La Restriction Calorique (RC) 

Pathologies responsables de la diminution de l’espérance de vie

Selon l’OMS, en 2016 la majorité des décès dans le monde étaient dues aux «Maladies Non Transmissibles» (MNT). Ce sont des maladies qui ne se transmettent pas (bien que des prédispositions génétiques aient été identifiées), et évoluent lentement jusqu’à chronicisation. Les cinq principaux types de maladies non transmissibles sont les maladies cardiovasculaires, les cancers, les maladies respiratoires chroniques (comme la broncho-pneumopathie chronique obstructive ou l’asthme), le diabète et la démence. Ces pathologies sont responsables à elles seules de plus de 65% des décès dans le monde, et 85% des décès dans les pays à revenu élevé comme la France (OMS 2016). En France, les causes de mortalité majoritairement retrouvées sont typiques des pays économiquement développés. En effet, d’après l’INVS, sur les 567 000 décès recensés en 2013:
164 000 (28,9%) étaient dus aux cancers (dont 5,6% cancers des poumons, et 2,1% cancer du côlon et des intestins), 142 000 (25%) étaient dus aux maladies cardiovasculaires, 38 000 (6,7%) attribuées aux affections respiratoires chroniques, 11 000 (2%) étaient dus aux diabètes.
Par ailleurs, l’Observatoire Français des Drogues et des Toxicomanies (OFDT) estime qu’en 2000, l’usage de drogue était responsable de près de 94 000 décès (près de 17,4% de la totalité), dont 60 000 (11,1%) pour le tabac, et 30 000 (5,6%) pour un usage nocif de l’alcool (8).Ainsi, afin de mieux s’en prémunir, ou au moins en réduire le risque de survenue, il convient d’abord de bien identifier les pathologies en cause.

Les recommandations en consommation des glucides

L’ANSES, dans son rapport «Equilibre entre les macronutriments, Contribution des macronutriments à l’apport énergétique» publié en 2016, établit la fraction d’apport en glucide recommandé à 40-55% de l’Apport Energétique Total (AET). Pour les adultes à forte activité physique, cette fraction peut être amenée à 50-60% AET. Ceci correspond approximativement à 200-300 g de glucides/j pour un individu moyen nécessitant 2000 kcal/j.
Par ailleurs, cet apport en glucide doit être limité en sucres (mono ou disaccharides, voir «glucides simples» dans la classification des glucides) et privilégié en glucides complexes.
En effet, dans son rapport Actualisation des repères du PNNS : établissement de recommandations d’apport de sucres de 2016, l’Anses souligne que les sucres, plus particulièrement sous forme liquide (sodas, nectars, jus de fruits à base de concentrés, jus de fruits frais, smoothies, etc.) contribuent à la prise de poids.
Le travail de l’Agence montre que la consommation de sucres au-delà de certaines quantités présente des risques pour la santé par des effets directs sur la prise de poids, l’augmentation de la triglycéridémie (taux de lipides dans le sang) et de l’uricémie (taux d’urée dans le sang), ainsi que par des effets indirects sur le diabète de type 2 et certains cancers, maladies qui constituent actuellement des enjeux de santé publique majeurs.
L’excès de sucre peut entraîner surpoids, obésité et maladies qui y sont associées, comme le diabète de type 2, des maladies cardiovasculaires et certains cancers.
Concernant les risques sur la santé bucco-dentaire, l’Agence rappelle que la relation entre la consommation de sucres et la carie dentaire est aujourd’hui démontrée. Cette relation a amené l’Organisation mondiale de la santé (OMS) à recommander d’éventuellement réduire l’apport en sucres à moins de 5% de la ration énergétique totale.
Les données disponibles analysées par l’Anses ne permettent pas de distinguer les effets sur la santé des sucres naturellement présents dans les aliments de ceux des sucres ajoutés.
Face à ces constats, l’Agence recommande aux adultes de ne pas consommer plus de 100 g de sucres totaux par jour (hors lactose et galactose) et pas plus d’une boisson sucrée (en privilégiant les jus de fruit).

Les effets d’une RC sévère : la Minnesota semi-starvation study

Des effets métaboliques et psychologiques d’une RC sévère sur l’être humain en bonne santé furent observés lors de la Minnesota semi-starvation study :
Ce fut la seule étude connue menée sur des êtres humains portant sur des RC sévères. Son objectif fut de comprendre les effets d’une alimentation réduite comme lors de guerres. Elle porta sur 32 jeunes hommes de 24 ans. Ils subirent une RC de 40% pendant 6 mois. De plus leur régime alimentaire était de mauvaise qualité, avec un faible apport protéique.
Résultats : Perte d’environ 25% du poids, dont 67% de masse grasse, et 17% de masse sèche, Faiblesse chronique, diminution des capacités respiratoires, œdème des membres inférieurs, Comportements délétères apparus au bout de 6 semaines : stress, confusion, apathie, hystérie, dépression, pensées suicidaires.
L’étude fut arrêtée au bout de 6 mois, lorsque les sujets perdirent près de 25% de leur masse originelle, avec une IMC avoisinant les 16 kg/m2. Leur état physique et psychologique retourna à la normale lorsqu’ils furent lentement renourris. Un allongement de l’espérance de vie fut observée . Une carence en protéine et nutriments essentiels conduit à entre autres : Petite stature, Retard de développement et dysfonctionnement des fonctions reproductrices, Un taux bas de production stéroïdienne , Une fonction immunitaire déficiente, D’autres études démontrent qu’une RC sévère (supérieure à 35%), bien que sans malnutrition est corrélé à des carences en potassium, phosphate, hypotension orthostatique, hypoglycémie chronique, hypothermie, anémie, fractures osseuses et dysfonctions reproductrice.

Détection des personnes à risque de pathologies chroniques liées à l’alimentation

La détection des personnes à risque de pathologies chroniques liées à l’alimentation se fait par une étude des principaux facteurs de risques, et leurs symptômes apparents :
Clinico-Biologique :
Poids : un patient dont l’IMC est supérieure à 30 est considéré comme obèse. A l’inverse, si son IMC est inférieur à 19, on parle de maigreur. Comme vu précédemment, l’obésité est facteur reconnu de nombreuses pathologies chroniques, comme les pathologies cardio-vasculaires, tandis que la maigreur excessive favorise la survenue d’infections et de traumatismes ostéo-musculaires. Le praticien pourra apprécier l’IMC par l’observation directe, ou à défaut, par une pesée avant repas si possible, associée à la mesure de la taille du patient. Il est également possible de mesurer la circonférence abdominale, reconnu comme indicateur fiable du surpoids.
Tension artérielle : l’hypertension favorise l’apparition de maladies cardio-vasculaires. Elle est mesurée en officine par tensiomètre radial le plus souvent, parfois huméral. Une tension artérielle supérieure à 140/90 mmHg mesurée à 3 reprises à 3 minutes d’intervalle chacune, pendant 3 jours, de préférence à la même heure. Le patient est préférentiellement assis, détendu, ne devant pas manger, boire, fumer ou faire un exercice physique intense dans la demi-heure qui précède les prises et pendant celles-ci. Et éviter de prendre cette tension après un stress, une angoisse ou une émotion intense.
La mesure de valeurs biologiques spécifiques comme la glycémie à jeun, HbA1c, fonction rénale, cholestérolémie et triglycéridémie pour le diabète, ou l’albuminémie pour les hypoprotidémies sont de bons marqueurs de l’état physiopathologique du patient. La santé buccale du patient peut également aiguiller sur des habitudes alimentaires particulières.
Aspect socio-économique :
Des recherches démontrent que les personnes les plus sujettes à une alimentation délétère sont les personnes à faible niveau socio-économiques (personnes issues de milieux modestes, à faible revenus, et/ou à faible niveau d’éducation). De même, certaines professions sédentaires favorisent l’apparition de maladies chroniques.
Antécédents familiaux et personnels : des antécédents de pathologies chroniques, qu’ils soient familiaux ou personnels sont des facteurs de risque d’en développer de nouvelles.
L’accessibilité alimentaire, comme leur prix ou leur disponibilité, régulent également le niveau de consommation d’aliments sains ou délétères.
Aspect psycho-social :
La personnalité et les habitudes du patient sont de très bons indicateurs de l’état de santé, et de la prédictibilité d’apparition de pathologies chroniques :
Le défaut d’activité physique est un critère majeur, puisqu’il a pour conséquence le déséquilibre de la balance énergétique vers l’anabolisme, donc la prise de poids. De même, vivre dans des zones résidentielles exemptes d’aménagements sportifs favorise la sédentarité. Etant donné l’impact du niveau d’activité physique sur l’apparition ou la protection contre les pathologies chroniques, interroger le patient sur ce sujet donne des indications majeures.
Certaines habitudes ou contraintes, comme un faible temps consacré au repas, la consommation d’aliments préparés ou la prise de repas hors-domicile sont des causes d’alimentation délétère. Certaines habitudes, comme le grignotage, la réponse au stress par l’alimentation excessive, ou les troubles du comportement alimentaire accentuent une alimentation peu saine. Le praticien peut apprécier ces troubles par l’interrogatoire, l’analyse et l’écoute attentive.
La réalisation de bilans nutritionnels comme le MiniNutritionnal AssessmentTM de NestléTM, ou d’évaluation de la consommation permettent de standardiser et objectiver l’état nutritionnel du patient.

Table des matières

Introduction 
1. Notions fondamentales 
1.1. Définitions et données épidémiologiques
1.2. Pathologies responsables de la diminution de l’espérance de vie
1.2.1. Les Maladies Cardiovasculaires (MCV)
1.2.2. Le cancer
1.2.3. Les maladies respiratoires chroniques (MRC)
1.2.4. Le diabète
1.2.5. Maladie d’Alzheimer et Autres Démences (MAAD)
1.3. Facteurs influençant l’espérance de vie 
1.3.1. Facteurs alimentaires
1.3.2. Les facteurs comportementaux
1.4. Le vieillissement : causes et mécanismes
1.4.1. Définition
1.4.2. Causes du vieillissement
1.4.3. Mécanismes du vieillissement
2. Bases de nutrition 
2.1. Les besoins nutritionnels
2.1.1. Les besoins énergétiques
2.1.2. Besoins structuraux
2.2. Les nutriments
2.3. L’eau 
2.4. L’ATP : produit final du métabolisme énergétique 
2.4.1. Définition
2.4.2. Utilisation de l’ATP
2.4.3. Production et régénération de l’ATP
2.5. Les glucides
2.5.1. Définitions
2.5.3. Les principales sources de glucides
2.5.4. Rôles des glucides
2.5.5. Utilisation des glucides
2.5.6. Les recommandations en consommation des glucides
2.6. Les lipides
2.6.1. Définition
2.6.2. Classification
2.6.3. Fonction des lipids
2.6.5. Rôle structural des lipids
2.6.6. Rôle fonctionnel des lipids
2.6.7. Les recommandations de consommation des lipids
2.7. Les protéines
2.7.1. Définition
2.7.2. Classification
2.7.3. Sources de proteins
2.7.4. Rôles des proteins
2.7.5. Métabolisme des acides aminés
2.7.6. Recommandations de consommation des proteins
2.8. Les micronutriments
2.8.1. Les vitamines
2.8.2. Les oligoéléments minéraux
2.9. Les principales recommandations nutritionnelles pour une alimentation saine, et modèles de construction de repas équilibrés
3. La Restriction Calorique (RC) 
3.1. Définition 
3.2. Effets de la RC sur l’Homme
3.2.1. Données provenant d’études cliniques ciblées
3.2.2. Autres effets observés de la RC
3.2.3. Les effets d’une RC sévère : la Minnesota semi-starvation study
3.2.4. Bilan des effets de la RC sur l’Homme
3.3. Les mécanismes de la RC 
4. Pratique diététique et conseil à l’officine 
4.1. Détection des personnes à risque de pathologies chroniques liées à l’alimentation 
4.2. Conseils de nutrition pour les personnes atteintes de pathologies chroniques
4.3. Conseils à associer à la mise en place et au suivi d’un programme de restriction alimentaire
4.3.1. Prérequis
4.3.2. Mise en place d’une restriction calorique
4.4. Quelques pratiques complémentaires pour optimiser la RC 
4.4.1. Améliorer l’observance du régime
4.4.2. L’Activité Physique (AP)
4.4.3. Le repos, la recuperation
5. Différents régimes et typologie alimentaires alternatifs à la RC
5.1. Le jeûne intermittent
5.2. Le régime « low carb »
5.3. Régimes hyperprotidiques
5.4. Régimes « naturels » 
5.5. Régime méditerranéen 
5.6. Régime végétarien et ses dérivés 
5.7. Les régimes minceur et leur impact sur la santé 
5.7.1. Quelques chiffres
5.7.2. Définition
5.7.3. Méthode de travail
5.7.4. Les différents régimes analysés
5.7.5. Synthèse du rapport
5.7.6. Les conclusions du rapport d’expertise
Conclusion
Bibliographie 

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