La relativisation

La relativisation

Une proposition relative est une proposition subordonnée qui modifie un groupe nominal. Selon Andrews (2007 : 206) : “A relative clause (RC) is a subordinate clause which delimits the reference of an NP (noun phrase) by specifying the role of the referent of that NP in the situation described by the RC.” La plupart des propositions relatives du minyanka sont de type corrélatif, où le nom relativisé se trouve dans la subordonnée détachée à gauche, puis est repris dans la proposition matrice, le plus souvent par un pronom emphatique. Contrairement à certains parlers minyanka (ceux de Karangasso ou de Yorosso), la relativisation n’entraîne aucun changement dans l’ordre des constituants de la phrase en minyanka de Pénesso. La proposition subordonnée relative se caractérise, d’une part, par la présence d’un relativiseur qui se place immédiatement après le groupe nominal relativisé (qui reste toujours in situ), et d’autre part, par la présence de la conjonction ŋgé à la fin de la proposition. Mais il faut préciser que l’emploi de ŋgé dans la proposition relative est optionnel, car cette conjonction est souvent omise par les locuteurs. Dans les énoncés suivants, elle est glosée SUB pour subordonnant marquant la limite de la proposition relative. On distingue deux types de relativiseur : DEM-mì et mî. Le premier est constitué d’un démonstratif qui s’accorde avec le nom-tête auquel se suffixe mî qui change de ton en devenant mì. Le second est mî et ne s’accorde pas avec le nom-tête. Le mot mî est emprunté au bambara mîn, lequel est le relativiseur dans cette langue. Si mî se réalise avec un ton bas lorsqu’il est suffixé au démonstratif, c’est parce que les démonstratifs sont suivis d’un ton flottant bas, lequel transforme le ton modulé HB en B. La différence qu’il y a entre ces deux relativiseurs est que seul le relativiseur constitué d’un démonstratif peut apparaître dans une relative libre, c’est-à-dire sans antécédent. L’énoncé (13-1a) est une phrase simple ; en (13-1b), le sujet de la phrase est relativisé ; en (13-1c), c’est l’objet du verbe qui est relativisé ; et en (13- 1d), c’est le complément du nom qui est relativisé.

Relatives détachées à gauche

La position canonique des relatives en minyanka est à gauche de la proposition matrice. Elles ne sont pas enchâssées, le constituant nominal relativisé est le plus souvent repris par un pronom emphatique ou parfois répété dans la proposition matrice. Il est à noter que le nom relativisé est souvent à la forme indéfinie, et rarement à la forme définie. Cela s’explique par le fait que la forme nominale qui exprime la valeur de l’indéfini en synchronie, avait originairement une valeur neutre, comme c’est encore le cas dans d’autres parlers minyanka. Dans notre corpus, sur plus de 100 relatives, il y a seulement deux occurrences où le nom relativisé est à la forme définie. L’une de ces 2 occurrences est citée dans l’exemple suivant où le nom relativisé est répété dans la proposition matrice et accompagné d’un pronom emphatique utilisé comme déterminant.

La relativisation du sujet

Lorsque l’antécédent est explicité, il est suivi du relativiseur, et le constituant relativisé est repris par un pronom (généralement emphatique) qui fonctionne comme le sujet de la proposition matrice (13-7)-(13-8). Mais lorsque l’antécédent n’est pas explicité, le relativiseur est utilisé comme pronom, et il est repris par un pronom emphatique dans la proposition matrice (13-9)-(13-10).

La relativisation de l’objet

A la différence du supyiré et du minyanka de Yorosso où l’objet direct et l’argument oblique relativisés sont, le plus souvent, mis en position frontale (cf. les énoncés supyiré cités en (13-3)-(13-4)), en minyanka de Pénesso l’objet relativisé occupe sa position habituelle (entre le sujet et le verbe) (13-12). La position d’objet peut être occupée par le relativiseur, lequel est utilisé dans ce cas de façon pronominale (13-13). En (13-12), l’objet relativisé est repris par un pronom non-emphatique qui assume la fonction de sujet de la proposition matrice. Mais en (13- 13), le pronom relativisé peut être repris par un pronom emphatique qui assume la fonction de sujet (13-13a), ou par un pronom d’identification emphatique qui se place toujours après la copule (13-13b).

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