La pudeur en salle de naissances : concepts et analyse à partir du ressenti des patientes

La pudeur en salle de naissances : concepts et analyse à partir du ressenti des patientes

LA PUDEUR EN SALLE DE NAISSANCES 

État physique en salle de naissances 

L’état physique le jour de l’accouchement est particulier. La fatigue et la douleur des contractions utérines sont omniprésentes. Elles ont toutes deux entrainé une diminution de la pudeur. La douleur des contractions utérines a été retrouvée dans l’intégralité des entretiens comme ayant une place prépondérante dans le vécu de l’accouchement et le ressenti de la pudeur en salle de naissances. Les femmes ont décrit des difficultés de souffrir devant les autres. Maïda, Christelle, Catherine, Stéphanie et Maud ont évoqué la difficulté de parler de leur douleur à l’équipe médicale et notamment par peur de leur jugement. Dans la culture 11 de Maïda, il n’est pas bien vu de montrer quand on a mal. Ainsi, elle a tenté de gérer ses contractions afin de ne pas montrer son ressenti aussi bien à l’équipe, qu’à son mari.

Le moment particulier qu’est l’accouchement 

L’accouchement est un moment très particulier puisque qu’il représente l’étape ultime et obligatoire pour permettre la naissance de leur enfant. Les entretiens ont pu révéler que pour huit femmes sur dix, les actes étaient vus comme une obligation et/ou une nécessité. Plusieurs explications ont été retrouvées, la première est qu’ils devaient permettre de s’assurer du bon déroulement du travail, ainsi que de constater son évolution. Deuxièmement, ils représentaient un moyen à plus ou moins court terme d’être soulagées. Enfin, ils devaient permettre, au final, d’atteindre l’objectif ultime de la naissance de leur enfant. Dans ce dernier contexte, la notion d’urgence a également été retrouvée chez Julie et Christelle en confirmant ici encore l’acceptation des actes, avec un degré supérieur. 

Évolution de la pudeur en salle de naissances 

Concernant le ressenti des femmes en termes de pudeur en salle de naissances, six femmes sur dix ont décrit une diminution de leur pudeur. Parmi elles, se retrouvent deux femmes qui ne s’étaient pourtant pas définies comme étant pudique. Quatre femmes (Julie, Maïda, Christelle et Maud) ont décrit une diminution de leur pudeur en lien avec l’intensité des contractions utérines et donc de leur douleur. Parmi les femmes n’ayant pas ressenti de modification, leur point commun est qu’elles s’étaient toutes définies comme « n’étant pas pudique » en dehors de la salle de naissances. Seule Julie a été classée comme ayant perçu une augmentation de sa pudeur en salle de naissances. Elle a été très gênée par le fait de ne pas être épilée le jour de son accouchement.L’équipe médicale a été retrouvée dans l’ensemble de nos entretiens, parfois de manière positive, parfois de manière plus péjorative.  Nombre de personnes présentes lors du travail et de l’accouchement La moitié des femmes a accouché en présence de plus de quatre d’intervenants. Sur ces cinq femmes, trois n’ont pas été gênées, car cela était vu comme une nécessité. Par contre, Julie a trouvé cela anxiogène car beaucoup de personnes est arrivé d’un coup, sans se présenter. Ces éléments ont favorisé la mise en place d’un climat d’urgence, non rassurant pour elle. La deuxième personne qui a été gênée est Christelle, qui décrit un nombre vraiment important de personnes, certaines participaient à sa prise en charge, d’autres étaient de simples observatrices. Ce nombre ne l’a pas gêné durant le travail, d’autant plus que chaque personne est venue se présenter et lui demander son accord pour être présente. Mais une fois l’accouchement terminé, elle s’est finalement rendu compte 18 d’un seul coup du nombre d’intervenants, aux regards fixés sur son entre jambe. C’est seulement à cet instant qu’elle a ressenti une grande gêne et une envie soudaine d’enlever ses jambes des étriers afin de les refermer. Concernant les autres femmes, il n’y a eu que très peu de personnes, à savoir une sage-femme et une aide-soignante ou auxiliaire puéricultrice ainsi qu’un anesthésiste lorsque ces femmes avaient bénéficié d’une anesthésie péridurale. Cela a participé à la création d’une atmosphère intimiste, qui a toujours été appréciée.  L’identification des intervenants L’identification des intervenants a été d’autant plus facile que le nombre de personnes présentes était faible. Pour les autres, elles n’ont pas toujours réussi à identifier les rôles de chacun. Le fait que certains intervenants ne se soient pas présentés a été source d’angoisse notamment pour Julie et Maïda. Comme l’a dit Christelle lors de son entretien, si les personnes présentes dans la pièce, ne lui avaient pas demandé son autorisation, elle aurait jugé cela « irrespectueux ».  Importance du genre des intervenants Sept femmes sur dix ont une préférence concernant le sexe des intervenants qui les prennent en charge. Pour six d’entre elles, leur préférence se dirige vers des femmes. Seule Maud a préféré être prise en charge par un homme. 

LA PLACE DU MARI 

Le mari a été présent neuf fois sur dix. Seule Christelle a accouché en présence de sa mère, car son mari était souffrant. Cinq femmes ont verbalisé l’importance qu’il soit présent. Deux raisons principales ont été décrites. Tout d’abord, le côté rassurant d’avoir auprès d’elle une personne qu’elles connaissaient, un visage familier au milieu de nombreux éléments inconnus : le lieu, les intervenants et le déroulement de l’accouchement. D’autre part pour le soutien et l’encouragement qu’ils leur apportaient. Parfois ce soutient était insuffisant, c’était notamment le cas de Julie qui ne s’est pas sentie soutenu à certains moments de son accouchement. Catherine a également abordé le sujet en expliquant que de toute façon, son mari n’était pas en mesure de se rendre compte de l’intensité et la douleur des contractions utérines. De ce fait, il ne pouvait pas être d’une grande aide. Raison pour laquelle Christelle 19 a également apprécié que sa mère soit présente à la place de son mari. Le fait que sa mère sache ce qu’était un accouchement était rassurant pour elle. Huit de ses femmes ont révélé que la présence de leur mari avait été perçue comme une difficulté supplémentaire. En effet plusieurs d’entre elles ont eu peur de ce qu’il allait voir et notamment qu’il voit leur sexe déformé (Julie, Maïda, Sophie et Maud). Sophie est allée plus loin dans son propos en précisant qu’elle avait eu peur que ce qu’il voit durant l’accouchement puisse avoir une répercussion sur leur future sexualité. Parfois ce n’était pas le fait qu’il voit une région de son corps, mais celui qu’il assiste à des examens, c’est le cas de Maïda. Mélanie et Vanessa. Sa présence a également été difficile pour certaines d’entre elles, car il leur a été difficile de souffrir devant lui, c’est ce qu’ont déclaré Maïda, Catherine, Sophie, Stéphanie, Marie et Maud, soit six femmes sur dix. Ici encore les raisons sont variables. Certaines d’entre elles avaient tout simplement des difficultés à montrer qu’elles avaient mal, dans ce cas-là, elles préféraient tenter de gérer cela seule. D’autres ont mal vécu de donner à leur mari le sentiment « d’être impuissant », car rien de ce qu’il ne faisait ou proposait ne leur convenait. Concernant Marie, c’est le fait que son mari ait trouvé l’attente très longue qui l’a gêné. Il lui a dit par la suite qu’il aurait préféré venir plus tard, quand elle avait atteint une dilatation plus importante. Pour deux d’entre elles, à savoir Stéphanie qui a eu un accouchement sans péridurale et Marie qui a eu un accouchement assez long, avec du recul elles auraint finalement mieux vécu leur accouchement si leur mari n’avait été présent qu’au moment de la naissance à proprement parler. Vanessa ne s’est pas sentie en difficulté face à la présence de son ami. Elle ne percevait pas de pudeur vis-à-vis de lui. Ce qui était important pour elle était que sa pudeur à lui soit préservée. Et donc qu’il ait le choix de voir ou ne pas voir certaines choses. Tant que cela lui convenait à lui, cela lui convenait à elle. Remarque : l’ensemble des résultats ont été regroupés dans des tableaux présents en annexe 4. Ils précisent pour chaque code, l’extrait de l’entretien qui lui correspond et la ligne à laquelle il se trouve

Table des matières

I. INTRODUCTION
II. MATÉRIEL ET MÉTHODE
 Réalisation des entretiens et recueil des données
III. RÉSULTATS
A. LA PUDEUR
1. La signification du mot pudeur
2. Comment se définissent ces femmes en termes de pudeur ? 
3. Les déterminants de la pudeur
B. LA PUDEUR EN SALLE DE NAISSANCES
1. État physique en salle de naissances
2. Le moment particulier qu’est l’accouchement
3. Évolution de la pudeur en salle de naissances
4. Moments et actes vécus comme gênants en salle de naissances
C. LA PLACE DES DIFFÉRENTS INTERVENANTS
D. LA PLACE DU MARI
IV. DISCUSSION
A. SPÉCIFICITÉ DE L’ÉTUDE
1. Adaptation de la méthodologie
2. Difficultés de l’étude et biais20
3. Force de l’étud
B. LA PUDEUR
1. Définition de la pudeur
2. Construction de la pudeur
3. Pudeur et société, une norme de la pudeur
C. LA PUDEUR EN SALLE DE NAISSANCES
1. Une diminution de la pudeur corporelle toute relative
2. La place prépondérante de la pudeur émotionnelle
3. Pudeur et place du mari en salle de naissances
4. Le vécu des actes réalisés en salle de naissances
D. LE RÔLE DES INTERVENANTS
V. CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE

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