Interactions entre introduction du véhicule électrique et politiques de restriction à l’étalement urbain

Interactions entre introduction du véhicule électrique et politiques de restriction à l’étalement urbain

 Méthode : mise en oeuvre simultanée d’une politique de subvention au véhicule électrique et d’une restriction à l’étalement urbain

Nous étudions donc les interactions entre des politiques favorisant le déploiement du véhicule électrique et des politiques de restriction à l’étalement urbain. Comme les interactions entre forme de ville et déploiement du véhicule électrique dépendent du type de ville, nous reprenons ici la même approche, en analysant les interactions des politiques pour plusieurs types de villes différents. Nous utilisons le même modèle circulaire et monocentrique sur les trois villes décrites dans le chapitre précédent : SmallPT, BigPT, BigCars. Nous utilisons aussi les mêmes données et paramètres, excepté le paramètre de logit. En effet dans cette analyse, les interactions étant potentiellement compliquées à expliquer, nous décidons d’avoir des choix de véhicule contrastés et reflétant mieux les différences de coûts d’usage et d’achat (ATCO). Ceci nous permet d’avoir des effets de politiques plus visibles et donc plus faciles à interpréter. Pour cela nous choisissons, à la différence du chapitre précédent, un paramètre de logit affecté au choix des technologies qui soit élevé, ceci rend le choix du type de véhicule plus homogène pour un même type de ménage et donc une réponse aux différences de coûts plus contrastée (voir chapitre 2). Afin de mesurer l’influence de ce choix nous réaliserons aussi une analyse de sensibilité sur ce paramètre de logit. Puis, nous réalisons la même analyse avec le modèle NEDUM-2D sur l’Ile de France, afin de confronter les premiers résultats obtenus avec une situation plus réaliste, en présence de polycentrisme. Politiques modélisées Pour parvenir à rendre la ville plus dense et à endiguer l’étalement urbain, des politiques de restriction ont été mises en place (Jabareen, 2006). Parmi ces politiques, on trouve des politiques spatiales : les ceintures vertes et les restrictions à la croissance urbaine. 114 La ceinture verte définit une zone (souvent autour de la zone urbanisée existante) dans laquelle il est interdit de construire. La restriction à la croissance urbaine est une limite au delà de laquelle l’urbanisation est interdite ou limitée (par des actions réglementaires ou des incitations financières). Les deux politiques étant assez proches, nous ne ferons pas la distinction dans la suite de l’analyse. La politique de restriction de l’étalement urbain est approximée par une ceinture verte, autour des limites actuelles de la ville (2015), qui interdit l’installation des ménages en dehors de cette ceinture. La croissance de la population se traduit alors par une densification en tous points de la ville. La politique de déploiement du véhicule électrique est approximée par une subvention au véhicule électrique, donc par une baisse de son prix. Cette subvention peut être interprétée de plusieurs manière : comme une subvention directe au coût d’achat ou comme une aide indirecte au déploiement de la filière, qui se traduirait par une baisse du coût d’achat. Nous faisons donc varier le prix du véhicule électrique afin d’illustrer plusieurs scénarios sur l’effort entrepris pour le déploiement de cette technologie. Celui-ci s’étale de 25 000e dans le cas où le véhicule électrique n’est pas encouragé, à 9 000e dans le cas où des efforts ont été faits pour rendre ce véhicule accessible (prix équivalent à celui du véhicule essence, qui est le moins cher). Scénario Le résultat des politiques mises en place est observé en 2050, car leurs effets ne peuvent être immédiats (temps de déploiement du véhicule, temps d’évolution de la forme urbaine). Le scénario utilisé pour les variables de population, revenu et prix est explicité dans le tableau 5.1. Les scénarios de prix du carburant et de l’électricité correspondent au scénario tendanciel de l’EIA (EIA, 2013). Les scénarios d’évolution de population urbaine et de revenu correspondent au scénario de l’UNDP (2014).

Résultats : le soutien au véhicule électrique peut réduire plus d’émissions seul qu’en présence d’une politique de restriction à l’étalement urbain

Analyse schématique Pour bien comprendre l’interaction des deux politiques, il faut expliciter trois situations schématiques dans lesquelles la ville circulaire peut se trouver. Sur la figure 5.1, la ligne pointillée verte définit la ceinture verte, au delà de laquelle la ville ne peut s’étaler. Le disque hachuré définit la zone où le véhicule électrique n’est pas intéressant financièrement pour les ménages. La taille de cette zone varie avec le prix du véhicule. Enfin, la zone bleue définit la zone dans laquelle le véhicule électrique est intéressant, le dégradé schématise les parts de marché de cette technologie, de plus en plus élevées à mesure qu’on s’éloigne du centre. Rappelons que la présence d’une ceinture verte a pour effet de limiter l’étalement urbain et d’augmenter la densité en tous points, donc de réduire les distances parcourues en moyenne. Dans le cas 1, le véhicule électrique est cher et aucun (ou peu de) ménage ne l’utilise à l’intérieur de la ceinture verte. La présence d’une ceinture réduit les distances parcourues avec les véhicules thermiques, donc les émissions. Sans ceinture, la ville serait plus étalée, mais les ménages n’utiliseraient toujours que très peu le véhicule électrique. Dans le cas 3, le véhicule électrique est bon marché, beaucoup de ménages l’utilisent et la présence de la ceinture verte a pour effet de réduire les distances parcourues avec tous les véhicules, donc les émissions totales. 

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