La souffrance emotionnelle de la personne agee

Au cours de nos stages dans différentes institutions telles que les établissements médicosociaux (EMS), les cliniques et les hôpitaux, nous avons eu l’opportunité de prendre en soins des personnes âgées. Ainsi nous avons pu observer, surtout dans les établissements de soins de long séjour, qu’une partie des patients manifestait de la tristesse, s’isolait, et que beaucoup de résidents ne souhaitaient pas participer aux animations ou aux soins, voire même exprimaient des idées noires. Pourtant, la plupart n’avaient pas de diagnostic de dépression posé. Cette souffrance émotionnelle nous était peu familière et inconsciemment, nous l’avons reliée au vieillissement de la personne. Par conséquent, notre prise en soins ne pouvait pas être adéquate.

C’est durant notre formation à la Haute École de la Santé La Source (HEdS) que la problématique de la dépression nous est venue à l’esprit lors des modules de santé mental et de gériatrie. Ces cours nous ont permis de faire le lien entre la souffrance psychique que manifestaient nos patients et les symptômes de la dépression. De ce fait, nous avons décidé que notre travail de Bachelor se porterait sur les deux thèmes suivants : l’adulte d’âge avancé et la souffrance émotionnelle.

Nos lectures préliminaires nous ont permis de démontrer que notre thématique était pertinente. Comme le dit Cappeliez (2013), « la personne âgée en perte d’autonomie est particulièrement vulnérable à la dépression en raison de la diminution de ses ressources physiques et cognitives » (p. 187). Nos recherches épidémiologiques nous ont révélé qu’il y aura une augmentation de la population vieillissante de plus de 65 ans dans les années à venir. Avec l’augmentation de l’espérance vie, s’accroît le problème des maladies chroniques qui favorisent une perte d’autonomie avec l’âge. En effet, cette population aura besoin de soins infirmiers et d’une surveillance continue que seuls les EMS peuvent fournir. C’est pour cette raison que notre intérêt s’est porté sur les établissements médicosociaux.

Un autre point important que nous avons personnellement vécu en stage sont les signes et les symptômes liés à l’état dépressif qui sont trop souvent sous-estimés. Les questions qui nous ont interpellées dans cette sous-estimation des symptômes dépressifs sont : Les symptômes sont-ils vus comme des manifestations « normal » du vieillissement ? Comment aider nos aînés pour qu’ils se sentent bien et puissent s’épanouir en vivant dans une maison de retraite ?

Les professionnels de la santé devraient être attentifs aux besoins et à la qualité de vie de l’adulte d’âge avancé. L’infirmière a un rôle important dans cette problématique car elle est responsable de l’évaluation clinique du résident et du suivi de sa santé. Elle a les capacités et les compétences pour promouvoir la santé des résidents et prévenir les pathologies comme celle de la dépression.

La personne âgée

Tout au long de la vie, l’être humain vieillit. Dans l’ouvrage de Bee et Boyd (2011), l’âge adulte avancé comprend trois divisions : le troisième âge qui se situe entre 65 et 75 ans, le quatrième âge qui se situe entre 75 et 85 ans et le cinquième âge qui commence à partir de 85 ans. Selon Bee et Boyd (2011), plusieurs caractéristiques distinguent ces trois sous-groupes les uns des autres, notamment le risque d’invalidité ou de maladie grave (p. 384). Cependant, la définition de la personne âgée est plus complexe que cela. En effet, le vieillissement n’est pas un déclin de santé. Voyer (2013) écrit que le vieillissement se constitue de modifications communes comprenant la diminution de l’audition, de la force musculaire, de la capacité respiratoire et cardiaque et autres. Pour définir ce qu’est le vieillissement, nous devons nous intéresser à la gérontologie. Bee et Boyd (2011) ont dans leur ouvrage une définition de la gérontologie qui postule que le vieillissement est « une étape qui présente une très grande variabilité individuelle. L’expérience du vieillissement varie donc énormément d’un individu à l’autre » (p. 384). C’est cette définition que nous retiendrons dans ce travail car en effet, la diversité du rythme de vieillissement est énorme d’une personne à une autre. Voyer (2013) explique que 25 à 30 % du processus du vieillissement s’explique par la génétique mais que 70 % serait dû aux habitudes de vie et à l’environnement.

Pour compléter ce chapitre, la théorie d’Erikson sera mentionnée pour comprendre le développement de l’être humain sur une base psychosociale. Erikson avance que l’âge de 65 ans et plus, correspond à la phase d’intégrité personnelle ou du désespoir. C’est la dernière étape du cycle de la vie où l’intégrité est un facteur protecteur du désespoir. [traduction libre] (1963, cité dans Neugarden, 1968, p. 85). En d’autres termes, il s’agit d’atteindre la sagesse. Cette phase marque la façon dont la personne âgée affronte la fin avec comme question principale « Ai-je vécu une vie bien remplie ?» C’est le stade de la réflexion. En reprenant l’idée de Peck lorsque l’adulte d’âge avancé regarde sa vie passée, il peut y voir une plénitude, c’est-à-dire une vie bien remplie, ou percevoir une suite d’occasions ratées et d’échecs qui tend à le pousser vers le désespoir [traduction libre] (1968, cité dans Neugarden, 1968, p. 91), ce qui, selon nous, peut amener une souffrance émotionnelle.

Le vieillissement de la population suisse 

Selon l’Office fédéral de la statistique (OFS, 2015), le nombre de personnes âgée de 65 ans et plus passera de 1,5 millions en 2015 à 2,17 millions en 2030 et 2,69 millions en 2045.

Sur la population totale de la Suisse, le nombre de personnes âgées de 65 ans et plus se monte à 18,0 % en 2015 et augmentera à 22,8 % en 2030 et à 26,4 % en 2045. Ce vieillissement démographique sera spécialement prononcé entre 2020 et 2035 quand les générations les plus nombreuses du baby-boom prendront leur retraite. A la fin de l’année 2012, 86 000 personnes de 65 ans et plus (6 % de cette tranche de la population) résidaient pour un long séjour dans un établissement médico-social. Le nombre total de personnes ayant effectué au moins un long séjour dans un EMS au cours de l’année est de 112 155. (OFS, 2016). Près de trois résidents d’EMS sur dix ont un diagnostic de dépression (28 %). Environ un tiers n’a pas ce diagnostic mais présente des symptômes dépressifs (34 %). Enfin, 38 % n’ont pas de dépression diagnostiquée, ni de symptômes dépressifs (OFS, 2012).  Selon Höpflinger et al. (2011), un peu plus de 90 % des personnes âgées de 80 ans à 84 ans vivent encore chez elles. Passé cet âge, la proportion de celles qui vivent en institution augmente rapidement pour atteindre 45 % chez les 95 ans et plus. De ce fait, les EMS se transforment de plus en plus en lieux d’accueil de personnes d’un grand âge, voire en fin de vie (p. 13).

Il a été relevé en étudiant l’épidémiologie, que les personnes âgées arrivant en EMS ont souvent, en amont, le diagnostic de dépression déjà posé. Toutefois, il est étonnant de voir qu’un nombre non négligeable de résidents peuvent développer les symptômes dépressifs lors d’un placement en institution. Ce qui a amené, dans ce travail, à chercher la raison pour laquelle les professionnels de la santé peinent à prévenir ou à traiter une dépression naissante.

Table des matières

Introduction
Question et problématique
1. Présentation des concepts
1.1. La personne âgée
1.2. Le vieillissement de la population suisse
1.3. La souffrance émotionnelle et les symptômes dépressifs
1.4. Rôle infirmier sur la qualité de vie des personnes âgées en EMS
2. Cadre théorique : le modèle d’adaptation de Callista Roy
3. Question de recherche finale
Méthode
1. Stratégie de recherche et ouvrages consultés
2. Base de données consultée, mots-clés et combinaisons
Résultats
Analyse critique des articles
Comparaison des résultats
Discussion et perspectives
1. Discussion des résultats à la lumière du modèle de l’adaptation de Roy
2. Consensus et divergences des résultats
2.1 Les résultats favorisant l’adaptation dans le mode de l’interdépendance
2.2 Les résultats favorisant l’adaptation dans le mode de concept de soi
2.3 Les résultats favorisant l’adaptation dans le mode de l’exercice des rôles
2.4 Les résultats favorisant l’adaptation dans le mode physiologique
2.5 Les résultats favorisant l’adaptation en agissant sur les stimuli environnementaux
2.6 Les répercussions sur la qualité de vie
3. Propositions et perspectives
3.1. Propositions et recommandations pour la pratique infirmière
3.2. Perspectives pour l’enseignement et la recherche
4. Réponse à la question de recherche
5. Les forces et les limites de notre travail
6. Conclusion

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