La question de l’indépendance de la banque centrale

La question de l’indépendance de la banque centrale

Les expériences de plusieurs économies, et en particulier des économies ouvertes, ont montré que l’importance de l’indépendance de la banque centrale n’est plus aujourd’hui l’objet de discussion, et les résultats obtenus à partir de cette indépendance sont considérés dans de nombreuses études. Si nous convenons que le principe de l’indépendance est hors discussion, alors la question la plus importante est la définition de ce qu’est cette indépendance des banques centrales, et comment peut-elle être définie, et, également, être mesurée ? Pour une banque centrale qui est indépendante, on comprend qu’elle n’est pas soumise aux directives du gouvernement, en opposition à la situation de dépendance dans laquelle la politique monétaire est établie par le ministère des Finances. La banque est indépendante si d’une part, elle constitue une entité organisationnelle distincte du gouvernement, et si d’autre part, elle peut mettre en œuvre la politique monétaire selon les décisions de ses membres, sans influence directe et contraignante de la part du gouvernement. C’est dans ce sens qu’on comprendra par la suite l’indépendance.  Tout d’abord, la stabilité des prix permet d’identifier plus facilement les changements intervenus dans les prix relatifs, étant donné qu’ils ne sont pas masqués par des fluctuations du niveau global des prix. Par conséquent, les entreprises et les consommateurs peuvent prendre des décisions de consommation et d’investissement mieux fondées, permettant ainsi au marché d’effectuer une allocation plus efficace des ressources, en aidant le marché à orienter les ressources vers les emplois les plus productifs. La stabilité des prix accroit donc le potentiel productif de l’économie.

En second lieu, si les investisseurs sont convaincus que la stabilité des prix sera maintenue à l’avenir, ils n’exigeront pas une prime sur l’inflation pour les dédommager du risque encouru en cas de détention d’actifs à long terme. En réduisant la part de cette prime de risque dans le taux d’intérêt réel, la politique monétaire peut contribuer à une allocation efficace des ressources et stimuler l’investissement, favorisant, par là même, la croissance économique. Troisièmement, si le maintien de la stabilité des prix est crédible, il est moins probable que les particuliers et les entreprises détournent les ressources des emplois productifs pour se prémunir contre l’inflation. Par exemple, dans un contexte d’inflation élevée, les agents économiques sont incités à stocker des biens réels, étant donné que, dans de telles circonstances, ces derniers constituent une meilleure réserve de valeur que la monnaie ou certains actifs financiers. La constitution de stocks de biens n’est pas une décision d’investissement efficace et entrave, par conséquent, la croissance économique.  Quatrièmement, les systèmes fiscaux et sociaux peuvent créer des effets pervers qui faussent le comportement économique. Dans la plupart des cas, ces distorsions sont exacerbées par l’inflation ou la déflation. La stabilité des prix permet également d’éliminer les coûts réels induits lorsque l’inflation amplifie les effets de distorsion exercés par les systèmes fiscaux et de protection sociale.

Cinquièmement, le maintien de la stabilité des prix permet d’éviter l’important phénomène de redistribution arbitraire de la richesse et des revenus qui apparaît dans des environnements tant inflationnistes que déflationnistes. Un environnement de prix stables contribue ainsi à préserver la cohésion sociale et la stabilité. Comme l’ont démontré plusieurs exemples au vingtième siècle, des taux élevés d’inflation ou de déflation engendrent souvent l’instabilité sociale et politique. Tous ces arguments permettent de penser qu’une banque centrale qui maintient la stabilité des prix contribue de façon significative à la réalisation d’objectifs économiques plus vastes tels que l’augmentation du niveau de vie, des niveaux élevés d’activité économique et l’amélioration des perspectives en matière d’emploi. Cette conclusion est étayée par la réalité économique qui montre, pour de nombreux pays et en se basant sur des méthodologies et des périodes très différentes, que les économies dont l’inflation est plus faible connaissent, en moyenne, une croissance réelle plus rapide à long terme. Dans la démarche de la construction de l’Union européenne, l’exigence du Traité de Maastricht a été bien claire : il faut une Banque centrale indépendante. Cela a été comme une condition préalable à l’adhésion à l’Union économique et monétaire (UEM), la stabilité des prix sera l’objectif majeur de l’avenir du système européen de banques centrales (SEBC), qui sera composé de la Banque centrale européenne (BCE) et des banques centrales nationales de tous les États membres d’Union (EU).

 

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