L’accès au financement par capital de risque par les femmes propriétaires dirigeantes

Les risques associés au fmancement

Les entrepreneurs qui souhaitent obtenir du financement externe doivent souvent solliciter des bailleurs de fonds pour développer leur entreprise. Cette relation repose sur du partage d’informations tel les états financiers, les actifs de l’ entreprise ainsi que les projets et les évènements futurs prévus par l’entrepreneur. Les parties prenantes peuvent alors se retrouver dans ce que l’on appelle la théorie de l’asymétrie ou de l’agence, qui suppose que l’information que possède le bailleur de fonds n’est pas aussi complète que celle que possède le propriétaire dirigeant (Carrington, 2008). Cette relation peut s’expliquer en autre par les coûts élevés pour produire les infonnations utiles à l’analyse d’un dossier de financement, la méconnaissance de la pertinence de certaines informations importantes ou simplement parce que le propriétaire dirigeant est méfiant quant aux divulgations de ses infonuations personnelles. Il peut ainsi vouloir souhaiter son protéger son pouvoir et sa situation en dévoilant seulement les éléments qui lui sont bénéfiques.

Cela dit, les agents financiers possédant du savoir et de l’expérience en financement des PME anticipent souvent ce phénomène. Leur réaction face à cette incertitude peut s’exprimer par un jugement du dossier de financement, des tenues et conditions qui pourraient être plus sévères à l’ endroit d’un propriétaire dirigeant. Concrètement, on pourrait surfacturer le taux d’intérêt et demander des garanties supplémentaires pour contrer cette portion de risque. (St-Pierre, 2000). Voici un diagramme qui explique cette relation. L’asymétrie de l’ information comporte aussi des risques pour les bailleurs de fonds telles les mauvaises utilisations de fonds du propriétaire dirigeant et le risque d’anti sélection qui suppose que le bailleur de fonds refuse un bon dossier. Cela peut également engendrer des coûts de surveillance et d’analyses des candidats et de leur entreprise qui peuvent être élevés. Le risque à un impact majeur dans les décisions d’ investissement des bailleurs de fonds (Stéphany, 2003). Les institutions financières et les PD ont des objectifs qui leur sont propres, ce qui amène des points de vue différents quant au financement des PME. Voici un tableau de Pretorius et coll. (2003) tiré de (St-Pierre, 2000), qui résume cette relation.

Pour contrer les risques énumérés, les bailleurs de fonds pourraient utiliser une ou plusieurs de stratégies suivantes, pour sécuriser leur investissement. Dans les cadres de cette recherche, puisque nous nous concentrons sur financement par capital de risque, les agents financiers vont davantage utili ser la prime de risques, le rationnement de crédit, les contrats et les clauses restrictives. Définissons maintenant la notion de capital de risque. Il existe une certaine confusion des définitions exacte du capital de risque. Une des meilleures définitions complètes du sujet provient de (St-Pierre, 2000) qui affirme: « Le capital de risque est du capital mis à la disposition d ‘entreprises qui ont des projets « risqués » ayant un grand potentiel de croissance à réaliser et pour lesquels elles ne peuvent fournir de garanties. La participation de la société de capital de risque peut prendre la forme de dettes non garanties, de prise de participation dans des actions privilégiées ou, le plus souvent, dans des actions ordinaires. Contrairement aux actionnaires que l ‘on retrouve habituellement dans les PME, les investisseurs en capital de risque ne s ‘engagent pas à long terme, mais pour des périodes variant de 3 à 7 ans, après quoi ils souhaitent vendre leur participation en « réalisant » leur rendement. Audelà des ressources financières, le capital-risqueur f ournit des connaissances et une expertise complémentaire à celles présentes dans l ‘entreprise, s ‘implique activement dans la gestion à la hauteur de sa participation et met à la disposition de l ‘entreprise son réseau de contacts.» Tiré de La gestion du risque : Comment améliorer le financement des PME etfaciliter leur développement, p.74. Parmi les formes de financement par capital de risque, on retrouve principalement (StPierre, 2000; Stéphany, 2003);

La négociation

Il existe plusieurs définitions de la négociation dans la littérature. Commençons d’abord par celle du dictionnaire Larousse qui définit la négociation de la façon suivante ; « Action de négocier, de discuter les affaires communes entre des parties en vue d’un accord: La négociation d’un contrat. »7 D’autres experts définissent la négociation comme étant un processus où au moins deux personnes se trouvent dans une situation conflictuelle alors ils vont tenter de modifier leur position initiale pour arriver à un consensus en répondant le mieux possible aux intérêts des parties prenantes. Ceci peut être variable d’un contexte à l’autre d’où l’intérêt de généraliser (Kimmel, 1980; Pelabere et Le Flanchec, 2018). Un processus de négociation se trouve dans un horizon temporel de courte (minutes, secondes) ou de longue durée (des années). La littérature nous révèle qu’on doit passer au travers des tous les étapes d’une négociation même si cela peut prendre parfois beaucoup de temps. Abréger le processus est une principale cause d’échec puisqu’il est très dur de revenir en arrière. De plus, on a constaté que plus il y a de personnes impliquées dans une négociation, plus elle risque d’ être longue puisqu’il y aura davantage d’ intérêts à prendre en considération avant d’en venir à une entente (Vuillod et Kesselman, 2004). Au cours de cette recherche, puisque nous souhaitons comprendre le processus de négociation des dirigeantes de PME dans leur recherche de financement, nous allons nous positionner selon l’approche réaliste de la négociation. L’approche réaliste suppose qu’on se base sur les caractéristiques individuelles des négociants, appliqué au contexte auquel se trouvent les négociants. On tente de comprendre les comportements, les motivations selon les aspects démographiques tels l’âge, le sexe et la culture. Par contre cette approche ne propose pas de comportement idéal à adopter puisque le contexte peut être très hétérogène (Fraser, 1976). En lien avec l’approche réaliste, le « Negotiationjournal» de l’université Harvard a défini la négociation selon trois principaux éléments (Adler, Rosen, et Silverstein, 1998);

La recherche en processus

Puisque la négociation s’inscrit dans un processus, nous avons recensé dans la littérature les éléments qui constituent la recherche en processus. Un processus a été défini par plusieurs chercheurs comme étant ; «Un ensemble d’activités organisées en réseau, de manière séquentielle ou parallèle, combinant et mettant en oeuvre de multiples ressources, des capacités et des compétences, pour produire un résultat ou un outpout ayant de la valeur» (Lorino et Tarondeau, 2006). De ce concept a émergé la recherche en processus qui est une technique de recherche descriptive qui s’appuie principalement sur trois aspects, sois le processus lui-même dans tous ses détails, le changement, ainsi que la comparaison entre les éléments de deux cas distincts. Cette approche consiste à décrire explicitement les éléments d’un processus inter cas ou interentreprises pour ainsi comparer les similitudes et les différences des processus entre les firmes. On souhaite faire ressortir des variables et des facteurs ayant un impact dans la pratique d’une firme. La recherche en processus se penche sur les dynamiques du processus, les individus qui y participent ainsi que les résultats qui y découlent (Vaghely, 2005). Un objectif principal porte à construire un modèle le plus représentatif qui soit d’un processus complexe d’une situation présente, dans le but de simuler ce qui pourrait se passer dans le futur. On souhaite alors anticiper ou prévoir afin d’améliorer la qualité des décisions prises en entreprise. Le résultat d’un modèle élaboré lors de la recherche en processus pourrait servir d’aide à la décision ou d’outils diagnostic (Chanal, Lesca, et Martinet, 2015). Par la suite, en lien avec les objectifs de cette recherche, nous avons recensé la littérature faisant état de la situation sur l’accès au capital de risque par les FPD.

L’accès au financement par capital de risque par les femmes propriétaires dirigeantes Il existe des différences dans la littérature quant aux aspirations de crOIssance de l’entreprise appartenant aux femmes et aux hommes. On note que les hommes recherchent davantage de CR contrairement aux FPD (Carter, Brush, Greene, Gatewood, et Hart, 2003). La théorie nous montre que la qualité de la relation entre les FPD et les SCR est très importante dans l’octroi du CR (Connelly, Certo, Ireland, et Reutzel, 2011). Les hommes sont davantage présents dans les SCR et même dans les secteurs où l’on demande du CR, ce qui risque d’améliorer leur interaction et leur communication (Brush, Carter, Gatewood, Greene, et Hart, 2006; Murphy, Kickul, Barbosa, et Titus, 2007; Spence, 2002). Selon (Balachandra, Briggs, Eddleston, et Brush, 2019; Brush et al., 2006); « the pitch environment may also support gender stereotypes. That is, because pitches are primarily evaluated by men, as the majority of the venture capital and early-stage investment population is made up of men. » Certains chercheurs ont avancé qu’il existe bel et bien de la discrimination entre les hommes propriétaires dirigeants et les FPD envers les investisseurs potentiels. Ces mêmes chercheurs ont effectué une étude pour remarq,uer que les entreprises ayant de la diversité hommes femmes dans leurs équipes managériales obtiennent de meilleurs résultats que ceux où la diversité est faible (Dezsô et Ross, 2012; Shane et Venkataraman, 2000). Cette même étude distingue les hommes propriétaires dirigeants et les FPD dans le type d’industrie dans lequel elles lancent leur entreprise ainsi que dans le potentiel de croissance qui y est associée. Ils expliquent que c’est une raison et un biais qui font que c’est difficile de comparer les genres puisqu’il existe des différences notoires dans les échantillons étudiés (Baron, Markman, et Hirsa, 2001; Verheul, Stel, et Thurik, 2006).

Table des matières

SOMMAIRE
LISTE DES TABLEAUX ET DES FIGURES
LISTES DES ABRÉVIATIONS
REMERCIEMENTS
INTRODUCTION
PREMIER CHAPITRE: PROBLÉMATIQUE MANAGÉRIALE DEUXIÈME CHAPITRE: REVUE DE LITTÉRATURE
2.1 Fondements théoriques
2.2 L’entrepreneuriat
2.3 Le fmancement des PME du Québec
2.4 La négociation
2.5 La recherche en processus
2.6 L’accès au financement par capital de risque par les femmes propriétaires dirigeantes
TROISIÈME CHAPITRE: CADRE CONCEPTUEL QUATRIÈME CHAPITRE: CADRE MÉTHODOLOGIQUE
4.1 Cadre théorique
4.2 Collecte de données
4.3 Analyse de données
4.4 1re unité d’analyse
4.5 Multiples études de cas sur 3 entreprises
4.6 2e unité d’analyse
4.7 3e unité d’analyse
CINQUIÈME CHAPITRE: LES RÉSULTATS ET ANALYSES
5.1 Multiples études de cas sur 3 entreprises
5.2 Quelles sont les compétences et stratégies de négociation propres aux propriétaires dirigeantes des PME du Québec dans leur recherche de financement par capital de risque ?
5.3 Quels sont les conditions et le contexte favorable au processus de négociation entre les propriétaires dirigeantes et les sociétés de capital de risque?
5.4 Est-ce que le cadre théorique est complet et représentatif d’un processus de négociation ?
SIXIÈME CHAPITRE: THÉORISATION ET CONSTRUCTION D’UN MODÈLE
SEPTIÈME CHAPITRE: CONCLUSION ET DISCUSSION
RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES
ANNEXES

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