Impact de la gestion du barrage de Diama et de l’irrigation sur la nappe alluviale

 Acquisition des données

Données hydrologiques Les données hydrologiques proviennent de la Direction des Ressources en Eau de Saint-Louis. Ces données concernent les stations hydrométriques de Richard Toll (avant et après la mise en service du barrage) et de Diama amont après barrage

Données piézométriques

Les données piézométriques sont recueillies à partir de la base de données de la SAED constituée d’un réseau de piézomètres. Ce dernier est suivi par la SAED sur une base mensuelle. Ces données ont permis d’avoir l’évolution du niveau de la nappe, de connaitre l’emplacement des piézomètres en X et Y, de savoir le type de sol, le type de nappe, … II-2 Critique des données A la différence des données hydrologiques, les données piézométriques présentent d’énormes lacunes pour diverses raisons. Un grand nombre de piézomètres ne sont plus fonctionnels (vandalisme, bouché par effondrement, crépines endommagées, …). Le suivi des piézomètres n’est pas régulier en particulier pendant l’hivernage (prolifération des végétaux aquatiques, piézomètres inaccessibles…). L’autre problème auquel nous avons été confrontés est la non disponibilité des données piézométriques avant barrage. Le suivi des piézomètres a été entamé dans le cadre du projet ‘’eaux souterraines’’ de l’OMVS après à la mise en service des barrages (1987 à 1991). Le processus a été interrompu puis repris depuis 1997 à nos jours par la SAED qui intervient dans la rive gauche du fleuve Sénégal.

Traitement des données

L’exploitation des données a été faite sur la base de différents logiciels -Le logiciel Excel a permis de représenter les données piézométriques et pluviométriques sur des graphiques, d’effectuer des calculs, de faire des diagrammes binaires… Arc Gis : pour extraire les altitudes, cartographier les points d’eau, les aménagements hydro agricoles

Répartition des ouvrages Pour étudier le fonctionnement hydrodynamique de la nappe, nous avons exploité 10 piézomètres (figure 17) répartis en fonction de la distance au cours d’eau et de la présence ou non d’un aménagement hydro-agricole. Ainsi on distingue quatre groupes : – Groupe 1 : ils sont représentés par les piézomètres du bas delta (GA0006 et GA0023) et se trouvent dans des zones non aménagées et proches du fleuve afin de mettre en évidence l’impact du fleuve sur la dynamique de la nappe alluviale – Groupe 2 : ils sont représentés par les piézomètres GA0002 et GA0120. Ce sont des piézomètres qui se trouvent hors aménagement et loin de tout cours d’eau – Groupe 3 : Les piézomètres GA0054, GA0071 et GA0072 qui le constituent se trouvent en zone aménagée et loin d’un cours d’eau afin d’évaluer l’impact de l’irrigation sur la nappe – Groupe 4 : Il regroupe les piézomètres GA0066, GA0067 et GA0068 qui sont situés dans un aménagement hydro agricole et proche d’un cours 

RESULTATS ET DISCUSSIONS

Relation eaux de surface/ eaux souterraines  Evolution du niveau piézométrique de la nappe en zones proches d’un cours d’eau Dans cette partie nous avons établi la corrélation entre les niveaux piézométriques de la nappe et les hauteurs mensuelles du fleuve mesurées à la station de Diama amont. Dans cette corrélation nous avons cherché à mettre en évidence l’impact de la gestion du barrage de Diama sur la recharge de la nappe compte tenu de la proximité du cours d’eau. Le tableau ci -dessous décrit les caractéristiques des piézomètres choisis loin des zones aménagées et en fonction de la distance au cours d’eau le plus proche présente l’évolution du niveau de la nappe dans le piézomètre GA0006 (groupe 1). Dans cette zone, les fluctuations piézométriques sont faibles et ont tendance à se corréler avec le niveau du fleuve au cours de la saison des pluies (de juillet à septembre). En période de saison sèche, le niveau de la nappe remonte en liaison avec celui du fleuve. En effet, la gestion du barrage a fait que la hauteur d’eau est maintenue à une cote d’environ 2 m IGN. Pendant la crue, avec l’ouverture des vannes du barrage, on note une baisse du niveau du fleuve qui se répercute sur le niveau piézométrique de la nappe. En période de décrue, lorsque le niveau du fleuve augmente avec la fermeture du barrage, le niveau de la nappe remonte. Piézomètres Nappe Profondeur (m) Cours d’eau (c .e) Elévation IGN (m) Distance au c .e (m) repère base GA0006 Inchirien 13 Fleuve Sénégal 4.89 3.65 800 GA0023 Inchirien 13 Fleuve Sénégal 4.28 3.05 132 Impact de la gestion du barrage de Diama et de l’irrigation sur la nappe alluviale dans le delta du fleuve Sénégal DIOP FATOU LAYE MEMOIRE MASTER II HYDROGEOLOGIE 33 On observe un léger décalage entre la hausse du fleuve et celle de la nappe traduisant le temps de réponse du réservoir souterrain. On peut en déduire que les mouvements de la nappe suivent ceux du fleuve en amont de Diama à cette distance (à 800 m du fleuve) d’où une relation étroite cours d’eau/ nappe. De ce constat, on peut tirer la conclusion que l’alimentation de la nappe à cette distance au cours d’eau est principalement assurée par ce dernier. Figure 18 : relation nappe / cours d’eau Le piézomètre GA0023 qui capte la nappe inférieure de l’Inchirien est située à 132 m du fleuve Sénégal et en zone non irriguée. La figure 19 illustre l’évolution annuelle du niveau de la nappe de 1987 à 2017 en parallèle avec la cote du fleuve. L’analyse de cette figure nous a permis de distinguer deux périodes : De 1987 à 1991 on note un relèvement du niveau de base du fleuve dont l’évolution est similaire à celle de la nappe. Les fluctuations de la nappe suivent celles du fleuve qui présentent un régime saisonnier. La crue s’amorce au mois d’aout /septembre suivie d’une baisse à partir de novembre, elle est donc rechargée pendant la crue et se décharge à l’étiage d’où une relation étroite ‘’cours d’eau/nappe’’  on constate un rehaussement significatif de la hauteur du fleuve et du niveau piézométrique. Il faut noter qu’en 1992, le barrage de Diama a été utilisé pour relever le niveau du plan d’eau du fleuve afin de permettre la pérennisation d’eau douce durant toute l’année et d’intensifier l’agriculture par irrigation. Ceci est à l’origine de la hausse du niveau de la nappe corrélativement à celle du fleuve. Le niveau de la nappe qui oscillait entre -0,1 m à 0,4 m au cours de la première période se situe entre 0,8 m et 1,5 m de 1997 à 2017 Les fluctuations piézométriques montrent une nette influence de la gestion du barrage sur la nappe. On peut conclure que la nappe est rechargée par le fleuve pendant la crue et se décharge pendant la décrue. Figure 19 : Evolution annuelle du niveau de la nappe en parallèle avec la hauteur du fleuve  Evolution du niveau piézométrique en zones éloignées d’un cours d’eau Les piézomètres GA0002 et GA0120 situés loin des cours d’eau et hors aménagements hydroagricoles (groupe 2) sont utilisés pour établir cette relation. Pour cela, les niveaux piézométriques mensuels, la pluviométrie et la hauteur du fleuve sont représentés sur un même graphique.