La forêt de Maromizaha : un milieu naturel fragile

La forêt de Maromizaha : un milieu naturel fragile

Localisée sur la falaise betsimisaraka, la forêt de Maromizaha est caractérisée par un climat humide tropical d’altitude avec une température moyenne annuelle de 18°C et une pluviométrie annuelle de 1779,6 mm, répartie sur 207 jours. Elle est soumise à l’Alizé qui est un vent dominant du sud-est de la zone orientale (DONQUE, 1975). C’est également une zone de passage de cyclones fréquents. La partie orientale malgache dispose de 350 000 hectares d’aires protégées (Réserves naturelles intégrales, réserves spéciales, Parc national, réserves forestières, forêts classées,…) et la forêt de Maromizahafait partie du corridor Ankeniheny-Zahamena (CAZ). Elle constitue le cinquième élément de la mosaïque Analamazaotra – Mantadia – Vohimana –Vohidrazana. Elle joue un rôle écologique déterminant du fait qu’elle constitue un pont biologique pour le maintien de la biodiversité du CAZ. La forêt est riche à la fois d’espèces végétales et animales avec un taux d’endémicité élevé. 

Des espèces végétales riches avec un taux d’endémicité

Du point de vue phytogéographique, la végétation de la zone de recherche appartient à la flore au vent (PERRIER DE LA BATHIE, 1921) et à la zone écofloristique orientale (FARAMALALA & RAJERIARISON, 1999). Elle est à une situation intermédiaire entre la zone écofloristique de basse altitude (0 à 800 m) appartenant à la série à Anthostema et à MYRISTICACEAE et à la zone écofloristique de moyenne altitude (800 à 1800 m) de la série à Weinmannia et à Tambourissa de la forêt humide (MOAT & SMITH, 2007). Cette région abrite différents types de formations végétales dont : • Les formations primaires relativement pluristratifiées Les formations primaires sont relativement pluristratifiées, avec un nombre très élevé d’espèces dont les plus caractéristiques sont Uapaca densifolia (EUPHORBIACEAE), U. thouarsii, Protorhus ditimena (ANACARDIACEAE), Eugenia spp. (MYRTACEAE), Tambourissa spp. (MONIMIACEAE), Weinmannia spp. (CUNONIACEAE), Pandanus spp. (PANDANACEAE) et Dypsis spp. (ARECACEAE). Elles sont marquées par la présence des plantes herbacées des familles de POLYPODIACEAE, de POACEAE et d’ACANTHACEAE ainsi que des fougères arborescentes (Cyathea spp.). Elles sont marquées par l’abondance d’épiphytes (Ficus spp., orchidées, mousses, lichens), de Dracaena spp., de bambou et surtout 18 d’espèces lianescentes. Les orchidées représentent un taux d’endémicité de 77%. (Gerp, 2009). La forêt primaire présente deux strates différentes : – Une strate supérieure composée de grands arbres de plus de 20m de hauteur mais de faible recouvrement. Cette strate est dominée les espèces suivantes : Eugenia spp. (MYRTACEAE), Ravensara spp. (LAURACEAE), Ficus spp. (MORACEAE), Symphonia spp. (CLUSIACEAE). – Une strate inférieure dominée par des espèces de la famille des ACANTHACEAE. • Les formations secondaires Les formations secondaires peuvent être soit des formations dérivées du prélèvement intensif du bois ou du passage du feu, soit des Savoka, formations arborées ou arbustives issues de la régénération des formations végétales après cultures sur brûlis, Les formations secondaires se distinguent par la prolifération des broussailles inextricables d’espèces envahissantes telles que Rubus moluccanus (ROSACEAE) et Lantana camara (VERBENACEAE). C’est une variante intermédiaire dans la dynamique de savoka suite aux effets successifs du feu. La forêt de Maromizaha abrite 34 espèces d’amphibiens, 25 espèces de reptiles, 84 espèces d’avifaune dont 77 sont endémiques de Madagascar et des îles voisines. On y trouve également 7 espèces de rongeurs, 3 espèces de chiroptères et 13 espèces de lémuriens. (Gerp, 2014). 

La forêt de Maromizaha recouvre la falaise de Betsimisaraka

La forêt de Maromizaha recouvre la falaise betsimisaraka qui est formée par une succession de hautes collines séparées par des vallées étroites et profondes sous forme de V. Le relief est très accidenté, les pentes sont fortes et en général supérieures à 40% et l’altitude varie entre 610 m et 1000 m dont le point culminant se situe à 1250 m (figure 3). L’importance des pentes constitue une condition défavorable à la conservation des sols. (Vololonirainy, 1995). Cette zone est drainée par plusieurs réseaux hydrographiques dont certains ont pris leurs sources dans la forêt de Maromizaha. 19 Figure 3 : Relief et hydrographie de la zone de recherche 

Sols ferralitiques fragiles

Les sols de l’est malgache sont classés parmi les sols ferralitiques. Par définition les sols ferralitiques sont des sols profonds, caractérisés par une décomposition très poussée des minéraux primaires. Ils ont une forte teneur en sesquioxydes7 de fer et d’aluminium. Les minéraux argileux sont constitués par de la kaolinite8 et de la gibbsite9 . (Bourgeat & Aubert, 1971). La couleur généralement vive des horizons supérieurs est liée à la présence de fortes quantités de sesquioxydes de fer individualisés. Dans les sols et horizons jaunes le fer existe presqu’exclusivement sous forme de goethite10. Dans les sols et horizons rouges il peut exister, en partie, dans ce cas on note une proportion variable de fer amorphe sous forme d’hématite (SEGALEN, 1969). Les sols présentent une assez bonne propriété physique (porosité globale élevée, nette structuration, teneur en matière organique important surtout au niveau de l’horizon de surface, mais leur composition chimique constitue une contrainte à la fertilité. La présence de l’aluminium inhibe l’assimilation des éléments nutritifs des plantes. (Vololonirainy, 1995). Ces sols ont des caractères différents par rapport à la couverture végétale. (Vololonirainy, 1995). Sous la forêt naturelle, ils sont caractérisés par une texture sableuse avec un pourcentage granulométrique de l’ordre de 70%, une porosité élevée assure une bonne infiltration de l’eau et de l’enracinement. Ces sols sont pauvres et ont un taux de saturation en aluminium élevé. Concernant les sols de savoka, l’horizon supérieur à une teneur en bases échangeables plus importantes que celle des sols sous forêt. Cette situation résulte de l’apport de fertilisation en cendre du dernier brûlis qui entraine une baisse du taux de saturation en aluminium. Les sols des hauts versants ont subi le ruissellement diffus permanent favorisant l’appauvrissement des caractères chimiques du sol, tandis que les sols des bas de pente bénéficient des apports colluviaux des hauts versants sont plus riches en nutriments avec une faible teneur en aluminium échangeable. Les sols sous savane représentent une baisse de leur porosité. La capacité d’infiltration et d’enracinement des sols diminue avec un taux de saturation aluminique élevé. 

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