IMPACTS DES ACTIVITES AGRICOLES SUR LA QUALITE DES EAUX DU LAC DE GUIERS

Présentation du Lac de Guiers 

Notre zone d’étude occupe une dépression allongée dans l’axe Nord-Sud d’environ 50 km de long, entre 15°55 et 16°16 de longitude Ouest. Il appartient à la zone aval du réseau hydrographique fossile du Ferlo, vaste bassin versant de 37 000 km², jouxtant celui du fleuve Sénégal et en communication avec lui, à hauteur de Richard-Toll, par l’intermédiaire de la Taouey. La Taouey est un marigot au tracé sinueux qui parcourt environ 25 kilomètres pour atteindre le Lac de Guiers – situé à seulement 17 kilomètres environ du fleuve – ce qui était à l’origine d’importantes pertes de charge. Pour résoudre ce problème, un canal d’une longueur de 17 km a été érigé aux abords de ce marigot en 1974. Il alimente depuis cette date le Lac à partir du fleuve Sénégal. A Keur Momar Sarr, le Lac décrit un coude, s’ouvre à la vallée du Boundoum (bas Ferlo) qui se dispose en forme d’arc orienté ouest-nord-ouest, est-sud-est à ses premiers kilomètres puis suivant un axe nord-nord-est, sud-sudouest entre Diamet et Menguélé. La vallée du Boundoum se rétrécit progressivement en direction de Yang-Yang. A partir de cette localité se dessine le réseau fossile du Ferlo. C’est un réseau dysfonctionnel coupé de façon transversale par le complexe dunaire du plateau du Ferlo (OLAG, 2012). 

 Présentation de l’Office du Lac de Guiers

 Plusieurs enjeux locaux impliquent les eaux du Lac de Guiers qui sont autour du développement des activités socio-économiques. Les évolutions induites à la fois par les aménagements et les conditions biophysiques contribuent à exacerber les tensions entre les différents acteurs, du fait de la recomposition des activités et des possibilités d’accès à l’eau. En outre, la similitude et l’interaction de ces enjeux d’un village à l’autre et d’une 11 collectivité locale à une autre, renseigne sur la dimension intercommunautaire de la problématique de développement qu’ils portent (Mbaye, 2013). La gestion du Lac de Guiers a connu de nombreuses réformes institutionnelles initiées par l’Etat du Sénégal pour faire face aux défis qui ont pour noms : multiplicité des acteurs, diversité des usages, pollution, maladies hydriques, végétaux aquatiques envahissants. L’Etat du Sénégal accorde beaucoup d’intérêt à la maîtrise et à la gestion des ressources nationales en eau, en particulier celles du Lac de Guiers qui constitue l’une des plus importantes réserves d’eau douce et joue un rôle prépondérant dans le processus de développement économique du pays. C’est fort de ce constat que les autorités sénégalaises ont érigé, la nécessité de sa gestion durable, en priorité nationale. Le contrôle, le suivi et la protection du Lac sont devenus, dès lors, une préoccupation de premier plan. La recherche d’efficacité a mené à la création de l’Office du Lac de Guiers (OLAG) par la loi 2010-01 du 20 janvier 2010 comme établissement public à caractère industriel et commercial. Situé à – Saint Louis dans son aire géographique d’intervention. L’OLAG est sous la tutelle technique du ministère chargé de l’hydraulique, et sous la tutelle financière du ministère chargé des finances (journal officiel, 2010).

Organisation et fonctionnement

Les organes de l’Office du Lac de Guiers sont : le Conseil d’Administration, le Comité de Direction, la Direction Générale.  Le Conseil d’Administration : Le Conseil d’Administration, qui a compétence, au moyen de ses délibérations, pour approuver les comptes de gestion, le programme annuel de travail de l’Office, les programmes pluriannuels d’actions et d’investissements, les budgets et comptes prévisionnels, entres autres (OLAG, 2012).  Le Comité de Direction : Le Comité de direction, qui assure sur délégation, les attributions du conseil d’administration entre deux sessions et l’assiste dans la préparation de ces sessions (OLAG 2012).  La Direction générale : La Direction générale chargée de coordonner les actions et d’appliquer les décisions du conseil d’administration. Elle est composée d’une Direction Technique, d’une Direction des Affaires Juridiques et de la Réglementation et d’une Direction Administrative et Financière (OLAG, 2012).

 Missions de l’Office du Lac de Guiers

Compte tenu de l’importance des eaux du Lac, les missions de l’Office du Lac de Guiers, nombreuses et variées, concernent : -La planification et la gestion des eaux du Lac, ainsi que la programmation des investissements, la maîtrise d’ouvrage et la maîtrise d’œuvre, la conception et le contrôle des études et des travaux portant sur les infrastructures relatives à la gestion des eaux du Lac. -L’exploitation et la maintenance des équipements de gestion du plan d’eau. -Le suivi qualitatif et quantitatif des ressources du Lac (OLAG, 2012). Le Lac de Guiers est relié à d’autres points et cours d’eau dont, l’ensemble constitue l’aire géographique d’intervention de l’OLAG. c. Aire géographique d’intervention d’OLAG Le domaine d’intervention de l’OLAG est le système hydrologique du Lac de Guiers, qui couvre : le Lac de Guiers, le Gorom Amont, le Gorom Aval, le Lampsar, le Kassack, le Djeuss, la Réserve de Saint-Louis, le Ndiael – Nietty Yone et le bas Ferlo.Le Lac de Guiers (voir description faite au point « présentation du Lac de Guiers »).  Le Gorom Amont Il s’agit d’un marigot qui prend sa source sur le fleuve Sénégal à l’Est du village de Ronkh. Il est à section transversale très variable avec un cours tantôt sinueux, tantôt rectiligne. Il est composé d’un bief unique de 24,8 km qui s’étend de l’ouvrage de prise de Ronkh sur le fleuve Sénégal au village de Boundoum-Barrage. Le Gorom Amont assure l’irrigation d’environ 4600 ha bruts (OLAG, 2012) dont 2111 ha de superficies mises en valeur pour l’hivernage 2008/ 2009 (OLAG, 2012), et l’alimentation des marigots du Kassack et du Lampsar qui se poursuit jusqu’à la réserve de Bango. Le marigot du Gorom amont a été endigué afin d’accroître son pouvoir hydraulique. La largeur moyenne est de l’ordre de 80m, mais seule une partie demeure « active », le reste du marigot est colonisé par les végétaux aquatiques envahissants (VAE) comme le typha. Le cours d’eau est encore enherbé malgré les travaux d’entretien récents et l’écoulement est perturbé.  L e Gorom Aval Il s’étend entre l’ouvrage G sur le fleuve Sénégal et l’ouvrage de Boundoum sur une distance de 31 km. Compte tenu de ses deux fonctions de drainage et d’irrigation, le Gorom Aval est séparé du Gorom amont par l’ouvrage vanné de Boundoum-Barrage construit en 2000 pour servir de collecteur des eaux de drainage du périmètre de Boundoum. La largeur moyenne est de l’ordre de 60 m. Il traverse l’aire protégée du Parc National des Oiseaux de Djoudj (PNOD) et irrigue environ 2650 ha de périmètres irrigués. Les paramètres géométriques tels que les profondeurs et les largeurs du Gorom aval sont importants ce qui limite son enherbement. Il présente des sections plus larges et plus profondes dans sa partie amont. On remarque que la cote de fond s’élève du fleuve Sénégal vers Boundoum. Actuellement, le Gorom 17 Aval, se comporte hydrauliquement comme une réserve d’eau. Sa cote est quasi constante sur sa longueur (OLAG, 2012).  Le Lampsar Le marigot du Lampsar est relié aux Gorom à la hauteur du village de Boundoum – Barrage où il prend son origine. Il forme avec le Gorom Amont l’axe hydraulique du Gorom Lampsar qui constitue la principale voie d’eau du Delta. Il s’étend du pont Boundoum, où il reçoit les eaux des Gorom Amont et Aval, à Bango où il se jette dans le fleuve Sénégal à l’aval du barrage de Diama sur une longueur de 70 km. Il alimente le Kassack aval et constitue à sa partie aval, avec le Djeuss et le Ngalam, la réserve d’eau de Saint Louis. Environ 10400 ha sont aménagés le long du Lampsar dont 4252 ha mises en valeur durant la campagne hivernale 2008/2009. Il dessine un parcours orienté du Nord vers le sud. A la hauteur de RossBéthio, il décrit une grande boucle et s’infléchit progressivement vers le sudouest. A la faveur d’une pente faible, le Lampsar décrit, entre les dunes bordières, plusieurs méandres encastrés par des basses levées alluviales. Les levées isolent des cuvettes de dimensions variables, situées de part et d’autre du chenal. Avant d’entrer en confluence avec le Djeuss, le Lampsar décrit un coude qui le rétrécit brutalement à la hauteur du village de Mbakhana. Au sortir du coude de Mbakhana, le lit s’élargit à nouveau. Il alimente en eau la réserve de Bango barrée par l’ouvrage de Bango et l’ouvrage de Ndiaoudoune sur la route nationale 2 (OLAG, 2012).  Le Kassack Il est alimenté par le Gorom amont au niveau du pont Djambar. Il est alimenté dans les deux sens, à l’amont par le Gorom amont et à l’aval par le Lampsar et s’écoule du nord-est au sud-ouest parallèlement au Gorom amont sur une distance de 20 km, avant d’entrer en confluence avec le Lampsar au pont Demba. Le chenal qui constitue la limite entre les cuvettes de Kassack sud, est 18 séparé en deux biefs (amont et aval) à la suite de son franchissement par le drain du Ndiaël. Son bief amont permet d’alimenter le Diovol. Le Kassack assure l’irrigation de prés de 4250 ha de périmètres irrigués dont 3108 ha mises en valeur durant l’hivernage 2008 (OLAG, 2012).  Le Djeuss Le Djeuss est un marigot naturel alimenté par le Lampsar et par le Gorom aval à partir du fleuve Sénégal par l’ouvrage nommé H (le sens naturel d’écoulement étant plutôt du Gorom Aval vers le Lampsar). Il s’écoule parallèlement au Lampsar avec qui il entre en confluence au nord de la ville de Saint-Louis. Avant sa confluence avec le marigot du Lampsar, le Djeuss décrit de faibles méandres entre les dunes ogoliennes de Toundou Besset à l’Est, celles de Mbéraye et de Maka Diama à l’Ouest. Le Djeuss est encore utilisé comme adducteur mais aussi comme drain. Le Djeuss facilite l’utilisation des eaux pour l’irrigation de prés de 3360 ha. La quasi totalité du Djeuss sera utilisée pour la réalisation du grand émissaire de drainage du Delta. De ce fait, il perdra son rôle d’adducteur d’eau douce. Le Lampsar et le Djeuss alimentent la réserve d’eau de Bango, qui à son tour alimente le marigot de Ngalam et la zone des trois marigots par l’intermédiaire de l’ouvrage de Ndiaoudoune sur la Route Nationale N°2. Cette alimentation du Ngalam et de la zone des trois marigots ne se fait qu’en période de crue et de gestion haute des eaux du barrage de Diama. La réserve de Bango assure aussi l’approvisionnement en eau potable de la ville de Saint-Louis. L’alimentation de ces grands réservoirs d’eau se fait à partir du fleuve Sénégal par l’intermédiaire de l’ouvrage de prise de Ronkh (OLAG, 2012).  La Réserve d’eau douce de Saint-Louis Appelé aussi « réserve de Bango », la réserve d’eau douce de Saint-Louis se situe dans le bas estuaire du fleuve Sénégal, à moins d’une dizaine de 19 kilomètres de la sortie nord-est de la dite ville. Elle s’identifie au bief aval du système Gorom – Lampsar, système constitué d’une suite de ramifications secondaires du fleuve Sénégal (défluents). La réserve est circonscrite entre les ouvrages de Bango à l’ouest, Ndiawdoune au sud sur le Ngalam et Mboubène à l’est sur le Lampsar. Ce système hydrologique de Gorom-Lampsar-Djeuss est alimenté en amont par la prise de Ronkh sur le fleuve Sénégal. La réserve a une superficie estimée à la cote 2,5 m IGN à 39 820 000 m². A cette cote, sa contenance est de 22 millions de m3 (OLAG, 2012).  Le Niety Yone – Ndiaël Il est situé à l’ouest du lac de Guiers. Sa définition spatiale et la configuration de son tracé sont délicates à faire. Le Niety Yone est un axe hydraulique long de 28 kilomètres. Il se connecte au nord – ouest du Lac de Guiers par lequel il alimente le Ndiaël, donne comme délimitation au « bassin versant » du Ndiaël le versant sud – est du massif dunaire de Ross – Bethio, le versant opposé entre Ndiaël et Guiers. Au sud –Ouest le Ndiaël se prolonge par les « trois marigots » et sa délimitation devient incertaine (OLAG, 2012).  Le bas Ferlo Il se dispose en forme d’arc orienté ouest-nord-ouest, est-sud-est à ses premiers kilomètres puis suivant un axe nord-nord-est, sud-sud-ouest entre Diamet et Menguélé. La vallée du Boundoum (bas Ferlo) se rétrécit progressivement en direction de Yang-Yang. A partir de cette localité se dessine le réseau fossile du Ferlo (OLAG, 2012). Le Ferlo est un fleuve hydrographique fossile qui traverse le centre du pays. Les sources du fleuve se situaient au Sud-ouest de Bakel sur la partie haute du plateau formé par les grés du Continental Terminal, à une altitude d’environ 80m (Gueye, 1999).