L’acquisition des données : la télédétection 13 confrontée aux campagnes de terrain

L’acquisition des données : la télédétection 13 confrontée aux campagnes de terrain

La méthode de planification du travail de terrain en télédétection13 consiste à identifier les écueils et problèmes et à sélectionner les solutions appropriées en avance (Joyce, 1978) L’échantillonnage a donc été réparti sur trois années chacune ayant un objectif spécifique et s’intégrant dans une méthodologie basée sur la meilleure connaissance possible de la zone d’étude. En Camargue, le principal problème rencontré au cours des études sur le terrain est l’accessibilité limitée. Celle-ci dépend en premier lieu de la permission accordée par les propriétaires de domaines privés qui occupent 85 % de la superficie et en second lieu de la difficulté d’accès aux sites (chemin plus ou moins accessibles, optimisation du temps de marche par rapport au temps d’observation, profondeur de l’eau, vase…etc..). Afin de répondre au mieux à un objectif de planification de notre échantillonnage, nous avons entrepris en 2004 une saison de prospection dans le but de développer un premier contact avec les gestionnaires et propriétaires, élaborer, tester et améliorer notre protocole, et planifier la programmation de l’acquisition des images satellitales en fonction du développement de la végétation. Cela répond également aux objectifs méthodologiques de maximisation du nombre de sites d’échantillonnage et d’organisation du calendrier d’échantillonnage. Dans ce calendrier, nous avons intégré la contrainte d’accès relative au dérangement des populations d’oiseaux. Dans les marais de chasse, il est demandé de ne pas entrer dans le plan d’eau plus d’une ou deux fois et de stopper toute activité un ou deux mois avant le début de la période de chasse afin de ne pas nuire à l’installation des oiseaux d’eau. Pour les phragmitaies, il est préférable de ne pas entrer dans les roselières susceptibles d’accueillir une colonie de hérons pourprés avant la fin de la reproduction, soit fin juillet. Les gestionnaires et propriétaires de domaines de chasse privée et d’espaces protégés ont été rencontrés lors de rendez-vous répartis sur l’ensemble de la période de développement des espèces végétales dominantes de Camargue. Cette consultation des gestionnaires par leurs avertissements, conseils et connaissances spécifiques du terrain a également contribué à un objectif d’organisation spatiale de l’échantillonnage. Il est en effet conseillé de placer un site de validation proche d’un chemin et en bordure de parcelle afin de limiter le temps d’accès, de maximiser le nombre de sites et de permettre un repérage plus facile sur les images (Joyce, 1978). Seul une bonne connaissance du terrain permet d’appréhender ce type d’approche. Nous devions également définir les communautés végétales à suivre et un protocole d’échantillonnage applicable à la fois sur le terrain et sur les images satellitales. Nous avons ensuite observé sur le terrain les regroupements des espèces dominantes de Camargue et leur

phénologie3 .Cette seconde étape a permis de définir en fonction du nombre d’habitats et de la superficie qu’ils représentent sur la zone d’étude, le type de communautés végétales que nous pouvions envisager de suivre. En effet, certaines espèces pouvant présenter un intérêt pour ce type d’étude, n’ont pas pu faire l’objet de suivi par manque de sites d’échantillonnage. La jussie (Ludwigia spp.), par exemple, espèce tropicale invasive sensible aux augmentations de salinité, se développe principalement dans des canaux de largeur inférieur à la taille des pixels de l’image et ne représentait qu’un seul site d’échantillonnage exploitable, détruit l’année suivante par traitement herbicide. Egalement le sénéçon en arbre (Baccharis halimifolia), autre espèce envahissante, n’a pu être suivie du fait des campagnes d’arrachages sur la zone au cours des années liées à ce travail de thèse. Ainsi les habitats retenus sont les phragmitaies, les herbiers aquatiques et les scirpaies. Le pic de développement des herbiers aquatiques selon les espèces s’étale de mai à fin juin (Grillas, 1992 ; Grillas et Roché, 1997 ; Mesléard, communication orale), les roseaux atteignent leur hauteur maximale fin juin début juillet (Poulin, Lefebvre, communication orale) et le scirpe est en général très développé la première quinzaine de juin avec un assèchement des feuilles à partir de la mi-juin (F. Mesléard et N. Yaverscovski, communication orale). Nous avions donc planifié d’échantillonner les premières espèces submergées en mai, de poursuivre avec les scirpaies en début juin, de continuer avec les espèces submergées plus tardives dans la deuxième quinzaine de juin et d’échantillonner les roselières de fin juin à début juillet. Cela nous a permis de combiner pic de croissance de chaque espèce, restriction temporelle d’accès due aux oiseaux nicheurs et à l’ouverture de la chasse, et maximisation du nombre de sites d’échantillonnage.

 

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