pourraient s’expliquer par divers facteurs. D’abord, il a été scientifiquement prouvé que le célibat constitue un facteur de vulnérabilité au trouble mental et au suicide ; ensuite, les malades mentaux célibataires rencontrent d’énormes difficultés à nouer un lien de mariage et enfin certains craignent que leurs enfants héritent de la maladie. Par ailleurs, nous retrouvons une proportion non négligeable de mariés (44,47%) proche des résultats de Marone [40] et ceux de Loucar [39]. L’étude d’Abu Madini et Rahim [1] en Arabie Saoudite montrait également un taux élevé de mariés. Ceci pourrait s’expliquer par la prédominance des femmes dans la localité de Louga où elles se marient à un âge relativement jeune. Mal préparées, elles sont sujettes à de nombreuses difficultés découlant d’une certaine immaturité (vie de couple, puerpéralité, responsabilités parentales). En outre, elles peuvent également être victimes de violences conjugales dans un contexte socioculturel qui invite la femme à rester endurante dans sa vie de couple, assumer les souffrances et les privations pour en récolter le bénéfice au travers de la réussite de ses enfants. Enfin, la solitude de la femme dont le mari vit à l’étranger pourrait être un facteur de stress pourvoyeur de troubles psychiques.

Origine géographique

La quasi-totalité des consultants proviennent du département de Louga (85,3%) et des autres départements de la région : Linguère (3,64%), Kébémer (3,52%). Ceci serait lié à l’accessibilité du service mais aussi à la proximité par rapport à leur lieu de résidence. Cependant, nous avons noté que des patients venaient de Touba (1,9%). Ceci serait dû à l’absence de service de psychiatrie dans cette localité. La route Louga-Touba passant par Dahra qui constitue une voie d’accès rapide pourrait également être une raison. Ils venaient également de Saint-Louis (3,26%) et de Tivaoune (1,38%). L’hôpital régional de Saint- Louis dispose d’une unité de soins psychiatriques mais avec seulement quatre lits d’hospitalisation. Du fait de cette faible capacité, certaines familles de la région nord du Sénégal se dirigent vers Louga. Le centre de santé mentale « Dalal Xel » de Thiès souvent débordé, les populations de Tivaoune sont obligés de se tourner vers d’autres structures. En outre, certaines personnes satisfaites de leur suivi, recommandent le service à leurs proches qui habitent ailleurs. Enfin, on a enregistré des consultants venant de Dakar (0,88%) et de l’extérieur du pays (0,12%). Ces patients étaient de passage dans la ville de Louga.

Table des matières

INTRODUCTION
PREMIÈRE PARTIE
A. HISTOIRE DE L’ORGANISATION DE L’ASSISTANCE PSYCHIATRIQUE AU SENEGAL
I. Représentations culturelles de la maladie au Sénégal
II. Concepts historiques de l’assistance psychiatrique au Sénégal
II.1. La psychiatrie coloniale
II.2. La genèse d’une psychiatrie sociale
II.3. L’évolution de la psychiatrie au Sénégal
B. LES INSTITUTIONS PSYCHIATRIQUES AU SENEGAL
I. Dans la région de Dakar
I.1. Le service de psychiatrie du Centre Hospitalier National de Fann
I.2. Le Centre Hospitalier National Psychiatrique de Thiaroye
I.3. Le service de psychiatrie de l’hôpital Principal de Dakar
I.4. L’unité de psychiatrie de l’hôpital militaire de Ouakam
II. Situation dans le reste du Sénégal
II.1. Le centre psychiatrique Emile Badiane Ziguinchor
II.2. L’ordre hospitalier de Saint Jean de Dieu
II.2.1. Le centre de santé mentale « Dalal Xel » de Thiès
II.2.2. Le centre de santé mentale « Dalal Xel » de Fatick
II.3. L’unité de psychiatrie de l’hôpital régionale de Saint-Louis
II.4. Le centre de réinsertion sociale de Kaolack
II.5. Le centre psychiatrique de Djinkoré
II.6. Le service de psychiatrie de l’EPS de Mbour
II-7. Le service de psychiatrie du C.H.R.A.S.M.L
DEUXIÈME PARTIE
A. OBJECTIFS
A.1 Objectif général
A.2 Objectifs spécifiques
B. CADRE GENERAL ET METHODOLOGIE
I.Cadre général de l’étude Le Service de psychiatrie du C.H.R.A.S.M.L
II. Présentation du C.HR.A.S.M.L
II.METHODOLOGIE
II.1 Type et période d’étude
II.2 Les instruments de collecte
II.3 La collecte des données
II.4 Saisie et analyse de données
II.5 Population d’étude
II.6 Critères d’inclusion
II.7 Critères d’exclusion
II.8 Considérations éthiques
II.9 Difficultés rencontrées
C.PRESENTATION DES RESULTATS
I.Prévalence
II. Caractéristiques sociodémographiques
II.1. Le genre
II.2 L’âge
II.3 La situation matrimoniale
II.4 Origines géographiques
II.5 Niveau de scolarisation
II.6 L’activité professionnelle
II.7 L’appartenance culturelle
III.Pathologies rencontrées
III.1 Fréquence des pathologies selon le genre
III.2 Fréquence pathologies selon l’âge.
III.3 Fréquence des pathologies selon l’activité professionnelle
III.4 Fréquence des pathologies selon la situation matrimoniale
III.5 Traitement traditionnel en première intention
TROISIÈME PARTIE DISCUSSION
I.Prévalence
II. Caractéristiques sociodémographiques
II.1 Le genre
II.2 L’âge.
II.3 Le statut matrimonial
II.4 Origine géographique
II.5 Niveau de scolarisation
II.6 L’activité professionnelle
II.7 L’appartenance culturelle
III. Aspects cliniques
III.1 Les épilepsies
III.2 Schizophrénie, troubles schizotypiques et troubles délirants.
III.3 Troubles névrotiques, troubles liés à des facteurs de stress et troubles somatoformes
III.4 Troubles de l’humeur
IV. Le traitement traditionnel en première intention
CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
ANNEXES

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